Fin 2021, Apple a jeté deux pavés dans la mare : un de 14" et un de 16". Revus de fond en comble et dopés aux puces M1 Pro/Max, les MacBook Pro 2021 ont éclaboussé la concurrence de toute leur puissance. Un an et des brouettes plus tard, ces machines passent le relais à une nouvelle génération présentée comme encore plus rapide. Les nouveaux portables misent sur les puces M2 Pro/Max, le Wi-Fi 6E et le HDMI 2.1 pour se démarquer. La relève est-elle bien assurée ? La réponse dans notre test des MacBook Pro 2023.
Une équipe qui s'étoffe
Avant toute chose, un point sur la gamme, car la fin des processeurs Intel n'a pas marqué la fin des multiples déclinaisons de puces et de modèles de Mac. Quand Apple commercialisait deux MacBook Pro 14" 2021, on en compte maintenant trois de nouvelle génération. Il était possible d'avoir un 14" 2021 avec une puce M1 Max, mais c'était une option. Le fait qu'il y ait désormais un 14" avec M2 Max de série présente un vrai intérêt : ce modèle est vendu par des commerçants (Amazon, Fnac,Boulanger…) plus disposés qu'Apple à faire des promotions.
Et les promotions, il faudra les guetter, car les prix ont augmenté. Le MacBook Pro 14" d'entrée de gamme coûte 150 € de plus et le 16" 250 € de plus, et ce sans capacité de mémoire vive ou de stockage plus importante. L'écart tarifaire peut se montrer encore plus significatif maintenant que les modèles 2021 font souvent l'objet de réductions chez les revendeurs. L'enjeu est là pour les MacBook Pro M2 Pro/Max : se montrer vraiment plus forts que leurs prédécesseurs pour avoir leurs supporters.
Du côté des options, pas de changement pour le stockage. En partant d'un modèle avec 512 Go, on peut choisir les SSD suivants : 1 To à 230 €, 2 To à 690 €, 4 To à 1 380 € ou 8 To à 2 760 €, soit le prix d'un MacBook Pro 14" complet. Il y a du nouveau pour la mémoire vive : outre les options 32 Go (460 €) et 64 Go (460 €, disponible uniquement avec M2 Max), on peut désormais sélectionner pas moins de 96 Go de LPDDR5 (920 €). Cette option est seulement disponible avec la puce M2 Max à 38 cœurs GPU.
Rappelons que le choix de la quantité de RAM est plus crucial que jamais : non seulement on ne peut pas remplacer après coup les puces de mémoire puisqu'elles font partie du système sur puce, mais en plus cette mémoire « unifiée » est partagée entre le CPU, le GPU et le Neural Engine. Les écrans externes vont donc piocher dans le pool de mémoire commun, réduisant la quantité disponible pour le reste. Les 16 Go disponibles par défaut sur tous les MacBook Pro sont suffisants pour monsieur et madame Tout-le-monde, mais pour des usages gourmands en mémoire (montage vidéo, 3D, virtualisation…), il faut bien anticiper ses besoins dès le départ. Dans ce contexte, la nouvelle option 96 Go est bienvenue pour les opérations les plus intenses.
Mac Apple Silicon : est-ce que 8 Go de RAM suffisent ?
Beaux comme des camions
Après avoir donné le coup d'envoi fin 2021 d'une toute nouvelle génération de MacBook Pro 14" et 16", Apple poursuit logiquement la course avec le même design et beaucoup d'équipements identiques. Les MacBook Pro 2021/2023 sont des ordinateurs qui prennent le contrepied des modèles Intel sortis de 2016 à 2020 : la priorité n'est plus la finesse, mais la polyvalence et la puissance.
Les MacBook Pro Apple Silicon sont plus massifs que leurs prédécesseurs, mais pas au point de rejoindre la catégorie des PC gamer — et c'est tant mieux. Par rapport au modèle de 2021, le nouveau 14" fait le même poids, sauf si on sélectionne la puce M2 Max un poil plus grosse. Sur la balance, il passe alors de 1,6 à 1,63 kg, une différence vraiment mineure. Quant au 16", alors qu'il faisait 2,1 kg en 2021, il en fait maintenant 2,15 avec la M2 Pro ou 2,16 avec la M2 Max.
MBA M2 | MBP 13" M2 | MBP 14" 2023 | MBP 16" 2023 | MBP 16" Intel | |
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Hauteur | 1,13 cm | 1,56 | 1,55 | 1,68 | 1,62 |
Largeur | 30,41 | 30,41 | 31,26 | 35,57 | 35,79 |
Profondeur | 21,5 | 21,24 | 22,12 | 24,81 | 24,59 |
Poids | 1,24 kg | 1,4 kg | 1,6 / 1,63 kg | 2,15 / 2,16 kg | 2 kg |
Si vous passez d'un MacBook Pro Intel à un de ces nouveaux Mac, vous risquez d'être surpris par leur carrure et leur poids. Ils restent néanmoins des ordinateurs tout à fait transportables, d'autant que vous pouvez alléger un peu votre sac en oubliant l'adaptateur secteur (on y reviendra après).
À défaut d'être des machines « ouvertes » dans lesquelles on pourrait remplacer les composants, les MacBook Pro 2021/2023 ont le bon goût d'être plus facilement réparables que les générations Intel. Après les gros ratés des années 2016 à 2018 (clavier papillon, flexgate), c'était un aspect essentiel pour démarrer plus sereinement un nouveau cycle. On est d'autant plus serein que, jusqu'à présent, aucun souci majeur n'est apparu sur cette nouvelle conception. Pour une présentation dans les moindres détails du design introduit en 2021, on vous renvoie vers la partie dédiée de notre précédent test :
Test des MacBook Pro 2021 : une refonte massive
Parfaitement assemblés dans un corps sculpté en aluminium recyclé, les équipements des MacBook Pro 2023 sont quasiment tous les mêmes que ceux des modèles 2021. L'écran Liquid Retina XDR est un régal pour les yeux. Les définitions élevées des deux dalles (3 024 x 1 964 pixels pour celle de 14,2" et 3 456 x 2 234 pixels pour celle de 16,2") rendent l'affichage extrêmement net et spacieux. Toutes les couleurs sont fidèlement restituées grâce à la prise en charge de l'espace colorimétrique DCI-P3 et à un bon étalonnage en usine.
Mais ce qui marque le plus quand on vient d'un MacBook Pro Intel ou d'un MacBook Air, ce sont les apports du rétroéclairage mini-LED et de la technologie ProMotion. Le premier rend possible un contraste quasi-infini, des noirs vraiment noirs et un affichage HDR saisissant. Les contenus professionnels mais aussi les vidéos Dolby Vision enregistrées avec un iPhone 12/13/14 sont affichés de manière éclatante. Quant à ProMotion, en faisant varier dynamiquement la fréquence de rafraîchissement jusqu'à 120 Hz, cette technologie donne un surcroit de fluidité aux défilements et plus généralement aux animations.
Test des MacBook Pro 2021 : un écran qui encoche toutes les cases
mini-LED : tout ce qu’il faut savoir sur l’écran Liquid Retina XDR
Il n'y a qu'une chose que l'on peut reprocher à cet écran, c'est son encoche. Certes, elle n'est pas là par hasard : elle fait gagner des pixels en hauteur en faisant monter l'écran des deux côtés de la webcam. Cet espace supplémentaire est occupé par la barre des menus, une bonne idée, sauf quand cette barre est surchargée. Mais pourquoi cette encoche est-elle aussi grande alors qu'elle comprend juste une (bonne) webcam 1080p, et pas une caméra TrueDepth compatible Face ID ? On se pose d'autant plus la question que l'iPhone 14 Pro est passé par là et qu'il a montré qu'une autre forme d'encoche était possible. Ce n'est pas la mer à boire, cette encoche se fait oublier dans la plupart des cas, mais il n'empêche que sa réduction faisait partie des peaufinages qu'on espérait pour cette nouvelle génération.
Rien à redire sur les six haut-parleurs qui produisent un son puissant à la hauteur de la qualité d'affichage ni sur le clavier qui fonctionne sans chichi. Sans rire, c'est un motif de satisfaction après la débâcle du clavier papillon et la Touch Bar controversée.
La connectique hétéroclite de la génération 2021 est reconduite. On peut donc compter sur trois ports Thunderbolt 4 polyvalents puisqu'ils sont compatibles DisplayPort, Thunderbolt 4 (jusqu'à 40 Gb/s), USB 4 (jusqu'à 40 Gb/s), USB 3.1 Gen 2 (jusqu'à 10 Gb/s), qu'ils peuvent alimenter des périphériques avec une puissance maximale de 15 W et qu'ils peuvent toujours servir de port de charge. Il ne leur manque guère que la prise en charge de l'USB 3.2 Gen 2x2 (jusqu'à 20 Gb/s) pour être vraiment complets.
En outre, la génération précédente a marqué le retour de ports qu'on ne pensait pas revoir un jour. Le MagSafe 3 simplifie et sécurise la recharge grâce à son connecteur magnétique. Le lecteur de carte SD (qui gère jusqu'aux cartes UHS-II SDXC) permet de transférer ses photos sans devoir sortir un adaptateur, à moins de vouloir les débits maximum, car ce lecteur plafonne encore autour de 250 Mo/s en lecture et 200 Mo/s en écriture, contre 312 Mo/s au mieux avec la norme UHS-II. Et on n'oublie pas la prise jack 3,5 mm qui détecte l’impédance du casque branché et ajuste automatiquement la puissance délivrée.
Test des MacBook Pro 2021 : retour à bons ports
HDMI 2.1
La première nouveauté des MacBook Pro 2023 — on y arrive enfin —, c'est leur port HDMI 2.1 en lieu et place du port HDMI 2.0. Pour une raison mystérieuse, Apple n'écrit nulle part qu'il s'agit de la version 2.1 de la norme, mais il n'y a pas de doute sur la nature de ce port. Qu'est-ce que cette évolution change ? Doté d'une bande passante de 18 Gb/s, le port HDMI 2.0 des MacBook Pro 2021 permettait de brancher au mieux un écran 4K à 60 Hz. La dernière norme (déjà présente dans les Apple TV 4K 2021 et 2022) porte la bande passante à 48 Gb/s, ce qui ouvre la voie aux écrans 8K (7 680 x 4 320 pixels) à 60 Hz.
Les téléviseurs 8K sont rares et les moniteurs 8K rarissimes (comptez plus de 4 000 € chez Dell), et ce n'est pas la réglementation européenne qui va arranger ça. Toujours est-il que si vous faites partie des possesseurs d'écrans 8K, assurez-vous d'avoir un câble HDMI adapté, comme le « UltraHD haute vitesse » de Belkin, pour y brancher votre MacBook Pro 2023.
Apple annonce aussi que ce port peut gérer les écrans 4K jusqu'à 240 Hz, or la norme HDMI 2.1 se limite normalement aux écrans 4K 120 Hz. En fait, Apple prend sûrement en compte la fonction Display Stream Compression (DSC), qui sert à compresser le signal vidéo sans perte visuelle, dans son calcul. Quoi qu'il en soit, les écrans 4K 240 Hz ne courent pas les rues. Il n'y en a même qu'un seul à l'heure actuelle, le Samsung Odyssey Neo G8 32" S32BG850NU (1 599 €), et il n'est pas certain qu'il soit compatible avec le DSC via son port HDMI.
Les 120 ou 240 Hz sur écran externe intéresseront essentiellement les joueurs. Même chose pour la prise en charge du variable refresh rate (VRR), une autre nouveauté du HDMI 2.1. Cette fonction adapte dynamiquement la fréquence de rafraîchissement sur un écran externe compatible en fonction des images délivrées par l'ordinateur, ce qui permet de réduire la latence et des défauts graphiques.
Pas de changement concernant le nombre d'écrans externes pris en charge au total par les nouveaux MacBook Pro : c'est jusqu'à deux avec la puce M2 Pro et quatre avec la M2 Max. C'est un avantage par rapport au MacBook Air et au MacBook Pro 13" M2 qui sont limités à un écran externe, sauf à utiliser la technologie DisplayLink.
M2 Pro et M2 Max : à cœurs battants
En faisant jeu égal, voire mieux, que des CPU et des GPU de pointe conçus pour des machines autrement plus imposantes, les puces M1 Pro et M1 Max des MacBook Pro avaient cloué tout le monde sur place en 2021. Les MacBook Pro Intel ont pris immédiatement un gros coup de vieux, dépassés tant au niveau des performances brutes que de l'autonomie et du bruit.
Test des MacBook Pro 2021 : des Mac Pro portables
Toujours gravées en 5 nanomètres, mais avec un procédé amélioré, les puces M2 Pro et M2 Max prennent la relève avec des MHz et des cœurs en plus. Les cœurs performants Avalanche tournent jusqu’à 3,5 GHz contre 3,2 GHz pour les Firestorm d'ancienne génération, et les cœurs économes Blizzard sont cadencés jusqu'à 2,4 GHz contre 2,1 GHz pour les anciens Icestorm. Il y a un cas spécial : la puce M2 Max du MacBook Pro 16" a des cœurs performants encore plus rapides cadencés à 3,7 GHz (ce n'est pas le cas sur la M2 Max du 14").
En nombre de cœurs, la M2 Pro commence là où la M1 Pro s'arrête : 10 cœurs CPU et 16 cœurs GPU. La M2 Pro a au maximum 12 cœurs CPU (soit deux de plus que la M1 Max) et 19 cœurs GPU (toujours moins que la M1 Max). Quant à elle, la M2 Max se démarque moins de la M2 Pro par son nombre de cœurs CPU (forcément 12) que par son nombre de cœurs GPU jusqu'à deux fois plus important (30 ou 38).
Choisir un système sur puce revenant à faire des comptes d'apothicaire, le tableau ci-dessous récapitule la situation. Les moteurs médias, qui accélèrent le traitement des vidéos (H.264, HEVC, ProRes et ProRes RAW) tout en économisant la batterie, et la bande passante (200 Go/s pour la M2 Pro, 400 Go/s pour la M2 Max) n'ont pas changé d'une génération à l'autre.
Nous avons testé trois configurations :
- MacBook Pro 14" M2 Pro (CPU 10 / GPU 16), 16 Go de RAM, 512 Go de stockage (2 399 €)
- MacBook Pro 16" M2 Pro (CPU 12 / GPU 19), 16 Go / 512 Go (2 999 €)
- MacBook Pro 16" M2 Max (CPU 12 / GPU 38), 32 Go / 1 To (4 149 €)
CPU
Commençons par observer les CPU. Sur Geekbench 5, quand on fait travailler un seul cœur, le MacBook Pro 16" M2 Max est légèrement au-dessus des MacBook Pro M2 Pro (2 063 points contre 1 947) en raison de ses 200 MHz supplémentaires. Au global, les M2 Pro/Max font un score environ 12 % supérieur à celui des puces M1 Pro/Max. Pas vraiment de quoi vous faire ressortir votre carte bancaire. Maintenant, si on compare cela au MacBook Pro Intel le plus puissant (16" 2019 Core i9, une machine qui coûtait plus de 3 400 €), la M2 Pro de base est 80 % plus rapide sur un cœur. Une gifle.
En multi-cœur, l'écart se creuse entre les générations M1 et M2. La M2 Pro de base à 10 cœurs (12 119 points) est 28 % plus puissante que sa prédécesseure, la M1 Pro à 8 cœurs. Cependant, malgré un nombre de cœurs identique, elle ne rattrape pas complètement la M1 Max (12 738 points). Pourquoi ? Parce que la M2 Pro a 6 cœurs performances et 4 cœurs économes, contre 8 cœurs performances et 2 cœurs économes pour la M1 Max (et la M1 Pro à 10 cœurs). Quand on vous dit que ce sont des comptes d'apothicaire.
Les M2 Pro et M2 Max à 12 cœurs (8 performances + 4 économes) prennent le large avec plus de 15 000 points, une augmentation de 19 % sur la M1 Max. Sur ce test, elles sont deux fois plus rapides que le MacBook Pro 16" 2019 Core i9 et trois fois plus que le 15" 2018 Core i9.
Comment se traduisent ces écarts dans les usages concrets ? Pour compiler le projet WebKit avec Xcode, le MacBook Pro 14" 2023 de base met 2 min 30 de moins que son devancier et il fait gagner à peu près le même temps par rapport au MacBook Pro 16" 2019 Core i9. C'est l'occasion de rappeler un bénéfice majeur des MacBook Pro 2021/2023 : alors que le modèle 15"/16" était le seul à avoir droit à un GPU dédié et à un Core i9 à l'époque Intel, le 14" Apple Silicon fait quasiment jeu égal avec son grand frère. Le 16" garde des avantages (fréquence un peu plus élevée et mode Performance pour privilégier la vitesse lors de longues tâches intensives), mais l'écart n'est plus aussi important qu'à l'époque Intel. Cela fait relativiser la prise de poids des nouveaux modèles : si le 16" est trop encombrant pour vous, vous pouvez choisir le 14" sans sacrifier les performances.
La M2 Max fait quant à elle gagner environ 2 minutes par rapport à la M1 Max. Comparé au portable Intel le plus puissant, c'est une petite pause café de 6 minutes qui s'envole. On voit que le MacBook Air M2 est à la traîne, ce qui s'explique par son refroidissement passif qui oblige le système à ralentir la cadence au bout d'un moment pour éviter la surchauffe. Les ventilateurs des trois MacBook Pro 2023 que nous avons testés ont commencé à se faire entendre autour de la dixième minute de compilation du projet WebKit, maintenant ainsi des performances maximales jusqu'au bout de l'opération.
Sur un export d'une vidéo 8K au format REDCODE (un codec dont le traitement n'est pas accéléré par les moteurs médias) avec Final Cut Pro, le 14" d'entrée de gamme est 13 % plus rapide que son prédécesseur et deux fois plus rapide que le MacBook Pro Intel Core i9 2019. Dans le cas présent, si le MacBook Pro M2 Max fait beaucoup mieux que les M2 Pro, c'est surtout grâce à sa quantité de RAM (32 Go contre 16). Par rapport au dernier MacBook Pro Intel, le modèle M2 Max divise par trois le temps d'export, rien que ça.
De tous ces tests sur les CPU, on peut tirer deux enseignements : d'une part, comme le promet Apple, on peut avoir un gain de performances allant jusqu'à 30 % par rapport aux modèles équivalents précédents. D'autre part, ne choisissez pas le M2 Pro à 10 cœurs en pensant qu'il fera mieux que le M1 Pro/Max à 10 cœurs sur les tâches lourdes, ce ne sera pas le cas en raison d'une redistribution du nombre de cœurs performants et économes.
GPU
Intéressons-nous maintenant au GPU. La M2 Pro de base a un GPU à 16 cœurs, soit deux de plus que la M1 Pro. Sur Geekbench 5, cela se traduit par une augmentation des performances graphiques de 21 %. En optant pour la M2 Pro avec 19 cœurs GPU, c'est un gain de 36 % qui apparait. Pour prendre des autres points de comparaison, ce MacBook Pro avec M2 Pro à 19 cœurs GPU est deux fois plus rapide que le MacBook Air M2 ou que le MacBook Pro 16" 2019 avec une Radeon Pro 5500M 8 Go. La puce M2 Max explose les compteurs quant à elle. La version la plus évoluée (38 cœurs GPU) est 27 % plus puissante que la meilleure M1 Max (32 cœurs GPU).
GFXBench confirme ces progrès. Sur cet autre benchmark graphique, la M2 Pro de base affiche 23 % d'images par seconde en plus que la M1 Pro. La M2 Max 38 cœurs affiche pour sa part 45 % d'images par seconde en plus que la M1 Max 32 cœurs. Cette M2 Max se montre quatre fois plus puissante que le GPU du MacBook Air M2 ou du MacBook Pro 16" 2019.
Et avec un vrai jeu, ça donne quoi ? Sur Shadow of the Tomb Raider, exécuté en 1080p avec les graphismes réglés sur « très haut », la M2 Pro 16 cœurs GPU affiche 53 i/s (+ 26 % par rapport à la M1 Pro de base), la M2 Pro 19 cœurs GPU 58 i/s et la M2 Max 38 cœurs 106 i/s (+ 51 % par rapport à la M1 Max 32 cœurs). Les ventilateurs du MacBook Pro 16" M2 Max se sont manifestés lors du benchmark intégré au jeu, ce qui n'a pas été le cas de ceux des MacBook M2 Pro, qui sont restés inaudibles.
En résumé, les nouveaux Mac font tourner le jeu de manière fluide, mais ces résultats ne sont pas exceptionnels, ils sont même décevants sachant que le titre date de 2018. Il y a une raison à cela : Shadow of the Tomb Raider ne tourne pas nativement sur l'architecture Apple Silicon, il a toujours besoin de Rosetta 2 pour fonctionner.
Avec des titres optimisés pour la nouvelle architecture, les performances sont meilleures. Le problème, c'est que plus de deux ans après le début de la transition Apple Silicon, les jeux phares sont toujours rares. À la WWDC 2022, Apple en avait présenté trois qui étaient censés faire la démonstration de toute la puissance graphique des Mac Apple Silicon. Prévus pour 2022, on attend toujours GRID Legends et No Man's Sky (sorti en 2016 à l'origine, pour remettre les choses dans le contexte). Quant à Resident Evil Village, s'il est bien arrivé en fin d'année dernière sur Mac, il est actuellement indisponible en France pour une raison mystérieuse.
Résultat, pendant que les gamers sur PC profitent du remake de Dead Space, du fabuleux Elden Ring ou de Spider-Man : Miles Morales, les possesseurs de Mac en sont réduits à rejouer à SimCity 4. Mais ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain : si les jeux font toujours défaut aux Mac, la puissance graphique de la puce M2 Pro et plus encore de la M2 Max est profitable pour de nombreuses applications professionnelles qui savent tirer parti du GPU pour accélérer leurs opérations.
Neural Engine
Bien que le Neural Engine des puces M2 Pro/Max soit toujours constitué de 16 cœurs, il est présenté par Apple comme 40 % plus rapide que celui des M1 Pro/Max. Contrairement au CPU et au GPU, le moteur neuronal est le même sur toutes les puces de la famille M2 (c'était également le cas avec celui des M1). Dans Pixelmator Pro, appliquer la fonction ML Super Resolution sur un DNG de 17 Mo prend 12 secondes sur un MacBook Pro M2 Pro/Max, contre 15 secondes sur un MacBook Air M1. Le gain de temps est donc de 20 %.
Dans AI Photo, une application qui exploite le framework Stable Diffusion optimisé par Apple, nous avons généré une image avec 100 passes (plus le nombre de passes est grand, plus la qualité est bonne et plus le traitement est long) et la description suivante : man reading a book under an apple tree, vector art
. Sur un MacBook Pro M2 Pro/Max, la création prend 49 secondes (ou 1 min 54 la toute première fois avec le « chauffage » préalable de l'app). Sur un MacBook Air M1, il faut 1 min 18 pour la même opération (ou 2 min 54 la toute première fois). Dans le cas présent, on est près des 40 % de vitesse supplémentaire promis par Apple.
Quand on connait l'importance grandissante de l'apprentissage automatique au sein de macOS et des apps tierces (texte en direct, mode portrait et sous-titres dans FaceTime, qualité d'image de la webcam…), un tel gain n'est pas négligeable.
SSD
Les MacBook Pro 2023 sont-ils en tout point supérieurs à leurs prédécesseurs alors ? Eh non, leur SSD de 512 Go a une carence en vitamines. Nous avons mesuré avec Blackmagic Disk Speed Test une vitesse d'écriture maximale de 3,21 Go/s pour le nouveau SSD 512 Go, contre 4,3 Go/s pour le précédent. En lecture, l'écart est moins important : 2,98 Go/s pour le nouveau contre 3,2 Go/s pour l'ancien.
Une baisse importante des performances avait déjà été remarquée sur le SSD 256 Go du MacBook Air M2 et du MacBook Pro 13" M2. Dans tous les cas, la cause est une réduction du nombre de puces NAND. D'après un analyste interrogé par iFixit, c'est en raison d'un approvisionnement insuffisant sur les modules 128 Go qu'Apple opte maintenant pour des modules 256 Go.
Or, en réduisant le nombre de modules, Apple réduit les possibilités de parallélisme (chaque module est limité à 2 Go/s par ses deux lignes PCI-Express) et au bout du compte la vitesse globale des « petits » SSD. C'est sensible sur le SSD 256 Go des MacBook Air et MacBook Pro 13" M2 qui plafonne à 1,5 Go/s, ça l'est moins sur le SSD 512 Go des MacBook Pro 2023 qui reste d'un bon niveau. Les SSD de 1 To et plus des nouvelles machines ne sont pas freinés de la sorte.
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Prêts pour une course d'endurance
Le plus bluffant avec l'architecture Apple Silicon, c'est que le gain de puissance ne se fait pas au détriment de l'autonomie. Déjà solide sur la génération précédente, Apple promet une heure en plus sur les MacBook Pro 2023 : jusqu’à 12 heures de navigation web et 18 heures de lecture vidéo sur l’app Apple TV pour le 14", et 15 heures de navigation web et 22 heures de lecture vidéo pour le 16".
Utilisé dans le cadre d’une journée de travail à MacG, le MacBook Pro 14" M2 Pro a tenu 9 heures 30 avant de s'éteindre, soit 30 minutes de plus que son prédécesseur. Durant cet essai, une quinzaine d’applications étaient ouvertes en continu pour des usages majoritairement liés au web, aux communications et à l'écriture, et la luminosité de l'écran était réglée à 80 %. Dans notre test consistant à lire uniquement une vidéo HD en boucle sur Netflix avec l'écran et le son réglés sur 50 %, le MacBook Pro 16" M2 Pro est resté éveillé pendant 21 h 15, pas très loin des 22 h de lecture vidéo mis en avant par Apple, donc.
Seul retour en arrière, en tirant au maximum sur le processeur avec Valley Benchmark (un test graphique tout sauf optimisé pour les derniers Mac) et avec l'écran et le son à 100 %, le MacBook Pro 14" M2 Pro s'est éteint au bout de 1 h 12, contre 1 h 43 pour le 14" M1 Pro. Sur le même test intensif, le 16" M2 Pro a tenu 30 minutes de plus que le 14" M2 Pro, soit 1 h 42. Il s'agit vraiment de l'autonomie minimale dans le pire des cas. Avec des logiciels modernes, l'autonomie est nettement supérieure même en utilisation intensive. C'est particulièrement vrai pour le traitement de vidéo grâce aux moteurs médias hyper optimisés.
En somme, si ce n'est une petite surprise avec le 14" M2 Pro sur un test très particulier, les MacBook Pro 2023 offrent bien une excellente autonomie. Pas besoin d'être à côté d'une prise de courant pour regarder un film durant un long trajet ni même pour travailler une journée entière. On serait d'ailleurs prêt à troquer une ou deux heures d'autonomie contre une connexion 5G.
Pour endurants qu'ils soient, les MacBook Pro 2023 ne sont pas non plus inépuisables. Quand vient le moment de leur redonner du jus, les chargeurs diffèrent selon les modèles. Le MacBook Pro 14" d'entrée de gamme est accompagné d'un chargeur 67 W, quand les autres 14" jouissent d'un chargeur 96 W. L'intérêt de ce dernier, c'est de permettre une charge rapide de 50 % en 30 minutes seulement (il faut 1 h 30 pour une charge complète). Dommage qu'Apple ne fournisse pas cet adaptateur secteur 96 W avec le 14" d'entrée de gamme, on prend vite goût à la charge rapide une fois qu'on y a goûté.
Quant aux MacBook Pro 16", ils sont tous livrés avec un chargeur 140 W. La recharge peut s'effectuer avec le câble MagSafe fourni ou bien avec un câble USB-C. Depuis l'année dernière, il existe de nouveaux câbles USB-C supportant 240 W au lieu de 100 W, mais ils sont inutiles avec les MacBook Pro 2021/2023. Les ports Thunderbolt 4 des machines sont en effet limités à 94 W. Dit autrement, pour recharger le plus rapidement possible le MacBook Pro 16" (environ 50 % en 30 minutes), il faut encore utiliser le câble MagSafe.
Wi-Fi 6E
L'absence de Wi-Fi 6E faisait partie des petites déceptions sur les MacBook Pro 2021. La nouvelle génération comble cette lacune (elle remplace aussi le Bluetooth 5.0 par du 5.3). La norme 802.11ax, la dernière en date (même si le Wi-Fi 7 pointe le bout de son nez, c'est la marche du progrès), quadruple la capacité en offrant sept nouveaux canaux de 160 MHz ainsi que quatorze canaux de 80 MHz supplémentaires, et réduit les interférences en utilisant une nouvelle bande de 6 GHz. Connectés en 6 GHz, les MacBook Pro 2023 ont un débit maximal de 2,4 Gb/s, soit deux fois plus que sur un réseau 5 GHz. Ça, c'est pour la théorie.
En pratique, le Wi-Fi 6E n'a pas entraîné une amélioration systématique des débits dans nos bureaux lyonnais, comme nous l'avions également remarqué dans notre test des Mac mini M2. Nous avons installé pour l'occasion un routeur Asus ZenWiFi Pro ET12 en parallèle de notre système Orbi Wi-Fi 6. Placés dans la même pièce que le routeur Wi-Fi 6E, les MacBook Pro accrochent sans peine le réseau 6 GHz, mais les débits ne s'envolent pas pour autant. Il faut dire que la fibre de MacGeneration est limitée à 1 Gbit/s et que notre réseau Wi-Fi 6 se montre déjà rapide dans cette pièce.
Installés dans une autre pièce que le routeur Wi-Fi 6E séparée par deux murs, les MacBook Pro peinent par moment à rester sur le réseau 6 GHz (dont la portée est plus courte que les autres) et basculent automatiquement sur le réseau 5 GHz. Même en suivant le conseil d'Apple qui consiste à créer un seul réseau Wi-Fi qui rassemble toutes les bandes (2,4 GHz, 5 GHz et 6 GHz), les bénéfices du Wi-Fi 6E sont restés relatifs. Lors de certains tests de vitesse, le Wi-Fi 6E sur 6 GHz s'est bien montré plus rapide que le Wi-Fi 6 sur 5 GHz, mais pas de manière constante. Dans d'autres environnements, il est possible que les bienfaits du Wi-Fi 6E soient plus probants, c'est la joie des aléas des réseaux sans fil.
Pour conclure
Après un départ canon, les MacBook Pro 14" et 16" Apple Silicon poursuivent sur leur excellente lancée. Plus encore que celle de 2021, la génération 2023 allie la vélocité d'Usain Bolt et l'endurance d'Eliud Kipchoge. Les nouveaux MacBook Pro sont des champions inarrêtables. Tout juste peut-on leur reprocher de ne pas capitaliser plus sur leurs qualités pour accentuer leur avance, en proposant une connexion 5G par exemple.
Une fois qu'on a dit ça, des questions très terre à terre se posent, d'autant que les tarifs ont augmenté significativement. Faut-il lâcher 3 000 € pour remplacer coûte que coûte un MacBook Pro Intel 15"/16" par un 16" M2 Pro ? Non. L'architecture Apple Silicon a rebattu les cartes en mettant le 14" quasiment au même niveau de performances que le 16". Au-delà de ça, le MacBook Air et le MacBook Pro 13" ont gagné énormément en compétences avec les puces M1/M2, ce qui les rend suffisamment qualifiés pour une clientèle de passionnés de photo/vidéo accoutumée aux MacBook Pro Intel.
Les prix des nouveaux MacBook Pro sont donc à relativiser, le schéma n'est plus le même qu'à l'ère Intel. Les portables de 14" et 16" s'adressent véritablement à des professionnels (de la création, du développement, de la science…) qui enchaînent les opérations intensives.
Pour ces pros toujours sur Intel, vaut-il mieux acquérir un MacBook Pro M1 Pro/Max plus abordable ou sauter directement sur un M2 Pro/Max ? L'écart entre les générations 2023 et 2021 n'est évidemment pas aussi incroyable qu'entre les architectures Apple Silicon et Intel, mais il n'est vraiment pas négligeable pour les usages les plus pointus et ceux de demain. On parle de 10 à 40 % de puissance supplémentaire selon les domaines, sans oublier le Wi-Fi 6E et le HDMI 2.1 qui font des MacBook Pro M2 Pro/Max des ordinateurs on ne peut plus poussés. Si vous faites partie de ces professionnels qui réalisent eux-mêmes des benchmarks pour calculer les gains de temps, il y a de grandes chances que les MacBook Pro 2023 vous comblent.
À l'inverse, plus que la puissance des puces Mx Pro/Max, c'est l'écran ProMotion mini-LED et les multiples ports des MacBook Pro qui vous font envie ? Foncez sur les modèles de 2021 tant qu'il en reste.