Les premiers PC sous Windows 10 ARM datent de fin 2017 (et nous pourrions même parler de Windows RT, encore plus vieux) mais les applications natives pour les puces de Qualcomm restent encore assez rares. Si les navigateurs majeurs sont tous disponibles en natif (il a fallu attendre 2024 pour Chrome), les jeux sont pratiquement absents, par exemple. Et dans les autres domaines, les logiciels natifs sont peu courants. Dernier exemple en date, Adobe Premiere Pro et After Effects viennent seulement d'arriver, en bêta et avec de nombreuses limites.

Pour Premiere Pro, Adobe explique que quelques (vieilles) fonctions seront absentes dans la version finale, mais personne ne se plaindra de ne pas pouvoir exporter en format P2. Mais la bêta ne prend pas en charge les plugins tiers, n'intègre pas le ProRes d'Apple et le JPEG2000 (employé dans le cinéma numérique), n'accepte pas certains formats RAW et ne peut pas accéder au décodage matériel du H.264 et du HEVC. Autrement dit, le logiciel de montage est très limité. De plus, Qualcomm est assez flou sur un point et indique une compatibilité avec les PC équipés d'une puce Snapdragon X, sans préciser si le logiciel fonctionne sur les anciennes puces Snapdragon employées dans les PC portables avant 2024.
After Effects, aussi en bêta, souffre des mêmes défauts, avec en plus la contrainte de devoir installer manuellement un pilote précis pour le GPU de Qualcomm.
Du natif, mais des plateformes peu adaptées
Le problème principal, dans les cas des logiciels Adobe, vient de la plateforme elle-même. Si les Snapdragon X offrent des performances intéressantes compte tenu du format sur la partie CPU, ce n'est pas le cas sur la partie graphique. Un Snapdragon X Elite est proche d'une puce M2 ou d'un CPU Intel pour ultraportables, mais les variantes Plus (moins onéreuses) manquent de punch, surtout face aux dernières puces AMD ou Intel. Mais le GPU Adreno, lui, est singulièrement en retrait face aux solutions d'Apple, AMD ou Nvidia. Pour des applications comme Adobe Premiere Pro ou After Effects, qui se reposent beaucoup sur le GPU, la solution de Qualcomm est un peu légère, et n'importe quel PC portable équipé d'une carte graphique dédiée sera bien plus efficace, sans même prendre en compte les fonctions absentes des bêtas. Reste qu'elles ont tout de même un avantage : le code natif permet d'éviter d'employer l'émulation x86 de Microsoft, moins efficace que Rosetta 2.

Pour rappel, Apple a lancé sa transition en 2020 et les premières versions bêta sont arrivées la même année. Les versions natives, elles, datent de mi 2021.

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