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Six mois en Tesla : pourquoi une Model 3 ?

Nicolas Furno

Thursday 30 December 2021 à 11:45 • 195

Mobilités

Commençons cette série avec une question : pourquoi acheter une Model 3 SR+ ? Sans me lancer dans un tour d’horizon exhaustif de l’offre automobile actuelle ou dans un guide d’achat complet, je vais détailler la réflexion qui m'a mené à passer commande. Et comme je ne suis probablement pas le seul geek fan d’Apple dans l’assemblée, j’espère qu’elle trouvera quelques échos auprès du lectorat de MacGeneration.

Image MacGeneration

Tesla, une marque geek qui rappelle Apple

Les lecteurs les plus attentifs ne devraient pas découvrir que je m’intéresse à Tesla depuis des années, bien avant d’en conduire une moi-même. Ce constructeur automobile né dans la Silicon Valley à la fin des années 2000 partage de multiples points communs avec Apple, à tel point que comparer les deux entreprises est devenu un cliché de tant d’articles. Même si les deux marques se distinguent sur de nombreux aspects, il faut tout de même constater qu’elles en partagent aussi beaucoup.

La légende du mythique fondateur s’écorne vite chez Tesla, puisque le constructeur automobile a été créé sans Elon Musk alors que c’est bien dans le garage de Steve Jobs que la future Apple a vu le jour. Néanmoins, Elon Musk est associé pour le meilleur et pour le pire à Tesla, il en est le représentant le plus connu et c’est bien souvent lui qui dirige le navire, une approche qui rappelle celle mise en place par Steve Jobs, surtout après son retour dans les années 1990. Même si le CEO de Tesla n’a pas le charisme naturel de feu celui d’Apple, c’est aussi lui qui dirige toutes les conférences publiques et la quasi-totalité de la communication de l’entreprise, notamment par son compte Twitter, où il est particulièrement actif.

De manière plus fondamentale, c’est la démarche innovatrice de Tesla que l’on rapproche souvent de celle d’Apple. Après avoir testé le concept d’une voiture électrique alimentée par des batteries au Lithium-ion en modifiant des Lotus Elise, l’entreprise a commencé à créer sa première voiture, la Model S. Avant les années 2010, les seules voitures électriques disponibles étaient des modèles presque expérimentaux, basées sur des chimies d’un autre temps1 et souvent réservés à des groupes, à l’image de La Poste en France.

Le Roadster, première voiture construite par Tesla sur une base de Lotus Elise. C’était la première voiture électrique alimentée par une batterie moderne au Lithium-ion et la première aussi à dépasser les 300 km d’autonomie (image Tesla).

Il y a près de quinze ans, Tesla a mis en avant sa vision d’un futur où les voitures électriques deviennent la norme. Pour y parvenir, l’entreprise a inventé plusieurs éléments importants dans tous les domaines, de la batterie aux moteurs électriques, en passant par la recharge. À l’époque où aucun standard n’existait, le constructeur a par exemple inventé une prise propriétaire capable de charger rapidement la batterie et surtout un réseau de chargeurs similaire aux stations-service dédiées aux voitures thermiques.

Ces idées étaient alors nouvelles et dans l’industrie automobile traditionnelle, personne ne les a prises au sérieux. Ce n’est que bien des années plus tard que ces concepts se sont imposés et que tout le monde a suivi, par exemple en participant à la création de réseaux de charge similaires aux superchargeurs de Tesla. Mais ce n’est pas le seul domaine où l’entreprise d’Elon Musk a innové et apporté de nouvelles idées. Le concept d’ordinateur sur roues qu’on peut mettre à jour à distance commence doucement à être repris par la concurrence.

Tesla a aussi été parmi les premiers à avoir l’ambition d’offrir la conduite autonome dans tous ses véhicules et de ne pas en faire des options supplémentaires et payantes. Les huit caméras installées dès 2016 ressemblaient alors presque à un luxe inutile ; de nos jours, c’est presque peu par rapport à ce que toutes les voitures modernes embarquent. Dans un autre domaine, l’idée d’utiliser son smartphone en guise de clé de voiture semblait folle en 2014, c’est désormais quasiment banal.

Cédric, développeur web de MacGeneration, au volant d’une Model X sur les petites routes des Monts d’Or, printemps 2017.

Un autre point commun relie Apple et Tesla : la communauté de fans. Si vous utilisez des Mac depuis suffisamment longtemps, vous avez forcément connu les luttes « PC vs. Mac » sans fin, les heures perdues à débattre des avantages et inconvénients de chaque système et l’ardeur des défenseurs des produits pommés. C’est la même chose pour Tesla, qui bénéficie d’une importante communauté de fans prêts à tout pour défendre leur marque. Cela peut amener à quelques dérives, où la moindre critique même légitime est rejetée en bloc et son auteur conspué sur les réseaux sociaux, mais cet aspect communautaire a aussi des avantages.

Rien qu’en France, les conducteurs de Tesla peuvent compter sur plusieurs forums de discussion particulièrement actifs, dont celui d’Automobile Propre que je fréquente régulièrement, mais aussi des clubs pour des rencontres dans la vraie vie, pour ceux qui préfèrent. La pratique se perd un peu face à l’arrivée de nombreuses voitures californiennes supplémentaires sur nos routes, mais saluer d’un geste de la main les autres conducteurs de Tesla a longtemps été une tradition.

Cette communauté est aussi l’occasion de découvrir le fonctionnement des voitures avec un niveau de connaissance des détails inégalé dans le monde de l’électrique. Les forums sont une mine d’informations inépuisable pour qui veut tout savoir sur sa voiture, la batterie, les réglages proposés, les meilleures astuces pour optimiser sa conduite ou la charge… Là encore, j’ai retrouvé ce que je connaissais bien dans l’informatique avec Apple.

Gros rassemblement de conducteurs de Tesla lors d’un rassemblement organisé en octobre (photo @TeslaClubFrance)

Pour toutes ces raisons, cela faisait des années que je m’intéressais à Tesla et que je rêvais de pouvoir en posséder une un jour. Sans compter que j’ai toujours été attiré par les voitures électriques, leur simplicité de fabrication et de fonctionnement, leur silence, leur confort et bien évidemment, l’absence de pollution en roulant. Mais cela n’a longtemps été qu’un rêve, car les voitures conçues par Tesla étaient totalement hors de portée de ma bourse.

L’offre inégalable de la Model 3 SR+ en France

Elon Musk a toujours eu cette vision d’une voiture électrique à un prix raisonnable, financée par des voitures électriques de luxe. C’est pourquoi la Model S puis la Model X ont été pensées pour un marché de niche, avec des prix qui s’envolent désormais bien au-delà des 100 000 €, le prix d’un appartement où j’habite ! La Model 3 devait être la première voiture « bon marché » de Tesla avec un prix d’appel à 35 000 $, mais cette belle promesse d’Elon Musk s’est heurtée à la réalité d’une production compliquée et de coûts plus élevés que prévu.

Elon Musk promettait une Model 3 à 35 000 $ lors de sa présentation au printemps 2016, elle n’a jamais été vraiment vendue à ce prix.

La voiture est finalement arrivée en Europe à plus de 50 000 €, avec une entrée de gamme à plus de 40 000 € lancée l’année suivante. Contrairement au plan initial qui prévoyait une Model 3 de base dotée d’un intérieur différent, le constructeur a préféré distinguer sa gamme principalement sur la capacité de la batterie et le nombre de moteurs. Et face à une demande élevée et une capacité de production limitée, les tarifs ont augmenté régulièrement depuis le lancement, jusqu’à dépasser à nouveau les 50 000 € quand mon conjoint et moi-même avons commencé à regarder de plus près le marché.

On était alors début 2021, pile un an après l’achat d’une Yaris diesel qui nous a servi d’intermédiaire après la mort prématurée de notre ancienne voiture, une vénérable Peugeot 307 de 2001 lâchée par sa courroie de distribution (un classique du thermique !). Sa remplaçante a été achetée avec une idée derrière la tête : elle était suffisamment âgée pour entrer dans les critères de la prime à la conversion, ce qui nous imposait de la garder 12 mois. En échange de sa destruction, l’État finançait l’achat d’une voiture électrique à hauteur de 2 500 €, des conditions qui sont toujours proposées aujourd’hui.

Ceci n’est pas une Tesla (image MacGeneration).

Notre idée initiale était d’acheter une petite voiture électrique pas trop chère et notre premier choix s’est porté vers la « triplette Volkswagen », le nom affectueux donné à la e-Up de Volkswagen et ses cousines de Skoda et Seat. Une voiture petit format, dotée d’une batterie de capacité suffisante pour se déplacer sans problème sur Quimper et même les environs, mais pas assez pour traverser la France ou même simplement sortir du Finistère. Même si elle peut servir sur les longs trajets, elle est optimisée pour la ville et son autonomie sur autoroute ne dépasse pas les 150 km dans les bonnes conditions.

Quand bien même la majorité de nos déplacements se font bien en environnement urbain ou dans la sublime campagne de la Cornouaille, nous avons besoin de nous rendre régulièrement à Brest ou Lorient et de temps en temps dans une autre région française. Rien que pour un aller et retour à Brest, une voiture comme l’e-Up s’avère trop limitée, surtout en hiver, et il faudrait prévoir une charge intermédiaire.

La e-Up! de Volkswagen (image Volkswagen).

Nous avons brièvement envisagé quelques alternatives. Louer un véhicule thermique à chaque grand déplacement est une option, mais nous ne voulions pas avoir à préparer chaque voyage. Acheter deux véhicules, dont un thermique pour les grands trajets, implique d’avoir deux places de parking, deux assurances et augmente le prix de la transition de manière significative. Dès lors, nous avons préféré chercher du côté des voitures électriques dotées d’une autonomie suffisante pour aller n’importe où.

Début 2021, les options étaient alors bien limitées dans notre budget. Les citadines françaises souffrent d’une optimisation trop marquée pour les villes et d’une autonomie trop limitée pour les longs trajets. Sans compter que la Zoe de Renault, très présente sur le marché de l’occasion, ne dispose que d’une charge « rapide » qui est en fait assez lente et qui n'est proposée que sous la forme d’une option, ce qui en fait une rareté.

Notre regard s’est rapidement déporté vers deux voitures coréennes, la Hyundai Kona et la Kia e-Niro, deux modèles identiques sur la mécanique. Leur grosse batterie permet de rouler tranquillement sur autoroute et leur charge, sans être la plus rapide du marché, est suffisante pour répondre à nos besoins plus limités. Même si nous ne voulions pas d’un SUV à la base, c’était le choix le plus raisonnable d’autant que le marché de l’occasion était florissant.

Le Hyundai Kona électrique (image Hyundai).

Un marché florissant, certes, mais qui cache de nombreuses arnaques. J’ai failli me faire avoir, comme je l’ai expliqué dans un article publié suite à une mésaventure qui impliquait un Kona d’occasion :

Une arnaque sur internet peut en cacher une autre

Une arnaque sur internet peut en cacher une autre

Cette mésaventure avec un particulier nous a poussés vers les vendeurs professionnels et rapidement vers les véhicules neufs. Et c’est en faisant le tour des offres que j’ai réalisé que la Model 3 de base proposée par Tesla était devenue non seulement plus accessible, mais qu’elle constituait en plus une meilleure offre que la concurrence. La conséquence d’un changement brutal de tarif qui a eu lieu au début de l’année 2021 : le 20 janvier, le prix de la Model 3 entrée de gamme a baissé de plus de 11 000 € !

Vous avez bien lu, la Model 3 SR+ est passée littéralement du jour au lendemain de 47 990 € pour le client final à 36 800 €. Du point de vue de Tesla, la baisse n’était « que » de 7 000 €, ce qui est déjà énorme pour une voiture qui n’est pas remisée pour vider des stocks, mais le jeu des paliers sur le bonus écologique2 a accentué la baisse sur le prix à payer. Cela a fait grincer beaucoup de dents parmi les clients Tesla qui ont commandé avant cette date, mais cela a aussi rendu la voiture accessible à un public nettement plus large.

Il faut regarder ce que la concurrence propose pour comprendre l’impact de cette baisse de prix sur le marché français. Oublions les catégories de voiture pour comparer tout ce qui existe en électrique : une Zoe de Renault ou une e-208 de Peugeot sont certes moins chères, mais avec des autonomies trop réduites et une charge trop lente pour voyager confortablement. Et même si ce n’était pas notre critère de base, elles sont chères pour un équipement limité : imaginez qu’il faut une Zoe en finition haut de gamme et un prix qui débute à 30 000 € bonus déduit pour avoir une caméra de recul !

Les modèles coréens, que ce soit de Hyundai ou Kia, sont bien mieux équipés, mais ils sont aussi dans les mêmes zones de prix que la Model 3 d’entrée de gamme. Un Kona avec la grosse batterie offre une autonomie supérieure, certes, mais une vitesse de charge moindre et ne bénéficie pas (encore) de l’accès au réseau de Superchargeurs, deux points plus importants que l’autonomie en réalité. Le prix catalogue bonus déduit commence autour de 34 000 € aujourd’hui et même s’il est souvent possible d’obtenir un meilleur tarif en négociant avec la concession, on est dans les eaux des prix affichés par Tesla.

Cette Model 3 SR+, renommée Model 3 tout court au début du mois de novembre, est une excellente affaire qu’il est bien difficile d’égaler en France. Depuis mes recherches en début d’année, il y a plus de véhicules électriques sur le marché, mais l’offre de Tesla reste imbattable sur bien des critères et elle renforce encore son avance avec une nouvelle batterie qui l’approche des 500 km d’autonomie théorique. C’est aussi un véhicule sur-équipé, qui a de série à peu près l’intégralité du catalogue d’options de ses concurrentes.

La Model 3 de base est toujours vendue 43 800 € par Tesla et elle bénéficie d’une autonomie encore meilleure par rapport à la mienne. En contrepartie, le bonus écologique a été réduit de mille euros depuis ma commande, ce qui veut dire que son prix de base est désormais de 37 800 €.

Son énorme succès commercial, la propulsant même en tête des ventes européennes en septembre 2021, n’est pas un hasard. Des milliers de conducteurs en France ont choisi comme nous une Model 3. Maintenant que nous sommes décidés, comment est-ce que l’on achète une Tesla ? Réponse dans le prochain épisode !

Lire la suite :

Six mois en Tesla : un processus de commande atypique

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  1. Peugeot et Citroën avaient lancé une 106 et une Saxo électriques dans les années 1990, mais leur batterie NiCD ne leur offrait qu’une autonomie d’environ 90 km et à 90 km/h au maximum.  ↩︎

  2. En France, la valeur du bonus écologique accordé sur les voitures électriques neuves dépend du prix du véhicule acheté. Jusqu’à 45 000 €, le bonus maximal s’applique, soit actuellement 6 000 € ; entre 45 000 et 60 000 €, le bonus est réduit à 2000 € ; au-delà de 60 000 €, il n’y a plus de bonus.  ↩︎

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