Tesla a publié ses résultats financiers pour le deuxième trimestre 2024 et on savait qu’ils n’allaient pas être excellents, puisque le constructeur avait publié en amont des chiffres de productions et de ventes en baisse. Si le constructeur affiche des recettes en légère hausse de 2 % par rapport au deuxième trimestre de 2023, ses bénéfices ont chuté de 45 % entre les deux périodes. Avec des ventes en baisse et surtout une marge qui n’a jamais remonté la pente après les baisses de prix massives de 2023, ce ne sont pas les voitures individuelles qui ont évité le pire.
Dans le détail, deux postes ont connu une grande croissance sur ce trimestre : le stockage d’énergie d’une part, les crédits carbone de l’autre. Commençons par ces derniers, car c’est une vieille astuce que Tesla a longtemps utilisée pour afficher des bénéfices, quand les ventes de ses voitures ne suffisaient pas. Pour rappel, l’idée de ces crédits carbone est de permettre aux constructeurs automobiles en retard sur l’électrification de leur production de compenser avec ces crédits qu’ils peuvent acheter aux constructeurs en avance. Sur le trimestre, Tesla a ainsi gagné 890 millions de dollars avec ces crédits, c’est trois fois plus que le même trimestre l’année précédente.
Le stockage d’énergie est une source de revenus plus légitime, du moins plus durable, et c’est l’activité qui a le plus augmenté sur le trimestre. Cela recouvre autant les Powerwall, des batteries de stockage que les particuliers peuvent installer chez eux (surtout en Amérique du Nord) que les Megapack, des immenses installations de stockage positionnées sur l’infrastructure des réseaux électriques publics. Tesla a battu des records avec un un déploiement qui a atteint 9,4 GWh en trois mois, c’est 100 % de plus que l’an dernier. Le constructeur anticipe une demande croissante en stockage, ce qui justifie la construction d’une nouvelle usine dédiée en Chine. Elle devrait entrer en action au début de 2025 et permettre à l’entreprise d’augmenter encore ses revenus dans ce domaine.
Du côté des voitures, l’avenir est moins clair. Tesla a choisi de revoir sa stratégie sur l’entrée de gamme et compte désormais commercialiser un modèle moins cher, dérivé de ses Model 3 et Model Y et non plus basé sur une toute nouvelle plateforme. Cela devrait permettre d’accélérer le calendrier — le constructeur parle du premier trimestre 2025 —, au détriment des gains financiers espérés. La voiture qui sortira finalement devrait être bien différente de celle à 25 000 $ promise en 2020 et probablement plus chère.
Ce choix permettra aussi de retarder la création de nouvelles usines, dont celle prévue au Mexique qui est finalement mise en pause, officiellement en attente des résultats de l’élection présidentielle américaine. S’il était élu, Donald Trump devrait en effet instaurer des taxes sur les produits mexicains importés aux États-Unis, ce qui annulerait les avantages liés à cette nouvelle usine.
Ce changement de politique est-il malgré tout le signe d’un regain d’intérêt de la part d’Elon Musk pour les voitures individuelles ? On pouvait avoir quelques doutes ces derniers mois, surtout que son soutien officialisé à Donald Trump n’a pas aidé et les résultats financiers du dernier trimestre vont dans le même sens, mais on verra en début d’année prochaine (🤞) si la tendance s’inverse.
La production de voitures individuelles ne semble plus intéresser Tesla
Suite à la présentation des résultats, le milliardaire a aussi promis que le Roadster arriverait en 2025, une promesse que l’on prendra avec le scepticisme nécessaire pour cette voiture présentée en 2017 et qui semble être restée au stade du prototype depuis. Il espère aussi que la conduite entièrement autonome deviendra une réalité en 2025, comme tous les ans depuis 2015. Il a aussi officialisé une nouvelle date de présentation pour le Robotaxi, le véhicule exclusivement autonome qui n’aurait même pas besoin d’un volant et de pédales : ce serait désormais le 10 octobre, sachant qu’il avait promis au départ le 8 août.