Tesla, ce n’est pas que les tribulations d’Elon Musk, c’est également et surtout un constructeur automobile en pleine transition, mais qui s’enfonce dans la crise. À l’occasion de ses résultats trimestriels, la société a annoncé un chiffre d’affaires de 22,5 milliards de dollars. C’est très légèrement au dessus des estimations des analystes, mais cela représente une baisse de 12 % par rapport à la même période il y a un an. Le constructeur s’attend à une nouvelle baisse de son chiffre d’affaires pour le trimestre en cours. Malgré tout, Tesla reste rentable avec un résultat net de 900 millions de dollars en baisse toutefois de 42 %. Conséquence directe de cette méforme : le constructeur n’a livré sur le trimestre que 384 122 véhicules, soit une baisse de 14 % par rapport à 2024.
Tesla s’en tire malgré tout bien pour le deuxième trimestre consécutif grâce à la vente pour 439 millions de dollars de crédits carbone. Cette manne est néanmoins appelée à disparaître en raison du plan de Donald Trump visant à supprimer les amendes imposées aux constructeurs ne respectant pas les normes d’efficacité énergétique.

La firme pilotée par Elon Musk a un plan pour se redresser. La première partie de celui-ci passe par l’arrivée de nouvelles versions plus abordables des Model 3 et Model Y. Les premiers exemplaires ont été produits en juin, mais la montée en production au second semestre pourrait être plus lente qu’anticipé. 2026 devrait voir pour sa part la commercialisation des camions Tesla Semi promis depuis 2017 et surtout le début de la production des Cybercab, le premier véhicule exclusivement autonome de Tesla.
Elon Musk mise tout sur son projet de Cybercab
Comme souvent, le plan existe, reste à voir l’exécution, mais l’optimisme demeure de mise chez Elon Musk qui a déclaré à l’occasion de la conférence donnée suite à la publication des résultats financiers : « Nous pourrions avoir encore quelques trimestres assez compliqués. [……] Mais d'ici la fin de l'année prochaine, je serais surpris si l'équation économique de Tesla ne devient pas très convaincante ».

Le changement d’équation économique passe par un succès de son offre de Cybercab. Disponible uniquement sous forme d’invitation à Austin dans le Texas, Elon Musk espère que son offre pourra toucher la moitié de la population américaine d’ici la fin de l’année. Pour y parvenir, Tesla devra obtenir le feu vert des autorités locales et prouver que le système fonctionne réellement sans supervision, ce qui n'est pas encore le cas. Le dirigeant cible en premier lieu la baie de San Francisco, puis la Floride et l’Arizona.

Lancement en demi-teinte pour les Robotaxis de Tesla, pas encore complètement autonomes
Reste qu’il y a quelque chose de croquignolesque dans cette affaire : une partie des difficultés de Tesla est directement liée aux décisions de l’administration Trump. La mise en place des droits de douane, la fin annoncée au 30 septembre du crédit d’impôts de 7 500 dollars aux États-Unis, la fin des crédits carbone sont autant de facteurs qui jouent contre Tesla, qui doit faire face à une concurrence chinoise toujours plus vive. Avec la pudeur toute caractéristique des directions financières, l’état-major de Tesla reconnait volontiers les difficultés conjoncturelles que connait son groupe tout en oubliant de mentionner le rôle prépondérant qu’a pu jouer son CEO.
Lors de la conférence téléphonique tenue après la publication des résultats financiers, Elon Musk a lancé quelques punchlines. Il a déclaré que Tesla surpassait Google en matière d’intelligence artificielle dans le monde réel et a encouragé les investisseurs à se concentrer sur ses projets d’IA et d’autonomie. Mais la bourse n’en fait elle aussi qu’à sa tête. Hors séance, l’action Tesla recule de 5 %.