Les années se suivent et se ressemblent pour le MacBook Air. Après une grosse refonte en 2022 portée par la génération de puces M2, Apple se contente depuis de renouveler le SoC et de peaufiner quelques aspects ici ou là. On aurait bien du mal à lui en vouloir : pourquoi réparer ce qui n’est pas cassé ? Le MacBook Air est une référence depuis son passage aux puces Apple Silicon, et la baisse de prix de 100 € cette année en fait une affaire encore plus intéressante qu’auparavant.

C’est un test un peu particulier pour moi vu qu’il s’agit de mon premier test de Mac depuis que je suis arrivé chez MacGeneration… il y a maintenant 4 ans. Ce MacBook Air M4 me semble tout destiné étant donné qu’Apple cherche à séduire les propriétaires de modèle M1 (dont je fais partie) afin de les pousser à renouveler leur matériel. Est-ce l’heure de changer de machine ? Réponse dans notre test.
Niveau design, pas de changement dans l’Air
Si le redesign du MacBook Air fêtera bientôt ses 3 ans, il est fort probable que vous n’en ayez jamais vu un de près : après tout, les Mac sont des bécanes pouvant tenir de longues années sans soucis, et nombre de nos lecteurs comme de nos journalistes utilisent encore une machine M1 ou Intel. C’est pour ma part la première fois que j’en côtoyais un plus d’une dizaine de minutes, et le résultat m’a semblé plutôt convaincant.

Apple a décidé de rapprocher son MacBook Air du MacBook Pro. Exit l’aspect fin à l’avant et épais à l’arrière, la machine est désormais un bloc plus homogène moins tranchant en façade. Force est de constater que cela donne un look plus moderne, même si le produit y perd au passage en identité. Le trackpad a été allongé pour l’occasion et est toujours aussi agréable à utiliser. Je craignais que la zone repose-poignet surélevée soit moins confortable pour les longues séances d’écriture, mais il n’en est rien. Le clavier est plus discret pendant la frappe que sur un MacBook Air M1 et procure un ressenti différent qui n’est pas désagréable. Les touches de fonctions sont désormais en pleine taille, et le bouton Touch ID est également plus spacieux. Au rayon des petites nouveautés, on notera que la touche pour passer en mode muet affiche maintenant un haut-parleur barré qui a le mérite d’être plus clair.
Seul reproche peut-être sur la version 15 pouces : de grosses bordures aux côtés du clavier, pas moches, mais qui donnent un sentiment de vide surprenant. Cela reste sans doute mieux que la grille de hauts parleurs de mon modèle M1, qui n’a pas tenu un an avant d’être quasi intégralement bouchée par des poussières. Apple n’a pas profité des améliorations de la webcam (que nous détaillerons plus bas) pour réduire la taille de l’encoche, ce qui aurait été appréciable. Toujours pas de Face ID non plus, mais ce n’est guère une surprise. On imagine que si la fonction finit par arriver, elle commencera sa carrière sur les MacBook Pro.
Le MacBook Air reste limité au niveau de sa connectique, avec deux ports Thunderbolt 4, un MagSafe, un jack et puis c’est tout. C’est mieux que sur mon modèle M1 sur lequel je ne peux brancher plus d’un accessoire pendant la charge, mais cela semblerait presque juste au vu des grandes tranches lisses, épurées et presque ennuyeuses de la machine. On regrettera aussi les quelques situations où l'on aurait aimé avoir un port de chaque côté, par exemple avec un câble un peu court. Le modèle 13" pèse 1,24 kg, soit 50 grammes de moins que le modèle M1. La déclinaison 15" fait 1,51 kg, soit 40 grammes de moins que le MacBook Pro 14". On reste sur du poids plume.

La grosse nouveauté de cette année est l’arrivée d’un coloris bleu ciel assez réussi, qualifié de « bleu PC Windows » par certains collègues, mais que je trouve pour ma part plutôt chouette. C’est un bleu pastel terne et discret, qui se remarque sans sauter aux yeux. Il tire sur le gris dans les environnements peu éclairés ou quand on braque un spot dessus (et qu’on essaye d’illustrer un article). C'est la couleur la plus fun du lot, les modèles argent et lumière stellaire restant bien ennuyeux classiques, tandis que la déclinaison minuit prend toujours pas mal les traces de doigts. Notons qu’un joli câble MagSafe tressé est inclus, même si Apple n’a fait le boulot qu’à moitié en laissant un gros morceau blanc du côté de l’USB-C.
Une puce M4 dans l’Air du temps
La grosse nouveauté de cette année est évidemment l’arrivée de la puce M4, que l’on connaît bien étant donné qu’elle a fait ses débuts sur l’iPad Pro sorti il y a quasiment un an. Celle-ci embarque désormais 4 cœurs performants et 6 cœurs basse consommation, contre une organisation 4 + 4 pour la puce M3 de base précédente. La puce dispose de 10 cœurs CPU aux côtés de 10 cœurs GPU. Attention, car ces derniers ne sont que 8 sur l’entrée de gamme du modèle 13". Comme nous allons le voir, cela ne représente pas une grosse différence au quotidien.
Voici les tarifs de la gamme actuelle, dont on notera que les prix ont baissé par rapport à la génération M3. Apple en a profité pour simplifier son catalogue : elle ne commercialise désormais plus de MacBook Air avec une puce de génération précédente. C’est M4 ou rien.
MacBook Air 13" | Puce | RAM | Stockage | Prix |
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Puce M4 (CPU 10 cœurs, GPU 8 cœurs) | 16 Go | 256 Go | 1 199 € | |
Puce M4 (CPU 10 cœurs, GPU 10 cœurs) | 16 Go | 512 Go | 1 449 € | |
Puce M4 (CPU 10 cœurs, GPU 10 cœurs) | 24 Go | 512 Go | 1 699 € |
MacBook Air 15" | Puce | RAM | Stockage | Prix |
---|---|---|---|---|
Puce M4 (CPU 10 cœurs, GPU 10 cœurs) | 16 Go | 256 Go | 1 499 € | |
Puce M4 (CPU 10 cœurs, GPU 10 cœurs) | 16 Go | 512 Go | 1 749 € | |
Puce M4 (CPU 10 cœurs, GPU 10 cœurs) | 24 Go | 512 Go | 1 999 € |
Le choix des configurations est plus aisé sur un MacBook Air que sur les autres machines d’Apple : il n’y a qu’une seule gamme de puce, à savoir la puce M4. La bécane est livrée avec 16 Go de RAM de base, mais vous pourrez sinon opter pour une option 24 Go ou pour une nouvelle allant jusqu’à 32 Go. Côté SSD, on peut grimper de 256 Go à 512 Go, voire carrément se tourner vers une enveloppe de 1 ou 2 To. Les options sont identiques sur les deux tailles, mais on notera que leur tarif a augmenté depuis l’année dernière ce qui donne désormais du + 250 € par palier. Autrement dit, comptez 250 € par tranche de 8 Go de RAM ou de 256 Go de SSD. C’était très cher par le passé, on est maintenant plus très loin du braquage.

Le premier atout de la puce M4 vient de sa prise en charge complète du double écran. Si les modèles à puce M3 pouvaient déjà le faire, il fallait alors que le MacBook soit capot fermé. Ce compromis n’est plus nécessaire, et on peut désormais brancher un duo de moniteurs à sa machine ouverte pour profiter d’un espace de travail très étendu. La puce apporte également la prise en charge du ray-tracing apparu sur la génération M3, mais aussi du mieux dans le domaine du décodage vidéo.

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Le CPU
Sans trop de surprise la puce s’améliore côté CPU. Dans Geekbench 6, on peut constater une amélioration de l’ordre de 17 % en single core et d’environ 22 % en multi core par rapport à la puce M3. D’une manière un peu plus parlante, l’exportation d’un fichier 4K de 6 secondes dans Final Cut Pro prend 35 secondes sur le MBA M4… contre plus d’une minute sur le modèle M1. L’attente est presque divisée par deux !

Même chose pour la création d’un objet 3D avec Photocatch, où l’on doit patienter environ 4 min devant un MacBook Air M1 là où il ne faut que 2 minutes à la nouvelle version. Malgré l’absence de ventilation, le MacBook Air M4 ne chauffe pas plus que de raison en ce mois de mars. Ça sera sûrement une autre paire de manches pendant la canicule estivale, mais nous n’avons rien remarqué d’alarmant pendant nos tests, même les plus longs.
Le GPU
La puce s’améliore aussi au niveau GPU, où on remarque dans Geekbench 6 un progrès d’environ 17 % en passant d’une M3 8 cœurs GPU au M4 d’entrée de gamme avec autant de cœurs. En comparant les deux puces standards à 10 cœurs GPU, l’amélioration est de l’ordre d’un peu plus de 16 %.

Cela ne se ressent pas forcément au quotidien. Sur Shadow of the Tomb Raider, les gains sont marginaux et se comptent en (petites) poignées d’images par seconde. On constate cependant bien l’évolution qui se fait d'année en année : là où l’on n’obtenait que 27 images par secondes sur un MacBook Air M2, on est maintenant à environ 34. Autrement dit, on passe du jouable en serrant les dents au correct sur ce titre tournant via Rosetta 2, ce qui bride les performances.

Pour les MacBook Air 15", on grimpe de 321 images par seconde avec la puce M3 sur le test Aztec 1080p de GFXBench Metal à 353, soit environ 10 % de mieux. On reste bien limité par l’absence de ventilation de la machine. En comparaison, et sur le même test, on est tout de suite à 382 i/s sur un MacBook Pro M4 14".

L’IA
À l’heure où les fabricants de PC vantent le concept de « PC IA », Apple n’est pas en reste avec la mise en avant des fonctions Apple Intelligence ou du Neural Engine de ses machines. Celui-ci a été bien amélioré depuis la puce M1. Mon MacBook Air embarquant la première puce Apple Silicon aura mis 24 minutes à transcrire une interview d’une heure avec le plus gros modèle de MacWhisper. En face, le MacBook Air M4 n’aura eu besoin que de 18 minutes 30.

Dans le même genre, la machine de 2020 prend 2 min 20 pour générer une image 1024 x 1024 via Stable Diffusion XL 8 bits, là où le MacBook Air M4 n’a besoin que de 1 min 40. On gagne donc 40 secondes ! Nous avons également installé le logiciel LM Studio, qui permet de faire tourner de grands modèles de langage en local pour voir ce qu’il en est. En utilisant Deepseek R1 (7B), j’obtiens en moyenne 17,86 tokens par seconde sur le MacBook Air M4, contre seulement 11,11 sur le MacBook Air M1. Les progrès sont donc loin d’être superflus, d'autant plus qu'Apple devrait mettre l'accent sur les fonctions IA dans les années à venir.

Comment faire tourner DeepSeek-R1 (ou un autre LLM) sur votre Mac
Le SSD
Le SSD du MacBook Air M4 d’entrée de gamme souffre du même inconvénient que sur les générations précédentes : il est plus lent que les modèles plus généreux. En passant le disque 256 Go à la moulinette du Speed Test de BlackMagic, on obtient environ 2,87 Go/s en lecture pour 1,96 Go/s en écriture. Le SSD de 512 Go, lui, dépasse les 3 Go/s dans les deux cas.

Les valeurs sont environ les mêmes que celles que l’on obtenait l’année dernière sur le MacBook Air M3. Pas de mauvaise surprise donc, mais pas de cadeau non plus à ce niveau. Cela reste de bonnes performances, et la machine démarre au quart de tour. L’utilisation au quotidien ne semble jamais poussive, que ce soit dans l’ouverture des apps ou lorsque l’on déplace des fichiers volumineux.
Une webcam qui donne l’Air plus naturel
Le second gros changement de ce MacBook Air M4 vient de sa nouvelle webcam. Le modèle M1 avait une caméra HD 720p, les modèles M2 et M3 sont passés sur une déclinaison 1080p. Le MacBook Air M4 arbore désormais une « Caméra 12 Mpx », qui ne bouge pas d’un point de vue résolution, étant donné qu’elle est toujours limitée à un enregistrement vidéo en 1080p. Il s’agit de la même webcam que celle trouvée dans les MacBook Pro 14 et 16 pouces M4, mais aussi dans l’iMac M4.
En plus d’une meilleure gestions des blancs et de couleurs plus chaleureuses, cette caméra apporte deux choses : la prise en charge de Cadre centré et de Desk View. La première fonction est apparue avec l’iPad Pro M1 en 2021 et peut vous suivre lorsque vous vous déplacez en papotant. La seconde est arrivée via l’appareil photo Continuité d’iOS 16 avant de débarquer sur les MacBook Pro et l’iMac M4. Elle permet de montrer son visage en parallèle d’un plan sur son bureau vu du dessus, ajusté à grands coups d’algorithmes.


Le gain au niveau de la caméra est appréciable, surtout quand on vient d’un modèle ancien. L’image est bonne pour peu que l’on soit dans un environnement bien éclairé. C’est forcément un peu plus granuleux lorsque la nuit tombe, mais cela reste exploitable et loin d’être ridicule. Les choses se corsent en soirée avec uniquement une petite lumière dans un coin, mais il y a fort à parier que vous irez allumer une lampe en cas de visioconférence nocturne. On ne cracherait pas sur une qualité encore un cran au-dessus, mais c’est globalement suffisant. Rappelons que l’iPhone peut faire office de caméra d’appoint pour les plus gros utilisateurs, ce qui donne une meilleure image même s’il faudra investir dans un trépied ou dans un support pour s’en servir convenablement.
Je n’ai pas grand-chose à ajouter sur Cadre centré, dont le concept fonctionne bien si vous êtes le genre de personne à vous promener dans la pièce pendant une visio. Certains trouveront l’algorithme un peu sensible, mais on peut toujours désactiver cette nouveauté rapidement depuis la barre des menus.

Desk View est une idée intéressante, mais assez peu exploitable au quotidien. Apple utilise une toute petite partie de ce que capte la webcam grand-angle pour créer l’illusion qu’une caméra se situe au-dessus du bureau. Malheureusement, la qualité est assez mauvaise, voire carrément médiocre selon l’éclairage. Dans mes tests, on peut deviner ce que montre un interlocuteur et éventuellement déchiffrer ce qu’il écrit sur un papier, mais ce n’est pas très agréable. Il faut en plus avoir beaucoup d’espace afin de pousser son MacBook loin de la zone filmée, ce qui n’est pas toujours le cas en déplacement. Ce sera peut-être mieux sur les Mac de 2030 embarquant une webcam 4K, mais pour le moment, cela ne devrait pas vous servir à grand-chose.

Grâce à macOS Ventura et iOS 16, l'iPhone devient la meilleure webcam du Mac
Des améliorations ici et là
Différents éléments devraient vous surprendre si vous venez d’un Mac plus ancien. Le son a été grandement amélioré par rapport à mon MacBook Air M1 : il est moins étouffé et monte beaucoup plus fort. La qualité est bien meilleure, et la machine restitue un son plus clair malgré la disparition des grilles de hauts-parleurs (le son s'échappe de l'espace entre le clavier et l'écran).

L’écran ne bouge pas et éclaire toujours à 500 nits. Je me suis vite habitué à l’encoche, que l’on oublie complètement dans les applications en plein écran. Le gain de performance me semblait un peu superflu en venant d’une puce M1 qui tient encore très bien la route, mais on ressent tout de même bien l’intérêt dans différents scénarios. Spotlight est plus réactif, les apps semblent s’ouvrir plus rapidement et les chargements sont moins longs. Sur Resident Evil 4 Remake avec des réglages graphiques équilibrés, ma machine habituelle peine à dépasser les 35 i/s là où le MacBook Air M4 est globalement au-dessus des 50. Je n’ai pas besoin de tant de puissance et serait sans doute très content avec une puce M2 ou M3, mais la différence se sent.
L’autonomie reste excellente, on peut sans problème venir à bout d’une journée complète (de 9h à 22h) en utilisation standard. Ce MacBook Air M4 m’a accompagné sans sourciller pour une journée complète de travail chez MacG, et je suis sorti du bureau à 17h avec plus de 30 % d’autonomie. De son côté, Florian a tenu 10 heures avec le modèle 15 pouces en réglant la définition de l'écran au maximum et en ajustant la luminosité à environ 75% sans rien qui ne tire particulièrement sur le processeur. J’ai obtenu environ deux heures de plus, sachant que j’ai tendance à fortement réduire la luminosité de l’écran. Bref, vous devriez largement tenir pendant une longue journée de boulot sans vous inquiéter d’avoir à trouver une prise.
Rappelons que ce MacBook Air est compatible avec la charge rapide si vous avez un bloc 70 W sous la main. Apple affirme qu'il permet de récupérer environ 50 % d’autonomie en laissant son Mac branché pendant 30 minutes. De notre côté, nous avons récupéré 22 % en 15 min, 42 % en 30 min et 79 % en une heure. Il faut ensuite deux heures tout pile pour grimper à 100 %.
Faut-il changer d’Air ?
Apple n’a pas loupé son coup avec ce MacBook Air M4, qui est, comme tous les ans depuis 2020, une réussite. La configuration d’entrée de gamme est correcte alors que le prix a baissé : il est bien difficile de trouver un reproche à faire à ce Mac qui ne souffre d’aucun vrai défaut. Venant d’un MacBook Air M1, j’aurais presque envie de le garder… si la puce M1 n’était pas encore largement dans le coup.

En chipotant, on pourrait râler sur l’absence de Wi-Fi 7, sur la connectique qui reste assez sommaire, sur les 256 Go ou sur l’absence d’option de verre nanotexturé. Mais ces détails passeront par-dessus la tête de la majorité des acheteurs cherchant simplement une machine à la batterie infatigable et ayant de la puissance à revendre. Avec son gain de puissance et son tarif moins cher, ce MacBook Air est donc plus que jamais l’ordinateur que l’on recommande à n’importe qui.