La diversification de la chaîne de production d'Apple est en marche et elle va s'accélérer pour moins dépendre de la Chine. Durant son récent périple européen, Tim Cook a fait une escale en Allemagne où il a rencontré des ingénieurs travaillant pour le constructeur (Apple investit un milliard d'euros à Munich dans le domaine des semi-conducteurs). À cette occasion, le patron d'Apple a fait quelques confidences reprises par Bloomberg.
Apple a l'intention de se fournir dans la future usine de TSMC en Arizona. Un site qui devrait ouvrir ses portes en 2024 ; il produira des puces électroniques gravées à 5 nm (20 000 unités par mois au lancement), ce qui risque de ne pas satisfaire les besoins d'Apple en systèmes-sur-puce modernes. La puce A16 de l'iPhone 14 Pro est déjà gravée à 4 nm.
En revanche, pour d'autres appareils moins à la pointe du progrès (iPhone SE, iPad…), ces capacités de production pourraient être suffisantes. Et puis TSMC peut en théorie améliorer la finesse de gravure des semi-conducteurs qui sortiront de ces lignes américaines.
Lors de cette même rencontre, Tim Cook a également évoqué la possibilité de se fournir en Europe. Le CEO n'a pas précisé le ou les sous-traitants ni le ou les pays européens concernés, mais le constructeur a aussi l'intention d'acheter des puces électroniques produites sur le vieux continent.
Bien sûr, Apple travaille déjà avec des entreprises européennes : la franco-italienne STMicroelectronics vient immédiatement en tête. Mais manifestement, le constructeur veut aller encore plus loin pour diversifier ses sources de semi-conducteurs. Pendant la réunion, Tim Cook a expliqué que Taiwan représentait 60 % de l'approvisionnement mondial en puces électroniques, ce qui n'est pas « une position stratégique », a-t-il ajouté. En particulier avec l'épée de Damoclès de Pékin qui plane au-dessus de l'île.
« On s'attend à un investissement important des États-Unis et de l'Europe pour augmenter leurs capacités de production de silicium, et pour tenter de réorienter leur part de marché », a-t-il dit. Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur, a annoncé en février que l'Union voulait justement doubler cette part de marché pour atteindre 20 % à l'horizon 2030.
42 milliards d'euros pour faire de l'Europe un champion des semi-conducteurs
Les États-Unis ne sont pas en reste : le Chips and Science Act récemment voté va permettre d'injecter 50 milliards de dollars pour la construction d'usines sur le sol américain. TSMC va en profiter, tout comme Intel qui a aussi dans l'idée d'installer un site en Arizona (Intel qui n'a d'ailleurs pas abandonné l'idée de redevenir fournisseur d'Apple).
L'assemblage des produits reste toujours largement dépendant de la Chine mais là aussi, Apple diversifie ses sous-traitants en allant en Inde (pour l'iPhone) ou le Vietnam (pour l'Apple Watch).