Alors que l’entreprise est dans la tourmente depuis maintenant plusieurs années, financièrement comme technologiquement, et ne semble pas s’en sortir, voilà une épreuve supplémentaire dont Intel se serait bien passé : son patron, Lip-Bu Tan, se voit accusé de collusion avec la Chine et appelé à la démission par rien de moins que le président des États-Unis d’Amérique.

Ce n’est un secret pour personne dans le milieu de l’informatique, Intel va mal. Bloquée pendant longtemps par une évolution ratée de ses technologies de gravure, elle s’est fait distancer par TSMC, son plus gros concurrent d’alors. Depuis, Samsung l’a dépassée aussi, et l’entreprise aux « bunny mens » semble ne pas s’en sortir avec sa prochaine finesse de gravure nommée « 18A » (pour 18 angströms, 1,8 nm), et commence déjà à plier bagage pour l’étape suivante du 1,4 nm, indiquant qu’elle pourrait être « retardée ou annulée sans client externe majeur ».

Panther Lake, la prochaine génération Intel, déjà dans la tourmente à cause de la gravure en 18A
Dans le domaine du design de puces, la santé ne va pas beaucoup mieux : du côté des processeurs, AMD ruine les espoirs d’Intel en sortant des puces plus rapides les unes que les autres, sans pour autant nécessiter un système de refroidissement digne d’un réfrigérateur, et côté cartes graphiques, l’espoir né des séries Arc « Battlemage » a été douché par la nécessité de réduction des coûts et des effectifs, tuant dans l’œuf la possibilité d’une génération suivante.
Histoire d’achever le portrait cauchemardesque, voilà donc que le nouveau patron, Lip-Bu Tan, se voit attaqué par Donald Trump, comme le rapporte Le Monde : le natif de Malaisie, accusé par un sénateur Républicain d’avoir participé à la vente de microprocesseurs à une université militaire chinoise soupçonnée d’effectuer des simulations d’explosions nucléaires, a vu le locataire de la Maison Blanche lui intimer l’ordre de démissionner.
Le PDG d’Intel est en plein conflit d’intérêts et doit démissionner immédiatement. Il n’y a pas d’autres solution à ce problème.
Si Intel est une entreprise privée, et a donc le droit de nommer la personne qu’elle souhaite à sa tête, elle doit tout de même faire avec quelques limitations : les contrats liant Intel au gouvernement américains sont nombreux, et le sénateur Cotton n’a pas hésité à rappeler que la firme a eu le droit à plus de 8 milliards de dollars d’aides fédérales et 12 milliards de plus sous forme de prêts bonifiés.
Intel s’est donc fendue d’un communiqué, afin de tenter d’arrondir les angles :
Intel, le conseil d’administration et Lip-Bu Tan sont profondément engagés dans la promotion des intérêts de sécurité nationale et économique des États-Unis et réalisent des investissements importants conformes au programme « America First » du président.
Autrefois joyau de la couronne de la tech aux USA, Intel ne vaut plus que 90 milliards de dollars en bourse, soit 60 % de moins qu’il y a cinq ans, et cinquante fois moins que Nvidia. Avec 19 milliards de pertes en 2024, l’avenir s’assombrit de plus en plus pour l’entreprise, qui n’avait pas besoin d’une polémique sur son PDG pour compléter son sombre tableau.