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Tesla fait des bénéfices grâce à la seule vente de ses voitures

Nicolas Furno

Tuesday 27 July 2021 à 09:53 • 130

Mobilités

Pour la première fois de son histoire, Tesla termine un trimestre en faisant des bénéfices sans avoir besoin d’autre chose que ses propres voitures. C’est ce qui ressort des résultats du deuxième trimestre 2021 dévoilés hier par le constructeur exclusivement électrique : l’entreprise affiche un bénéfice de 1,1 milliard de dollars, un record historique. Mais le plus important, c’est le fait que les bénéfices ne disparaissent pas si l’on enlève les gains obtenus grâce à la vente de crédits carbone, ce qui était le cas sur les trimestres précédents.

Tesla continue de faire des bénéfices grâce au retard des autres constructeurs

Tesla continue de faire des bénéfices grâce au retard des autres constructeurs

Tesla continue de vendre ces crédits à ses concurrents, mais ces gains ne représentent « que » 354 millions de dollars, laissant un joli bénéfice aux voitures seules. Sur le deuxième trimestre 2021, l’entreprise a vendu plus de 200 000 voitures, dont l’écrasante majorité de Model 3 et de Model Y. Le retard de la nouvelle Model S et son volant coupé en deux, produite à moins de 2 000 exemplaires sur le trimestre, n’a pas eu d’impact négatif et Tesla produit de toute façon autant de voitures que possible, sans pouvoir répondre à la demande.

L’une des Model 3 vendues par Tesla au deuxième trimestre 2021 et qui ont contribué à ces bénéfices records, de rien Elon (image MacGeneration).

Le constructeur est en train de créer deux nouvelles usines pour augmenter sa capacité de production, l’une au Texas et l’autre près de Berlin. La première avance bien, la deuxième a pris du retard, même si l’entreprise espère toujours commencer la production avant la fin de l’année. En attendant, les premières Model Y européennes seront importées de Chine, l’usine de Shanghai servant de plus en plus à fournir l’export hors États-Unis. Tesla a toujours du mal à tenir ses promesses de date et le Semi, son camion annoncé en 2017, a été officiellement repoussé en 2022. Ce n’est pas aussi explicite pour le Cybertruck présenté fin 2019 et dont la commercialisation devait commencer cette année, mais on se rapproche aussi d’un lancement en retard.

Malgré tout, les nouvelles sont bonnes, parce que Tesla a atteint ces records pendant une période particulièrement compliquée. La pandémie a mis à l’arrêt plusieurs usines dans le monde en 2020 et les effets de cette pause se font toujours sentir aujourd’hui, avec des problèmes d’approvisionnement sur de multiples composants. On en parle beaucoup en informatique, mais ces problèmes touchent aussi tout particulièrement le monde de l’automobile, avec des chaînes de production qui doivent s’arrêter chez tous les constructeurs.

Jusque-là, la firme s’en est sortie grâce à sa souplesse incomparable dans l’industrie. Les constructeurs historiques reposent sur des pièces fournies par des tiers dont ils dépendent complètement. Si les pièces ne sont plus disponibles, ils n’ont pas d’autre choix que de mettre en pause la production en attendant de refaire les stocks. Chez Tesla, les voitures sont conçues avant tout comme des ordinateurs sur roues, ce qui change tout. Chaque composant présent dans les véhicules est contrôlé par un logiciel développé en interne, ce qui apporte une grande souplesse.

Le minimalisme de tous les habitacles conçus par Tesla est le meilleur représentant de l’importance du logiciel pour le constructeur, un point essentiel pour comprendre sa stratégie et son fonctionnement (image MacGeneration).

Comme le constructeur l’explique dans ses résultats, en cas de problème d’approvisionnement sur un élément, un autre module similaire a été utilisé et c’est arrivé 19 fois au cours du trimestre. Ce n’est pas un simple remplacement d’une pièce par une autre, a souligné Elon Musk par la suite, il faut réécrire une partie du logiciel pour s’adapter à chaque matériel. Mais cette souplesse est ce qui a permis à Tesla de s’en sortir sans problème majeur jusque-là, même si la prudence reste de mise. Les résultats du troisième trimestre pourraient être gênés par les pénuries.

Il faut noter que l’agilité de Tesla est aussi liée à des fonctions qui peuvent disparaître du jour au lendemain. On l’a vu au cours du trimestre à deux reprises : le réglage lombaire côté passager a été retiré des Model 3 et Model Y et surtout, le radar a été supprimé à l’avant de ces deux voitures. Si c’est au profit d’une conduite autonome géré uniquement par la vision, c’est aussi une manière de se défaire d’un composant qui peut venir à manquer à cause des pénuries.

Tesla fait chauffer ses neurones pour sa vision à long terme

Tesla fait chauffer ses neurones pour sa vision à long terme

Suite à la présentation des résultats financiers, les dirigeants de Tesla ont répondu à quelques questions, Elon Musk en tête. Le milliardaire a d’ailleurs signalé que ce serait sa dernière participation aux questions/réponses, il ne devrait désormais venir que s’il a quelque chose d’important à dire. Pour cette dernière, il s’est fait plaisir avec deux piques envoyées contre Apple, parce que pourquoi pas.

Il a commencé à critiquer l’usage du Cobalt dans les batteries conçues à Cupertino, alors que son entreprise s’en débarrasse peu à peu1. Le cobalt est un matériau rare qui est surtout critiqué pour sa production floue et souvent peu éthique et Apple avait été pointée du doigt avec d’autres entreprises pour son utilisation de cobalt congolais, où le travail des enfants était mal contrôlé.

Le superchargeur de Lorient (image MacGeneration).

L’autre critique est plus générale, elle concerne la politique d’Apple de créer des écosystèmes fermés. Elon Musk place son entreprise en contraste en revenant sur le sujet de l’ouverture des stations de superchargeurs aux autres constructeurs. Le patron avait déjà confirmé cette ouverture sur Twitter, il a donné quelques détails supplémentaires.

Comme on pouvait s’en douter, les voitures tierces ne pourront pas être identifiées automatiquement par les bornes et il faudra utiliser l’app mobile de Tesla pour créer un compte, s’authentifier et sélectionner la borne. En Europe, le connecteur CCS est présent à toutes les stations et comme c’est le standard européen, il est disponible sur la majorité des voitures électriques. Aux États-Unis, un adaptateur sera nécessaire pour le connecteur propriétaire du constructeur, il sera vendu ultérieurement.

Reste à connaître les conditions tarifaires et sur ce point, c’est encore un mystère même si Elon Musk a suggéré des prix variables. En fonction de la vitesse de charge du véhicule et surtout de l’occupation de la station, les tarifs pourraient varier pour inciter les conducteurs à faire des sessions de charge courtes et libérer rapidement leur place. Quoi qu’il en soit, cette ouverture devrait représenter une nouvelle source financière : des analystes estiment que Tesla pourrait dépasser les 25 milliards de dollars de revenus rien qu’avec ses stations de charge.


  1. Les batteries LFP des Model 3 et Model Y d’entrée de gamme sont entièrement dépourvues de Cobalt. Les batteries NCA et NCM du reste de la gamme en utilisent encore un petit peu, mais le minimum et de moins en moins au fil des progrès techniques.  ↩︎

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