Le Mac App Store fête son dixième anniversaire aujourd’hui ! La boutique dédiée aux Mac a ouvert ses portes le 6 janvier 2011, c’était l’une des nouveautés de Mac OS X 10.6.6 fournie le même jour. Deux ans et demi après l’App Store destiné à l’iPhone, Snow Leopard reprend le même concept d’une boutique d’apps validées en amont, avec une expérience d’achat, d’installation et de mises à jour simple et parfaitement intégrée.
Pour le lancement, Apple avait réussi à convaincre des centaines de développeurs et la boutique comptait alors environ mille apps, gratuites et payantes. Steve Jobs, qui était encore CEO pour une dizaine de jours avant de prendre son ultime congé maladie, s’en félicitait dans le communiqué de presse1 :
Avec plus de mille apps, le Mac App Store est très bien parti. Nous pensons que les utilisateurs vont adorer cette nouvelle façon novatrice de découvrir et acheter leurs apps préférées.
L’immense succès de l’App Store pour iOS avait ouvert de grands espoirs pour cette variante destinée aux Mac. Les premiers mois les ont d’ailleurs confirmés, avec le million de téléchargements atteints dès le lendemain et plus de 4 000 apps en mars. Malheureusement, ces bons débuts ont vite marqué le pas et dès l’été 2011, les développeurs se sont aperçus que le Mac App Store n’avaient rien à voir avec la boutique des iPhone et iPad en termes de succès.
Même si Apple vantait fièrement les 100 millions de téléchargement atteints à la fin de l’année 2011, c’est un chiffre ridicule par rapport à l’App Store qui avait atteint les 18 milliards de téléchargements à la même époque, un chiffre quasiment doublé en un an. La tendance est restée la même depuis : la boutique d’iOS a maintenu une croissance folle, tandis que celle dédiée à macOS a stagné. Il faut dire que le Mac App Store n’a jamais été la seule solution pour télécharger des apps sur le Mac.
Plus encore que sur iOS où l’App Store a toujours été la seule option, les limites imposées par Apple ont été critiquées notamment par une partie des développeurs. La validation systématique, le respect obligatoire du sandboxing ou encore l’absence de versions de démonstration et de mises à jour payantes sont autant de critiques que l’on entend depuis dix ans. Apple n’y a jamais vraiment répondu, malgré quelques maigres concessions qui ont permis le retour de quelques apps, comme le client FTP Transmit fin 2018 ou celui de l’éditeur de code BBEdit un an plus tard.
Pas suffisant pour inverser la tendance et faire du Mac App Store un succès aussi significatif que l’App Store original. Il faut toutefois noter qu’Apple a retrouvé un intérêt pour sa boutique d’apps pour macOS ces dernières années. Mojave a ajouté une section « Découvrir » avec des conseils et des articles sur des apps rédigés en interne. Catalina a ajouté la section destinée à Apple Arcade, le service de jeux par abonnement d’Apple. Quant à Big Sur, il peut désormais gérer les apps iOS, puisqu’elles peuvent être installées sur les Mac Apple Silicon.
Même si le succès n’a pas été aussi important qu’escompté, le Mac App Store fait désormais partie intégrante de macOS, à tel point que les mises à jour majeures du système sont distribuées par son biais2. Et il ne faut pas oublier que pour une large partie des utilisateurs, la méthode pour acheter et surtout installer les apps a été considérablement simplifiée par cet ajout au système.
D’ailleurs, l’idée d’Apple a fait des petits depuis, à l’image du Microsoft Store lancé l’année suivante dans Windows 8 avec le même concept. Et même du côté des distributions GNU/Linux, où les gestionnaires de paquets faisaient figure de précurseurs, on trouve désormais des interfaces graphiques aussi simples d’accès que le Mac App Store. Pour en revenir au Mac, on pourrait aussi citer Setapp, ce service qui offre accès à des dizaines d’apps contre un abonnement mensuel et qui est conçu lui aussi comme la boutique d’Apple.
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D’après une rumeur sortie quelques années plus tard, le créateur d’Apple n’était pourtant pas convaincu qu’un Mac App Store soit nécessaire pour le Mac. Si l’on en croit ces bruits de couloir, c’est Phil Schiller qui poussait l’idée en interne et a fini par convaincre le CEO. ↩︎
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Pendant quelques années, toutes les mises à jour de macOS passaient par la boutique, mais Apple est finalement revenue en arrière avec Mojave. ↩︎