Alors que ses ventes sont en chute libre en Europe, Tesla sort une Model Y encore plus chère

Tesla ne redresse pas la barre en Europe, du moins pas en juillet d’après les statistiques publiées par l’ACEA (Association des Constructeurs Européens d’Automobile). Face à un marché de l’électrique qui progresse, avec une hausse des ventes de 39 % d’une année sur l’autre pour le mois de juillet, les ventes de Tesla ont chuté de plus de 42 %. Alors que le constructeur américain avait écoulé 11 465 véhicules sur le continent en juillet 2024, il doit se contenter de 6 600 ventes en juillet 2025. La hausse a profité à ses concurrents, le groupe Volkswagen en tête, même si l’augmentation la plus spectaculaire revient au chinois BYD, qui a connu une croissance de plus de 200 % d’une année sur l’autre, certes sur la base de valeurs encore assez faibles.

Cette déconvenue est d’autant plus dure pour Tesla que sa Model Y mise à jour est désormais pleinement disponible, y compris la version de base, la moins chère et la plus vendue. Si l’on a longtemps pu entretenir le doute sur les mauvais résultats de l’entreprise d’Elon Musk en Europe, ne sachant pas s’ils étaient uniquement liés au virage politique du milliardaire ou bien si les marchés attendaient la nouvelle version du SUV, ce doute n’est plus permis. Malgré une gamme renouvelée, Tesla n’arrive plus à vendre autant et si c’est largement à cause de son patron, ce n’est pas uniquement pour les raisons que l’on pense.

Une partie de la clientèle historique de Tesla s’est bien détournée de la marque à cause des positions politiques d’Elon Musk et j’avais d’ailleurs moi-même fait part de ma relation compliquée avec l’entreprise dans le bilan des quatre ans de ma Model 3. Néanmoins, le vrai problème est la gamme elle-même, peu adaptée à l’Europe et qui souffre de plus en plus de la comparaison face à la concurrence. Ce n’est pas un problème nouveau, la Model 3 est une grosse berline peu maniable et avec un coffre bien trop peu pratique tandis que la Model Y est une voiture encore plus grosse, encore moins maniable, mais qui corrige le défaut du coffre. Quand nous avons acheté notre voiture en 2021, ces défauts étaient faciles à oublier, tant les alternatives étaient inexistantes.

La situation est bien différente en 2025. Même si Tesla conserve des avantages indéniables sur les concurrents historiques, en particulier pour les geeks que nous sommes, les constructeurs européens et asiatiques proposent désormais de nombreuses options, souvent bien mieux adaptées à nos besoins. Il n’est même pas nécessaire d’évoquer le succès de la Renault 5 pour rappeler que les Européens sont friands de voitures plus compactes et moins chères que ce que le catalogue du fabricant américain peut offrir. Même si on veut une routière capable d’avaler les kilomètres, point fort historique de Tesla, on trouve aujourd’hui de nombreuses alternatives avec des batteries suffisantes pour faire de la route.

Face à ce constat, on pourrait attendre d’une autre entreprise qu’elle développe un véhicule mieux adapté aux besoins de ses clients. L’usine installée près de Berlin ne produit que des Model Y et elle est loin de sa capacité maximale, elle pourrait produire une voiture plus compacte et moins chère, concurrente plus directe de l’ID.4 de Volkswagen qui connaît un gros succès ces derniers mois, du Scenic E-Tech de Renault ou encore de l’e-3008 de Peugeot, pour donner quelques exemples français. Pas Tesla, qui a préféré annuler son projet de voiture moins chère au profit d’une stratégie entièrement dédiée à la conduite autonome, alors même que celle-ci n’est toujours pas une réalité et surtout, qu’elle est encore largement limitée à un seul pays.

L’entreprise a tout de même promis l’arrivée d’une voiture moins chère, qui semble n’être qu’une Model Y avec moins de fonctionnalités : toit en métal au lieu du verre, sièges en tissu au lieu du similicuir, pas d’écran à l’arrière… mais toujours la même taille imposante. En attendant son arrivée, Tesla annonce aujourd’hui le lancement d’une nouvelle variante de sa voiture phare, avec la commercialisation de la Model Y Performance. Cette version est la plus puissante et la plus chère de la gamme, avec un prix de base de 61 990 €.

Comme sur la Model 3 nouvelle génération, le constructeur a fait un effort avec des boucliers spécifiques à l’avant comme à l’arrière, des jantes spécifiques et plusieurs nouveautés à l’intérieur : sièges avant revus, écran central amélioré¹ ou encore suspensions adaptatives. La batterie et le moteur sont aussi exclusifs et le fabricant indique que la densité énergétique est améliorée sur le pack, sans donner de détails. Cette nouvelle Model Y Performance est produite en Allemagne et les livraisons sont promises dès ce mois de septembre.

Cette variante sportive était certainement attendue par une clientèle, ce n’est toutefois pas elle qui changera quoi que ce soit à la tendance générale pour Tesla en Europe. Le cœur des ventes se fait sur la Model Y Propulsion qui est toujours vendue à partir de 44 990 €, même si elle peut bénéficier de la prime Coup de pouce en France.

Pour ce qu’elle propose, cela reste objectivement une excellente affaire en incluant cette aide de 3 180 €, mais c’est aussi une grosse voiture peu maniable qui ne convaincra pas la majorité des acheteurs européens. Réduire son prix en lui retirant des fonctions pourrait aider, mais pas autant que la « Model 2 » plus compacte que Tesla a longtemps eu dans ses projets et qui semble désormais abandonnée.