Optimisation fiscale : le gros problème de communication d’Apple

Christophe Laporte |

Ne comptez pas sur nous pour juger sur le fond en deux coups de cuillère à pot la décision de la Commission européenne qui a demandé au gouvernement irlandais de réclamer à Apple 13 milliards d'euros d'avantages fiscaux indus. Il s'agit d'un dossier éminemment complexe qui a souvent été traité de manière assez simpliste par les médias traditionnels. Le sujet méritera de toutes manières qu'on s'y plonge de nouveau à plusieurs reprises pour démêler la réalité du fantasme.

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Cette affaire risque sans doute de connaitre plus d'un rebondissement dans les mois et années à venir. Lors d'un récent sondage, nous vous demandions si vous approuviez la décision de Bruxelles. Vous avez répondu oui à 61 %, non à 32 % et 7 % n'ont pas d'avis sur le sujet. Il est fort probable d'ailleurs que de l'autre côté de l'Atlantique, les résultats seraient bien différents : les mécanismes à l'œuvre au sein de l'Union européenne sont — et c'est bien normal — plus naturels pour nous Européens, même s'ils restent ardus et parfois arides. Alors imaginez un Américain !

Si l'on se concentre uniquement sur la forme, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Apple est dans une position délicate. Dans l'esprit de monsieur tout le monde, la firme de Cupertino va passer pour le grand méchant capitaliste, qui met en œuvre des moyens considérables pour ne pas payer d'impôts. Pour beaucoup, Apple, ce sera la société de l'iPhone ou du Mac, mais également (et peut-être surtout) la société reine de l'évasion fiscale. Voilà l'image qui risque de coller longtemps au Californien.

Il suffit d'ailleurs de lire les commentaires acides de ces derniers mois sur les actualités en lien avec l'optimisation fiscale d'Apple (mais aussi de Google et d'autres multinationales) pour s'apercevoir que cette idée a déjà largement infusé parmi vous. Pour le grand public, c'est en cours, et il est vrai que le montant du redressement fiscal frappe l'imaginaire de tout un chacun.

Pour Apple, cela pourrait nuire longtemps à son image de marque, que l'entreprise tente de parer de toutes les vertus (environnementale et responsable). Sa réaction à la condamnation est d'ailleurs assez « exceptionnelle » dans un sens. Elle a publié très peu de temps après sa condamnation un message à la communauté Apple en Europe, dans laquelle elle raconte son histoire en Europe, et ce dans plusieurs langues. Si l'on devait donner une quelconque valeur représentative à notre sondage, on dirait que le message n'a pas été reçu cinq sur cinq. Alors que dire des personnes pour qui Apple est une entreprise comme tant d'autres !

Depuis sa prise de fonction, Tim Cook a toujours été très préoccupé par l'image reflétée dans l'opinion publique par son groupe, sans doute beaucoup plus que son prédécesseur. Et d'ailleurs, on ne serait pas étonné que cette affaire soit évoquée à l'occasion du special event de l'iPhone 7. Longtemps, Apple a eu le rôle de David contre Goliath. Son incroyable succès au cours des 15 dernières années a changé la donne.

Pour ne pas passer pour le grand méchant, Tim Cook a ouvert son groupe à des thématiques sociétales auxquelles elle n'accordait pas grande importance, publiquement en tout cas. Apple est devenue une société engagée qui lutte contre les discriminations, pour la diversité, pour la protection de la planète ou encore pour le respect des conditions de travail des travailleurs qu'elle emploie directement ou indirectement.

Pour défendre ses valeurs, Apple est allée particulièrement loin. Cette année, sur les questions de la vie privée, Tim Cook n'a pas hésité à défier le FBI. La position courageuse d'Apple tranchait alors avec celles d'autres grands groupes qui ont longtemps adopté des postures beaucoup plus mesurées ou qui se sont fait longtemps très discrets, alors qu'ils sont souvent prompts à donner leurs avis pour un oui ou pour un non.

Il y a non seulement ce différend avec l'Union européenne, mais il y a également cette déclaration de Tim Cook résumant cette affaire à de grosses conneries politiciennes. Du point de vue d'Apple, on peut éventuellement comprendre qu'elle ait l'impression d'être une victime collatérale d'enjeux qui la dépassent franchement. Elle peut aussi trouver de manière générale que le code des impôts, pensé au temps de l'ère industrielle, n'est plus du tout adapté à notre époque (Tim Cook ne se prive d'ailleurs jamais d'une occasion pour dire tout le mal qu'il pense des règles américaines pour le rapatriement de son trésor de guerre).

Le Premier ministre irlandais Enda Kenny et Tim Cook en 2015.

N'empêche : en agissant de la sorte, Apple va finir par réussir à rapprocher Bruxelles du peuple européen. Pas une mince affaire, tant l'Europe est une cible facile pour nos hommes politiques. Sans évoquer le fond encore une fois, la réaction de Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe, illustre peut-être le mieux le sentiment général. Il a récemment déclaré au WSJ qu'Apple, et plus généralement les grandes entreprises tech, n'avaient pas compris l'obligation morale qu'elles avaient de s'acquitter de l'impôt. Et d'ajouter qu'elles donnaient l'impression d'être déconnectées des réalités des pays dans lesquelles elles opèrent.

Il est probable que cette affaire n'aura pas une grande incidence sur les ventes d'Apple à court ou moyen terme, mais sur son image, c'est une autre histoire. Comme on le lit parfois ici ou là, cela risque chez beaucoup de confirmer l'intuition qu'Apple est également déconnectée de ses clients, et que plus grand-chose ne compte si ce n'est la satisfaction de ses actionnaires. Espérons que le keynote de ce mercredi donnera une impression différente !

avatar Ginger bread | 

L imposition à l Americaine ne peut avoir lieu en Irlande (Union Europeenne).
A 0,005% on croit rêver pour un pays qui a connu une crise d austérité

avatar frankm | 

qui [Apple] met en œuvre des moyens considérables pour ne pas payer d'impôts
Tous les gens autour de moi et moi-même en tant que particuliers mettons tout en œuvre pour réduire l'impôts, ne pas être imposable, voir recevoir un crédit d'impôts

avatar FahirN | 

Je ne sais pas comment appeler ce genre de publication — un édito ? Dans tous les cas, c'est toujours un plaisir de les lire, Christophe.

avatar WiPhil | 

@FahirN :
Un publi-reportage

avatar FahirN | 

@WiPhil
Oh, petit malandrin !

avatar zideo | 

@FahirN :
Tout à fait d'accord

avatar tchit | 

Alors qu'une entreprise comme Apple gonfle ses prix en Europe (n'oubliez pas qu'on paye la TVA quand on achète, nous) et ne paye pas d'impôts alors qu'elle se fait une marge de batard, il y a quand-même un paquet de gens pour leur trouver des excuses...

avatar Paquito06 | 

@tchit :
C'est justement pour se proteger du Fx et des taxes de toutes sortes afin de ne pas reduire voir annuler la marge que les prix sont tjrs gonflés à l'etranger, dans tous les secteurs (high tech, luxe,...). Mieux vaut acheter du Hermes en France, pareil, mieux vaut acheter du Apple aux US.
Sinon, a NY apres taxes le 6 est à $710 quand il est à 750€ en France, c'est pas effroyable (quand on sait que la TVA FR est a 20% si je ne m'abuse alors qu'ici c'est 10-12%).

avatar vache folle | 

@tchit :
Les américains payent aussi une taxe. Les prix sur le site web s'entendent hors taxes, puisqu'elles varient d'un état à l'autre. Grosso-modo 10%, de mémoire. (je ne suis pas allé voir en détail, et ma vie là-bas commence à dater ;) )

avatar bassaris | 

Excellent article, mesuré et réfléchi. C'est pour cette qualité rédactionnelle que vous pourrez toujours compter sur mon soutien financier à l'avenir. Pour le moment je suis juste membre du club MacG et j'en ai plus que pour mon argent !

avatar Ali Ibn Bachir Le Gros | 

Apple est une multinationale comme les autres. C'est une machine à faire de l'argent et elle est terriblement efficace pour ça. Une multinationale n'a pas de règles morales et elle n'existe pas pour en avoir.

Les règles morales appartiennent à la société, à l'ensemble des habitants d'un pays ou d'une communauté de pays et ce sont les élus qui doivent les rédiger et les faire appliquer, en fonction de ce que veulent les citoyens.

Si les citoyens ne souhaitent pas que les multinationales paient d'impôt, alors il faut les en exonérer. Dans le cas contraire les lois fiscales doivent être appliquées et les contrevenants sanctionnés.

Au sein d'une communauté telle que l'Europe, les pays qui y adhèrent doivent respecter les règles ou la quitter. Si les Irlandais ne veulent pas que les multinationales, ou certaines multinationales, paient d'impôt, ils peuvent quitter l'Europe et décider de les en exonérer. Il n'y a rien de très compliqué à ça.

Personnellement, je préfère que toutes les entreprises soient traitées de même façon d'un point de vue fiscal et je ne suis pas pour en privilégier certaines comme ça a été le cas en Irlande.

avatar marenostrum | 

la France n'est pas concerné par cette affaire.

avatar byte_order | 

Bien sur que si.
La France comme l'Irlande sont membres de l'UE, du marché unique, et comme tout pays membre de l'UE elle a les droits et les devoirs que tout membre de l'UE a accepté à travers les différents traités signés.

Les français financent le budget de l'UE, eux aussi. Une partie de leur impôts sont aller financer l'aide de 80 milliars sur 3 ans de l'UE à une Irlande en faillite en 2008.

Alors que l'on voit que l'Irlande, en fermant volontairement les yeux sur de l'évasion fiscale hors de l'UE, se prive volontairement de recettes colossales alors que dans le même temps elle appelait à l'aide les contribuables des autres etats membres de l'UE.

Bien sûr que si cela concerne *aussi* les français.

Si (ou quand ?) l'Irlande sera un état non membre de l'UE, l'Irlande sera libre de faciliter l'évasion fiscale de son propre territoire, mais tant qu'elle fait partie de l'UE, l'évasion fiscale de son territoire est une évasion fiscale de l'UE, et ça cela concerne tous les membres de l'UE.

avatar béber1 | 

byte_order
"...mais tant qu'elle fait partie de l'UE, l'évasion fiscale de son territoire est une évasion fiscale de l'UE, et ça cela concerne tous les membres de l'UE."

même avis.

avatar wiwitop | 

+1 aussi.

avatar dperetti | 

La France fait la leçon à l'Irlande alors qu'elle a fait voter une loi fiscale au seul bénéfice de l'UEFA afin d'exonérer cette dernière d'impôts dans le cadre de l'organisation de l'Euro 2016... Oui cette affaire la concerne.

avatar béber1 | 

dperetti
"La France fait la leçon à l'Irlande alors qu'elle a fait voter une loi fiscale au seul bénéfice de l'UEFA…"

Tous les pays membres de l'UE ont à balayer devant leur propre porte.

Et s'il y a un point positif à cette affaire, c'est celle de rappeler à l'ensemble des pays de l'Union qu'ils font tous partie d'une communauté d'états, autant pour bénéficier d'une stabilité et d'une prospérité économiques de manière librement négociée/concertée pour le plus grand bien de tous, que pour être plus forts ensemble sur la scène internationale… à condition que tous jouent le jeu d'une solidarité minimale en respectant les règles communes auxquelles ils ont eux-mêmes souscrit en commun.

avatar SMDL | 

@béber1 :

"Tous les pays membres de l'UE ont à balayer devant leur propre porte."

Bah voilà, c'est encore un futur gros, Dyson, qui va tout "ramasser" ;')

avatar béber1 | 

@SMDL

:-))

balayeurs et ramasseurs de casseroles sont des métiers d'avenir, finalement

avatar vache folle | 

@marenostrum :
Bien sûr que si. Sans l'optimisation fiscale, il y aurait eu plus d'argent qui serait rentré dans les caisses de l'état gaulois que les maigres dizaines de millions l'année passée.

avatar Hideyasu | 

@vache folle :
Sauf que la décision de la commission ne remet pas en cause l'optimisation, Apple ne payera jamais plus de 2-3% d'impôts, et ça vaut pour toutes les multinationales y compris européennes et françaises.

avatar 8enoit | 

@Ali Ibn Bachir Le Gros :
"Une multinationale n'a pas de règle morale et n'existe pas pour en avoir".

Effectivement les faits sont ainsi.
Mais c'est une question de choix de ses dirigeants. Il existe des patrons qui appliquent pour eux-mêmes et pour leur entreprise certaines règles morales. C'est rare il est vrai mais cela existe. Et c'est certain que dans un monde de requins, il est difficile pour un poisson même de grosse taille, de survivre, s'il n'utilise pas ses dents de la même façon que les autres.

avatar SMDL | 

@8enoit :

Je replace ce que je citais récemment :

"Sinon, Cook a cité à deux reprises ses ambitions pour Apple, qui doivent être une forme de promesse faite à Steve avant qu'il quitte ce monde : la société est en Inde pour un millier d'années, puis Apple est là pour l'éternité (lu sur MacG).

Or un tel destin se gagne dans la guerre. Le nerf de la guerre étant l'argent, plus il y en a, plus les racines d'Apple s'enfoncent loin dans le sol de la société mondiale naissante et la compagnie devient de plus en plus inexpugnable. Ça doit être une obsession."

Apple vise donc l'éternité. Il n'est pas anodin que Cook parle dans ces termes à plusieurs reprises. Ce n'est plus un requin, mais une sorte de Dieu du polythéisme GAFA à venir. Ces transnationales ne sont pas des entreprises comme les autres. Je ne comprends pas qu'on les mette dans le même sac.

avatar Nekhro | 

@Ali Ibn Bachir
«Une multinationale n'a pas de règles morales et elle n'existe pas pour en avoir.»
Sauf qu’Apple, par ses prises de position, s’engage et donne parfois des leçons de morale. À partir de là, ça marche dans les deux sens.

avatar 33man | 

Hmm je suis pour que tout le monde paie ses impôts, moi on ne me fait pas de cadeau car je gagne plus que la moyenne... après si j'arrive négocier un tarif spécial avec la région ou j'habite.... moi aussi ça m'énerverais que l'état vienne après x années demander des impôts alors que cela ne le regarde pas, si la région a pris une initiative perso je ne devrais pas en avoir à assumer les frais...

Donc esthétiquement parlant Apple à assez de fric sans devoir faire ça avec les impôts, donc payer ne leur ferait pas de mal car j'ai l'impression qu'ils pissent sur l'Europe sous prétexte qu'ils ont créé des emplois... Politiquement parlant, l'Europe est aux abois question fric et cherchent partout sauf aux bon endroits...

avatar béber1 | 

"...après si j'arrive négocier un tarif spécial avec la région ou j'habite.... moi aussi ça m'énerverais que l'état vienne après x années demander des impôts alors que cela ne le regarde pas"

sauf que si dans ta comparaison, la région c'est l'Irlande, et que l'état c'est l'UE...
...l'état/UE est tout à fait légitime de rappeler à la "région" Irlande l'application des règles fiscales qu'elle (l'Irlande) a signé dans ses accords passé avec l'"état" Europe, notamment sur le fait qu'elle reçoive des subventions à hauteur de ses revenus.

Ajoutant aussi le fait, que ce faisant, cette "région" participe du dumping fiscal qui pénalise d'autres "régions" et d'un système facilité d'évasion fiscale à l'échelle internationale.

avatar Tournicoti | 

@33man
L'angle abordé par la commission n'est pas à proprement parler l'accord, mais sur le fait qu'il n'est pas transparent et "juste" car pas ouvert à d'autres sociétés qui auraient le même profil.
Bref c'est du favoritisme et donc une distorsion de la concurrence.

avatar en ballade | 

tu dis n'importe quoi. arrête de regarder sous le prisme de Appl€, même chose pour MS et Google.

avatar andr3 | 

Chacun de nous à son niveau, s'essaie à l'optimisation fiscale ... Tentatives de réduction d'impôts, négociations pour faire baisser le montant d'une amende, un peu de black, revente sur eBay, ...

Alors, à part le montant et encore car celui-ci est en rapport avec la taille et les revenus d' , où est la différence entre le comportement d'une multinationale et le nôtre ?

avatar Grizzzly | 

@andr3 :
1...

Toute entreprise optimise. C'est sa raison d'etre, augmenter les revenus, reduire les couts.
Le souci vient de l'europe qui doit creer les conditions d'un marché sain. Cela passe par l'harmonisation des règles notamment fiscales et par la mise en application et le controle de celles ci.
Bruxelles doit s'accorder avec l'irlande pour l'avenir, pas revenir sur le passé et faire payer à Apple le prix du travail qu'elle n'a pas fait ces dernieres annees.

avatar ovea | 

@Grizzzly :
Mais c'est pas possible de raisonner à l'envers :
- la vrai richesse c'est de pouvoir profiter des infrastructures en place qui coûtent un bras au administrés qui supposent à juste titre que les bandits du grand chemin seront éconduit par la marée chaussée … vos papier SVP !
- revenons à Rome qui par les chemins de Gaule si bien développés fit longue route pour ses conquêtes, pour qu'il ne soit plus possible de nos jours de refaire l'histoire alors qu'il s'agirait d'une assimilation.
- on pourrait pas « faire payer » avec une histoire de sombre vengeance, alors que là c'est tout le contraire qui s'étale de part et d'autre de l'Atlantique.
Bref … c'est la rentrée, alors on va y aller doucement, parce que, il y a beaucoup à expliquer pour si peut de choses.

avatar padbrest | 

Maïs pourquoi est-ce que personne ne parle du véritable délinquant : l'Irlande... L'Europe devrait proposer à Apple une amnistie en échange d'un déménagement dans un pays à fiscalité "moyenne". Évidemment, ça inquiéterait le Luxembourg, hein, M. Juncker ?

avatar Grizzzly | 

Quoi qu'il arrive en tout cas pour l'europe ou l'irlande, pour Apple c'est avant tout un gros coup de poignard à l'image de marque, comme le résume bien l'article.

avatar Domsware | 

@Grizzzly

Cela ne marche que pour ceux qui sont sensibles à l'image de marque selon moi.

avatar en ballade | 

La société civile (ici les clients) doit menacer de boycotter les produits de Appl€ et autres voyous. Apres ça nous parle de responsabilité, d'égalité ....le capitalisme dans toute son hypocrisie.

avatar béber1 | 

en ballade
"La société civile (ici les clients) doit menacer de boycotter les produits de Appl€ et autres voyous."

Il faudra s'attendre à un boycott assez généralisé alors

avatar Orion | 

Non seulement cette histoire démontre que l'UE a entendu le message concernant les montages fiscaux mais les USA ne peuvent que louer cet effort et se trouver ravis d'avoir un partenaire européen beaucoup plus crédible et intransigeant qu'auparavant. Juncker avait promis un changement de direction, le message a été clairement reçu par tout le monde. Après Google, leur frère siamois Apple…

La lettre aberrante (et profondémment débile) de Tim Cook montre effectivement que les obligations morales vis à vis de la société et de ses clients sont un concept un peu trop abstrait pour lui et qu'il ne pense qu'en termes de bénéfices et de chiffre d'affaire. Donc que seuls les actionnaires doivent être caressés dans le sens du poil. Mais ça on le sait depuis quelques années…

En 2016, époque de l'éthique, du commerce équitable, du tri, là où il est demandé à tout le monde de ne pas se comporter comme un gros con de consommateur, de ne pas gaspiller, de trouver des solutions alternatives pour éviter que l'industrialisation ne détruise tout, peut-être serait-il responsable de la part des Mc Donald's, Google, Amazon, Apple, Starbucks et compagnie de payer les impôts qu'ils doivent aux pays où ils s'installent comme n'importe quelle autre compagnie et que les pays comme l'Irlande soit encouragée à respecter les règles de l'UE.

Merci à l'UE qui se décide enfin à rappeler à l'ordre ces sociétés parasites, cela permettra peut-être d'amoindrir les effets de la politique d'austérité.

avatar Kappy | 

@Orion
"les USA ne peuvent que louer cet effort"

Je lisais récemment un article sur cnn.com expliquant qu'Apple pouvait en théorie déduire les milliards dus à l'Irlande de ses impôts aux États-Unis. Ceci explique sans doute en partie pourquoi les USA ne louent justement pas cet effort.

avatar béber1 | 

Orion
"Merci à l'UE qui se décide enfin à rappeler à l'ordre ces sociétés parasites, cela permettra... d'amoindrir les effets de la politique d'austérité."

En fait le message de la Commission s'adresse aussi et surtout aux états européens qui seraient tentés de faire du dumping fiscal pour attirer sur leur sol des investissements commerciaux, industriels et financiers dont ils pourraient retirer quelques avantages aux dépens des autres états membres.

Et c'est un rappel aussi
pour une "bonne conduite" en interne, notamment quand on voit que récemment la famille Agnelli a déménagé le siege légal de sa Holding EXOR aux pays-bas "….en raison des avantages fiscaux du pays. "
https://fr.express.live/2016/08/25/ferrari-fiat-juventus-demenagement-aux-pays-bas/

extrait :
"Les Pays-Bas ont des conventions fiscales avec plus de 100 pays, conventions qui incluent des impôts favorables en ce qui concerne les redevances et les dividendes.
«L’effet de la réglementation concernant l’évasion fiscale après les Panama Papers, LuxLeaks et Swissleaks, est encore minime». En mai dernier, une étude d’Oxfam Novib... avait montré que les Pays-Bas étaient le pays offrant le plus d’options pour l’évasion fiscale des multinationales. Parmi ces critères, on retrouve certaines formes de déductions fiscales et l’absence de mesures pour lutter contre les abus.
La Belgique figurait en deuxième position des paradis fiscaux européens les plus importants pour les grandes entreprises"

On comprendra alors que la Commission essaie par l'Irlande&Apple de rappeler aux états-membres de respecter les accords qu'ils ont signés et ainsi préserver les équilibres relationnels au sein de l'Union sans quoi l'Union elle-même serait menacée. Cette affaire "retentissante"est aussi un bon prétexte pour remettre sur la table le projet d'une "harmonisation fiscale", même à minima, ou à tout le moins d'éviter aux pays membres de favoriser à l'avenir des politiques favorisant l'évasion fiscale.

avatar melen | 

Très bon article, ouvert.

Je suis plus perplexe sur cette phrase :
Du point de vue d'Apple, on peut éventuellement comprendre qu'elle ait l'impression d'être une victime collatérale d'enjeux qui la dépassent franchement.

Je ne crois pas que les enjeux la dépassent. Tim Cook est sur la même planète que nous, la preuve en est par son intérêt sur la protection des données, sur l'environnement (affiché en tout cas), les discriminations...

avatar byte_order | 

Je vois mal comment on peut clamer être une victime quand on a tout fait pour arriver a créer une entité fiscale vu comme résidante en Irlande par tous, sauf du point de vue du fisc de ce pays.

Cela n'est pas "a l'insu du plein gré", faut quand même pas être naîf à ce point.

avatar Domsware | 

@byte_order

Alors, pour la nième fois, la position d'Apple est de dire que l'entreprise suit les lois de l'Irlande. Et que l'entreprise est ainsi victime d'un conflit entre l'Irlande et l'Europe, sur fond de manoeuvre politicienne européenne. Conflits qui se joue sur un tout autre plan et avec de tout autre enjeux.

La naïveté c'est se cantonner à la comptine du méchant Apple (capitaliste) et de la gentille Europe (sociale).

avatar Hideyasu | 

@Domsware :
Entièrement d'accord.

Le système a été conçu par les mêmes politiques qui se plaignent maintenant de l'optimisation, optimisation qui a été permise par l'UE.
Après la décision de la commission ne remet pas en cause l'optimisation, Apple ne va pas payer 12,5% d'impôts ni aucune multinationale, faut pas rêver.

avatar byte_order | 

Merci de faire au moins l'effort de lire les résultats de l'enquète, qui d'ailleurs prend bien garde a distinguer les observations relevant de l'optimisation fiscale légale aux regards du droit communautaire (rapatrier toutes vos recettes dans un seul pays de l'EU) de celles relevant de l'évasion fiscale hors de l'UE, qui a toujours été illegale à tout membre de l'UE.

Cessez de croire aveuglement que si Tim dit qu'Apple n'a fait que respecter un accord passé avec l'Irlande cet accord fasse loi. S'il est jugé illégal, ce que prétend la commission, cet accord ne vaudra rien et il ne vaudra rien non pas parce que des politiciens auront laisser faire mais parce que des politiciens Irlandais ont cru à tord que l'UE les laisseraient faire tout, y compris organiser l'évasion fiscale de multinationales pour garder 10 ou 20 milles emplois sur son sol.

avatar ovea | 

@byte_order :
Mille … ça aide à franchir une marche, une arche élective

avatar béber1 | 

byte_order

je suis d'accord.
Apple, Tim Cook, les membres concerné des gouvernements irlandais savaient tous très bien quels accord ils passaient et ce qu'ils signaient, notamment un système favorisant autant un dumping qu'une évasion fiscale sur la zone économique européenne.
D'autres le faisaient, pourquoi pas eux?
Et puis l'Europe est un "machin" ingérable qui de toutes façons les laisserait faire.

Pour ma part, même si je n'exonère pas Apple et Tim Cook dans la réaction très criticable qu'ils ont eue, c'est l'Irlande et l'attitude de ses politiques actuels qui concentrent le plus gros de ma critique.

avatar Alim | 

@Domsware

"La naïveté c'est se cantonner à la comptine du méchant Apple (capitaliste) et de la gentille Europe (sociale)."

Non, la naïveté c'est cantonner à la comptine de la victime Apple et de la méchante Europe.

Comment peut-on croire une seule seconde qu'une entreprise de cette envergure et de cette expérience en matière de fiscalité puisse être "victime" d'un tel stratagème ? Faut être complètement con :-/

avatar SMDL | 

@Domsware :

"La naïveté c'est se cantonner à la comptine du méchant Apple (capitaliste) et de la gentille Europe (sociale)."

Tout autant que considérer à l'inverse que tout discours critique épouse cette caricature.

avatar béber1 | 

SMDL 07/09/2016 - 01:32

:'-)

disons que des fois, grossir quelques traits aide à mieux voir,
même si c'est encore grossier

avatar chrisann | 

Il parlait très certainement du TTIP et du lobbying européen pour l'harmonisation fiscale. Les enjeux le dépassent en ce sens que ce n'est pas qu'un problème de fric : c'est de la politique politicienne où chaque politicien essaie de déplacer ses pions. Il y a des enjeux nationaux (élections obligent), des enjeux européens (crise de l'Union oblige) et des enjeux internationaux (globalisation, populisme, tensions entre les USA et l'UE, etc.).

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