Devant le coup de semonce de la Commission européenne contre Apple ce mardi, Apple a décidé de faire bloc et se prépare à une bataille longue et difficile. Le constructeur a très rapidement décidé de faire appel de cette décision, et déjà on entend les éléments de langage qui seront martelés durant les mois (et sans doute, les années) que dureront ce combat : d’une part, l’entreprise paie tous les impôts et toutes les taxes dont elle doit s’acquitter ; d’autre part, Apple est un moteur de l’économie numérique en Irlande et sur le continent.
Le rouleau médiatique d’Apple n’a pas tardé à se mettre en place : après un communiqué officiel du groupe, c’est Tim Cook qui a signé une lettre ouverte à la « communauté » des utilisateurs européens d’Apple. Mais la Pomme n’a pas que les propriétaires de produits marqués d’une pomme à convaincre de son bon droit ; l’entreprise a aussi pensé aux investisseurs, pour lesquels elle a mis en ligne une courte foire aux questions.
Alors que l’action AAPL pique du nez (-1,1% à l’heure actuelle), Apple veut rassurer les marchés en rappelant que la décision de l’UE est loin d’être finale. Le processus d’appel engagé par le constructeur et l’Irlande va prendre du temps (« plusieurs années », d’après le document, de trois à quatre ans d’après certains experts) et surtout, Apple assure que cette décision sera « renversée ».
Pour le moment donc, rien ne sert de céder à la panique. Tim Cook n’a pas à signer de chèque de 13 milliards d’euros au fisc irlandais, ni aujourd’hui ni demain : à court terme, la décision de la Commission n’aura pas d’impact financier pour Apple, ni pour son niveau de taxation, ni pour sa trésorerie. L’entreprise va par contre mettre un peu d’argent de côté dans un dépôt fiduciaire, dont le volume est encore inconnu.
Sur le terrain politique et international
Le combat est d’ores et déjà en train de se déplacer sur le terrain politique. Les relations entre les États-Unis et l’Union européenne ne vont pas aller en s’améliorant, comme prévu. Un porte-parole du Trésor US (l’équivalent américain du ministre de l’Économie) a expliqué, suite à la décision de la Commission, que la rétroactivité de l’impôt telle qu’appliquée par Bruxelles était « injuste » que cela « allait à l’encontre des principes de droit bien établis » et remettait en cause « les règles fiscales de chaque État membre [de l’UE] ».
D’ores et déjà, Washington menace en substance : le climat des affaires entre les États-Unis et l’Europe pourrait aller en se dégradant, ce qui affecterait la reprise économique sur le vieux continent. De fait, les multinationales américaines pourraient y penser à deux fois avant de s’établir dans un pays européen — le Premier ministre turc, opportuniste, a déjà proposé à Apple de venir s’installer dans son pays ! « Vous n’aurez pas à faire face à la bureaucratie de l’UE », écrit-il… Voilà qui ne va pas arranger les relations déjà difficiles entre la Turquie et l’Union.