En 2007, l'irruption d'Apple sur le marché de la téléphonie mobile a bouleversé en profondeur notre quotidien. Parce qu'en vrai, Apple n'avait finalement pas tant lancé un téléphone portable qu'un ordinateur connecté de poche. En quelques générations, l'iPhone et ses concurrents sont devenus ce dont rêvaient les pères de l'informatique il y a plus d'un demi-siècle : des assistants personnels, communicants et omniscients.
Smartphone et IA, l'œuf ou la poule ?
Pour que l'informatique puisse un jour devenir cette technologie véritablement personnelle et omniprésente, il fallait réussir à la miniaturiser suffisamment pour que l'on puisse l'emporter partout avec nous. Toutes les générations précédentes de technologies tendaient vers cet objectif : l'Apple II, avec son boîtier intégré qui faisait de l'ordinateur une machine complète et autonome, comme un grille-pain ou un téléviseur. Puis le Macintosh, accessible à tous, sans nécessité d'apprentissage, avec une poignée au-dessus pour le déplacer aisément. Le PowerBook avec sa batterie, assez compacte pour rentrer dans un sac à dos. Et le Newton, première tentative de condenser tout cela dans un format de poche.

L'iPhone a vraiment tout changé. Nos souvenirs se lissent avec le temps, mais il faut revoir le keynote de 2007 et ses coulisses pour ne pas oublier à quel point il y a eu un « avant » et un « après » 2007. L'après, c'est quand l'ordinateur est vraiment entré dans nos poches, avec sa capacité de calcul, son écran, ses interfaces pour interagir avec l'utilisateur, et surtout, pour la première fois, une connexion permanente à internet.
Les « téléphones portables » ont continué d'évoluer, à une vitesse absolument sidérante. Génération après génération, les processeurs sont devenus plus puissants, au point de ne plus avoir à rougir de la comparaison avec les puces des ordinateurs de bureau. Les écrans se sont agrandis, affinés, l'espace de stockage a explosé, les liaisons 4G puis 5G ont apporté un confort comparable à celui des liaisons fixes… La technique n'était plus un obstacle, la place était libre pour l'imagination.
Ce n'est pas totalement par hasard que l'intelligence artificielle et les smartphones ont émergé au même moment, bien qu'il y ait peu de liens entre le développement de la première et des seconds. Tous deux ont bénéficié des progrès de la miniaturisation et de l'explosion de la puissance de calcul depuis le début des années 2000. Ceux qui rêvaient d'un ordinateur de poche ont pu le fabriquer, et ceux qui rêvaient de grands réseaux de neurones logiciels ont pu les mettre en action.

Sans miniaturisation, point de processeurs adaptés aux ordinateurs de poche, et point de cartes graphiques aux stéroïdes, indispensables pour les calculs du machine learning et du deep learning. Sans les téléphones portables et leur connexion permanente, point d'explosion de l'utilisation d'internet, et point de données disponibles en masse pour entraîner les grands modèles d'IA.