Le MacBook est mort, vive le MacBook ! Disparu en 2011 après cinq ans de bons et loyaux services, le MacBook revient sur le devant de la scène. Un même nom pour un ordinateur portable pourtant radicalement différent. Ne cherchez pas un air de famille entre le MacBook des années 2000 et celui de 2015, il n'y en a pas — si ce n'est la pomme au dos, et encore. Le plastique a laissé sa place à l'aluminium, les bords épais et ronds sont devenus fins et tranchants, et l'écran s'est mis au diapason du Retina.
Un bouleversement qui est aussi vrai en regard des autres portables actuels d'Apple. Ce MacBook renverse des choses bien établies, voire immuables a priori. Naviguant quelque part entre le MacBook Air et l'iPad, le MacBook est « l'avenir de l'ordinateur portable », selon Apple. Vraiment ?
Un design abouti
« Est-ce que vous pouvez le voir ? Je ne peux même pas le sentir dans ma main. » La boutade de Tim Cook lors de la présentation du MacBook est exagérée, bien sûr, mais on tient bien là le Mac le plus fin et le plus léger jamais créé.
Le MacBook passe sous la barre symbolique du kilogramme (il fait précisément 920 g), une première. Il est encore loin des 437 g de l'iPad Air 2, et on voit mal comment Apple pourrait l'en rapprocher encore plus, si ce n'est en enlevant le clavier (devinez ce que ça donnerait comme appareil), mais pour un ordinateur portable complet, sa légèreté est impressionnante.
Cet adjectif vaut aussi pour sa compacité. Apple a casé un écran 12" dans l'encombrement d'un MacBook Air 11". Et cela sans rogner sur le clavier ni le trackpad. D'après Phil Schiller, c'est même le clavier qui a dicté la taille de la machine. Un clavier « pleine taille » qui s'étend quasiment jusqu'au rebord du châssis. Une caractéristique qui rappelle immanquablement le PowerBook 12".
Du point de vue du design, le MacBook est une synthèse du MacBook Air, du MacBook Pro et de l'iPad.
Du MacBook Air, il perpétue bien sûr la légèreté et la finesse, qu'il pousse encore plus loin. Le profil effilé est ainsi plus mince — 1,31 cm au maximum contre 1,7 cm pour les MacBook Air.
Du MacBook Pro, il reprend le sublime écran Retina encadré d'un mince bord noir. Éteint, l'écran est fondu dans le cadre, comme s'il recouvrait toute la surface. Allumé, il est mis en valeur par cette bordure noire. Certes, le XPS 13 de Dell fait encore mieux puisque son écran est quasiment bord à bord, mais on se consolera en soulignant que cela implique une webcam bizarrement située (sous l'écran) qui filme en contre-plongée.
De l'iPad, le MacBook emprunte la minceur et la légèreté, mais aussi et surtout l'absence de ventilateur. C'est en enlevant cette pièce qu'Apple a pu réduire la taille de sa nouvelle machine et la rendre absolument silencieuse. Un retrait permis par l'intégration d'un processeur Intel Core M très basse consommation, sur lequel on reviendra plus tard.
Résultat, l'intérieur du MacBook ressemble plus que jamais à celui d'un terminal iOS. La carte mère, 67% plus petite que celle d’un MacBook Air 11", accueille toutes les puces... qui sont soudées. Impossible, donc, de changer le SSD et la RAM.
Le MacBook met ainsi un point final à l'intégration avancée entamée il y a quelques années. Une intégration qui ne manquera pas d'être vue comme une fermeture par une partie des utilisateurs, en particulier les bidouilleurs, et qui rapproche bel et bien l'ordinateur d'un terminal iOS (lire à ce sujet : Lisa Jackson défend la fermeture des produits Apple).
Quand le MacBook accusera le poids des années et ramera trop souvent (ce qui pourrait vite arriver...), on ne pourra pas remplacer son SSD par un modèle plus récent et augmenter sa mémoire vive. La seule solution sera d'acheter une nouvelle machine, comme l'on renouvelle tous les 12 ou 24 mois son iPhone et son iPad. C'est un compromis qu'il faut faire pour avoir un ordinateur à l'intégration si poussée. Un compromis cher payé.
La petite carte mère est entourée de batteries, qui occupent la grande majorité de l'espace interne. Comme le MacBook est effilé, Apple a intégré des batteries lithium-polymère (39,7 Wh) dont la forme peut être adaptée en fonction des besoins, contrairement aux batteries lithium-ion rectangulaires. Ces batteries sont étagées afin d'occuper le maximum d'espace.
Le MacBook emprunte aussi des éléments extérieurs des appareils iOS. Il est disponible dans les trois mêmes coloris que l'iPhone ou l'iPad : or, gris sidéral et argent (ce dernier étant similaire aux autres Mac). Trois couleurs élégantes, qui sont avant tout question de goût.
Par ailleurs, le logo Apple au dos n'est plus lumineux. C'est un petit morceau d'histoire qui s'éteint. Apparue à la fin des années 1990 avec le PowerBook G3, la pomme lumineuse a largement contribué à l'exposition des Mac dans l'espace public.
Le morceau de plastique qui laissait passer la lumière du rétroéclairage de l'écran a été remplacé par un insert métallique similaire à celui de l'iPhone ou de l'iPad — un changement peut-être dicté par la nouvelle conception ou simplement par la volonté d'unifier ce logo sur tous les appareils. La pomme est par conséquent plus discrète, ce qui sera diversement apprécié, selon que l'on aime ou pas afficher ce symbole.
Le MacBook sonne aussi comme un iPad quand on branche le câble d'alimentation (blong) et affiche la même batterie verte ou rouge selon son état.
Un clavier équilibré
Le MacBook n'est pas qu'une belle synthèse d'appareils déjà existants. Il inaugure aussi des technologies qui s'exporteront plus tard dans les autres produits.
C'est le cas de son clavier, qui a été entièrement repensé. La police, d'abord, a changé. VAG Rounded, qui était utilisée sur les portables depuis 1999, est remplacée par San Francisco, conçue à l'origine pour l'Apple Watch. Les icônes des touches de fonction (luminosité, volume, lecture...) ont été redessinées. Elles sont maintenant plus fines et creuses, comme certains boutons d'iOS 7 ou OS X Yosemite.
Le rétroéclairage n'est pas assuré par un panneau de fibres optiques comme sur les autres Mac portables, mais par des LED individuelles. Ce choix, guidé en partie par l'impératif de finesse, permet d'avoir un rétroéclairage plus précis, puisque chaque touche a sa propre LED. Combiné au fait que les touches sont plus plates, il y a moins de fuites de lumière sous les touches. L'accent est mieux mis sur les lettres et les autres symboles. Un détail plaisant.
Un autre changement beaucoup plus sensible à l'utilisation concerne la taille des touches. 17 % plus grandes, les touches sont corolairement plus rapprochées les unes des autres. Ajoutez à cela leur épaisseur qui s'est amoindrie, et vous avez de quoi être perdu au premier contact. Les doigts n'identifient plus aussi aisément chaque touche. Sans compter sur les flèches gauche et droite qui sont maintenant de pleine taille.
Ce relief rabougri concerne aussi la course des touches. Plus courte, la frappe est également plus homogène grâce à un mécanisme papillon. Où que l'on tape sur les touches, elles s'enfoncent toujours de la même façon, bien verticalement. Autrement dit, elles sont stables.
Tous ces changements impliquent un temps d'adaptation plus ou moins long — à titre personnel, il ne m'aura fallu que quelques heures, mais cela peut demander plusieurs jours — et un potentiel mal de doigts pour les plus sensibles.
Mais au bout du compte, une fois qu'on l'a apprivoisé, ce clavier est une réussite. On découvre un nouveau confort de frappe, à la fois plus subtil et plus uniforme. Je préfère maintenant ce clavier à celui qui équipe les autres Mac et qui me paraît étrange avec ses petites touches.
Un trackpad Force Touch qui a du doigté
Visuellement, le trackpad Force Touch du MacBook ressemble au trackpad Multi-Touch des autres portables Apple. Et pourtant, il fonctionne complètement différemment. Le trackpad Multi-Touch est conçu comme un tremplin : le pavé est fixé sur un axe transversal, placé aux deux tiers ou aux trois quarts de la hauteur. Le clic correspond à la butée du pavé sur un capteur après une légère rotation.
Le trackpad Force Touch est, lui, une surface fixe et immobile, mais une surface capable de reconnaître la pression grâce à différents capteurs. Et pour confirmer à l'utilisateur que son geste a été reconnu, ce trackpad intègre un ensemble de quatre électroaimants, baptisé Taptic Engine, qui produit un champ magnétique provoquant le déplacement d’une petite pièce métallique. Répétée plusieurs dizaines de fois par seconde, cette opération produit une vibration sèche qui donne la sensation d'un clic physique — pour plus d'explications techniques, voir notre analyse Force Touch : comment ça marche ?.
On a déjà eu l'occasion d'évaluer ce trackpad Force Touch puisqu'il équipe le dernier MacBook Pro 13" sorti un peu avant le MacBook (lire : Prise en main du nouveau trackpad Force Touch).
On est toujours aussi enthousiasmé par ce nouveau pavé tactile. La sensation du clic physique est conservée grâce au Taptic Engine, et comme ce clic n'est pas réellement physique, il a l'avantage de pouvoir être réglable. Dans le panneau des préférences du trackpad, on peut choisir un clic plus ou moins ferme. Le niveau « ferme » correspond à peu près à la pression qu'on exerce sur un trackpad Multi-Touch. Les niveaux « moyen » et « léger » réduisent la course de la pression.
Le trackpad Force Touch a aussi l'avantage de proposer un clic uniforme. L'intégralité du pavé est cliquable et le retour physique est partout pareil. En utilisation courante, cela permet de moins décoller sa main du clavier et de ne plus rater un clic à cause de la zone morte en haut. C'est très appréciable.
Le trackpad Force Touch introduit par ailleurs le clic forcé (ou clic soutenu) : on clique une première fois, puis en appuyant plus fort on réalise un second clic qui déclenche une action. Sur la quinzaine d'actions disponibles pour OS X et les apps d'Apple, la plupart sont en fait déjà réalisables autrement que par un clic forcé. L'aperçu d'un fichier ou d'un dossier se fait en appuyant sur la barre espace, l'affichage des détails d'un rappel ou d'un événement dans le calendrier est réalisable avec un double clic, placer un repère dans Plans est possible en maintenant un simple clic, etc.
En plus de faire doublon dans certains cas, le clic forcé a le même problème que la pression forte sur l'Apple Watch : on ne sait pas quand l'utiliser — à moins de connaître par cœur la fiche technique d'Apple sur le sujet. On se retrouve donc à faire des clics soutenus un peu partout au début, dans l'espoir de voir quelque chose (d'utile) se passer.
Et cela arrive parfois. Ce fameux clic permet dans Safari ou dans Mail d'ouvrir une URL dans une fenêtre contextuelle. C'est très pratique pour jeter un coup d'œil à une page web sans l'ouvrir dans un onglet. Sur un mot ou une sélection de mots, il affiche une fenêtre flottante avec des informations pertinentes (résumé Wikipedia, définition, fiche iTunes Store...).
Mais là encore, ce ne sont pas des actions exclusives. Les Mac équipés de trackpad Multi-Touch peuvent faire de même avec un tapotement à trois doigts depuis OS X 10.10.3. Il y a même une option dans les préférences du MacBook pour réaliser ces actions avec ce geste plutôt qu'avec le nouveau type de clic.
À tout cela s'ajoute le fonctionnement du clic forcé en lui-même (cliquer puis rappuyer sans lever son doigt) qui n'est pas naturel et qui fait qu'on lui préfère d'autres gestes, pas forcément plus naturels, mais auxquels on est habitué.
En fait, on a le sentiment que le clic forcé est disponible sur Mac parce qu'il existe sur Apple Watch, où il est incontournable (le ressenti n'est pas tout à le fait le même sur la montre, mais dans un cas comme dans l'autre, il faut appuyer fortement pour lancer une action contextuelle). Apple semble vouloir faire de ce geste une nouvelle interaction privilégiée, qui pourrait s'étendre à l'iPhone à l'avenir, selon des rumeurs.
Toujours par l'intermédiaire de son Taptic Engine, le trackpad Force Touch est sinon capable de fournir des retours haptiques en fonction du contexte. C'est par exemple le cas quand on appuie sur les boutons d'avance/retour rapide de QuickTime. D'une part, le lecteur vidéo contrôle la vitesse du défilement en fonction de la pression exercée (plus on appuie fort, plus ça va vite). D'autre part, on est informé par un retour physique de l'augmentation de la vitesse (2x, 5x, 10x...). C'est comme si on faisait un clic à chaque nouveau palier.
Ce retour haptique contextuel est également exploité par iMovie, pour signaler la fin d'une vidéo qu'on élague, et par Photos, pour indiquer la position 0° lors du recadrage d'une image. Ce sont ses seuls emplois concrets à l'heure actuelle — c'est bien peu —, mais on est impatient de voir les développeurs s'en emparer — et pourquoi pas une future version d'OS X en tirant largement parti. Ce lien physique entre l'utilisateur et le logiciel est extrêmement intéressant et pourrait faire avancer l'accessibilité.
Un superbe écran Retina
Introduits avec l'iPhone 4 en 2010, les écrans Retina ont depuis essaimé dans les autres produits Apple (et chez la concurrence), au point de devenir majoritaires aujourd'hui.
On rappelle le principe du Retina : il est impossible de distinguer à l'œil nu chaque pixel individuellement. Les textes, les éléments d'interface et les images (quand elles sont assez grandes) sont parfaitement définis. Une très grande finesse d'affichage qui tient à une densité de pixels très élevée.
L'écran 12" Retina au format 16:10 du MacBook est constitué de 2 304 x 1 440 pixels (résolution de 226 pixels par pouce), quand le MacBook Air 13" n'a qu'une définition de 1 440 x 900 pixels (128 ppp).
Mais le MacBook n'affiche pas ses 2 304 x 1 440 pixels tout de go, et heureusement, sinon tous les éléments à l'écran seraient trop petits. Au lieu qu'un point soit constitué d'un pixel (1:1), il est constitué de deux pixels horizontaux et deux pixels verticaux (2:1 ou mode @2x). Les éléments semblent ainsi quatre fois plus définis (plus d'explications dans le test du premier MacBook Pro Retina).
La définition « utile » du MacBook (ou autrement dit sa surface d'affichage) est ainsi de 1 152 x 720... sauf qu'Apple en a décidé un peu autrement. Cette définition est bien disponible dans le panneau des préférences de l'écran, mais ce n'est pas celle par défaut. Celle que l'on a au démarrage est 1 280 x 800.
Apple a certainement choisi cette définition supérieure pour proposer une surface d'affichage convenable, mais cela reste inférieur aux définitions par défaut du MacBook Air 13" comme du 11". Ce dernier a une définition de 1 366 x 768, qui permet donc de placer plus d'éléments à l'écran (mais l'affichage est moins défini que sur un écran Retina, évidemment).
Heureusement, le MacBook propose un palier supérieur : 1 440 x 900. On a ainsi une surface plus grande qui est utile pour mettre des applications côte à côte ou pour agrandir la fenêtre de GarageBand, par exemple.
Des utilitaires comme SwitchResX permettent d'augmenter encore plus la définition, mais passé 1 440 x 900, les textes deviennent vraiment très petits.
L'écran Retina du MacBook n'est pas seulement superbement défini, il est aussi excellent dans tous les autres compartiments. Sa dalle IPS offre une bonne luminosité maximum, un très bon contraste, des angles de vision très larges et une colorimétrie quasi parfaite au sortir de la boîte. AnandTech a mesuré un delta E de 1,97 (sous 3, il est déjà difficile de distinguer les écarts de couleur), encore mieux que tous les autres Mac Retina.
Connectique : un pour tout, tout pour un
On le sait, Apple n'hésite pas à créer des ruptures sur le plan de la connectique quand elle le juge nécessaire. En 1998, l'iMac avait tiré un trait sur les connecteurs propriétaires ADB et sur le lecteur de disquette, au profit d'un USB sans aucun périphérique compatible pour le Mac et d'une connexion internet alors bas débit.
Le MacBook Air original, lancé en 2008, a lui aussi marqué les esprits en supprimant le lecteur SuperDrive, le port Ethernet et en ne proposant qu'un port USB.
Le MacBook de 2015 est encore plus radical. Si on se remémore bien le premier MacBook Air, celui-ci était équipé de quatre ports au total : un MagSafe pour la recharge, un USB 2.0, un micro-DVI pour brancher un écran et une prise casque.
Le nouveau MacBook n'a lui, en tout et pour tout, que deux connecteurs : un port USB C et une prise casque.
On regrette la disparition du connecteur magnétique MagSafe, qui a sauvé bien des Mac de chutes ou d'envolées et qui était très pratique pour brancher le câble d'alimentation à l'aveugle.
Si le connecteur USB C ne protège pas des chutes, il a tout de même des avantages. En premier lieu, il est petit, réversible et « clique » comme le Lightning. Il est bien plus pratique à utiliser que l'affreux micro USB.
Il est aussi polyvalent grâce à la prise en charge de trois normes importantes : USB Power Delivery 2.0, USB 3.1 et USB Alternate Mode.
USB Power Delivery 2.0 augmente la puissance maximale délivrée par un port USB : elle peut désormais atteindre 100 W, avec une tension de 20 V et une intensité de 5 A. C'est ainsi que le MacBook peut être alimenté avec un chargeur USB C (29 W). Et puisque la norme USB Power Delivery 2.0 est un standard ouvert à tous, on va pouvoir profiter de chargeurs et de batteries externes de tierce partie. The Verge dit avoir rechargé le MacBook avec une batterie externe destinée à l'iPad.
Pour le transfert de données, la spécification USB 3.1 définit un débit maximal théorique de 10 Gb/s (1,2 Go/s), soit autant que le Thunderbolt de 1re génération. Cependant, il existe deux « générations » d'USB 3.1 qui opèrent à différents débits. Il se trouve que le MacBook ne répond qu'à la gen 1 et qu'il doit donc se contenter de 5 Gb/s.
Enfin, l'USB Alternate Mode permet de réassigner des fonctions associées aux broches du connecteur pour faire passer différentes informations. Le plus important de ces modes alternatifs est certainement celui qui permet de faire passer un signal DisplayPort afin de brancher un écran (pour plus de détails, lire notre article USB C : un petit connecteur avec de grandes capacités).
Aussi polyvalent soit-il, le connecteur USB C ne sert à rien sans les périphériques compatibles, ce qui manque précisément aujourd'hui. Des fabricants ont d'ores et déjà annoncé des périphériques USB C (disque dur, hub, clé USB...), mais il ne sortiront pas avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois — et ce sont des dépenses supplémentaires.
En l'absence d'appareils USB C, Apple préconise le sans fil. La Pomme n'y va pas par quatre chemins sur son site et lance un « plaidoyer pour un monde sans fil » :
Le nouveau MacBook est fait pour le monde d’aujourd’hui. Un monde qui se libère chaque jour un peu plus des contraintes imposées par les fils et autres câbles. Tout ce que vous faites sur un ordinateur portable, ou presque, peut désormais se faire à distance, grâce aux logiciels Apple qui tirent pleinement parti des dernières technologies sans fil Wi‑Fi et Bluetooth.
C'est un discours auquel on aimerait adhérer, mais notre expérience a montré que les câbles sont encore bien pratiques aujourd'hui. Au moment de la rédaction de notre aperçu du MacBook la semaine dernière, les Apple Store n'avaient pas encore reçu les adaptateurs USB C et nous avons donc dû transférer plus de 100 Go de données stockées sur un disque dur (nos utilitaires et fichiers de démo pour les tests) via Wi-Fi.
Une opération qui a nécessité un second Mac et de la patience (plusieurs dizaines de minutes). Un conseil au passage : n'utilisez pas AirDrop pour transférer de gros fichiers, préférez la fonction de partage de fichiers, bien plus fiable (« Se connecter au serveur... » dans le menu Aller du Finder). Il aurait été plus simple et plus rapide de brancher tout bêtement le disque dur. En outre, impossible de se servir de notre moniteur externe habituel.
Depuis, les adaptateurs USB C sont en vente dans les Apple Store. Apple commercialise trois modèles : USB C vers USB à 19 €, multiport AV numérique (qui comprend un HDMI, un USB 3.1 et un USB C) à 89 € et multiport VGA (VGA, USB 3.1 et USB C) à 89 €. Les adaptateurs multiport coûtent cher, mais on n'a d'autre choix que d'en acheter un si on veut palier l'absence de second connecteur USB.
C'est en effet la seconde carence de la connectique du MacBook : il y a un seul port USB C pour tout faire. Or, une fois que le chargeur est branché, on ne peut plus rien connecter d'autre. Si on branche un disque dur via l'adaptateur USB C vers USB à 19 €, par exemple pour faire une sauvegarde Time Machine, il faut espérer avoir assez d'autonomie pour mener à bien le transfert. C'est tout sauf commode.
Un adaptateur multiport apparait donc indispensable, d'autant plus si on veut connecter un écran externe. Nous avons pu utiliser sans souci et en même temps l'écran LG 29UM55-P en 60 Hz (2560 x 1080 pixels) et un disque dur externe auto-alimenté avec l'adaptateur multiport AV numérique. La fréquence de rafraichissement est limitée à 30 Hz pour les écrans UHD (3 840 x 2 160).
Les possesseurs d'Apple Thunderbolt Display se retrouvent face à une impasse en revanche, puisqu'Apple ne commercialise pas d'adaptateur USB C vers DisplayPort. Google commercialise un tel câble, mais il n'est pas encore en vente sous nos latitudes.
Des performance qui reculent
Si le MacBook est si fin et sans ventilateur, c'est grâce à la nouvelle famille de processeurs Core M d'Intel. Les Core M, spécialement dédiés aux appareils hybrides et aux ultraportables, sont basés sur la plateforme Broadwell et gravés en 14 nm.
Leur enveloppe thermique (ou TDP) est de seulement 4,5 W, quand le processeur du MacBook Air a un TDP de 12 W (il chauffe donc plus et a besoin d'un ventilateur pour refroidir). En réalité, le TDP des puces Core M peut excéder 4,5 W pendant un court moment, notamment durant l'activation du Turbo Boost qui augmente sensiblement la fréquence du processeur. Selon Hardware.fr, les Core M peuvent avoir une consommation de carrément 15 W sur une durée de 10 millisecondes.
En comparant plusieurs machines équipées de processeurs Core M (un ultraportable Asus, un Lenovo et une tablette Dell), AnandTech a remarqué que l'efficacité de la dissipation thermique conditionnait fortement les performances. L'ultraportable de Lenovo fait ainsi jeu égal avec celui d'Asus alors que sa fréquence de base est légèrement inférieure (1,1 contre 1,2 GHz).
Qu'en est-il pour le MacBook ? Le modèle d'entrée de gamme est équipé d'un processeur bicœur Core M-5Y31 à la fréquence de base de 1,1 GHz et au Turbo Boost allant jusqu'à 2,4 GHz. Si on scrute sa fiche technique, on s'aperçoit que la « vraie » fréquence de base de cette puce est de 900 MHz, mais que les fabricants ont la possibilité de la passer à 1,1 GHz — ce que fait Apple, donc. De même, son TDP standard est 4,5 W, mais lors du keynote, Phil Schiller a parlé de 5 W. Apple a donc personnalisé ce processeur en rehaussant un peu ses caractéristiques de base.
Comme le montre Geekbench qui teste toutes les capacités de la machine, le MacBook est sensiblement en retrait face aux portables de ces deux dernières années.
Concrètement, cela se traduit à l'usage par des opérations qui demandent plus de temps d'exécution. Dans notre série de tests applicatifs, le MacBook s'est montré systématiquement plus lent que les autres (à une exception près). Mais la différence n'est pas toujours sensible.
Dans les opérations les plus courtes, il arrive parfois qu'une seule poignée de secondes le sépare des MacBook Air (il fait même mieux que le MBA 13" début 2015 en export iPhoto, c'est l'exception).
C'est dans les opérations qui demandent plus d'une poignée de minutes que le MacBook s'essouffle. Sans ventilateur, le processeur Core M ne peut pas maintenir son Turbo Boost à 2,4 GHz très longtemps. L'export d'une vidéo 4K d'environ 4 min dans iMovie prend 9 min 19 s, soit presque 2 min de plus que le MacBook Air 2015. Idem avec l'export dans Aperture. Même dans les tâches intensives, le MacBook reste absolument silencieux (normal, il n'a plus de ventilateur). En revanche, il chauffe assez pour brûler des jambes nues — en utilisation courante, il reste tiède et ne cause pas cette gêne.
La partie graphique est assurée par le GPU HD Graphics 5300, dont la fréquence de base est de 300 MHz et qui peut grimper jusqu'à 850 MHz. Il est doté de 1 536 Mo de RAM.
Est-ce que ce recul des performances est rédhibitoire ? Ça dépend pour qui. Si votre Mac est votre machine de travail et que vous faites des tâches « lourdes » (photo, vidéo, 3D...), alors oui, ce sont de précieuses secondes, voire minutes, de perdues et c'est rédhibitoire.
En revanche, si vous utilisez votre Mac pour un usage essentiellement internet (mail, navigation web) et bureautique, vous ne remarquerez pas cette perte... mais vous verrez des ralentissements occasionnels.
C'est là où le MacBook déçoit franchement. La fluidité n'est pas toujours au rendez-vous, alors même que l'on ne fait rien d'intensif. Les saccades dont nous faisions part dans notre aperçu ne se sont malheureusement pas envolées.
Quand une demi-dizaine d'applications sont ouvertes (par exemple Mail, Spotify, Safari, Twitter et Reeder), le MacBook est sujet à des ralentissements qui touchent aussi bien Mission Control, le passage d'un bureau virtuel à un autre, le lancement du Launchpad que le redimensionnement d'une fenêtre du Finder.
Avec les mêmes applications ouvertes (et même plus), mon MacBook Air 13" mi-2012 (Core i5 1,8 GHz, 8 Go de mémoire) ne rame, lui, jamais.
Sur le MacBook, l'application au premier plan saccade assez rarement, mais c'est quasiment tout ce qui est autour qui est pris de hoquet. Ce sont les mêmes accrocs que sur l'iMac Retina d'entrée de gamme ou le MacBook Pro Retina 13" de première génération, aux composants pas assez puissants pour assurer une fluidité de tous les instants. Et cela s'amplifie quand on passe la définition du MacBook à 1 440 x 900 pixels. L'écran Retina est trop ambitieux pour le Core M 1,1 GHz.
En fait, pour ne pas avoir ce problème, il faudrait utiliser le MacBook.... comme un iPad, c'est-à-dire utiliser une application à la fois. Sauf qu'on ne peut pas accepter cela sur un Mac.
Un SSD rapide
Le SSD du MacBook est le premier à profiter de NVMExpress (ou NVMe), une nouvelle interface qui permet de pleinement tirer parti de la vitesse des stockages flash. Ce protocole peut gérer environ 65 000 queues de 65 000 commandes, contre seulement 32 commandes à la fois pour l'AHCI majoritairement utilisé aujourd'hui.
Concrètement, les performances du SSD sont excellentes, mais elles n'atteignent pas les records du SSD du MacBook Pro 13" 2015 qui va au-delà du Go/s. On plafonne à 850 Mo/s sur la lecture de gros fichiers.
Caméra et haut-parleurs
Alors que le MacBook Air et le MacBook Pro ont une caméra FaceTime 720, celle du MacBook est seulement 480p. Le rendu de l'image est assez médiocre : il est peu défini et avec beaucoup de bruit quand l'environnement est sombre.
On est très satisfait en revanche des haut-parleurs stéréo qui délivrent un son étonnamment bon. Ça n'égale pas une enceinte à part entière, mais le son est bien plus profond que celui d'un MacBook Air.
Autonomie
Apple annonce une autonomie jusqu’à 9 heures en navigation web et jusqu’à 10 heures en lecture de films iTunes, des durées similaires aux MacBook Air 11".
Dans notre « test 0 % », qui consiste à recharger la page d'accueil de MacGeneration toutes les 30 secondes avec Firefox (l'opération plante constamment avec Safari, nous suspectons qu'une extension soit la cause de ce plantage) et à relever les mails toutes les minutes avec Mail, le MacBook a tenu environ 9 heures. C'est dans la moyenne des derniers Mac portables.
Dans le « test 100 % », nous lançons l'animation 3D de Valley Benchmark avec les réglages à fond et la luminosité de l'écran au maximum. Le MacBook s'est éteint au bout de 2 h 50 min, une heure de plus que les autres Mac. Un résultat record qui peut s'expliquer par le fait que le processeur Core M tempère peut-être plus drastiquement sa consommation.
Enfin, l'ultraportable a tenu une moyenne de 7 heures dans notre test empirique. Ce test consiste à utiliser la machine dans le cadre d'une journée de travail classique chez MacG : l'écran est réglé à 80 % de luminosité ; Safari est beaucoup sollicité avec de nombreux onglets ouverts ; Mail relève les courriels toutes les minutes ; Twitter est lancé ; Reeder constamment ouvert pour les RSS ; Dropbox synchronise régulièrement des fichiers ; Spotify joue de la musique ; et Byword sert à rédiger les articles. À ce petit jeu là, les MacBook Pro Retina font mieux (une à deux heures de plus), mais il faut garder à l'esprit qu'il y a forcément des disparités d'usage.
Quoi qu'il en soit, l'autonomie du MacBook est normalement suffisante pour assurer une journée de travail essentiellement bureautique.
Pour conclure
Est-ce que le MacBook est l'avenir de l'ordinateur portable ? Oui, l'avenir. Mais pas son présent.
Par bien des aspects, le MacBook est extrêmement séduisant. Son design et sa fabrication synthétisent les procédés techniques mis en œuvre par Apple au cours de ces dernières années. Il parachève une vision, notamment sur le plan de l'intégration, et il esquisse dans le même temps la route pour les années à venir.
Son clavier, son trackpad et l'USB C sont des innovations qu'on a hâte de voir arriver dans les autres Mac, tant ils améliorent le confort d'utilisation avec l'écran Retina.
Le MacBook 12" début 2015 n'échappe malheureusement pas au problème commun des tout nouveaux Mac Retina. Le processeur n'est pas assez puissant pour assurer une fluidité constante. Il faudra voir si les modèles 1,2 et 1,3 GHz font mieux sur ce point, mais à 1 449 €, c'est déjà inexcusable.
L'unique port USB C complique par ailleurs l'utilisation du MacBook. On est obligé d'acheter un adaptateur à 89 € pour faire des choses aussi banales que brancher un écran ou un disque dur externe. On ne doute pas des avantages qu'il va procurer à moyen terme, mais aujourd'hui, force est de constater qu'il complexifie les choses.
La prochaine génération de MacBook comblera-t-elle ces lacunes ? L'avenir le dira.