Tesla distribue aux États-Unis une nouvelle bêta importante pour la conduite autonome

Nicolas Furno |

Tesla a commencé à distribuer la version 11.3.1 du programme FSD (Full Self Driving), autrement dit la conduite entièrement autonome. Cette mise à jour est une bêta limitée à une poignée de testeurs pour le moment — le programme FSD est ouvert à tous depuis novembre dernier, mais les gros changements sont d’abord testés à petite échelle — et surtout, elle reste réservée au continent nord-américain. Cela fait maintenant plus de deux ans que le constructeur a lancé ce programme de bêta en ouvrant ses assistances à la conduite aux villes, permettant ainsi en théorie d’offrir des voitures qui roulent en toute autonomie n’importe où.

On en est encore loin, mais la version 11.3.1 marque une étape importante pour Tesla, puisque c’est la première qui utilise le même code sur toutes les routes. Jusque-là, les voitures utilisaient en réalité deux logiciels différents en fonction de la situation : la bêta du FSD était réservée aux routes urbaines et au réseau routier secondaire, tandis que les voies rapides, comme les autoroutes, étaient encore gérées par le logiciel « historique » de Tesla, celui que l’on connaît en Europe. Avec cette mise à jour, la bêta du FSD travaille en permanence, y compris sur les autoroutes.

La nouveauté de cette version, c’est l’unification du code pour la ville et les voies rapides, comme ici une autoroute (capture vidéo Chuck Cook).

Cela ne semble pas si compliqué, mais les règles sont très différentes entre la ville et l’autoroute et Tesla ne voulait pas introduire de régressions pour les voies rapides. Cette version devait sortir à l’automne, mais le constructeur a pris du retard dans le développement, sans compter que les autorités américaines l’ont obligé à réaliser quelques changements supplémentaires. Quoi qu’il en soit, la version 11 succède à la 10 et c’est une étape importante pour avancer vers l’objectif final. Comme les premiers retours le montrent, il reste encore un petit peu de travail pour retirer le qualificatif de bêta, mais on s’en approche un petit peu, du moins aux États-Unis et au Canada. Elon Musk compte toutefois l’adapter par la suite à l’Europe, même si la législation européenne bien plus stricte que les lois américaines compliquera sans doute sa tâche.

Tesla ne pourra pas proposer à ses clients européens une version bêta qui n’a pas été au préalable vérifiée et autorisée par les autorités locales. Est-ce que le constructeur va se plier à ce processus qui l’empêchera d’avancer aussi rapidement qu’aux États-Unis ? On peut rappeler que seule Mercedes a une autorisation de conduite autonome de niveau 3 et encore, c’est une autorisation extrêmement limitée1. En comparaison, le programme de Tesla est bien plus ambitieux, puisqu’il est censé fonctionner sur toutes les routes, même celles qui ne sont pas cartographiées au préalable, et en permanence, même en pleine tempête de neige en hiver.

Une ambition qui est présente depuis (au moins) 2015 et qui n’est toujours pas une réalité. Elon Musk renouvelle régulièrement ses promesses, comme en mai 2022 où il répétait que c’était (à nouveau) pour l’année prochaine. On peut noter toutefois un progrès : au fil du temps, le patron de Twitter semble prendre conscience des difficultés qui attend ses développeurs et ses promesses sont désormais moins affirmatives. Par exemple, il a indiqué en début de semaine à l’occasion d’une conférence Morgan Stanley que la prochaine génération de véhicules Tesla sera pensée pour fonctionner « presque entièrement en mode autonome ».

Notez le « presque », une concession rare chez Elon Musk qui avait tendance jusque-là à promettre toujours le maximum. Cette nouvelle génération dé véhicules était l’un des sujets du récent « Investor Day » et elle devrait notamment servir de base pour une Tesla plus petite et moins chère, taillée pour l’Europe. Une voiture qui pourrait sortir sans aucun volant si l’on en croit des déclarations précédentes du CEO, mais ça ne sera peut-être pas le cas dans le monde réel… du moins certainement pas l’année prochaine.


  1. Uniquement sur les autoroutes, jusqu’à 60 km/h et seulement par beau temps, c’est-à-dire dans les bouchons sur l’autoroute quand il ne pleut pas. En contrepartie, le conducteur n’est plus tenu de garder les mains sur le volant en permanence et il devrait même pouvoir détourner son attention de la route.  ↩︎

avatar marc_os | 

@ GPV

> Une Tesla sur la lune ?

Je n'ai pas pris cet exemple au hasard ! 😉

avatar max intosh | 

Pour la conduite autonome, il faut rappeler aux sceptiques que les taxis autonomes dans des grandes villes, soit les pires des conditions de circulation, existent déjà à San Francisco avec Général Motors et en Chine avec la compagnie Baidu dans 2 grandes villes. Donc, oui c’est déjà possible, et en plus ça marche. L’Europe et sa réglementite aiguë va encore se faire doubler alors qu’on a des boites comme Valeo, très avancées déjà en ce domaine.

Pages

CONNEXION UTILISATEUR