Optimisation fiscale : le gros problème de communication d’Apple

Christophe Laporte |

Ne comptez pas sur nous pour juger sur le fond en deux coups de cuillère à pot la décision de la Commission européenne qui a demandé au gouvernement irlandais de réclamer à Apple 13 milliards d'euros d'avantages fiscaux indus. Il s'agit d'un dossier éminemment complexe qui a souvent été traité de manière assez simpliste par les médias traditionnels. Le sujet méritera de toutes manières qu'on s'y plonge de nouveau à plusieurs reprises pour démêler la réalité du fantasme.

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Cette affaire risque sans doute de connaitre plus d'un rebondissement dans les mois et années à venir. Lors d'un récent sondage, nous vous demandions si vous approuviez la décision de Bruxelles. Vous avez répondu oui à 61 %, non à 32 % et 7 % n'ont pas d'avis sur le sujet. Il est fort probable d'ailleurs que de l'autre côté de l'Atlantique, les résultats seraient bien différents : les mécanismes à l'œuvre au sein de l'Union européenne sont — et c'est bien normal — plus naturels pour nous Européens, même s'ils restent ardus et parfois arides. Alors imaginez un Américain !

Si l'on se concentre uniquement sur la forme, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Apple est dans une position délicate. Dans l'esprit de monsieur tout le monde, la firme de Cupertino va passer pour le grand méchant capitaliste, qui met en œuvre des moyens considérables pour ne pas payer d'impôts. Pour beaucoup, Apple, ce sera la société de l'iPhone ou du Mac, mais également (et peut-être surtout) la société reine de l'évasion fiscale. Voilà l'image qui risque de coller longtemps au Californien.

Il suffit d'ailleurs de lire les commentaires acides de ces derniers mois sur les actualités en lien avec l'optimisation fiscale d'Apple (mais aussi de Google et d'autres multinationales) pour s'apercevoir que cette idée a déjà largement infusé parmi vous. Pour le grand public, c'est en cours, et il est vrai que le montant du redressement fiscal frappe l'imaginaire de tout un chacun.

Pour Apple, cela pourrait nuire longtemps à son image de marque, que l'entreprise tente de parer de toutes les vertus (environnementale et responsable). Sa réaction à la condamnation est d'ailleurs assez « exceptionnelle » dans un sens. Elle a publié très peu de temps après sa condamnation un message à la communauté Apple en Europe, dans laquelle elle raconte son histoire en Europe, et ce dans plusieurs langues. Si l'on devait donner une quelconque valeur représentative à notre sondage, on dirait que le message n'a pas été reçu cinq sur cinq. Alors que dire des personnes pour qui Apple est une entreprise comme tant d'autres !

Depuis sa prise de fonction, Tim Cook a toujours été très préoccupé par l'image reflétée dans l'opinion publique par son groupe, sans doute beaucoup plus que son prédécesseur. Et d'ailleurs, on ne serait pas étonné que cette affaire soit évoquée à l'occasion du special event de l'iPhone 7. Longtemps, Apple a eu le rôle de David contre Goliath. Son incroyable succès au cours des 15 dernières années a changé la donne.

Pour ne pas passer pour le grand méchant, Tim Cook a ouvert son groupe à des thématiques sociétales auxquelles elle n'accordait pas grande importance, publiquement en tout cas. Apple est devenue une société engagée qui lutte contre les discriminations, pour la diversité, pour la protection de la planète ou encore pour le respect des conditions de travail des travailleurs qu'elle emploie directement ou indirectement.

Pour défendre ses valeurs, Apple est allée particulièrement loin. Cette année, sur les questions de la vie privée, Tim Cook n'a pas hésité à défier le FBI. La position courageuse d'Apple tranchait alors avec celles d'autres grands groupes qui ont longtemps adopté des postures beaucoup plus mesurées ou qui se sont fait longtemps très discrets, alors qu'ils sont souvent prompts à donner leurs avis pour un oui ou pour un non.

Il y a non seulement ce différend avec l'Union européenne, mais il y a également cette déclaration de Tim Cook résumant cette affaire à de grosses conneries politiciennes. Du point de vue d'Apple, on peut éventuellement comprendre qu'elle ait l'impression d'être une victime collatérale d'enjeux qui la dépassent franchement. Elle peut aussi trouver de manière générale que le code des impôts, pensé au temps de l'ère industrielle, n'est plus du tout adapté à notre époque (Tim Cook ne se prive d'ailleurs jamais d'une occasion pour dire tout le mal qu'il pense des règles américaines pour le rapatriement de son trésor de guerre).

Le Premier ministre irlandais Enda Kenny et Tim Cook en 2015.

N'empêche : en agissant de la sorte, Apple va finir par réussir à rapprocher Bruxelles du peuple européen. Pas une mince affaire, tant l'Europe est une cible facile pour nos hommes politiques. Sans évoquer le fond encore une fois, la réaction de Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe, illustre peut-être le mieux le sentiment général. Il a récemment déclaré au WSJ qu'Apple, et plus généralement les grandes entreprises tech, n'avaient pas compris l'obligation morale qu'elles avaient de s'acquitter de l'impôt. Et d'ajouter qu'elles donnaient l'impression d'être déconnectées des réalités des pays dans lesquelles elles opèrent.

Il est probable que cette affaire n'aura pas une grande incidence sur les ventes d'Apple à court ou moyen terme, mais sur son image, c'est une autre histoire. Comme on le lit parfois ici ou là, cela risque chez beaucoup de confirmer l'intuition qu'Apple est également déconnectée de ses clients, et que plus grand-chose ne compte si ce n'est la satisfaction de ses actionnaires. Espérons que le keynote de ce mercredi donnera une impression différente !

avatar diamondtoy | 

Quand les consommateurs doivent payer la tva sur leurs achats, il devrait être obligatoire pour la compagnie de payer le même pourcentage en impôts. Dans le cas contraire la tva devrait être adapter à l'impôt payer par la compagnie.
Du coup il faudrait soit une tva européenne, soit par pays mais dans ce cas là empêcher l'évasion fiscale.

avatar Hideyasu | 

@diamondtoy :
Tu compares TVA et impôt alors que philosophiquement c'est totalement différent, il y a vraiment rien de comparable.

Moi ce qu'il me chagrine dans cette histoire, c'est que depuis le début de l'UE tout les pays (Irlande, France, Allemagne etc) font des taux préférentiels pour faire venir des sièges sociaux ou usines dans leur pays respectifs.

Mais la commission a décidé d'agir maintenant plutôt que il y a 10 ans, à croire je c'était volontaire il n'y a qu'un pas.
De plus c'est un début de perte de souveraineté de la fiscalité pour les etats.

Pour ces raisons je serai toujours du côté des pays jugé (à la base c'est l'Irlande en tord ne l'oublions pas) et des entreprises.
Aujourd'hui c'est Apple, demain ça sera Google et consort. La commission a deja ouvert 6/7 autres dossiers pour des cas similaires.

avatar Alim | 

@Hideyasu

"Mais la commission a décidé d'agir maintenant plutôt que il y a 10 ans"

Elle n'était pas au courant de cette affaire il y a 10 ans mais que très récemment. Et puis il n'y a aucune logique dans ce que tu dis. Si ton locataire ne paye pas le loyer, tu vas le signaler de suite ou réclamer la somme 10 ans après avec les risques et ennuis que cela occurrent ?

"De plus c'est un début de perte de souveraineté de la fiscalité pour les etats."

Bah justement non. L'UE met dans le l'ordre dans tout ça en serrant les visses. Notamment chez l'Irlande qui fait n'importe quoi.

"Pour ces raisons je serai toujours du côté des pays jugé et des entreprises."

Un europhobe primaire quoi. Classique.

avatar Hideyasu | 

@Alim :
Et pourtant non, je trouve que dans l'ensemble l'Europe est une bonne chose, je ne suis pas europhobe mais mais le premier à dire qu'il faut rester dans l'UE, seulement dans certains domaines les etats devraient avoir leur indépendance.

Soit l'UE donne une directive claire sur les fiscalités et essaye d'harmoniser, soit elle fait rien, mais le système d'aujourd'hui est foireux.

Comme l'a dit quelqu'un, elle ferait mieux de s'occuper des entreprises européennes si l'optimisation la gêne, c'est à mon sens plus important

avatar ovea | 

L'innovation créer de la dette

Un état et la Pomme sont à égalité sur ce point

Mais si la Pomme entre autres créé plus d'innovation ça dette est comme dans un état d'ouverture pour la fauconnerie …serte, on proposerait le crime à accepter sous une infinité de clefs trop complexes pour être déchiffrées

Quand bien même il y a mal à hiii réfléchir : tiens, mais pourquoi donc, bien au contraire mon habille interlocuteur …

Et puis sans coup faillir burn the man, of this children …

Bog …,?

avatar Hideyasu | 

La commission europeene a deja ouvert 6 autres dossiers pour les mêmes faits qui sont reprochés à Apple.

avatar Trillot Bernard | 

Bravo pour cet article et pour les commentaires jusqu'ici très tempérés.

Je suis d'accord sur l'idée qu'Apple devrait payer des impôts dans chacun des pays dans lesquels il vend, ce qu'il ne fait pas.

Ceci dit, ce qui me chagrine, c'est qu'à l'évidence, l'Europe a été construite par des politiciens qui ont manifestement cherché à provoquer une concurrence européenne sur les charges sociales et sur les impots. L'idée est de faire baisser les coûts (charges sociales) et les impots pour affaiblir les états qui font trop de social au gout de certains.

Le résultat est que les états sont endettés et qu'un certain nombre voudraient un peu revenir en arrière. C'est ainsi qu'ils demandent à l'Irlande de faire payer à Apple les cadeaux qu'elle lui a fait.

J'ai sans espoir de retour ou d'influence (!) envoyé un mail à Tim Cook qui rejoint votre article sur le plan de l'image, qui est écornée à mes yeux. Le voici:

<<

avatar Boumy | 

C'est curieux, vous ne parlez pas, je crois, de la menace brandie par T. Cook de retirer toutes les billes d'Apple d'Irlande. Était-ce une rumeur? Un propos prêté sans vérification?

Parce que cette menace, même si elle n'est qu'un coup de sang passager, me semble le plus mauvais signal envoyé aux consommateurs. Le ruling fiscal, bien que malsain et inique, fait partie de ces clichés qu'au café du commerce je résumerais sans doute par un "tous pareils". Et j'aurais tort, car ce fléau devra être combattu (au niveau mondial, évidemment). J'ai voté "non" à votre sondage, car sans rien y connaître, je me dis que cette affaire actuelle autour d'Apple doit être considérée dans un cadre légal plus large et, surtout, un cadre qui est encore à définir.

Mais à l'heure où l'hémorragie de l'emploi continue de faire de nombreuses victimes, la menace de fermeture en Irlande ne pourrait-elle pas être perçue comme une insulte? Sans parler des aides financières publiques reçues par les grandes boîtes comme Apple ou, par exemple, Mittal.

avatar marenostrum | 

pas besoin de menace. s'ils ne gagnent plus le montant prévu (plus de taxes, moins de gagne pour eux), ils partent tout seules les multinationales.
et les commentateurs ici, oublient que y a qu'un seul payeur, c'est le Client. c'est vous et rien d'autre. plus on taxe Apple et plus cher on va les payer leurs appareils.

avatar byte_order | 

ah, donc pour que Apple n'augmente pas trop ses prix déjà ahurissants, faut qu'on accepte collectivement d'exonérer de tout impot Apple !?

Perso, cela me va très bien si trop d'impôt (enfin, par trop, il faut lire un minimum en fait, car là c'est plutôt quasi plus d'impôt du tout du tout, hein) pousse Apple a augmenter encore un peu plus ses prix pour sauver ses sacrosaintes marges, un choix qui n'a rien d'obligatoire pour rappel.

Car plus ils le font, plus les clients potentiels ou actuels peuvent avoir envie de faire jouer la concurrence. Et la concurrence, c'est clairement le meilleur moyen de faire baisser les prix d'Apple, pas les prières et tous les renoncements incroyables - y compris au détriment de tous les autres citoyens qui s'en contrefoute de Apple - que le "client" serait prêt à faire devant leur marque fétiche,

Par ailleurs, non, tous les européens financent chacun à leur niveau les infrastructures et tout ce qui est nécessaire pour que le marché unique puisse permettre a des entreprises d'y faire des affaires. Donc, non, le client d'Apple n'est pas le seul payeur dans cette affaire...

avatar marenostrum | 

c'est à toi de voir. mais apparement t'es pas un client Apple, ou tu ne comprends pas tes intérêts de client.

avatar Finouche | 

@marenostrum :
Et toi tu ne comprends pas tes intérêts de citoyen. C'est plus grave.

avatar byte_order | 

Je ne suis pas un client Apple actuellement, en effet.
Mais comme tout consommateur européen, je suis un client Apple *potentiel*.
Et mon intérêt en tant que client potentiel d'Apple, c'est que la libre concurrence s'exerce pour que Apple ajuste sa politique commerciale pour y faire fasse plutôt que de bénéficier d'une évasion fiscale quasi totale qui lui permet d'engranger un tresor historique (au sens littéral) et donc de se contrefoutre de sa politique commerciale car l'actuelle marge, en pratique, nettement plus *grace* à cette évasion fiscale.

Par ailleurs, je sais pas pour vous, mais avant d'etre un consommateur, je suis d'abord un citoyen et contribuable européen.

Y'a des priorités à avoir, et ma citoyenneté l'emporte sur mes préoccupations primaires de consommateur.

avatar Domsware | 

@byte_order

Être citoyen c'est aussi prendre ses responsabilités et ne pas se défausser sur les autres. Et à chacun d'assumer ses responsabilités : les lois sont faites pour tous aussi si Apple est reconnue responsable de violation de la loi alors l'entreprise devra en subir les conséquences. Idem pour l'Irlande et pour l'Europe.

Ici il ne s'agit pas de se poser comme défenseur/pourfendeur d'Apple mais bien de voir au delà du rideau des apparences qui est tendu devant nos yeux : Apple la méchante entreprise capitaliste américaine contre la gentille Europe sociale.

En tant que non client Apple ton choix n'indique rien du tout au yeux de l'entreprise : ni une sanction, ni un avertissement, ni un encouragement. Car les raisons de ton choix sont inconnues de l'entreprise. Tout comme le choix d'achat d'un produit d'Apple n'est en aucun cas un indicateur des raisons du choix de l'acheteur.
Car raisonner comme cela est une aberration : le raisonnement de sanctionner Apple pour sa gestion de la fiscalité en n'achetant pas un de ses produits et en achetant chez un concurrent c'est valider de même la politique fiscale de ce même concurrent. Or, il y a fort à parier que celle-ci est inconnue de l'acheteur. Donc c'est ridicule.

avatar béber1 | 

Domsware
"Ici il ne s'agit pas de se poser comme défenseur/pourfendeur d'Apple mais bien de voir au delà du rideau des apparences qui est tendu devant nos yeux : Apple la méchante entreprise capitaliste américaine contre la gentille Europe sociale.
En tant que non client Apple ton choix n'indique rien du tout au yeux de l'entreprise...Car raisonner comme cela est une aberration …"

d'accord avec ta 1ere phrase
mais pour le reste, je n'ai pas lu dans les précédents propos de byte_order les mêmes choses que toi.
Il n'a pas parlé sur le fait d'être un "non-client" Apple, ce qui lui permettrait d'argumenter sur le fait de "sanctionner Apple", etc.

Il a plutôt dit qu'il restait "un client Apple *potentiel* ", mais qu'en conséquence il attendait -en raison de ses intérêts- qu'Apple joue le jeu de la "libre concurrence" en ayant pas une politique commerciale axée sur des marges et des bénéfices maximums grâce à des montages ou des accords fianciers signés avec certains pays assez conciliant à l'égards de ses intérêts.

C'est là où je lui ferais personnellement ma critique, c'est sur son argumentation reposant sur une concurrence qui serait "faussée" et donc spectaculairement en faveur d'Apple, parce que celle-ci aurait eu l'audace et/ou la chance d'avoir eu des accords financiers extrêmement avantageux (quasiment à leurs maximums) , à l'inverse des autres entreprises concurrentes…

Justement, qu'est-ce qu'on en sait des avantages ou pas des autres boites concurrentes ?
Est-ce que celles-ci ne bénéficient pas elles-aussi d'accords particuliers avec certains pays de l'UE?
Est-ce qu'elles pratiquent ou pas elles-aussi les optimisations fiscales, des systèmes d'évasions fiscales, etc?

par contre je le rejoins sur le fait qu'en plus d'être un consommateur, je suis un citoyen européen et qu'à ce titre je me dois d'être soucieux, critique et vigilant quand aux politiques fiscales en europe parce que comme tous les autres citoyens j'en paye la note à un

avatar byte_order | 

Cette menace est ridicule. Apple irait où pour pouvoir continuer a vendre en UE !? Même a 12.5% et sans évasion fiscale, Apple payerait nettement plus d'impôts partout ailleurs que en Irlande.

Cette menace, c'est juste de la mégalo d'une boite qui se croit devenue le centre du monde économique mondiale à qui tout le monde devrait tout.

Et je mets au défi Apple de se priver de 500 millions de consommateurs potentiels, au moment même où elle cherche désespérément un relai de croissance...

C'est d'ailleurs pour ca qu'il est enervé Tim. S'il avait une solution facile pour réagir et envoyé un gros bras d'honneur, il le ferait, il ne ferait pas juste une menace...

avatar marenostrum | 

Netflix est parti de France.

avatar byte_order | 

Mais pas de l'UE.

L'argent des impôts payés en UE reste en UE, ce qui profite nettement à l'ensemble de l'UE que s'il s'évade hors de l'UE.

avatar béber1 | 

marenostrum 06/09/2016 - 23:25
Netflix est parti de France.

pour un autre "paradis fiscal", les Pays-bas.
Mais les avantages attendus risquent d'être de courte durée car :

http://www.numerama.com/business/190807-netflix-quitte-france-francais.html
"UNE DIRECTIVE EUROPÉENNE POUR RATTRAPER NETFLIX

À court terme, Netflix pourra échapper à la législation française. A moyen terme, une nouvelle directive européenne sur les services de médias audiovisuels (directive SMA) est en cours d’examen, qui impose une harmonisation des règles liées à la diversité culturelle, en particulier qu’au moins 20 % de contenus européens soient proposés.

Le projet de directive laisse les états libres de leur décision s’agissant de la contribution aux fonds d’aide à la création, qu’ils « peuvent » imposer aux services de SVOD qui sont « sous leur juridiction ». Mais elle précise que « les états membres peuvent exiger des fournisseurs de services audiovisuels à la demande, qui ciblent des publics dans leurs territoires, mais qui sont établis dans d’autres états membres, de réaliser de telles contributions financières ». En clair, la France pourra demander à Netflix aux Pays-Bas de payer au titre de ses clients français. Mais elle ne le pourra que si les Pays-Bas n’ont pas édicté une « contribution équivalente », ce qui laissera place à tous les débats."

C'est encore en projet, mais on peut ainsi voir que les choses bougent à Bruxelles.
Il était temps

avatar SMDL | 

@byte_order :

"C'est d'ailleurs pour ca qu'il est enervé Tim. S'il avait une solution facile pour réagir et envoyé un gros bras d'honneur, il le ferait, il ne ferait pas juste une menace..."

Ce qui est assez déplaisant, c'est le ton employé parce qu'il s'agit de l'Europe.
Les bâtons dans les roues chinoises ou indiennes méritent bien autant. Mais là, eh bien on ravale ses glaires.

Symptomatique justement d'un discours adapté à la culture et aux risques réels. C'est dire le mépris de Cook pour l'Europe. Je suis assez effaré pour tout dire. Apple, ce n'est pas Ryan Air.

avatar béber1 | 

SMDL
"Symptomatique justement d'un discours adapté à la culture et aux risques réels. C'est dire le mépris de Cook pour l'Europe. Je suis assez effaré pour tout dire. Apple, ce n'est pas Ryan Air."

Je pense pour ma part que l'attitude de Tim Cook, outre les les fortes pressions financières auxquelles il doit faire face (mais qu'il a choisies de suivre aussi)… découle d'une profonde méconnaissance de l'Europe et du projet Européen qui doivent lui apparaitre, comme à beaucoup de ses congénères dans le reste du monde, comme quelque chose d'abstrait sinon d'abscons.
Par contre, une zone de libre-échange dans une vision anglo-saxonne, ça il comprend

Il y a sans doute de l'inculture, comme beaucoup aux Etats-Unis en ce qui concerne l'Europe et le reste du monde. Voir le Moyen-Orient traité par l'administration Bush et comment celle-ci a traité ses alliés de la "vieille Europe".
Mais il y a aussi toute les ambiguïtés, toutes les avancées plutôt chaotiques de l'Union, toutes ses failles, ses permissivités (Luxembourg?) par manque de d'entente et de cohérence, ses manquements quant à l'application des règles communes, ses rivalités internes aussi ...grâce auxquelles pas mal d'industriels (Mittal?) , d'entreprises étrangères -voire même de pays (voir la Suisse) ont pu profiter des avantages en leur faveur pendant des années.

Il leur est donc surprenant que dans tout ce bazar institutionnel une reprise en main puisse s'opérer et qu'on veuille mettre bon ordre dans l'application des règles fiscales alors que cela n'avait guère été le cas par le passé.
De quoi ajouter de la contrariété à l'incompréhension et à la surprise.

avatar Kappy | 

@Boumy
"C'est curieux, vous ne parlez pas, je crois, de la menace brandie par T. Cook de retirer toutes les billes d'Apple d'Irlande"

Il me semble que Tim Cook a répété a plusieurs reprises qu'Apple ne quitterait pas l'Irlande quoi qu'il arrive. C'est peut-être pour ça que Macg ne parle pas de cette menace…

avatar gwen | 

Excellent article.

Par contre les commentaires sont toujours aussi bas.

avatar Domsware | 

@gwen

Hormis le tient qui relève le lot !
:-)

avatar gwen | 

@Domsware

Loin de moi cette idée. C'est une simple constatation.

avatar béber1 | 

@gwen

libre à toi d'en relever le niveau.

Qu'est-ce qu'il manque aux commentaires ?
Est-ce qu'ils ont omis ou oubliés sciemment des point de vue plus pertinents à charge ou à décharge envers la politique fiscale de l'Irlande, celle d'Apple ou pas ?
Est qu'ils sont trop partiaux, pas assez, manquant de fond et de quel ordre ?
etc.

avatar vache folle | 

@gwen :
Pas d'accord.
Pas dû les lire, puisque l'énorme majorité d'entre-eux sont posés avec des arguments à faire valoir, qu'il soient selon votre pensée ou non.

avatar en ballade | 

Appl€ prend le beurre et l'argent du beurre.

avatar béber1 | 

en ballade
"Appl€ prend le beurre et l'argent du beurre."

manque le cul de la crémière,
mais ça c'est sans doute pour Lactalis et ses confrères

avatar SMDL | 

@béber1 :

"manque le cul de la crémière,
mais ça c'est sans doute pour Lactalis et ses confrères"

:'))

avatar Moonwalker | 

"Apple va finir par réussir à rapprocher Bruxelles du peuple européen"

Ouarf !

Jusqu'à cette phrase j'ai cru à un article sérieux.

Toute cette affaire pue l'hypocrisie. Celle de l'Europe en premier lieu qui a permis ces règles et fait mine maintenant de revenir dessus, celle des États de l'Union ensuite qui demandent que tous soient égaux mais certains plus égaux que d'autres, celle des multinationales (et pas que les multinationales US, et pas que les multinationales High-tech) qui essayent de se faire passer pour les bons samaritains mais n'ont que le soucis de préserver leurs bénéfices.

Apple n'est pas pire qu'une autre et pas mieux non plus. La commission se fout du Monde comme à son habitude. L'Irlande est une pute ravalée qui voudrait passer pour la vierge immaculée qu'on essaye d'outrager.

avatar Domsware | 

@Moonwalker

Oui. Hypocrisie et non prise de responsabilité. L'Europe responsable ? Non. L'Irlande responsable ? Non ! Donc c'est Apple !

avatar Domsware | 

Je ne m'inquiète pas pour l'image d'Apple. Car depuis le succès de l'iPhone l'entreprise est passée du statut de David à celui de Goliath. L'anticonformisme est ainsi devenue de détester Apple et tout ce que qui touche l'entreprise. Une entreprise qui réunit pour beaucoup tous les maux de la société. Et cristallise les passions.
Alors qu'en dehors de toute passion Apple est une entreprise qui propose des produits et des services. Ni plus ni moins qu'une entreprise.

avatar NymphadoraTonks | 

@Domsware :
Plus une entreprise est grosse et puissante, plus elle sera critiquer. Regarde Microsoft. Quand Apple était une outsider elle était très apprécié, maintenant qu'elle est la plus riche du monde high-tech, cela s'inverse.
Dans l'histoire, Apple ne peut se passer de l'Europe. Aucun marché ne le peux, pas même le très presque auto suffisant marché chinois. Tôt ou tard les entreprises chinoises viennent visées l'Europe.
Si Apple augmente de façon considérable ses prix en europe, la majorité des clients iront voir la concurrence. Et celle ci fait désormais des produits excellent. Dans tous les cas, Apple est perdante mais pas le client qui gagne en concurrence.

avatar Ginger bread | 

@NymphadoraTonks :
Et plus t en as plus tu es gripsou

avatar Domsware | 

@NymphadoraTonks

"Si Apple augmente de façon considérable ses prix en europe, la majorité des clients iront voir la concurrence."

C'est une supposition et non une certitude. Si le prix est bien sûr un facteur d'achat important, cela en est un parmi d'autres qui peuvent être importants selon les situations.

Et puis l'objectif n'est pas de se passer de l'Europe mais de ne pas être le bouc émissaire d'une histoire qui la dépasse.

avatar marenostrum | 

l'autre ne comprends pas que les autres concurrents, ils vont être pénalisé pareil par l'augmentation des taxes dès qu'il prendront le marché laissé par Apple. ils vont se barrer aussi, en privant l'Etat de plein de fric qu'il gagne (par la TVA) sans rien investir. tout est fait à l'étranger par les étrangers.

avatar byte_order | 

Ils vont se casser où tout en conservant la possibilité de distribuer dans l'UE sans devoir payer des frais de douanes !?

Ils vont faire l'impasse sur le plus gros marché mondial !?
Sérieusement, vous y croyez ?

avatar béber1 | 

"Sérieusement, vous y croyez ?"

non

avatar SMDL | 

@Domsware :

"le bouc émissaire d'une histoire qui la dépasse."

Très exagéré. "Bouc émissaire". "Dépassée". Crois-tu que les armées d'avocats et fiscalistes de l'entreprise la plus rentable de notre petite planète ne fassent que de la figuration ?

avatar Domsware | 

@SMDL :
Oui enfin. L'armée d'avocat d'Apple n'a pas pu empêcher l'entreprise d'être lynchée par les médias.

avatar byte_order | 

C'est pas le boulot des avocats fiscalistes, les relations publiques.
C'est quand même ballot que Apple ait les meilleurs avocats fiscalistes du monde, mais pas les meilleurs experts en relation publique. Une question de priorité, j'imagine.

avatar byte_order | 

Toutes les entreprises n'ont pas le poids financier (ni médiatique) suffisant pour "convaincre" un état de lui accordé un traitement fiscal exclusif.

Si c'était le cas, nous n'aurions pas d'affaire d'aide d'état créant une distorsion de concurrence, tout simplement.

avatar IceWizard | 

@byte_order
"Toutes les entreprises n'ont pas le poids financier (ni médiatique) suffisant pour "convaincre" un état de lui accordé un traitement fiscal exclusif.

Si c'était le cas, nous n'aurions pas d'affaire d'aide d'état créant une distorsion de concurrence, tout simplement."
Sauf que l'Irlande accorde un "ruling" à toute entreprise étrangère pouvant créer des emplois sur son sol. Ce qui est la base de l'appel d'Apple et des irlandais contre la décision de la commission européenne. D'ailleurs le "plan dans le plan" de la commission européenne pourrais tout simplement être de forcer l'Irlande a publier/reconnaitre officiellement la liste interminable des entreprises bénéficiant d'accord fiscaux privilégiés.

avatar byte_order | 

y'a pas que le tax ruling qui est jugé contraire, y'a l'évasion fiscale hors d'UE acceptée par les autorités irlandaises qui l'est.

avatar ovea | 

@byte_order :
Est-ce que ça voudrait dire que l'Irlande ce serait fait détourné son capital de dette en innovation en gardant la part de Pomme dont elle est « exonéré »* par l'UE

*dans les fait non, mais on en serait là ?

avatar SMDL | 

@Domsware :

"Ni plus ni moins qu'une entreprise."

Non Domsou. Non, et la vitesse à laquelle les transnationales sont en train d'évoluer au regard de leurs capacités de nuisance vis à vis des états devrait vous inciter à davantage de finesse, sinon de prudence.

La Mondialisation n'est pas un simple mot. C'est un changement de paradigme d'une profondeur si grande et aux conséquences tant complexes qu'il paraît un rien hâtif d'y remettre le couvercle d'un geste péremptoire et définitif, le regard déjà ailleurs.

avatar Domsware | 

@SMDL :
Cela va dans le sens de ce que j'ai indiqué. Apple n'est qu'une entreprise et c'est à cette place sur l'on doit la cantonner.

Beaucoup ici viennent se déverser sur une marque qu'ils n'apprécient guère. En faisant cela ils font rentrer de l'affect et de l'émotion dans l'équation et donnent une place tout autre à une entreprise.

avatar byte_order | 

Et?

Le principe même des consommateurs c'est de ne pas réagir sur des bases purement logiques, froides, rationnelles, économiques.
Sinon ils n'y en aurait pas autant qui consomme du Apple, justement.

Cet aspect passionnel marche dans les deux sens : au bénéfice d'Apple quand c'est trop koolos cette marque, au détriment d'Apple quand c'est trop naze ce que fait cette marque.

C'est la liberté des gens de laisser leur subjectivité adhérer ou rejeter une marque.

avatar SIMOMAX1512 | 

C'est réducteur de parler de seulement Apple, d'accord il faudrait qu'il paie l'imposition juste moralement et peut être un jour ils le feront obligé par de nouvelles lois, et dans ce cas SFR, Google , Amazon , et plein d'autres paieront l'impôt "juste" à chaque pays dans lequel ils font d'énorme bénéfice.

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