Unity a voulu taxer les développeurs à chaque fois qu'un client installe leur jeu 🆕

Félix Cattafesta |

Mise à jour le 18 septembre 2023 :

Face aux protestations généralisées du monde jeu vidéo, Unity semble faire marche arrière. L’entreprise n’a encore rien annoncé, mais un message publié sur X laisse entendre qu’elle a entendu les nombreuses plaintes concernant sa nouvelle politique économique, qui prévoyait notamment un paiement à chaque installation du jeu, y compris par le même utilisateur. On ne sait pas encore ce qui sera ajusté ou si les changements seront entièrement abandonnés, mais Unity promet du nouveau dans les prochains jours.

Capture d’écran du message publié sur X.

Article original :

Unity va bientôt demander une redevance aux développeurs basée sur… le nombre de fois que leur jeu a été installé. Autrement dit, à chaque fois qu'une personne installera un titre créé sous Unity, les développeurs seront facturés une poignée de centimes. La mesure sera mise en place à partir du premier janvier prochain et a évidemment été très mal accueillie des développeurs, qui se demandent désormais s'il ne serait pas plus intéressant de changer de crémerie.

Le barème d'éligibilité à la nouvelle taxe.

Unity est un moteur de jeux vidéo très utilisé dans l'industrie, qui a notamment l'avantage d'être assez accessible tout en permettant de facilement porter ses jeux sur d'autres plateformes. Il est utilisé par de nombreux développeurs indépendants, mais aussi par de gros studios (Hearthstone, Beat Saber, Pokemon Go…). Il dispose d'une formule gratuite et de plusieurs abonnements mensuels payants pour les professionnels.

À partir du premier janvier 2024, les développeurs d'un jeu créé avec Unity Personal ayant généré plus de 200 000 dollars sur les douze derniers mois et ayant été installé plus de 200 000 fois seront soumis à cette taxe. Le palier est placé à un million de dollars / d'installations pour les utilisateurs d'Unity Pro et Entreprise. La taxe va de 0,01 $ à 0,20 $ par installation, cette somme plus élevée concernant les formules Unity Personal et Plus très prisées des indépendants.

Les tarifs qui entreront en vigueur début 2024.

Ce changement sorti de nulle part s'applique sur les jeux déjà en vente utilisant le moteur, ce qui a causé la panique dans de nombreux studios. Les créateurs de Cult of the Lamb ont carrément menacé de retirer leur jeu à partir du premier janvier, tandis que les développeurs d'Among Us envisagent d'embaucher pour porter leur titre sur un autre moteur. Le studio Landfall a publié un communiqué dans lequel il explique ne pas vouloir utiliser Unity pour de futurs projets au vu de ce changement de modèle économique surprise.

La démarche pose aussi tout un tas de questions : comment sera compté le nombre d'installations ? Les développeurs vont-ils devoir payer une taxe à chaque fois qu'un pirate télécharge leur jeu ? Ou qu'un honnête client l'installe sur différentes machines ? Quid des titres disponibles sur le Game Pass de Microsoft ? Des remboursements ?

La potentielle taxe d'Unity est notamment critiquée du fait qu'elle risque de ruiner certains studios. Over The Moon Games a récemment rendu son jeu The Fall gratuit sur l'Epic Game Store : il a été téléchargé plus de 7 millions de fois. « Comment pensez-vous que cela va fonctionner ? Je vous devrais plus d'argent que je n'en ai gagné dans toute ma vie », s'inquiète le studio.

Face à la levée de fourches, Unity a clarifié quelques conditions auprès d'Axios. Les réinstallations sur une seule et même machine ne seront pas facturées, ce qui devrait éviter des campagnes de harcèlement par des malandrins cherchant à plomber les caisses d'un studio. Cependant, la taxe sera tout de même appliquée si un seul client installe son jeu sur différentes machines (par exemple un Steam Deck et son Mac). Les jeux offerts dans les bundles de charité et les démos seront exclus. Pour ce qui est des jeux disponibles sur le Game Pass, Unity précise que c'est Microsoft qui devra s'acquitter de la taxe.

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avatar fte | 

@byte_order

"Le problème c'est de changer les règles commerciales à postériori"

Il y a deux problèmes contractuels :
- modification unilatérale
- modification rétroactive

Et si ce serait bien entendu à vérifier soigneusement, je ne suis pas juriste donc mon avis vaut ce qu’il vaut, mais ces deux problèmes contractuels n’en sont pas en Suisse. C’est illégal. Un contrat ne peut être modifié unilatéralement, il doit être négocié et accepté par les deux parties. Ce qui disqualifie toute rétroactivité.

Je suspecte que c’est ainsi dans la plupart des pays européens.

Encore des américains qui s’imaginent que leurs lois s’appliquent partout dans le monde. Ah la la.

Mon épouse a travaillé pour une start up faisant de la recherche sur des technologies de batteries sur le campus EPFL. Qui a été rachetée par des irlandais. Puis par des américains. Qui ont décidé de déplacer la boîte à Chicago. Qui a viré tout le monde à Lausanne avec un préavis de deux semaines. Qui a payé leurs salaires pendant encore une année en conséquence. Le jugement a été rendu en 20 minutes, paperasse incluse. Ah la la.

avatar fte | 

@byte_order

"Imaginez vous une minute qu'Apple les conditions commerciales de l'achat d'un iPhone après son achat ? Genre : "désormais, nous prélèverons chaque mois 10% sur le prix cummulé de toutes des apps iOS installées sur votre iPhone, apps qui utilisent donc le "moteur" iOS pour fonctionner".
Vous seriez d'accord ?"

Il y a déjà ces conditions très discutables lorsque reformulées :

- vous utilisez notre plateforme pour vos créations, nous prélevons 30% de vos ventes.

Imaginons remplacer plateforme par « tournevis » dans un atelier, par « Photoshop » pour un studio de graphistes, par « camionnette » pour un livreur…

Qui serait d’accord ?

Et il faut mieux ne pas avoir besoin de plus d’un outil…

avatar oomu | 

@CorbeilleNews

autre exemple:

ça devient tordu quand il s'agit de vieux titres rendus gratuits par des petits éditeurs mais qui ont atteint ce plateau

200 000$ d'activité pour un petit éditeur n'est pas extravagant.

le jeu rendu gratuit devient une CHARGE.

avatar CorbeilleNews | 

@oomu

En effet, en fait n’étant pas fan je n’avais pas pensé que cela pouvait être des jeu gratuit sur téléphone avec achats in app

avatar zearno | 

Le problème c'est que ça arrive comme un cheveux sur la soupe et que ça n'était pas prévu dans les business plans des projets. 0,20€ sur l'installation d'un jeux vendu à 7 millions d'exemplaires, ça fait 1,4 millions €, c'est loin d'être négligeable et peu faire pencher la balance d'un projet rentable à un projet à perte (et connait tous qui trinquent dans ces cas là : les employés).

avatar mimolette51 | 

Unity est une véritable catastrophe à des années lumiére de l'Unreal engine. Je n'approche plus ce machin. Tu fais un projet et tu met unity à jour d'une version et paf les API sont pétées et il faut tout recoder. C'est franchement merdique. Alors si en plus ils se gavent comme des porcs...

avatar Moebius13 | 

C’est ainsi qu’Unity se tira une immense balle dans le pied et fut remplacé par d’autres moteurs pour la plus grande joie d’Epic et son UE5.

Mais qui a pris cette décision complètement conne ?
Il veut flinguer sa boîte c’est pas possible autrement…

avatar Buf000 | 

@Moebius13

à court terme, ça va probablement amener des revenus supplémentaires, parce que changer de moteur de jeu n'est pas envisageable pour les projets presque finis, mais effectivement, sur le long terme, c'est mort. Aucun développeur sensé ne voudra commencer un nouveau projet sur Unity. Même s'ils reviennent en arrière sur ce point (ce qui est assez probable), le lien de confiance a été rompu et de nombreux développeurs vont changer de moteur.

avatar mimolette51 | 

Quand je vois mes amis qui reinstallent leur windows tout les 6 mois, c'est du bonheur de payer à l'installation!

avatar 3RIC | 

Une balle dans le pieds, déjà que la license est super cheros pour les debutant (vs Unreal Engine gratos), puis plus cheros qu’UE (qui est bcp plus complet (Metahuman, megascan et ), et là ils se donnent le coup de grace.

avatar marc_os | 

C'est une tactique classique dans ce beau monde capitaliste:

1. Se rendre indispensable.
   Pour cela différents moyens sont bons. Monopole, rendre le client captif, etc.
2. Faire payer ou augmenter les taxes une fois qu'on se sent intouchable.

C'est comme ça par exemple que Microsoft a coulé Netscape pour imposer sa merde Internet Explorer : En rendant son navigateur web gratuit à une époque où les navigateurs web étaient payants.

avatar melaure | 

Ils ont voulu faire le coup de SCO qui a voulu taxer les autres éditeurs d’Unix … du coup ils sont mort ! 😛

avatar oomu | 

@melaure

une sacrée histoire, rocambolesque

on devrait en faire un film. sérieusement.

avatar H2Apps | 

Je me demande combien seront refroidi définitivement, et le nombre de nouveaux jeux qui utiliseront Unity… ça donne pas envie de commencer un développement sur leur moteur en tout cas…

avatar byte_order | 

@H2Apps
> Je me demande combien seront refroidi définitivement

D'autant que leur tentative montre une fébrilité sur le plan économique, qui vient donc s'ajouter à la pile des choses à reconsidérer lors de l'utilisation d'Unity à l'avenir.

avatar oomu | 

@H2Apps

et ça se rajoute aux errements de communications précédents.

depuis 2 ans, Unity se cherche, a un discours passif-aggressif avec ses clients historiques sans pour autant remonter face à Unreal.

notons que se développent, lentement mais sûrement, de nouvelles alternatives de moteur de jeux pour les projets indeps

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