Le MacBook, l'ultra-léger d'Apple, en est à sa troisième version avec cette révision de gamme survenue début juin. Une évolution plus qu'une véritable transformation pour ce portable pas beaucoup plus encombrant qu'un iPad que l'on aurait équipé d'un clavier.
Né au printemps 2015, le MacBook est encore jeune, il est par conséquent trop tôt pour s'attendre à une refonte. Surtout qu'il n'y a plus grand-chose à enlever tant la machine est fine, compacte et réduite au minimum vital dans sa connectique ! Justement, avec le renouvellement concomitant des MacBook Pro et le maintien du MacBook Air au catalogue, la question se pose du positionnement de ce MacBook entre ces deux autres familles. On y reviendra plus loin.
À l'extérieur
À l'exception d'un symbole sur la touche Control, rien ne distingue visuellement cette série des précédentes (l'an dernier le coloris or rose avait rejoint l'or, l'argent et le gris sidéral). Ceux qui se plaignaient de la présence d'un seul et unique connecteur USB-C n'ont pas été écoutés. Pas plus que ceux qui regrettaient l'absence de compatibilité Thunderbolt 3 de cette prise.
On peut avancer que la clientèle type du MacBook n'a cure du Thunderbolt 3. Cependant rien n'empêchait Apple d'en munir sa machine et de généraliser ainsi cet équipement à tous ses Mac récents… sauf à retirer un argument aux gammes plus onéreuses. Un Dell XPS 13 vendu 1400 € a ainsi du Thunderbolt 3 mais pas le MacBook vendu 100 € de plus.
Intel a déclaré vouloir faciliter prochainement la vie des fabricants en rendant le Thunderbolt 3 plus accessible financièrement et mieux intégré sur les cartes-mères. Cela profitera peut-être aux prochains MacBook où l'espace est compté. Autres oubliés, les amateurs du MagSafe. Ayant été abandonné sur les récents MacBook Pro il faut en faire son deuil une fois pour toutes.
Avec une seule prise USB-C (en plus de la sortie audio mini-jack), le recours aux adapteurs reste de mise si l'on dépend de périphériques. Depuis deux ans le marché de l'USB-C s'est heureusement réveillé. Reste qu'une deuxième prise simplifierait la vie lorsqu'on veut recharger son Mac et y brancher un périphérique sans le secours d'un hub. Une autre option existe, lorsqu'on mélange usages mobile et sédentaire, c'est d'utiliser un écran comme l'UltraFine 4K de LG. On aura le confort d'un écran plus grand qui assurera en même temps la recharge du portable et proposera un hub de trois ports USB-C. Pour les autres écrans moins récents il faut prévoir l'adaptateur multiport AV numérique USB-C à 79 € ou un produit similaire d'une autre marque.
Seule concession faite aux critiques de la première heure : le changement du clavier. Le MacBook en avait inauguré un avec une course des touches super courte, trop courte pour certains qui jugeaient la frappe dure et inconfortable pour les doigts. Les MacBook Pro de la fin 2016 l'ont repris mais amélioré. N'ayant pas une longue pratique des MacBook je me garderai d'une appréciation trop définitive mais en alternant entre les deux versions on peut effectivement trouver le nouveau clavier moins ferme, comme si les touches avaient gagné un peu de moelleux.
En revanche il n’a pas perdu en sonorité. Si vous tapez dans un lieu même modérément bruyant, les gens autour vous entendront très bien. Pire, le bruit des touches donne une sorte de "plic ploc" disgracieux.
Les autres impressions ne varient pas. L'écran du MacBook n'est pas P3 ni aussi lumineux que celui des MacBook Pro 2017 (300 nits contre 500 nits maintenant), mais il ne déçoit aucunement et ces améliorations présentes ailleurs ne manquent pas ici. On aimerait juste qu'il perde en bordures pour s'alléger visuellement. Le poids est juste en dessous du kilogramme (920 grammes), le trackpad Force Touch est précis et de belle taille, en 2017 la webcam reste scotchée en 480p (peut-être que peu de monde s'en sert après tout) et la finition générale demeure impeccable.
À l'intérieur
C'est dans la machine qu'il faut chercher les améliorations. Comme ses grands-frères "Pro", le MacBook 2017 adopte la 7e génération des processeurs Core d'Intel, les Kaby Lake. Concrètement cela se traduit par des performances ainsi qu'une autonomie en hausse. Ce n'est pas faramineux mais la progression depuis 2015 est constante et bienvenue sur cette gamme qui manquait de punch à sa sortie.
Ces bienfaits, soutenus par la vitesse accrue du SSD, donnent un portable qui n'est certes pas au niveau d'un MacBook Pro 13", mais qui suffit à tous ceux qui ont un usage assez varié de leur machine.
Un point mérite d'être signalé quant à la fiche technique de ces ultra-légers en 2017. Les Core i5 Kaby Lake des MacBook Pro ne sont pas ceux des MacBook. Les premiers sont de la série U, les seconds de la série Y : c'est un Core i5-7Y54 dans celui testé ici et un Core i5-7360U dans le MacBook Pro 13" que nous avons testé. Précédemment, ces processeurs en Y étaient baptisés Core m, un label d'Intel pour les portables ultra-légers, gage de très faible consommation et d'absence de ventilateur, mais aussi de performances en retrait.
Cette désignation subsiste dans les MacBook avec l'entrée de gamme dotée d'un Core m3 tandis que les m5 et m7 sont devenus des i5 et i7. Les "m" avaient mauvaise presse, en transformant la citrouille en carrosse, Intel veut les rendre plus attractifs et simplifie ses intitulés. Il y a dans cela du marketing, cependant il faut reconnaître que ces Core m ont fait des progrès. On a commencé à le voir avec la deuxième génération de MacBook qui se hissait au niveau de l'increvable MacBook Air et l'essai est transformé aujourd'hui.
Prix et options
Des deux MacBook de base au catalogue nous avons acheté le haut de gamme sans options vendu 1 799 €. Il dispose d'un Core i5 à 1,3 GHz (Turbo Boost à 3,2 GHz), de 8 Go de RAM et de 512 Go de SSD. La puce graphique intégrée est une Intel HD Graphics 615. Pour 300 € de moins (1 499 €), on descend sur un m3 à 1,2 GHz/3 GHz et 256 Go de stockage. Le reste est identique entre les deux modèles.
Par rapport à l'année dernière, le modèle d'entrée de gamme est 50 € plus cher et il y a une option supplémentaire. On pouvait déjà choisir un autre processeur (Core i7 à 1,4 GHz/3,6 GHz pour 180 €), on peut maintenant aussi porter la RAM à 16 Go pour 240 €. Ce n'est possible qu'à la commande, après il sera trop tard. Disons toutefois qu'une petite machine comme celle-ci peut vivre sa vie avec 8 Go, ce n'est pas une station de travail pour Photoshop.
Performances processeur
Ce Core i5 bicœur, cadencé à 1,3 GHz, est capable de coups d'accélérateur ponctuels jusqu'à 3,2 GHz en Turbo Boost. Dans le sens inverse, il peut descendre jusqu'à 600 MHz pour limiter sa dissipation thermique.
C'est une donnée importante de cette machine dont on a pu voir très concrètement les effets lors de nos tests qui affichaient des résultats avec des amplitudes très importantes. Lancez des tâches intensives (pour ne rien arranger les 30 degrés ont été allègrement franchis dans nos locaux) et les performances processeur peuvent s'écrouler, variant du simple au double. Le portable n'ayant aucun ventilateur, le refroidissement est passif, et lorsque la limite de chauffe est atteinte, le processeur calme le jeu.
Ce n'est pas nouveau, il en allait déjà ainsi précédemment avec les autres MacBook. Toutes les applications n'en souffrent pas, cependant l'export Photos par exemple est passé de quasiment 8 min à 3 min 30. L'encodage iMovie a donné une fois 13 min 38 et seulement 6 min 35 tout de suite après. Comment améliorer aussi drastiquement les performances ? « Simplement » en plaçant sous la machine une pochette de gel glacé utilisée habituellement pour calmer les douleurs musculaires…
Là, le processeur du MacBook reste froid comme la banquise et tourne à bien meilleure allure. On déconseillera toutefois l'astuce car la condensation que produit ce mariage n'est pas idéale pour la machine. Néanmoins, au vu des écarts impressionnants dans certains de nos tests nous avons utilisé cette méthode pour chacun d'eux afin d'homogénéiser les résultats.
Gardez donc à l'esprit que les chiffres donnés ici sont obtenus dans des conditions disons optimales mais que cela peut varier fortement. macOS se charge parfois de vous rappeler cette réalité en affichant une alerte qui prévient que l'application en fonctionnement oblige à sous-cadencer la puce, entraînant ainsi des « performances moindres » (une description très pondérée de la réalité). Si l'on veut être rassurant, jamais ce message n'est apparu lorsque nous avons utilisé le MacBook lors d'une journée de travail classique (voir le détail dans le test d'autonomie).
Ce rappel effectué, on constate que ce Core i5 Kaby Lake pour petits portables progresse bien. Dans Geekbench 3 en multicœur il est 23,5 % plus rapide que le m5 à 1,2 GHz du premier MacBook de 2015 et 28 % meilleur en monocœur. Face au MacBook de 2016 le gain est de respectivement 5,7 % et 14,7 % (pas de surprise, il n'y a que dans le monde des processeurs d'iPhone et d'iPad que l'on avance à grandes enjambées d'une année sur l'autre).
Les résultats dans les applications font écho aux tests bruts de Geekbench. L'encodage d'un fichier 4K dans iMovie dure quasiment deux minutes de moins entre 2015 et 2017, dans Final Cut Pro X c'est une minute de moins et dans GarageBand l'encodage d'un podcast d'une demi-heure prend 40 secondes de moins. Avec Logic on passe de 29 pistes gérées simultanément à 45.
Face au MacBook Air 13" — que ce MacBook va bien finir par remplacer un jour — tous les résultats sont du même ordre. Le petit nouveau fait chaque fois mieux que le vétéran équipé d'un Core i5 à 1,6 GHz (début juin Apple a rafraîchi ses MacBook Air en les passant à 1,8 GHz).
On a donc une machine qui tourne vite pour son format, avec les réserves énoncées plus haut si l'on veut se lancer dans des tâches plus gourmandes. Ponctuellement pourquoi pas, sinon c'est un MacBook Pro qu'il vous faut. Ces variations dans les performances posent aussi la question de l'intérêt de l'option Core i7. Celle-ci porte la facture à presque 2 000 € (1 979 €). Sauf à ne pas regarder à la dépense, rester sur le Core i5 paraît plus judicieux.
Performances GPU
La puce graphique intégrée d'Intel est la HD Graphics 615 avec une fréquence de base de 300 MHz et 900 MHz au maximum. Elle apporte également des résultats plus flatteurs… tout en restant au ras du plancher. Le test OpenGL dans Cinebench R15 donne 26 images par seconde contre 21 i/s l'an dernier, 19 i/s il y a deux ans et 25 i/s sur le MacBook Air. Pour donner une autre comparaison, avec le MacBook Pro d'entrée de gamme et son Iris Plus Graphics 640, on grimpe à 41 i/s dans Cinebench.
Reste que cette puce graphique du MacBook est d'abord là pour gérer l'écran Retina, les effets graphiques dans macOS et éventuellement un écran 4K externe. Elle n'est pas là pour jouer. Tomb Raider par exemple se lance, mais seulement après avoir prévenu que la configuration était trop légère pour espérer de bonnes performances. En effet, avec la qualité maximale en définition de 1440 x 900 on obtient une moyenne de 17 images/secondes. Côté pile, c'est le double d'il y a deux ans ! Côté face, ça reste médiocre. Valley Benchmark qui évalue aussi les performances 3D de manière soutenue n'est pas plus indulgent, avec moins de 5 i/s dans nos deux tests.
Bref, ce n'est pas joli-joli mais a priori personne de censé n'achètera un MacBook pour y consacrer une bonne partie de son temps à jouer ou modéliser de la 3D. Hors de ce cadre nous n'avons jamais trouvé que la puce graphique ralentissait quoi que ce soit dans macOS. Il y a eu de brefs hoquets graphiques dans Mission Control avec nos 5 bureaux virtuel, mais c'était très occasionnel. Rien à voir avec le phénomène que l'on a connu par le passé avec les premiers MacBook Pro Retina, les iMac Retina de 2015, ou les MacBook sous Yosemite, avec des animations fréquemment saccadées.
Performances SSD
L'autre facteur qui participe à la bonne tenue de cette machine, c'est son SSD qui progresse encore. Avec de gros fichiers nous avons obtenu un débit maximum de 1,6 Go/s en lecture séquentielle et 1,3 Go/s en écriture, contre 1,4 Go/s et 900 Mo/s l'an dernier. Sur le premier MacBook ces valeurs ne dépassaient pas les 500 Mo/s.
Pour l'illustrer plus concrètement encore, lorsqu'on copie un dossier de 8,7 Go contenant 500 images, l'opération s'achève en 18 secondes alors qu'il en fallait 32 il y a deux ans. Que dire de plus sinon que, là non plus, on ne sent aucune lenteur lorsqu'on démarre sa machine (ouvrir son capot suffit à la mettre en marche), la sort de veille ou que l'on enchaîne les ouvertures et changements d'applications.
Performances autonomie
Le dernier volet, et pas le moins important de ce portable, c'est son autonomie qui doit proposer une endurance de bon niveau alors que la place dévolue à la batterie est forcément moindre que sur d'autres portables. Apple annonce une heure de plus en lecture vidéo (12h) et toujours 10h en navigation web.
Notre premier test (dit 100 %) consiste à tirer à fond sur le Mac, de manière exagérée même. À ce jeu, la batterie s'est vidée au bout de 3h 25 min. Elle avait sué dans la 3D de Valley Benchmark (sans le secours d'un sac de gel glacé) avec les réglages au maximum, la luminosité de l'écran et le volume à 100 %, le Wi-Fi et le Bluetooth activés. C'est une demi-heure de plus que les précédents MacBook de 2015 et 2016.
Deuxième test, moins intensif et plus orienté sur l'utilisation internet, là encore ce MacBook se relève plus endurant. Mail relève le courrier toutes les minutes et Safari recharge la page d'accueil de MacGeneration toutes les 30 secondes avec l'écran à 50 % de luminosité. La moyenne obtenue a été de 14h 22 min. C'est bien mieux que les génération passées où l'on oscillait entre 9h et 12h.
Enfin, le dernier test s'attache à rendre compte d'un emploi comme nous en avons quotidiennement chez MacG. D'un testeur à l'autre les usages ne sont pas exactement les mêmes, les logiciels peuvent différer mais il y a un gros tronc commun (rédaction de texte, navigation web mail, RSS, Twitter, chat…) qui permet de comparer à la louche et, surtout, d'avoir une idée plus concrète de ce que l'on peut espérer obtenir.
Dans mon cas, j'avais une connexion Wi-Fi sollicitée en permanence par Mail, Safari, Tweetbot, WhatsApp, Mattermost (un clone de Slack), iA Writer, Reeder, Skitch et Numbers. Avec la luminosité à fond et la définition de l'écran au maximum j'ai tenu d'abord 6h (comptez une bonne demi-heure de lecture de vidéo pendant l'exécution de ce test). Le même test fait une seconde fois — mais sans lecture de vidéo et en ajustant l'écran à 75 % (puis 50 %) vers la fin — a donné 8h d'utilisation. Lors de son test avec le MacBook 2016 (m5 à 1,2 GHz), Stéphane avait tenu 7h30, c'était une demi-heure de plus que l'année précédente. Dans tous les cas, en faisant attention à l'écran, on peut raisonnablement espérer une bonne journée de travail en étant constamment connecté.
Quel MacBook (Air/Pro) choisir ?
La ventilation des modèles dans la gamme des portables est bien faite… si l'on se place du coté d'Apple. Le nouveau MacBook Pro 13" sans Touch Bar, dont le prix a baissé de 200 €, ne coûte plus que 1 499 €. C'est très tentant si l'on considère ses caractéristiques toutes supérieures à celle de ce MacBook vendu tout de même 1 799 €.
Sauf qu'Apple utilise sa bonne vieille méthode de donner d'une main pour de reprendre de l'autre. Ce MacBook Pro n'a que 128 Go de SSD contre 512 Go sur notre portable. Dès lors elle vous pousse vers les modèles Pro à 1 749 € (256 Go) ou 1 999 € (256 Go et Touch Bar). Il faudra dépenser 2 249 € pour retrouver ces 512 Go de SSD !
De l'autre côté, il y a le MacBook Air dont le maintien au catalogue montre que le prix des MacBook demeure trop élevé pour certains clients. Là encore, l'Air à 1 099 € a quelque chose d'un attrape-nigaud avec son SSD de 128 Go, en plus d'un écran bien terne devant les Retina et des performances qui sont maintenant en deçà des MacBook. Il y a bien un MacBook Air avec 256 Go de stockage, mais à 1 349 € on risque d'être rapidement frustré devant de telles prestations en 2017.
Le principal constat à l'issue de ce test est que ce MacBook est maintenant beaucoup plus mûr. C'est un portable qu'il est plus facile de recommander que précédemment. Les critiques sur les performances qui accompagnaient le premier modèle n'ont plus lieu d'être. L'autonomie est plutôt bonne et va en s'améliorant, quant aux performances graphiques elles sont certes mauvaises mais cela n'a pas tellement importance au vu du positionnement de ce portable.
Si seulement son prix était plus accessible il pourrait enfin endosser le rôle de remplaçant du MacBook Air. C'est à notre goût le plus gros obstacle. Si l'on ne peut aller vers les modèles Pro ou qu'on ne veut pas investir dans l'ancien, alors la seule option est de fureter sur le refurb où les MacBook 2016 abondent (un m5 à 1,2 GHz et 512 Go y coûte 1419 €).
Le MacBook est un portable fait de compromis. Dès lors qu'on les a bien cernés, il se révèle une petite machine très intéressante et capable… pour des clients aisés.