Voici la dernière brique dans la gamme des nouveaux MacBook Pro 2016 ! Après le 13 pouces d’entrée de gamme, après le 13 pouces avec Touch Bar, voici le vaisseau amiral de la flotte, le 15 pouces Retina. Lui aussi est passé par une cure d’amincissement et un nouveau design, mais ce nouveau modèle a une place à part dans le catalogue du constructeur. Trois ans après la dernière mise à jour du Mac Pro, c’est lui qui est censé assurer l'intérim en attendant une hypothétique relève l’année prochaine.
De fait, avec son processeur Core i7 à quatre cœurs, sa carte graphique dédiée fournie par AMD et ses quatre ports Thunderbolt 3, il a largement la capacité d’être transformé en station de travail très puissante, tout en assurant son rôle de portable grâce à son design encore plus fin. Est-ce que cette machine parvient à combler les attentes des plus gros utilisateurs tout en restant un ordinateur portable agréable au quotidien ? C’est l’objet de notre test !
Nous n’allons pas revenir dans ce test sur les nouveautés partagées en commun avec le 13 pouces, à savoir le design général, l'USB-C, la Touch Bar et Touch ID. Ce test sera consacré uniquement aux différences propres au 15 pouces. Si vous n’avez pas lu notre test du « petit » modèle, c’est donc le moment !
Sommaire
Un MacBook Pro encore plus luxueux
Je ne reviendrai pas ici sur toutes les nouveautés esthétiques des MacBook Pro 2016 évoquées dans les tests précédents. Plus fins et plus compacts, ils sont aussi équipés d’une nouvelle charnière plus solide que la précédente, d’un clavier plus fin et d’un immense trackpad…
Quatre ans après le premier 15 pouces Retina qui me semblait toujours très fin, Apple a trouvé de quoi l’affiner encore… mais pas autant que le 13 pouces. Les MacBook Pro de 2015 étaient au même niveau, avec une épaisseur annoncée de 1,8 cm pour les deux tailles d’écran, mais cette année ils se différencient légèrement sur ce point. Avec ses 1,49 cm, le 13 pouces est plus fin que le 15 qui affiche 1,55 cm.
C’est une différence très légère, tout comme celle qui sépare cette génération de la précédente. Après avoir utilisé un modèle de 2012 pendant quatre ans, je n’ai pas vraiment senti la différence à l’usage. Quand les deux modèles sont placés l’un à côté de l’autre, on voit bien qu’il y en a un qui est plus épais, notamment parce que l’écran est plus fin. Mais en le prenant en main, ou dans mon sac à dos, c’est du pareil au même.
Même chose pour les 200 g perdus cette année. Toute réduction du poids est bienvenue, mais la baisse n’est pas suffisante pour être vraiment sensible à l’usage. Pour le dire autrement, on apprécie la cure de régime d’une génération sur l’autre, mais cette année, la baisse ne suffit pas à faire la différence au quotidien. Si vous trouviez le 15 pouces trop gros au quotidien, ce ne sont pas les modèles 2016 qui changeront cette sensation.
Au-delà de la taille, Apple a encore amélioré la conception de ses Mac et cette fois, cela se voit. La charnière en métal notamment est un progrès très net par rapport à la précédente en plastique. Elle ajoute un sentiment de sécurité. C’est peut-être uniquement psychologique, puisque la charnière de mon MacBook Pro de 2012 n’a pas bougé au fil des années, mais autant avoir le meilleur en la matière, surtout quand on pense que la gamme commence à 2700 €…
Le gris sidéral, nouvelle couleur proposée sur cette gamme, va dans ce sens d’une montée en gamme. Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais après tant d’années passées avec l’aluminium brut, le changement est plaisant et je trouve ce nouveau coloris très réussi. Sur l’aspect extérieur, la pomme qui s’éclaire à l’allumage a disparu, un retrait symbolique qui ne gêne pas à l’usage.
En revanche, je regrette la nouvelle aération sous le Mac. Par rapport aux précédents MacBook Pro 15 pouces, elle est non seulement plus longue, mais aussi plus large et l’ouverture est en continu. Tous ces changements font que je « sens » bien plus cette ouverture dès que je soulève le Mac, ou quand je l’utilise au fond d’un canapé. Ce n’est absolument pas rédhibitoire et je m’y suis fait très vite, mais je préférais l’ancienne version où je ne sentais absolument pas l’entrée d’air. À ce niveau de tarif, on est en droit d’attendre l’excellence…
Soulever l’écran se fait toujours aussi facilement, sans avoir à tenir le bas de l’ordinateur. Nouveauté cette année, le Mac démarre automatiquement, y compris à la sortie de boîte : c’est un petit peu déconcertant la première fois, mais on s’y fait vite. Le silence du Mac au démarrage est surprenant et je regrette un petit peu le mythique « dong »… mais en même temps, le constructeur a pensé sa machine pour qu’elle reste allumée en permanence. Et de fait, je ne l’entendais pratiquement jamais sur mon ancien Mac, si bien que sa disparition ne se fait pour ainsi dire quasiment pas remarquer.
J’ai déjà consacré un article complet au clavier du MacBook Pro, je ne vais pas revenir en détail dessus. À part le bruit supplémentaire qu’il génère et qui me gêne ou gêne ceux qui m’entourent, je n’ai que du positif à dire à son sujet. Par rapport à mon Mac de 2012, il est plus ferme et plus agréable au quotidien, j’ai été à l’aise avec après seulement quelques minutes. Ce clavier est, à mon avis, une réussite.
À l’image de cet ordinateur portable entièrement en aluminium, le nouveau clavier du MacBook Pro 15 pouces respire le sérieux et la solidité. Ce qui ne lui évite pas quelques critiques : je ne m’habitue vraiment pas aux nouvelles touches fléchées et la touche esc
me manque toujours parfois… mais ce n’est pas vraiment à cause du clavier et on reviendra ultérieurement sur la Touch Bar.
Pour compléter ce tour du propriétaire, il faut bien évoquer le trackpad. Comment ne pas l’évoquer ? Apple a choisi de l’agrandir dans ses nouveaux portables et il est occupe désormais la majeure partie de l’espace sous le clavier. Déjà immense sur les 13 pouces, il est gigantesque sur les 15 pouces.
Cette taille est pratique dans la majorité des cas, mais elle oblige aussi à changer ses habitudes. Je n’ai toujours pas réussi à trouver une position confortable quand je n’utilise pas le trackpad, mais que je saisis du texte, par exemple. Sur le modèle de 2012, mes pouces se posaient naturellement entre la barre espace et le trackpad. Il n’y a plus de place sur le nouveau modèle et cela me pose problème.
En théorie, Apple doit se charger de détecter votre main pour ne pas perturber le bon fonctionnement du trackpad. En pratique, cela ne fonctionne pas toujours très bien, surtout si, comme moi, vous cochez l’option « Toucher pour cliquer ». Si vous pouvez vous en passer, le comportement du trackpad sera bien meilleur. Pour ma part, j’espère que le constructeur améliorera la détection des doigts, car je ne pourrais pas me passer de cette option…
Un mot pour finir sur les haut-parleurs intégrés. Depuis quelques années, Apple travaille tout particulièrement le son produit par ses appareils et le MacBook Pro de 2012 avait franchi une étape en matière de qualité sonore. Celui de 2016 fait nettement mieux, avec un volume beaucoup plus important et plus de basses. Ce n’est pas encore suffisant pour remplacer une installation home-cinema, mais pour sonoriser une pièce ou pour regarder films et séries loin d’un téléviseur, c’est parfait.
Un ordinateur tourné vers l’avenir
Apple a une nouvelle fois créé une rupture nette. Les nouveaux MacBook Pro tranchent radicalement avec leurs prédécesseurs en matière de connectique : nonobstant la prise jack qui reste étrangement en place alors qu’elle a disparu sur les iPhone 7, il n’y a plus qu’un seul connecteur sur cet ordinateur, le fameux USB-C.
Sur les 15 pouces, il y a quatre prises USB-C 3.1 qui sont aussi des Thunderbolt 3. Deux à gauche, deux à droite, et c’est tout : plus de MagSafe pour la recharge, plus d’USB standard, plus de HDMI, plus de Thunderbolt 2 et plus de lecteur de cartes SD. Tout a déjà été dit et écrit sur le sujet, je ne vais pas m’étendre plus longuement dans ce test. À l’usage, cette simplification à l’extrême ne m’a pas gêné outre-mesure, mais il faut dire que j’avais à ma disposition tous les dongles et adaptateurs imaginables.
Cette situation inconfortable où il faut acheter au moins un ou deux câbles ou adaptateurs en plus du Mac n’est qu’une phase de transition et il faut reconnaître qu’à terme, l’USB-C sera très avantageux. Et le fait d’avoir quatre ports vraiment identiques — contrairement au 13 pouces, le MacBook Pro 15 pouces intègre quatre ports Thunderbolt 3 capables d’atteindre la vitesse maximale — est déjà un confort indéniable.
Vous n’avez pas besoin de réfléchir pour brancher un câble USB-C ou un accessoire à votre Mac. Que ce soit le câble de recharge, un écran ou un lecteur de cartes SD, vous pouvez le placer sur n’importe lequel des quatre connecteurs avec le même résultat. C’est particulièrement plaisant pour la recharge, mais cela ne compense pas pour autant l’absence de MagSafe.
Le MagSafe, cette invention géniale d’Apple qui aurait fêté ses onze ans en janvier, n’est plus. Le connecteur aimanté a sauvé bien des Mac au fil des années, mais ce ne sera plus le cas avec cette nouvelle génération. D’autant plus que l’USB-C est un connecteur qui tient particulièrement bien en place et même le MacBook Pro 15 pouces tombera du bureau si vous vous prenez les pieds dans le câble.
C’est, à mon sens, un vrai problème, même si en théorie, vous pourrez recharger votre Mac de façon plus sécurisée, par exemple avec un écran placé sur le même bureau. Mais ce n’est pas pour cette raison que j’ai le plus regretté l’absence de MagSafe pendant la semaine où j’ai utilisé le Mac. Ce connecteur magnétique se retirait facilement, mais il se mettait en place tout aussi facilement : il suffisait de le placer près de la prise pour que les aimants fassent le reste. Avec l’USB-C, il faut faire tout le travail et bien souvent, il faut même retenir le Mac d’une main, faute de quoi il risque de reculer sur la table… pénible.
Tant qu’à faire de parler de recharge, ce n’est pas la seule chose qui me manque sur les nouveaux MacBook Pro. L’indicateur de recharge sur la prise, la LED verte ou orange en fonction du statut, était bien pratique. Alors certes, l’ordinateur émet le même son que les appareils iOS quand il est en recharge, mais cela ne règle qu’une partie du problème.
Le bloc de recharge lui-même est inférieur au précédent sur deux points : d’une part, il est livré sans la rallonge d’alimentation, désormais vendue séparément 25 €. Je trouve l’économie ridicule pour un ordinateur vendu au minimum 2700 € et je ne comprends pas comment utiliser ce gros bloc secteur sans. Il est lourd et encombrant, ce qui pose problème pour le placer au mur ou au milieu d’une multiprise. Sans compter que le câble USB-C est trop court dans la majorité des cas et la rallonge ajoute souvent la distance nécessaire.
Bref, j’ai sorti une vieille rallonge et je l’ai utilisée en permanence sur l’adaptateur secteur du Mac. Ce que je n’ai pas pu retrouver en revanche, ce sont les deux ailettes qui permettaient d'enroûler le câble sur les anciens modèles. Là aussi, c’était l’une de ces idées géniales d’Apple, les deux ailettes ne prenaient pas plus de place en temps normal et elles permettaient de ranger simplement le câble. On peut s’en passer bien sûr, mais Apple nous avait habitué à mieux qu’un paquet de câbles emmêlés au fond du sac.
Pour en finir avec la recharge, il faut quand même souligner l’avantage énorme de l’USB-C : le câble est standard et si celui qui est fourni avec casse, vous n’aurez qu’à en acheter un autre. Un avantage teinté par une mauvaise nouvelle toutefois : les MacBook Pro 15 pouces sont exigeants, puisqu’ils se rechargent à 87 W. La majorité des câbles sur le marché sont limités à 60 W et chargeront le Mac à vitesse réduite, on y reviendra.
L’avenir, c’est aussi la Touch Bar qui a remplacé la rangée de touches de fonctions, et Touch ID dans le coin en haut à droite. J’ai déjà consacré un article entier à la Touch Bar et aussi cette vidéo complète, si bien que je ne vais pas revenir plus longuement sur le sujet. Si ce n’est pour rappeler que je trouve l’idée ingénieuse, que la possibilité de personnaliser les touches de fonction est un avantage très net, mais que les raccourcis clavier restent systématiquement plus rapides quand on les maîtrise.
Touch ID sur le Mac est une évidence dès le départ, tout comme Touch ID l'était sur l’iPhone 5s à sa sortie. Le déverrouillage du Mac n’a jamais été aussi rapide et même la solution Apple Watch de Sierra paraît d’une lenteur insupportable quand on a pris l’habitude de cette solution. C’est aussi très utile si on partage le Mac entre plusieurs utilisateurs, et encore pendant l’utilisation.
Si j’avais une critique à faire, c’est bien que Touch ID n’est pas suffisamment présent dans macOS pour le moment. On peut l’utiliser un petit peu partout, pour acheter sur le Mac App Store ou sur l’iTunes Store (et sur le web avec Apple Pay, quand ce sera disponible en France). On peut aussi l’utiliser parfois quand le système demande le mot de passe de la session, mais pas systématiquement, ce qui est frustrant.
Apple aura l’occasion de compléter l’intégration de son capteur digital et les développeurs tiers peuvent déjà l’exploiter. Si vous utilisez le gestionnaire de mots de passe 1Password comme moi, votre quotidien va changer…
L’écran Retina des anciens MacBook Pro était déjà excellent, celui des nouveaux modèles est encore meilleur. Il y a plusieurs différences, Apple a beaucoup insisté sur la colorimétrie, la nouvelle dalle prenant en charge le gamut DCI-P3, ce qui lui permet d’afficher 25 % de couleurs supplémentaires qu’avant. Apple uniformise ainsi sa gamme après les iMac, les iPad et l’iPhone 7 et c’est très bien, mais la vraie nouveauté à l’usage, c’est plutôt la luminosité.
Les nouveaux MacBook Pro 15 pouces montent à 500 nits, une luminosité nettement supérieure aux précédents. C’est particulièrement visible quand on compare le modèle actuel avec le précédent, et c’est agréable quand on travaille dans un environnement très lumineux, ou quand on regarde des photos ou vidéos. Les contrastes sont aussi meilleurs, ce qui contribue à améliorer la qualité de l’écran. Sur ce point, Apple est irréprochable et la dalle Retina de ces Mac est parmi ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle.
Des performances pas toujours à la hauteur
Puisqu’il s’agit d’un MacBook Pro, appelé dans de nombreux cas à assurer le travail d’un Mac Pro, il est grand temps de s’intéresser à ses performances. J’ai mené la batterie habituelle de benchmarks que l’on utilise dans tous nos tests, mais je ne me suis pas contenté du Mac testé ici.
J’ai aussi testé le modèle qui m’accompagne depuis 2012, pour juger des progrès sur une plus longue période. Les deux machines utilisaient la dernière version stable de Sierra. Et quand j’avais les données, j’ai aussi glissé les benchs du Mac Pro, pour juger si ce modèle est vraiment capable d’assurer la relève. Cette fois, les valeurs datent de 2013 et elles doivent ainsi être prises avec des pincettes.
On commence par le processeur. Dans le modèle testé ici, un Core i7 quadricœur d’Intel qui tourne à 2,6 GHz et qui peut monter à 3,5 GHz pour les tâches les plus lourdes. Il appartient à la famille des processeurs Skylake, la plus récente disponible dans la gamme qui intéresse Apple. Il est associé à 16 Go (et pas un de plus, en partie à cause d’Intel) de mémoire vive LPDDR3 qui a une cadence plus élevée que la génération précédente : 2 133 MHz contre 1 600 Mhz.
GeekBench est l’outil de bench de référence pour mesurer les performances du processeur. Ses résultats montrent l’évolution des performances en quatre ans, entre ce Mac de 2016 et le mien de 2012 : environ 10 % de progrès, que ce soit sur un seul cœur ou sur le test multi-cœur. Les deux modèles sont équipés de quatre cœurs et la différence est nette par rapport au MacBook Pro 13 pouces de 2016 et ses deux cœurs, du moins en multi-cœur. Avec un seul cœur, la fréquence plus élevée de son processeur lui permet de prendre légèrement l’avantage.
L’écart entre les deux générations est plus net avec CineBench, un logiciel capable de tester le processeur et la carte graphique. Avec un score de 665 points, le Mac de 2016 fait nettement mieux que celui de 2012, bloqué à 547 points, soit une progression de 17 % environ. En quatre ans, c’est peu néanmoins et cela montre bien à nouveau l’absence de progrès décisifs chez Intel ces dernières années.
En revanche, le test CineBench consacré à la puce graphique révèle une différence indéniable cette fois. Le Mac de 2016 est quasiment deux fois plus puissant que celui de 2012, qui était équipé alors d’une NVIDIA GeForce GT 650M. Notre modèle de test, doté quant à lui d’une AMD Radeon Pro 450, est largement au-dessus et cette fois, un retour dans le passé montre des progrès réguliers. Par rapport au modèle de l’an dernier, les progrès sont encore visibles et les apps qui exploitent OpenCL devraient en bénéficier.
Le test de CineBench est intéressant pour mesurer les performances brutes d’une carte graphique, mais pas nécessairement ses performances en conditions réelles. Et c’est là que les problèmes commencent. Le test de Valley Benchmark, un logiciel chargé de reproduire les conditions d’un jeu vidéo, confirme les progrès de cette génération, mais ils sont nettement moins francs.
Le nouveau modèle progresse, mais de moins de 4 images par seconde en 1080p, avec le réglage de qualité aux maximum. Impossible de jouer dans ces conditions puisque l’on plafonne à 12,5 fps en moyenne, ce qui est mieux qu’en 2012, certes, mais pas à la hauteur des meilleures cartes graphiques du moment. Apple a favorisé l’encombrement et l’autonomie au détriment des performances brutes, mais ce n’est pas une surprise, le constructeur ne s’est jamais vraiment intéressé à ce domaine.
Pour finir sur une note plus positive de ce côté, la mesure de performances proposée par le jeu Tomb Raider est plus encourageante. Avec la qualité élevée et la définition du système (soit 1 680 x 1 050 pixels), on passe d’un très limite 24 fps sur le MacBook Pro de 2012 à un confortable 47 fps sur le nouveau modèle. Pour la plupart des jeux, à condition de ne pas jouer dans la meilleure définition possible, l’expérience devrait être correcte.
Avant de passer aux tests concrets, il faut naturellement évoquer le SSD. Soudé sur ce modèle comme sur les 13 pouces avec Touch Bar (et contrairement aux 13 pouces sans Touch Bar… on s’y perd un peu), il est en contrepartie rapide. Extrêmement rapide, même, avec des mesures qui vont dans le sens de ce qu’Apple promet et notamment une vitesse de lecture qui atteint et dépasse même les 3 Gbit/s.
En écriture, notre modèle doté de 256 Go de stockage est un petit peu à la traine par rapport à ce qui est promis, mais avec une vitesse mesurée autour de 1,5 Gbit/s, il n’est certainement pas lent. Pour vous donner une idée précise, dupliquer une bibliothèque photos de 8,76 Go nécessite 13 secondes seulement… Ajoutons que le 13 pouces que nous avions testé est équipé d’un SSD de 512 Go plus rapide en théorie (plus de 2 Gbit/s en écriture), mais qui ne duplique pas ce fichier plus rapidement. À l’usage, la différence restera minime.
Venons-en à l’usage, justement, avec nos tests concrets, dans des applications. Ces mesures représentent le mieux ce que vous pouvez attendre du Mac, et ce sont elles qui sont sans doute les plus décevantes. L’export de photos dans les trois logiciels testés est quasiment aussi rapide sur mon Mac de 2012 que sur ce nouveau modèle. On gagne quelques secondes à chaque fois, un écart insignifiant. C’est à peine mieux en vidéo et l’écart est encore plus réduit en export audio dans GarageBand ou en nombre de pistes que Logic peut gérer. Plus gênant, le MacBook Pro de l’an dernier est plus rapide sur plusieurs tests que celui de dernière génération… c’est un problème.
C’est quelque chose que j’ai aussi constaté dans mon usage quotidien. Ce nouveau Mac est très rapide, certes, mais mon modèle de 2012 n’a pas perdu de sa superbe et en moyenne, il est tout aussi rapide. Ce que ces chiffres ne montrent pas toutefois, c’est qu’il y a parfois des différences à l’usage. Par exemple, monter une vidéo 4K dans Final Cut Pro est un enfer sur mon Mac de 2012, alors que le nouveau gère cette tâche comme si de rien n’était.
Glisser le Mac Pro d’entrée de gamme dans le tableau révèle une autre réalité, un petit peu cruelle pour tous ceux qui attendent un nouveau modèle. Dans toutes les tâches, c’est lui qui reste le plus rapide trois ans plus tard, avec parfois des différences impressionnantes. Prenez l’export vidéo par exemple : il faut 56 secondes au MacBook Pro 2016 de dernière génération, quand le Mac Pro de 2013 ne mettait que… 19 secondes. Dans Logic, il gère 185 pistes sans broncher, alors que le nouveau est bloqué à 112 (ce qui, concrètement, est déjà bien plus que nécessaire, certes).
Apple vante la puissance de son nouveau MacBook Pro et elle a bien raison de le faire. Mais la vérité, c’est que le Mac Pro conserve son avantage et un modèle à jour, avec une carte graphique plus récente et un SSD aussi rapide que celui des derniers Mac, serait encore plus nettement en tête. À défaut, peut-être que les 15 pouces haut de gamme font la différence… on le vérifiera lors de nos futurs tests !
Au-delà des performances, l’autre différence entre un MacBook Pro et un Mac Pro est le silence de fonctionnement pendant l’utilisation. Un portable chauffe plus qu’une tour ou que le cylindre du dernier ordinateur d’Apple, et il doit aussi être davantage refroidi. Néanmoins, c’est la bonne surprise de l’année : les nouveaux modèles sont beaucoup plus discrets qu’auparavant.
Le son généré par les ventilateurs est un petit peu moins gênant, mais ce n’est pas la principale différence. La nouvelle génération chauffe moins, même en cas d’utilisation intensive. Ses ventilateurs sont ainsi moins sollicités, ils s’activent plus tard et s’arrêtent plus tôt. En conditions réelles, c’est un véritable avantage.
En revanche, la sensation de chaleur est toujours importante au-dessus du clavier, c'est-à-dire juste au-dessus du processeur et de la carte graphique. C’est une constante pour les 15 pouces, mais c’est un problème cette année, puisque c’est là que se trouve la Touch Bar. Si vous l’utilisez avec Final Cut Pro par exemple, vous sentirez vite la chaleur et c’est même presque désagréable après une longue session de travail. Sans compter que ce sera probablement encore pire cet été…
L’autonomie, point noir de cette génération
Apple promet « jusqu’à 10 heures d’autonomie » sur toute la gamme 2016 de ses portables. Et malheureusement, tout est dans le « jusqu’à », car l’autonomie est très différente d’une machine à l’autre. Mais en moyenne, c’est un point noir de cette génération et le grand modèle ne fait pas figure d’exception.
Sur le 15 pouces, la batterie a perdu un quart de capacité par rapport à l’année dernière. On atteignait quasiment les 100 Wh, on doit désormais se contenter de 76 Wh pour atteindre la finesse et la réduction de taille de cette génération. Hélas, le processeur d’Intel a fait des progrès en matière de consommation, mais pas suffisamment pour compenser la perte.
Pourtant, les mesures ne sont pas toutes mauvaises. Dans notre test web et mail qui consiste à recharger la page d’accueil de MacGeneration toutes les secondes avec Safari et de relever un compte mail toutes les minutes, la luminosité à 50 %, le MacBook Pro 15 pouces de 2016 s’est éteint au bout de 13 heures. C’est le meilleur de la gamme et c’est une heure de plus que l’an dernier.
C’est aussi lui qui termine en tête sur notre test intensif. Cette fois, l’objectif est de vider la batterie le plus vite possible en faisant tourner Valley Benchmark avec la luminosité et le son au maximum. Le dernier 15 pouces d’Apple se hisse en haut du classement, au-dessus du modèle de 2015 et nettement au-dessus du 13 pouces Touch Bar qui souffre de sa batterie plus petite.
Ces tests théoriques sont encourageants, mais le problème, c’est qu’ils ne sont pas représentatifs d’un usage courant. Et en usage courant, la baisse de capacité de la batterie se fait sentir très directement. Notre test empirique est, par définition, assez instable, puisqu’il s’agit de mesurer l’autonomie en usage « normal », en tout cas la normalité d’un rédacteur chez MacGeneration. Navigateur web, mail, Twitter, éditeur de texte, un petit peu de traitement d’images… rien de très lourd donc, mais cela suffit à mettre à mal le Mac.
Avec ce Mac, j’ai tenu en moyenne cinq heures et demi sur une charge. En faisant un effort, par exemple en limitant le nombre d’apps ouvertes et le nombre d’onglets ouverts dans Safari, j’aurais pu gagner au moins une heure, peut-être deux. Mais on n’achète pas un MacBook Pro 15 pouces pour se limiter à une seule tâche à la fois. Et quand on utilise librement l’ordinateur, la batterie se vide beaucoup plus rapidement qu’on le souhaiterait.
L’autonomie réelle était supérieure sur les anciens MacBook Pro 15 pouces et cette régression est un problème. Naturellement, si vous ouvrez Xcode ou Final Cut Pro, l’autonomie chutera encore plus rapidement et vous pourrez compter plutôt sur une autonomie de deux à quatre heures.
Pour conclure le chapitre alimentation, évoquons rapidement la recharge. Avec l’adaptateur secteur de 87 W et le câble de recharge fournis par Apple, comptez une bonne heure et demie pour recharger complètement l’ordinateur. Nous avons essayé de le charger avec un autre câble USB-C, cette fois le modèle Apple fourni avec le MacBook Retina. Une fois en place, il limite la recharge à 60 Watts, mais nous n’avons pas noté de différence supérieure à 5 ou 10 minutes en recharge, Mac en veille.
La différence se creuserait toutefois pendant l’utilisation. Si vous n’utilisez pas un câble suffisant, la batterie risque de continuer à se vider pendant la recharge, mais moins rapidement.
Pour conclure
Revenons à la question initiale de ce test : le MacBook Pro 15 pouces de 2016 peut-il remplacer un Mac Pro tout en restant un ordinateur portable agréable au quotidien ? Sa plus grande finesse, sa taille plus compacte et son poids allégé sont autant d’arguments en faveur de sa portabilité, mais les gains ne sont pas suffisants pour en faire un ultraportable.
Si vous trouviez le 15 pouces de 2015 trop gros, vous trouverez celui de 2016 trop gros. En outre, l’autonomie en berne est un gros problème en usage mobile, surtout si vous comptez sur l’ordinateur pour une tâche lourde, comme du montage vidéo, du traitement photo ou du développement. Son prédécesseur pouvait espérer tenir une journée de travail sans chargeur, cela semble impossible avec ce nouveau modèle, dommage.
Cette baisse d’autonomie et le prix sont les deux facteurs qui m’empêchent de recommander ce Mac si, comme moi, vous utilisiez un MacBook Pro Retina d’une génération précédente. La batterie de mon Mac est presque morte, mais si je la fais changer en Apple Store, j’aurais un ordinateur bien assez puissant pour mes tâches du quotidien, à quelques très rares exceptions près. L’écran P3 des nouveaux modèles est meilleur, c’est vrai, mais la différence est bien trop légère pour justifier le changement.
La Touch Bar est une idée très sympathique, mais qui ne m’est pas vraiment utile, puisque j’utilise déjà des dizaines de raccourcis clavier tous les jours. Je reconnais malgré tout que cette fonction a du potentiel et peut-être qu’elle deviendra indispensable. Touch ID est déjà indispensable et c’est peut-être ce qui me manquerait le plus… mais pas assez pour justifier les 3000 € demandés (je ne pourrais pas faire avec moins de 512 Go de stockage). En 2012, mon Mac coûtait moins de 2300 €. Si c’était encore le cas pour le premier prix en 2016, j’envisagerais peut-être plus facilement un changement. Mais certainement pas à 2700 €.
Naturellement, si vous avez un Mac sans écran Retina, la question ne se pose presque plus. Les modèles de 2016 sont tellement plus fins et mieux conçus que votre expérience au quotidien changera du tout au tout. Sans compter qu’ils seront aussi nettement plus puissants, ils chaufferont moins et seront silencieux. Sans compter que le passage au Retina est un confort indéniable, que le trackpad est bien agréable, que les haut-parleurs sont bien meilleurs… bref, si vous êtes sur le marché pour un nouveau Mac, c’est le bon moment !
En utilisation sédentaire, le MacBook Pro 15 pouces de 2016 est une superbe machine, puissante et discrète avec ses ventilateurs que l’on entend moins souvent. C’est bien, mais si on utilise ce Mac uniquement à un bureau, la finesse et la compacité deviennent secondaires. Or ces choix de design ont influencé toute la conception de l’ordinateur et notamment les choix de ses composants internes.
Le SSD soudé, la mémoire vive limitée à 16 Go, la carte graphique pas aussi puissante que les derniers modèles de Nvidia : voici autant de choix qui sont en fait des compromis pour atteindre la finesse désirée par Apple. En tant qu’ordinateur portable, ces choix sont compréhensibles et je dirais même souhaitables : personne ne voudrait un MacBook Pro aussi épais et encombrant que certains PC équipés des meilleurs composants du moment. Mais si vous cherchez les meilleures performances et un usage essentiellement sédentaire, ces choix sont des défauts, renforcés encore par l’absence d’un nouveau Mac Pro pour assurer ce rôle.
Au fond, le problème du nouveau MacBook Pro 15 pouces, c’est peut-être qu’il manque un Mac Pro en face pour lui laisser le champ libre là où il est bien meilleur, en tant que portable. Ce serait injuste de juger cette machine à l’aune d’un autre Mac, ou plutôt de l’absence d’un autre Mac et il est sans doute temps de rappeler que cet ordinateur est un appareil magnifique.
La qualité de fabrication a nettement progressé et Apple confirme sa place de leader dans le domaine. Qui d’autre est capable de produire des ordinateurs aussi fins et aussi solides, des ordinateurs qui sont plaisants à utiliser et à regarder ? Même la Touch Bar, bien que limitée pour le moment et peut-être encore un petit peu gadget, est une formidable réussite technique. Et il suffit de quelques minutes en compagnie de Touch ID pour qu’il s’impose comme une évidence, autant que sur les appareils iOS.
Malgré tout, on ne peut pas finir ce test sur une note aussi positive. Oui, ce Mac est une superbe machine, mais son autonomie ne devrait pas baisser d’une génération à l’autre. Et à 2700 € minimum, quelques mesquineries ne passent pas bien, surtout le stockage toujours bloqué à 256 Go depuis quatre ans.