Le gouvernement chinois a obtenu sa version sur mesure de Windows 10, différente de celle vendue au grand public et dans le secteur privé. C’est l’épilogue d’un contentieux qui avait démarré à l’époque de Windows 8, il y a deux ans.
L’État chinois avait décidé de bannir toute migration vers le nouvel OS sur ses ordinateurs. Deux motifs avaient été officieusement avancés : l’arrêt du support technique de Windows XP encore largement utilisé et les coûts de la mise à jour vers Windows 8. Le premier critère était jugé comme assez culoté par certains, qui estimaient que nombre des PC dans les administrations chinoises fonctionnaient sur des versions piratées d’XP.
Depuis septembre dernier, Microsoft a patiemment préparé le terrain pour Windows 10, jusqu’à s’effacer derrière un acteur local.
D’abord, l’éditeur a signé plusieurs partenariats avec des entreprises du cru. Il y a eu Baidu, le moteur de recherche aux 600 millions d’utilisateurs, activé par défaut dans son navigateur Edge ; Qihoo 360 qui fournit un anti-virus ou encore des associations plus classiques comme celle avec Lenovo pour ses PC.
Ensuite, en décembre, Microsoft a créé un joint-venture — C&M Information Technologies — avec le groupe privé China Electronics Technology Group pour décliner Windows 10 dans une version adaptée aux administrations. Ce partenaire sera l’unique interlocuteur pour obtenir des licences de ce système. Les images de Windows seront personnalisées avec des fonctionnalités propres, comme un anti-virus sélectionné spécifiquement par les services du gouvernement.
C&M Information Technologies s’occupera de l’activation de ces licences, de la distribution des mises à jour et du support technique. Il recueillera également les doléances des administrations pour faire évoluer et adapter cette version de Windows.
Cette mouture est baptisée “Windows 10 Zhuangongban” (pour “Windows 10 Specially-provided Edition”) explique TechInAsia, citant un quotidien chinois. Cette version est maintenant prête, a confirmé le directeur de Microsoft Chine, Ralph Haupter.
Le détail des différences entre ce Windows et les autres n’est pas donné. Haupter s’en est tenu à expliquer que des applications et services orientés grand public avaient été retirés au profit de fonctions d’administration et de sécurité.
En décembre, lors de l’annonce de ce joint venture, Microsoft avait assuré qu’il gardait la haute main sur ce qui fait l’essentiel de Windows :
Surtout, nous allons conserver la propriété de la technologie du noyau de Windows 10 tout en travaillant, comme nous l'avons toujours fait, pour permettre aux clients et aux partenaires de concevoir des composants qui se connectent à notre plate-forme. Nous allons continuer à assurer la sécurité de Windows 10 et maintenir solides nos normes de confidentialité, tout en tenant compte du fait que les solutions du secteur public peuvent différer des technologies offertes aux entreprises et aux clients du secteur privé à travers le monde.
TechInAsia rappelle que la Chine a entamé depuis quelques années le développement de son propre système d’exploitation — NeoKylin — basé sur Ubuntu. Ce n’est donc pas à proprement parler un OS 100 % chinois et Windows garde l’avantage d’un très large écosystème logiciel et matériel.