Les principes sont-ils toujours « plus importants que le profit » comme l’affirmait Elon Musk ? CNN Brasil et l’agence Reuters ont appris, des avocats de X, que la plateforme allait accéder à la demande du juge brésilien Alexandre de Moraes de nommer un représentant juridique dans le pays.
C’est une nouvelle péripétie dans la désormais longue bataille judiciaire que se livrent le réseau social X et la justice brésilienne (ou plus probablement le milliardaire, propriétaire de l’un, et le membre de la Cour suprême, représentant de l’autre).
Nous en avions parlé en début de mois à la suite de la suspension pure et simple de X dans le pays pour une durée indéfinie. Le juge Moraes est une personnalité clivante et puissante au Brésil, en charge de l’enquête sur la tentative de coup d’État de 2023. Dans ce cadre, il a ordonné le blocage de comptes de figures influentes sur les réseaux sociaux souvent proches de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro. Ce qu’Elon Musk refusa.
S’en suivirent plusieurs trimestres d’amendes, de gels d’avoirs et de contraintes judiciaires répondant à des refus récurrents ponctués d’envolées lyriques particulièrement gratinées (et imagées) du propriétaire de X envers le juge. Durant le mois d’aout, la fermeture de toute structure administrative de X au Brésil entraina la suspension de la plateforme chez les opérateurs locaux à la suite d’un jugement sévère de Moraes dénonçant la « tentative » de X d’échapper à « l’ordre juridique et au pouvoir judiciaire brésiliens, pour instaurer un climat de totale impunité et d’anarchie sur les réseaux sociaux brésiliens, notamment durant les élections municipales de 2024 ».
Une pression des deux côtés de la balance
Car rien n’est simple et chaque parti a ses contraintes. Coté brésilien, le 2 octobre prochain aura lieu le second tour des élections législatives, test pour le gouvernement de gauche du président Lula et, coté X, le Brésil est le quatrième marché mondial du réseau qui a déjà dû faire face à la perte d’annonceurs depuis son rachat en 2022.
L’affaire est-elle enfin pliée ? Bien sûr que non, pensez donc ! La plateforme doit encore payer une amende (mercredi passé, X est brièvement redevenu accessible dans le pays de manière « involontaire ») et accepter de bannir ceux désignés par la justice brésilienne, avant d’être à nouveau autorisée dans le pays.
Gageons que la fin d’année verra se conclure un accord pour clore ce conflit juridique sans fin, ce qui sera dommage pour le réseau Bluesky qui fait état d'« un grand afflux » de nouveaux utilisateurs brésiliens sur sa plateforme.