Depuis quelques mois, c’est l’avis de tempête dans les hautes sphères d’Apple : les grands cadres historiques se ramassent à la pelle, nombre d’entre eux étant partis soit pour vérifier si l’herbe est plus verte ailleurs, soit prendre une retraite bien méritée. Si certains départs s’expliquent par l’âge des personnes, d’autres sont bien plus inquiétants pour l’entreprise... et les quelques têtes restantes réfléchissent pour certaines à leur départ, ce qui annonce d’autres fracas à venir, comme le rapporte Mark Gurman.

La fin d’une ère
La plupart des dirigeants de Cupertino sont, quand ils étaient dignes de rester en poste, tous à peu près de la même époque : la très grande majorité a entre 50 et 65 ans, à quelques exceptions près. Si ceux étant encore plus proche de la fourchette basse se sentent encore d’attaque pour faire bouger l’immense paquebot qu’est devenu Apple, d’autres plus vieux n’en ont plus vraiment la force, ni l’envie. Ces derniers ont donc décidé de prendre leur retraite, suivant l’exemple de Jeff Williams parti cette année, comme Kate Adams ou Luca Maestri.
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Si c’était la majorité, alors pas d’inquiétude, ce serait juste un renouvellement générationnel. Mais si on regarde où partent les cadres dirigeants, malheureusement, c’est rarement pour la retraite : Alan Dye est parti chez Meta, Billy Sorrentino (son n°2) aussi, la loooooongue liste de l’intelligence artificielle avec Ruoming Pang, Ke Yang, Jian Zhang et bien d’autres ont quitté le pont pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs...
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D’autres sont partis un peu « aidés » : le premier de cette courte liste est bien entendu John Giannandrea, pour qui l’entreprise avait perdu toute confiance, le mettant dans un placard doré en attendant de trouver le bon moment pour l’éjecter. C’est chose faite, l’annonce de son départ ayant été officialisée, et son remplaçant venant de chez Microsoft dévoilé. Lisa Jackson, de son côté, a la chance d’avoir un départ bien plus doux. Il faut dire que ce n’est pas un manque de compatibilité avec l’entreprise qui lui est reproché, et qu’elle a bien plus de bouteille que l’ex patron de l’IA. Non, pour elle, c’est l’arrivée à la Maison Blanche d’une nouvelle équipe totalement opposée à ses idées qui nécessite son départ.
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Qui reste-t-il ? Et resteront-ils ?
Le petit groupe des anciens encore chez Apple se réduit donc comme peau de chagrin : Deirdre O’Brien, Craig Federighi, Eddy Que, Johny Srouji et... Tim Cook. C’est tout. Quatre vétérans, plus le CEO. C’est tout. Et si pour Craig Federighi et Eddy Cue tout va pour le mieux, les deux gagnant même de nouvelles responsabilités, pour les deux autres, c’est une autre histoire.

Pour Deirdre O’Brien, si rien n’est annoncé officiellement, les choses s’activent en silence selon Mark Gurman. Ainsi, les équipes se renforcent sous la DRH d’Apple, et des têtes sont élevées afin de préparer sa succession, signe qu’elle ne devrait pas trop tarder à être annoncée. Il faut dire qu’après plus de 35 ans chez Apple, celle qui a toujours été considérée comme une DRH plus près de l’entreprise que de ses employés n’a plus grand chose à prouver : elle n’est certes pas la plus humaine des directrices, mais a su remettre de l’ordre après la période fashion d’Angela Ahrendts, et surtout la catastrophe qu’avait représenté John Browett avant elle.
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Johny Srouji, une figure clé probablement sur le départ
Le cas le plus inquiétant reste Johny Srouji : le patron de l’électronique chez Apple, c’est lui. L’ère moderne, avec la création de l’A4, l’intégration de l’équipe de PA Semi, le passage d’Intel aux SoC Mx sur les Mac, et dans sa globalité toute la feuille de route du succès d’Apple dans les puces, c’est lui. Et selon Mark Gurman, il ne fait pas grand mystère de ses envies de départ, non pas pour la retraite, mais pour une autre entreprise.

Si tel était le cas, et c’est ce qui semble se profiler, Apple pourrait fortement s’inquiéter : le départ de la tête pensante de toute la stratégie SoC de l’entreprise serait déjà un coup dur, mais le voir partir offrir ses services à un concurrent pourrait être plus terrible encore, tant l’homme est un atout majeur. Preuve en est les tentatives de Tim Cook pour le garder dans le giron de Cupertino : une paie fortement réévaluée, des responsabilités élargies (le poste de Chief Technology Officer lui aurait été proposé) en faisant le n°2 de l’entreprise,... mais rien n’y fait. Johny Srouji semble sur le départ, ne souhaitant pas continuer sous un autre CEO que Tim Cook. Apple va probablement devoir faire sans lui, ou pire, le retrouver face à lui.
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Tim Cook, un départ de plus en plus proche
Car oui, l’une des dernières clés de ces départs à la chaîne, c’est lui : le CEO d’Apple. Si certains récemment l’ont vu partir dans les six mois à venir, ce qui n’est pas encore dit, d’autres ont remonté une certaine fatigue chez le patron de Cupertino. Il faut dire qu’à 65 ans, dont quasiment 15 ans passés à la tête de l’entreprise, il y a de quoi être épuisé, d’autant que les dernières années n’ont pas été de tout repos.
Nouvelles spéculations sur la succession de Tim Cook… et sur sa santé
Si, ou plutôt quand l’actuel boss annoncera son départ, son successeur semble déjà désigné. Certes, certains jouent des coudes ou des relations pour tenter de devenir Calife à la place du Calife, comme Tony Fadell, mais l’idée semble plus improbable qu’autre chose : John Ternus est là, et tient largement la corde pour remplacer Tim Cook à la tête d’Apple. C’est d’autant plus probable qu’Apple ne semble pas être dans l’idée d’aller chercher son futur dirigeant en externe, et que Fadell n’est pas des mieux vus par certains hauts placés.
La fin de la dream-team ?

Apple semble à un tournant clé de son histoire : entre départs pour la concurrence, pour des raisons d’âge, ou de compatibilité, toute une génération de cadres clés de l’entreprise prend petit à petit ses bagages pour quitter l’entreprise. Si le recrutement de personnes brillantes pour les remplacer ne devrait pas être une trop grosse difficulté étant donné la confortable trésorerie de l’entreprise, reste à leur prouver que les projets à venir sont motivants, et surtout, à reconstruire une ambiance propice à innover, encore et toujours. Le virage n’est pas facile à prendre, et la moindre erreur peut mener à une sortie de piste qui sera difficile à rétablir.











