Le « re-procès » opposant Apple à Samsung sera bientôt terminé, maintenant que les avocats des deux sociétés ont procédé à leurs plaidoiries. Des plaidoiries qui ont viré à la foire d’empoigne après que les avocats du fabricant coréen ont accusé leurs opposants de racisme et demandé l’annulation pure et simple du procès.

En cause, le parallèle tracé par Harold McElhinny entre la situation des fabricants américains de téléviseurs dans les années 1970 et celle de son client. « Lorsque j’étais jeune », expliquait l'avocat d’Apple, « nous regardions la télévision sur des postes fabriqués aux États-Unis. » « Nous savons tous ce qu’il s’est passé », a-t-il poursuivi, « [les fabricants américains] n’ont pas protégé leur propriété intellectuelle, et ils n’existent plus aujourd’hui. »
« Il s’agit d’un appel direct aux préjugés raciaux » a déclaré son confrère et néanmoins adversaire Bill Price. Car ce qu’il « s’est passé », c’est l’arrivée de la concurrence asiatique, qui depuis domine très largement l’industrie du téléviseur — sans doute moins parce qu’elle a pillé la propriété intellectuelle des fabricants américains que parce qu’elle propose de meilleurs produits, d’ailleurs.
« Je n’ai pas prononcé un mot sur la race, je n’ai pas dit "asiatique" », s’est défendu McElhinny, qui avait déjà utilisé cette comparaison lors du précédent procès, sans que Samsung ne lui en tienne rigueur. Première juge de district asio-américaine de l’histoire, la juge Koh, née de parents coréens, ne le lui a pas reproché non plus. Elle a rejeté la demande d’annulation de Samsung, tout en demandant aux jurés de bien veiller à ne laisser « aucune appréciation personnelle, aucune opinion et aucun préjugé » influer sur leur décision.
Les huit membres du jury doivent recalculer la part de l’amende infligée à Samsung qui a été invalidée après le précédent procès. Les avocats d’Apple réclament quant à eux 380 millions de dollars, « 10 % de ce qu’ils ont gagné en violant notre propriété intellectuelle. » « Les brevets d’Apple sont vraiment limités », assurent les avocats de Samsung, qui ont demandé sans succès la suspension du procès après l’invalidation récente d’un de ces brevets.
Quel que soit le montant final, la firme coréenne devra au moins payer la partie de l’amende qui n’a pas été invalidée, soit 600 millions de dollars.