3D : les applications MODO et MARI ont des vapeurs !

François Tsunamida |

La démocratisation des logiciels visuels haut de gamme se poursuit. Sans doute pour réagir au pavé dans la mare lancé par BlackMagic Design (acquisition d’Eyeon Software et de son programme Fusion, et sa diffusion gratuite), The Foundry Visionmongers, l‘éditeur anglais du concurrent direct de Fusion (Nuke), propose une solution plus abordable pour diffuser ses logiciels MODO (modeling 3D, sculpting et animation) et MARI (3D texture painting).

Ces deux logiciels s’adressent plus particulièrement aux artistes travaillant dans le domaine des jeux vidéo. Mais pas seulement : ces applications proposent une solution 3D complète et performante, bénéficiant de l'expertise de l’éditeur dans ce domaine. Si les logiciels sont performants, ils ne sont pas simples à utiliser. MODO a été utilisé dans les scènes de nombreux films. De même que MARI, initialement développé par Weta Digital pour le film Avatar.

MODO indie est un modeleur 3D (polygones et subdivisions) qui permet de créer des formes à surfaces rigides aussi bien qu’organiques. Les objets ou personnages créés prennent vie grâce aux outils de « rigging » et d’animation. Un éditeur d’UV (texture 2D mappée sur une surface 3D) permet d’appliquer facilement des textures aux objets développés. Le moteur de rendu est rapide et performant. L’application propose des exports aux formats .obj et .fbx. MODO indie permet d’exporter rapidement un mesh avec ses textures sous forme d’une image 2D (texture baking).

MARI indie est destiné aux artistes qui ne souhaitent pas forcément acquérir les compétences de modeleurs 3D. Il leur permet de peindre et texturer des meshs 3D à l’aide du genre d’outils qu’ils ont l’habitude d’utiliser. The Foundry propose une version Mac depuis peu. Le texturage se fait directement sur les meshs. La prévisualisation des modifications apportées se réalise en temps réel et de façon réaliste. L’application a recours à un workflow basé sur des couches/layers fournissant une liberté et une flexibilité appréciables. Même s’il est avant tout destiné aux artistes, MARI indie gère avec précision les manipulations de géométries. Avec le recours à des shaders basés sur les lois physiques, le moteur d’éclairage environnemental de MARI permet d’éclairer rapidement le mesh avec un aspect proche du rendu final. MARI indie est compatible avec le format de fichier open source Alembic pour les caches animées de géométrie et les caméras importées. On peut récupérer et importer des Brushs de Photoshop ou bien se servir de l’outil de création de pinceaux interne du logiciel.

Le prix des licences pour les éditeurs de solutions professionnelles comme The Foundry est prohibitif pour beaucoup d’indépendants. Ces derniers proposent bien des versions « éducation » pour les écoles et leurs élèves, mais les limitations comme l’impossibilité de réaliser des projets commerciaux avec, sont telles qu’elles ne correspondent pas aux besoins des créatifs freelance.

La solution originale qu’a trouvé The Foundry pour proposer une version abordable de ses logiciels est le recours à la plateforme Steam. A côté des versions habituelles de MODO et MARI commercialisées sur son propre site, l’éditeur anglais se sert de Steam pour vendre des versions « indie » de MODO et de MARI.

L’éditeur avait déjà testé ce moyen de distribution avec MODO Steam Edition. La version MODO indie intègre une série de nouvelles fonctions et d’améliorations, et remplace la version Steam Edition. Celle-ci était d’un intérêt limité car The Foundry en avait limité l’utilisation à la création de mods pour le jeux en ligne multijoueurs DotA.

Pour faire passer la pilule aux clients ayant acheté plein pot la licence de ces logiciels et justifier la différence de prix entre les versions standard et indies, l’éditeur a retiré de ces dernières un certain nombre de fonctions. Il n’y a cependant pas de limitations commerciales aux versions indies de MODO et de MARI. Les versions indies sont basées sur MODO 801 SP3 et sur MARI 2.6v3.

Les versions indies de MODO et MARI sont proposés sous différentes versions. Un abonnement mensuel (15 $/env. 14,95 € par mois pour MODO indie et 13 $/env. 12,99 € pour MARI indie). Un bundle des deux logiciels est à 23,30 $/env. 21,99 €. Des réductions sont proposées suivant la période que l’on choisit pour son abonnement (1, 3 ou 6 mois) ainsi que durant les fêtes de fin d’année. Outre ces offres de « location », il est également possible de choisir l’achat d’une licence perpétuelle (300 $/env. 279 € pour MODO indie et 150 $/env. 140 € pour MARI indie). Pour 353 €, il est possible d’acheter les deux logiciels en bundle. Avec le système de « location », les updates sont gratuites mais on ne pourra plus utiliser le logiciel le jour où son abonnement prend fin. L’achat d’une licence permet de se servir de son logiciel éternellement. Ou plus exactement, tant qu’il sera compatible avec les futures versions d'OS X. Il faudra d’autre part remettre la main à la poche à chaque mise à jour majeure. Et les licences ne sont pas données chez The Foundry, à moins que l’éditeur britannique ne fasse un effort pour ses clients « indie »…

Parmi les limitations des versions indies, deux sont plus gênantes. On ne peut utiliser des scripts (python et autres scripts) contrairement à la version MAYA LT (MEL), qui est proposée également sur Steam. Il n’est pas possible de se servir de plug-ins d’éditeurs tiers.

Pour se servir des applications indie, il faut OS X 10.7 pour MODO indie et 10.8.5 ou ultérieur pour MARI indie. Le Mac doit être équipé d’un CPU Quadcore x86 avec 4 Go de RAM. Les applications sont compatibles avec les GPU d’AMD (dans ce cas-là, OS 10.9 ou ultérieur est nécessaire) ou ceux de NVIDIA avec au moins 1 Go de RAM, pourvu qu’ils soient compatibles avec OpenGL 3.2. Une connexion Internet est nécessaire pour accéder aux serveurs de Steam.

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