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La SU7 de Xiaomi convainc la clientèle chinoise, notamment grâce à ses tarifs

Nicolas Furno

Tuesday 02 April 2024 à 16:15 • 96

Mobilités

Xiaomi semble avoir frappé fort avec la Speed Ultra 7, la SU7 pour les intimes, sa première voiture présentée en fin d’année dernière. Cette berline entièrement électrique est commercialisée en Chine depuis la fin de la semaine dernière et le succès est spectaculaire. Dès l’ouverture des précommandes, le constructeur a revendiqué 50 000 commandes en moins de trente minutes et évoqué par la suite plus de 100 000 commandes fermes en moins de 48 heures. Un record dans l’industrie automobile qui prouve bien qu’en Chine du moins, Xiaomi a visé juste.

Ces débuts spectaculaires s’expliquent par de nombreux facteurs, le principal étant sans doute l’agressivité tarifaire. Xiaomi a en effet surpris en annonçant un prix de base de 215 900 yuans, soit environ 27 734 €, un chiffre qu’il ne faut pas directement comparer avec les prix européens bien entendu. Malgré tout, c’est moins cher que le tarif affiché en Chine pour la Model 3, alors même que la version de base intègre une batterie nettement plus grosse (environ 74 kWh, contre 60 chez Tesla) et une autonomie théorique nettement meilleure. Les performances devraient également être supérieures, Xiaomi ayant opté pour un premier véhicule sportif.

Même en montant en gamme, la SU7 paraît extrêmement bien placée face à ses concurrents. Sans trop de surprise, le patron de Xiaomi a reconnu qu’il allait perdre de l’argent sur chaque vente et pas qu’un peu d’ailleurs. Des analystes estiment ainsi que l’entreprise pourrait perdre en moyenne 68 000 yuans sur chaque exemplaire qui sortira de l’usine, soit plus de 8 700 €. Si le constructeur parvient à produire les 60 000 exemplaires espérés cette année, il perdrait ainsi plus de 520 millions d’euros rien qu’en 2024. Face à la demande importante, Xiaomi a même demandé à BAIC qui produira la voiture d’augmenter la cadence, augmentant les pertes en même temps.

Cette stratégie est toutefois pleinement assumée par Xiaomi, qui a probablement les reins suffisamment solides pour perdre de l’argent au départ et compter sur les volumes importants pour se rattraper par la suite. Avec une telle demande, l’entreprise a quoi qu’il en soit un carnet de commandes bien plein pour les mois à venir. Même si les 5 000 premiers exemplaires devraient être livrés dès la fin du mois d’avril, il faudra ensuite faire preuve de patience et les clients qui commandent aujourd’hui devront attendre 2025. L’enthousiasme semble en tout cas palpable en Chine, où les rares SU7 en exposition ont été prises d’assaut pendant le week-end, avec des essais prolongés jusqu’au cœur de la nuit pour satisfaire les curieux.

La SU7 concurrence plutôt la Model S si l’on en juge à ses dimensions, avec des tarifs inférieurs à la Model 3. Image Xiaomi.

Les prix bas n’expliquent pas tout et Xiaomi pouvait aussi compter sur un capital sympathie important dans son propre pays. Face aux dizaines de nouvelles marques chinoises à l’avenir peu assuré, Xiaomi a marqué des points avec ce lancement, même s’il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre les ambitions de son CEO. Lei Jun vise explicitement Tesla dans ses discours, tout en citant Porsche pour l’aspect plus sportif, et il espère faire bien plus que de la figuration. Ce serait le premier constructeur automobile venu de la tech, après l’échec du projet Titan chez Apple et en attendant de voir ce que Sony fera finalement dans ce domaine.

En parlant de Tesla, l’ambiance est sans doute moins bonne du côté du constructeur texan. En attendant ses résultats financiers pour le premier trimestre 2024 qui seront connus le 23 avril, on connaît les chiffres de véhicules produits et vendus sur les trois derniers mois et autant dire qu’ils sont mauvais. Après une bonne année 2023, 2024 commence mal et surtout pire que ce que les analystes envisageaient, avec 433 371 véhicules produits et 386 810 ventes. C’est nettement moins que sur le trimestre précédent, c’est également inférieur au premier trimestre 2023, en particulier du côté des ventes.

Tesla justifie ces mauvais chiffres par la sortie de la nouvelle Model 3 aux États-Unis qui a ralenti la production dans son usine de Fremont, ainsi que par les difficultés de l’usine de Berlin, où un acte criminel a interrompu la production pendant quelques jours. Ces justifications ne permettent toutefois pas de comprendre pourquoi plus de 46 500 voitures ont été produites sans être vendues au cours du trimestre. C’est un signe évident d’une baisse de la demande et un signe qui pourrait être inquiétant pour l’Américain, qui a perdu son temps à mettre au point un CyberTruck destiné à une niche au lieu de se concentrer sur la nouvelle voiture plus compacte et abordable qui ne devrait pas voir le jour avant fin 2025, au mieux.

Les différentes couleurs proposées au lancement pour la SU7. Image Xiaomi.

Ces difficultés devraient en tout cas faire le bonheur de Xiaomi, qui compte bien ne pas s’arrêter en si bon chemin. Après la berline SU7, un SUV devrait voir le jour rapidement, peut-être dès la fin de l’année. En revanche, on ne connaît pas les ambitions du constructeur chinois à l’international. Si l’on peut imaginer que ses voitures se retrouveront un jour sur les routes européennes, il n’y a aucun planning de prévu à ce jour et il ne faut probablement rien attendre tant que la demande locale n’est pas satisfaite.

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