Sept sénateurs et membres du congrès américain ont adressé à Tim Cook une lettre dans laquelle ils expriment leur « déception » suite au retrait par Apple de l'application HKMap Live de l'App Store.
Une initiative bipartisane qui associe des représentants du parti Démocrate (comme Alexandra Ocasio-Cortez, soutien de Bernie Sanders à la prochaine présidentielle) et Républicain (Marco Rubio, Ted Cruz, tous deux candidats à celle de 2016).
Ils remémorent au CEO d'Apple ses propos tenus en décembre 2018 : « Chez Apple, nous n’avons pas peur de dire que nos valeurs déterminent nos décisions en matière de curation ». Au moment de cette déclaration, il n'était pas spécifiquement question de la Chine, l'actualité les mois précédents avait tourné autour du retrait de l'app du conspirationniste américain Alex Jones et de la désindexation de son podcast. Tim Cook recevait le prix du "Courage contre la haine" décerné par l'Anti-Defamation League, une association de lutte contre l'antisémitisme.
Passé cette piqûre de rappel, les auteurs de la lettre soulignent que l'application retirée, dans un contexte de « répression brutale » à Hongkong, n'avait comme autre objet que de permettre aux « manifestants pacifiques de partager les lieux à éviter et les aider à se tenir à l'écart de toute situation risquée ».
Ils ajoutent que selon un décompte tenu par une association chinoise, Apple a censuré quelques 2 200 apps en Chine, dont des VPN (en 2017, une nouvelle loi avait pris ces applications pour cible) ou des apps issues de minorités opprimées par le gouvernement chinois, tels que les tibétains ou les ouïghours.
À nouveau, ces élus voient dans ces actes une contradiction entre ce qu'Apple promeut en termes de valeurs et ce qu'elle fait. Comme toutes les entreprises, Apple se justifie à chaque fois en prônant son respect des lois sur les marchés où elle est présente :
Vous avez déclaré publiquement que vous souhaitez travailler avec les leaders chinois pour aller dans le sens d'un changement plutôt que de rester sur le bas côté et de hurler après eux. Nous pensons nous aussi que la diplomatie et le commerce peuvent être des forces de démocratisation. Mais lorsqu'un gouvernement répressif refuse d'évoluer ou qu'il fait même le contraire, la coopération peut devenir de la complicité.
L'actualité récente autour de l'éditeur Blizzard et de la Fédération Nationale de Basket est citée comme autre exemple d'un interventionnisme chinois « de plus en plus agressif » dans les affaires d'entreprises américaines :
Des événements comme ceux-ci posent lourdement la question de savoir si Apple et d'autres grands groupes américains vont s'incliner devant des exigences chinoises de plus en plus fréquentes plutôt que de perdre l'accès à un peu plus d'un milliard de clients chinois.
« Les actes comptent plus que les mots » lorsqu'il s'agit de défendre des valeurs, concluent ces élus qui demandent à Tim Cook de revenir sur sa décision et de démontrer ainsi qu'ils les place au-dessus de considérations commerciales.
Ce jeudi Tim Cook était à Pékin où il a rencontré le directeur général de L'administration d'État chargée de la réglementation des marchés. Apple n'a pas fait de déclaration sur la nature de la discussion tandis que cette administration s'en est tenue à un descriptif bref et général.