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Israël, l’autre terre promise d’Apple

Anthony Nelzin-Santos

lundi 23 février 2015 à 21:00 • 27

AAPL

La probable venue de Tim Cook à Herzliya, au nord de Tel-Aviv, offre une occasion de rappeler l’importance de l’industrie informatique israélienne. Apple a tardé à rejoindre la centaine de ses concurrents déjà installée en Israël, mais il s’agit déjà de sa première présence hors de ses bases américaines. Il faut dire que l’endroit regorge d’ingénieurs de talent, qui ont fondé plus d’une cinquantaine de sociétés cotées au NASDAQ et des dizaines de start-ups que les géants du web s’arrachant. Au point de parfois ressembler à une seconde Silicon Valley.

Dans les locaux d'Apple à Herzliya. Image GSM Israel.
Dans les locaux d'Apple à Herzliya. Image GSM Israel.

La Silicon Wadi, deuxième Silicon Valley

Israël consacre près de 4 % de son PIB à la recherche et au développement — seule la Corée du Sud fait mieux. Le pays peut ainsi se prévaloir de compter le plus grand nombre de diplômés universitaires per capita dans le monde, et le nombre le plus élevé de start-ups technologiques hors des États-Unis. Le quart de la population active travaille dans des domaines techniques, une particularité inscrite dans l’histoire même du pays : la diplomatie israélienne aime à rappeler les mots de David Ben Gourion, qui disait que « la recherche scientifique [est] un facteur central […] de la vie d’un peuple civilisé ».

Un facteur soutenu par l’effort de guerre, évidemment, mais pas seulement : la recherche agronomique et le génie civil ont été érigés en conditions même du développement du pays, tout comme la recherche médicale et pharmaceutique assure le futur de ses forces vives. Quoi que l’on pense de la politique israélienne, il est indéniable qu’elle a permis l’émergence d’une ingénierie de pointe, comme les besoins de l’armée américaine ont posé les bases de ce qui est devenu la Silicon Valley.

Le Matam, à Haïfa. Image officielle.
Le Matam, à Haïfa. Image officielle.

Le parallèle ne s’arrête pas là : comme la Silicon Valley s’est structurée autour de Stanford, la Silicon Wadi est alimentée par le Technion, l’Institut Weizmann, et d’autres grandes universités. Cette vallée n’a toutefois de vallée que le nom — la « scène » israélienne s’organise plutôt autour de points chauds comme Tel-Aviv, Ra’Anana et Herzliya, Rehovot et Rishon, ainsi que Haïfa. Jérusalem elle-même accueille une demi-douzaine de parcs technologiques.

Motorola s’est installée dans la région dès les années 1960 : elle y a notamment développé le processeur 68030 des Macintosh SE/30 et PowerBook 140. IBM s’y est établie dix ans plus tard, et y compte désormais trois centres de recherche, dont son plus grand en dehors des États-Unis. Plus récemment, Google y a développé quelques-unes des fonctions les plus importantes de son moteur de recherche, à commencer par la « saisie semi-automatique ».

Un haut lieu de l’industrie des semi-conducteurs

Parmi les sociétés de premier plan présentes en Israël, on pourrait aussi citer Microsoft, Samsung, Dropbox, HP, Dell, Qualcomm, ou encore Cisco. Mais la plus importante est sans aucun doute Intel, qui n’est rien de moins que le premier employeur privé du pays. Le fondeur y a conçu ses principales puces mobiles, y fabrique les processeurs Haswell, et devrait bientôt y disposer de la première usine capable de graver en 10 nm.

Intel a entraîné dans son sillage une myriade de spécialistes des semi-conducteurs, aujourd’hui très réputés… et très courtisés. Amazon a encore tout récemment acheté Annapurna Labs, qui développait en toute discrétion des puces puissantes et économes à destination des data-centers. Une acquisition très spécialisée qui en rappelle une autre : celle d’Anobit, au tout début de l’année 2012, par Apple.

Anobit était déjà un partenaire privilégié de la firme de Cupertino : elle ne l’a pas achetée pour se réserver sa production de contrôleurs mémoire, mais d’abord et avant tout pour établir une tête de pont en Israël. Les fondateurs et les principaux cadres d’Anobit sont vite partis, suivis par une cinquantaine des 200 salariés de la société. Réorganisée et recentrée, Anobit a servi de cœur au développement du « campus Maskit », celui-là même que Tim Cook doit venir inaugurer.

L'Apple Shop de l'aéroport Ben Gourion, à Tel Aviv. Merci Yohann.
L'Apple Shop de l'aéroport Ben Gourion, à Tel Aviv. Merci Yohann.

Si ce campus est appelé à devenir la principale « base » d’Apple en Israël, ce ne sera probablement jamais la seule : la firme de Cupertino semble vouloir s’installer au plus près des bassins de recrutement à travers le pays. Ainsi, elle n’a pas hésité à s’installer dans la ville voisine de Ra’anana pour y recruter les ingénieurs débarqués par Texas Instruments. Elle y possède maintenant l’une des toutes meilleures équipes spécialisées en intégration à très grande échelle, qui a gagné ses lettres de noblesse avec la petite merveille qu’était — et est encore — l’Apple A7.

Un futur plein d’intelligence artificielle

Plus au nord, Apple s’est aussi installée au Matam, le grand parc technologique de Haïfa où l’on trouve aussi IBM, Google, Microsoft et Intel. Un ancien de Big Blue formé au Technion dirige d’ailleurs, avec l’ancien directeur de la filiale israélienne de Texas Instruments, un lieu devenu le centre névralgique de la conception et du contrôle qualité des processeurs d’Apple. Haïfa et Herzliya se partagent aujourd’hui les dizaines d’offres d’emploi dans le domaine des semi-conducteurs publiés par la firme de Cupertino.

Des offres d’emploi qui mentionnent régulièrement un domaine auquel on associe rarement Apple : la vision artificielle. Il ne faut pas oublier que la firme de Cupertino a acheté PrimeSense, dont les technologies peuvent avoir une utilité bien au-delà du simple cadre ludique du Kinect. Apple ne s’intéresse peut-être qu’aux capteurs CMOS de la société — mais si elle s’intéresse aussi à la vision artificielle, Israël est là encore un lieu d’intense recherche.

Tim Cook rencontre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à Cupertino, en mars 2014. Image officielle.
Tim Cook rencontre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à Cupertino, en mars 2014. Image officielle.

Google travaille sur le sujet, et de manière plus générale sur l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle, à Haïfa et Tel-Aviv. Intel quant à elle fondé le Collaborative Research Institute for Computational Intelligence, à cheval sur le Technion et l’Université de Jérusalem, pour travailler notamment sur la vision artificielle et les agents intelligents. De nombreuses start-ups israéliennes et une demi-douzaine de laboratoires universitaires défrichent le terrain, présentant leurs résultats dans une conférence annuelle à Tel-Aviv.

Les processeurs des iPhone et les contrôleurs des SSD des Mac auraient pu être développés à Cupertino, à Austin, ou ailleurs. Il ne fait toutefois aucun doute que le vivier de talents israéliens a considérablement augmenté les capacités d’Apple en la matière : elle aurait tort de se priver d’y puiser, alors que tous ses concurrents le font. Si Tim Cook va seulement maintenant officialiser la situation, la sortie d’Apple hors de ses murs cupertiniens n’est plus une hypothèse. À présent que l’on évoque une voiture autonome et la vision artificielle, c’est plutôt une partie de son avenir.

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