Il y a quelques mois de cela, nous avions publié un premier labo de RapidWeaver qui, malgré son numéro (Rapid Weaver 2) en était à ses premières armes. Nous avions alors éreinté le logiciel tant, alors, son trop de simplicité devenait contraignant et pouvait bloquer l'utilisateur dans la création de son site. Un comble, écrivions-nous alors, pour un programme qui veut permettre à Monsieur et Madame Tout-le-Monde d'être sur Internet en quelques clics.

Depuis, les versions de RapidWeaver se sont succédé et la toute dernière marque une nouvelle évolution dans le développement d'un programme qui n'a plus grand-chose à voir avec celui que nous avions testé en avril 2004.

RapidWeaver 3.2 n'est pas finalisé. C'est donc une bêta, la quatrième, que nous avons utilisée. Pour autant, la stabilité est au rendez-vous et on sent bien que la version finale ne va plus tarder.

Depuis la version que nous avions testée l'an passé, l'interface a profondément changé. Elle a aussi changé depuis la version 3.1, encore proposée au téléchargement sur le site de l'éditeur britannique. Elle est composée de deux éléments principaux : une grande fenêtre en métal brossé et une palette nommée Inspecteur. La fenêtre principale se décompose en deux zones : la liste des pages composant le site (avec le titre de la page (qu'on peut modifier ici), le nom du fichier et un pictogramme qui renseigne immédiatement sur le type de page ; l'autre zone, la plus importante, affiche la page sur laquelle on est en train de travailler en deux modes : édition et aperçu. Le mode édition permet de modifier le contenu de la page ; ce qui est affiché varie franchement d'un modèle de page à un autre, selon qu'on travaille sur la page d'un blog ou celle d'un porte-folio. Le mode aperçu affiche la page telle qu'elle devrait être présentée dans un navigateur Internet. Un petit regret : on ne peut pas avoir, l'une à côté de l'autre et simultanément, le produit en cours et le résultat final. Dommage. Le mode aperçu permet souvent seul de s'apercevoir que quelque chose ne va pas (une photo qui déborde, par exemple) et il faut rebasculer en mode édition pour corriger, avant de revenir en mode aperçu pour vérifier que tout va bien.



En tout état de cause, l'utilisateur ne peut pas vraiment, à ce stade, être pénalisé par l'absence de version française du logiciel. Les boutons, peu nombreux, sont on ne peut plus explicites. Le petit signe "+", en bas à gauche, permet d'ajouter une page à son site, le petit signe "-" d'en retirer une, le bouton "Themes" permet de choisir l'apparence qu'on va donner à l'ensemble. Enfin "Edit" et "Preview" autorisent, on l'a vu, la bascule d'un mode à un autre. Un dernier bouton "Publish" met un terme au travail sur le site : il publie le résultat sur un serveur FTP (un module intégré a fait son apparition depuis les premières versions) ou, directement, sur son iDisk (le logiciel va chercher les renseignements nécessaires dans les Préférences Système).



Ce qui fait souvent la réputation de RapidWeaver, ce sont les thèmes d'apparence qui sont livrés avec. Depuis la première version, ce que propose l'éditeur en ce domaine reste le grand point fort du programme. Une vingtaine de thèmes est livrée avec RapidWeaver 3.2. La plupart de ces thèmes sont vraiment jolis. Certains sont déjà anciens (le fameux Aqualicious qui s'inspire du design du site d'Apple, par exemple), certains sont nouveaux. La nouvelle version du programme a introduit quelques modifications dans la gestion des thèmes. Désormais, c'est depuis l'inspecteur qu'on peut choisir, le cas échéant, la "couleur" du thème (certains habillages sont en effet déclinés en bleu, en vert, etc.) et la position, là aussi le cas échéant, de la barre de navigation (en haut, à gauche, à droite, nulle part). Autre nouveauté, qui était très demandée : désormais les pages d'un même site peuvent avoir des habits différents les unes des autres. Dans tous les cas, et c'est le problème inhérent à ce système : les sites créés avec RapidWeaver se reconnaissent très vite sur Internet : une vingtaine de thèmes pour des milliers de sites publiés… C'est le revers de la médaille. Deux solutions pour éviter cela : créer ses propres modèles (pas donné à tout le monde), acheter d'autres thèmes à des éditeurs tiers (certains proposent de jolies choses, d'autres n'hésitent pas à vendre des réalisations au goût très discutable).












Le principal reproche que nous faisions à RapidWeaver lors de notre premier test était son manque de souplesse. À force de vouloir aider l'utilisateur à traverser la rue, il oubliait de lui lâcher la main lorsque cela était fait. La nouvelle version a considérablement changé les choses, tout en ne reniant pas ce principe essentiel : RapidWeaver s'occupe de tout si on le veut. Le logiciel est fourni avec une série de modèles de pages. On choisit celui dont on a besoin en fonction de ce qu'on veut publier : page d'un blog, page qui permet aux visiteurs d'entrer en contact avec le webmestre, page d'un album photo, page "cadre" qui permet d'accueillir de façon plus ou moins transparente la page d'un site externe, etc. À peu près toutes les possibilités sont couvertes et RapidWeaver étant ouvert, des éditeurs tiers peuvent développer leurs propres modèles qui seront également proposés avec les modèles de la maison. Ainsi, la dernière bêta est-elle livrée avec "Collage", un modèle qu'on choisit d'installer ou pas et qui permet de créer un sommaire de son site avec des vignettes. Si les premières versions du programme contraignaient l'utilisateur à choisir parmi une liste réduite de modèles, les dernières lui offre une solution qui lui apporte une vraie liberté : deux modèles de pages sont "neutres" et lui offrent une grande latitude : "HTML Code", qui laisse l'utilisateur saisir ou coller le code HTML qu'il veut, et "Styled Text", qui lui permet de réaliser très facilement une page avec les attributs de style qu'il veut. L'un des reproches qu'on avait faits sur la première version testée était l'impossibilité de mettre en forme facilement le texte saisi. Désormais, il suffit de sélectionner dans une liste les principaux attributs qu'on peut vouloir appliquer à une sélection (on aimerait bien toutefois un inspecteur des textes affichant dans une palette flottante les outils de modification du texte ; pour une prochaine version peut-être). Dans les faits, de toute façon, les modèles proposés couvrent l'essentiel des besoins et la très grande majorité des webmestres se contentera de ce qui est proposé.



À partir de là, les pages créées, on peut modifier, la souris à la main, la hiérarchie du site, créer des rubriques, placer telle page avant telle autre et puis, finalement, non, replacer la deuxième avant la première : RapidWeaver recrée immédiatement la barre de navigation (on peut aussi choisir de ne pas "montrer" une page dans cette même barre).

La souplesse, on la trouve aussi désormais dans l'Inspecteur, une fenêtre flottante qui permet de gérer la page en cours ou le site dans son ensemble. Depuis cette palette, l'utilisateur peut donner un titre particulier à sa page, définir l'encodage des caractères, saisir les mots clefs, coller du JavaScript, jouer sur les variations proposées sur un thème, compléter la barre latérale, coller du code caché ou visible (pour un compteur de visite, par exemple), définir le logo du site ou le favicon qui apparaîtra dans la barre d'adresse du navigateur. Lorsqu'on veut insérer une image sur une page, c'est depuis l'inspecteur (qui devient alors Media Inspector) qu'on peut redimensionner l'image ou lui appliquer une rotation. Avec cet inspecteur, RapidWeaver s'approche toujours plus d'un outil professionnel. Ça n'empêche pas le logiciel de toujours chercher à rendre simples les choses qui pourraient sembler compliquées.



Exemple ? Le podcasting. Si vous choisissez le modèle "Blog", RapidWeaver vous propose l'essentiel des outils à la création, puis à la rédaction régulière d'un blog. Cela comprend la gestion des catégories, celle des commentaires (grâce au système HaloScan), la création automatique du canal RSS et la possibilité d'encapsuler des fichiers, notamment audio, dans le flux. Résultat, les visiteurs qui copieront le flux RSS dans leur agrégateur compatible (NetNewsWire, NewsFire, NewsMac Pro, etc.) ou dans iTunes pourront s'abonner au podcast. Excellent ! Et rapidWeaver va jusqu'à permettre qu'on personnalise tout cela en vue d'une publication, justement, via iTunes (mots clefs, catégories, sous-titre, image qui illustrera le podcast dans le juke-box…).



Cette simplicité, on la retrouve encore avec la création des albums photo. Mac oblige, RapidWeaver sait fonctionner main dans la main avec iPhoto. Du coup, la création d'une page où seront affichées les photos des dernières vacances se fait en quelques clics : sélection dans RapidWeaver de l'album ou des photos gérés par iPhoto, personnalisation (espace entre les photos sur la page de vignette, commentaires ou pas, nombre de colonnes et de rangées, etc.).



On peut même, avec la toute dernière version, créer un diaporama Flash rudimentaire (le système reprend en partie ce que propose SlideShow Pro). La création d'une page avec un film QuickTime ou autre n'est pas plus compliquée. D'autant que, dans tous les cas, le bon vieux glisser-déposer depuis le Finder est tout aussi efficace (le plus souvent).

Bref, RapidWeaver, au fil des versions, est devenu un vrai bon logiciel. Certes, comme on l'a dit, toute médaille a son revers : les sites produits ont une fâcheuse tendance à se ressembler, par exemple, mais dans l'ensemble, pour le particulier notamment, le programme permet la création d'un site très élégant et très complet en quelques clics. L'utilisateur plus exigeant trouvera désormais les outils nécessaires à une personnalisation plus poussée. Pour le prix demandé (moins de 35 dollars), RapidWeaver est incontestablement un incontournable, un logiciel dont on ne cesse de penser qu'Apple aurait pu entre être le développeur et dont on se dit d'ailleurs qu'elle pourrait bien en être un jour l'éditeur tant il s'inscrit dans l'esprit Mac.