James Comey admet une erreur du FBI, mais veut qu’Apple ouvre la porte

Mickaël Bazoge |

C’est aujourd’hui 1er mars qu’Apple doit défendre sa position sur le chiffrement devant la commission judiciaire de la Chambre des représentants. Bruce Sewell, le conseil juridique et vice-président de l’entreprise, est appelé à témoigner, à l’instar de James Comey, directeur du FBI, de Cyrus Vance, procureur de New York, et de Susan Landau, professeure à l’institut polytechnique du Worcester.

Le témoignage du patron du FBI, James Comey, a permis de clarifier au moins un point litigieux avec Apple. L’identifiant iCloud de l’iPhone 5c de Syed Rizwan Farook, le terroriste de San Bernardino, a bien été modifié durant les premières heures où l’appareil est tombé entre les mains des autorités. C’est le Département de la santé de San Bernardino, l’employeur du tueur et propriétaire de l’iPhone, qui a effectué l’opération sur ordre du FBI.

Après avoir répété que le FBI n’avait pas fait de gaffe, James Comey a fini par admettre que cette modification avait été une erreur : et comment ! Car la sauvegarde iCloud n’a pas pu être effectuée et Apple est dans l’impossibilité d’en extraire les données nécessaires à l’enquête. Mais pour l’officiel, ça n’est pas très grave puisque selon lui, la sauvegarde iCloud n’aurait pas permis d’« obtenir toutes les informations nécessaires ».

Plus globalement, Comey explique qu’il ne veut pas de « clé ». Le FBI demande simplement de « retenir le méchant chien pour que nous puissions ouvrir la porte ». Une manière originale de dépeindre le système de protection d’iOS (au bout de dix tentatives de déverrouillage, le contenu s’efface automatiquement). Il confirme aussi les craintes de Tim Cook, à savoir que le dossier de San Bernardino pourrait créer un précédent dans de futures affaires.

Si le rôle du FBI n’est pas de déterminer la législation en matière de chiffrement, ce cas particulier peut effectivement créer un précédent, car le chiffrement pose un défi de taille au FBI, a expliqué Comey devant la commission. Il n’a pas non plus été tendre envers Apple : « Ils vendent des téléphones, pas des libertés civiles. C’est à nous de nous en préoccuper », a-t-il dit — même si pour beaucoup de monde, Apple fait ici figure de défenseur des libertés civiles.

avatar rikki finefleur | 

Il y a peu de cowboys en suisse.
En suisse on préfère jouer avec les comptes numérotés. Une autre forme de sport.

avatar ovea | 

L'enjeu de définition d'une société de l'information est peut être en train d'émerger.

Essaie t-on de faire reconnaître que l'absence d'information peut tuer ?
Si l'information est totalement inaccessible, il n'est même pas question de résoudre un problème insoluble … tout ce blabla est une façade pour les démagogues.

Par contre si c'est l'information qui peut entraîner la mort, les moyens de communiquer cette information ne sont pas nécessairement en cause : ce qui serait potentiellement dangereux ce trouverait dans la boîte et ne serait pas la boîte elle-même.
Après on peut y voir une abstraction d'une boîte de contrôle, la boîte permettant le confinement d'une potentialité de tuer qui se mettrait en action si on y créait une brèche.

C'est comme si on ne reconnaissait pas la fin du moratoire sur les outils mathématiques théoriques qui ont permis de mettre au point la bombe nucléaire alors qu'on a maintenant les moyens de détecter les activités liés à la manipulation de l'atome !

L'enjeu ne serait même pas là cryptographie, si seulement on avait les moyens de profiler pour suspecter n'importe qui en l'absence d'information.
Le véritable enjeu serait d'avoir, avant que cela n'arrive dans nos (pour le moins) "smart" iPhone, l'accès aux résultats naissants de nos future iMajor d'homme sans nous payer le salaire dû à nos cogitations … qui elles seules constituerons nos iCerveaux que nous ne pouvons que protéger.

avatar mfams | 

@Neufouad :
Vite, vite, avec Google j'ai lu qu'aux USA il y a plus de 30 000 meurtres dûs à des armes feux, selon certaines statistiques... Je ne nie pas comme j'ai déjà dit que l'on peut tuer de biens des façons, mais l'arme à feu est une solution si accessible et facile. On pense bien plus à l'utiliser comme solution finale que celui qui n'en a pas. Non? Autrement dit, il crée bien plus la tragédie qu'il ne l'empêche. Mon point de vue...

avatar tomcdj71 | 

Ça n'a choqué que moi la prestance de Comey ?
Regard vide, ne sachant que très peu répondre, jouant avec ses stylos ou ses mains, et évitant le regard des jurés ?
Ça me faisais penser à un gamin de 3 ans qui a cassé le vase de sa mère et qui était un héritage de famille mais qui, lorsque la fameuse question est posée répond quand même "c'est pas moi, c'est le chien!".

Comme si, le principal intéressé n'était même plus sûr de ce qu'il disais, comme si il sentait qu'il allait perdre directement...

Quand on voit la différence avec Bruce Sewell et Susan Landau, qui pourtant devraient logiquement être plus proche de cet état que lui et qui pourtant sont clairs, précis et motivés, ça fait un énorme fossé.

On dirais que le -tout puissant- FBI tremble de peur face au -vilain petit canard- Apple. C'est plutôt marrant je trouve...

J'ai hâte de voir l'acte 2 de cette pièce de théâtre ô combien distrayante, mais qui pourtant (spoiler inside) semble toute gagnée par Apple !

Titan of privacy vous dites?

avatar tomcdj71 | 

Et si le projet Titan n'était pas leur projet automobile mais juste comment ils vont faire plier le FBI, La CIA (NSA je ne me souviens plus si ils sont avec eux mais ça ne m'étonnerait pas le moins du monde) et plus globalement, les USA ? :)

avatar JLG47_old | 

J'ai tord, mais j'insiste.
Con scient, mais têtu.

avatar iDidier | 

Le directeur du FBI : "Si des appareils restent inaccessibles, «alors on parle d’un monde dans lequel nous n’avons jamais vécu aux Etats-Unis, et cela aurait de graves conséquences pour la sécurité publique», a-t-il encore affirmé."

N'y a-t-il personne pour lui dire que les vrais problèmes sont les ventes d'armes aux USA (à ce que je sache, un iPhone n'a jamais tué quelqu'un), l'inefficacité des services de renseignements et du FBI,…

Avec de tels personnages, 1984 n'est plus très loin. Et si il gagne contre Apple, vous allez voir déferler sur Apple des demandes similaires dans le monde entier. La boîte de Pandore sera alors ouverte…

avatar xDave | 

J'ai lu hier que le mari d'une des victimes (blessée par 3 balles), après avoir un peu hésité, a fini par prendre parti pour Apple car :
- Le téléphone en question est un téléphone Pro, géré par le Département de la santé de San Bernardino (donc avec les outils ad-hoc)
- Que sa femme, comme les autres collègues à priori, ne stockent rien de "personnel" dedans
- Qu'à Fortiori un terroriste ne serait pas assez con pour en faire autant ET en plus y laisser des traces de son futur méfait
- Que, semble t'il, les terroristes en question ont détruit leurs téléphones personnels - Ce qui n'est que très peu relaté dans la presse -

Donc, à supposer que le FBI+Apple arrivent à dégoupiller cet iPhone, ils risquent fort d'y passer du temps pour rien.
Si c'est pour au final avoir une porte dérobée, et cela semble être l'envie du FBI, on prend donc bien les gens pour des cons.

Apple ne doit pas céder parce que ça n'empêchera pas du tout les terroristes de commettre leurs horreurs mais ça affaiblira notablement les libertés de chacun, et, parce qu'ensuite, chaque état de la planète va vouloir sa petite porte à lui. Et là, je vous laisse imaginer la suite.

avatar sambucus | 

À juste titre, plusieurs d'entre nous évoquent le contexte social global des USA, qui offre des espaces légaux (accès aux armes…) inconnus chez nous. Ceci étant, il ne faut pas oublier que le pays est gigantesque et surtout hétérogène. On ne peut comparer le Texas avec la Californie ou le Massachusetts. Certaines régions sont extrêmement évoluées et d'autres rustiques.

Je me demande d'où vient ce directeur du FBI qui apparait au fil des articles de presse comme un petit garçon dans une cour d'école qui veut sa bille et qui est prêt à faire un caprice s'il ne l'obtient pas. Le directeur d'une des plus grandes organisations policières de la planète manque singulièrement de hauteur de vue.

Cette insuffisance conduit à un blocage, les camps campent de plus en plus sur leur position et attendent des politiciens un arbitrage, alors que ces derniers sont acteurs ou spectateurs, — c'est selon, — d'une des élections les plus grossières et caricaturales. Calamiteux !

Je défends sans concession la protection de la vie privée, qui est une des conditions nécessaires à l'équilibre psychoaffectif et social des êtres humains. Cependant, il faudra bien trouver des solutions pour combattre le crime organisé (cols blancs, mafias, terrorisme, etc.). Or, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que l'unique solution simpliste que semble prôner le directeur du FBI est inadéquate et contre-productive. Mais, il faut peut-être concéder que ni Apple ni le FBI ne sont à même de proposer des solutions.

Nous sommes confrontés à un tournant de l'histoire qui depuis une dizaine d'années passe à marche forcée de l'analogique au numérique. Il va falloir faire preuve de curiosité et de créativité. Les recettes habituelles n'ont plus cours. Allons-nous être capables de les abandonner pour évoluer vers un nouveau contrat social ? Je pense que nos sociétés en ont les compétences.

Que pouvons-nous proposer de créatif dans notre petit espace de discussion ?

avatar tbr | 

Il n’a pas non plus été tendre envers Apple : « Ils vendent des téléphones, pas des libertés civiles. C’est à nous de nous en préoccuper »

Curieusement, et depuis Snowden, c'est fou comme on va le croire...
"Se préoccuper des libertés civiles"

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