Embellie pour Apple

bferran |
Bénéfices et CA en hausse - À la veille de la probable annonce de la sortie d'iTunes et d'iTunes Music Store pour Windows, mouvement déterminant sur le marché de la musique en ligne, Apple publie mercredi soir les résultats de son quatrième trimestre fiscal. Ce trimestre de rentrée, de juillet à septembre est habituellement fort pour les entreprises du secteur technologique qui, à la suite d'Intel, publient des résultats favorables. Apple n'échappe pas à l'embellie. Cupertino annonce un bénéfice net de 44 millions de dollars (perte nette de 45 millions sur le T4 2002), soit un bénéfice par action de 12 cents. Avant exceptionnels, le bénéfice est de 29 millions de dollars, soit un bpa de 8 cents, et un chiffre d'affaires de 1.715 milliard de dollars (le plus haut depuis 3 ans), tous deux proches des estimations de Thomson First Call. Les bénéfices augmentent de 15% d'une année sur l'autre (bpa de 2 cents l'année dernière), le chiffre d'affaires de 19%. Sur l'année, Apple annonce un chiffre d'affaires de 6,21 milliards de dollars (5,74 en 2002), et des bénéfices de 69 millions de dollars (contre 65 millions).

Les ventes de Macintosh - La conjoncture seule n'explique pas la bonne santé financière d'Apple. Ce trimestre fut marqué par les nouveautés. La gamme professionnelle, minée par les contre-performances du G4, passe de 133 000 ventes au T3 (176 000 l'année dernière) à 221 000 ventes, des premiers chiffres encourageants pour le G5 qui bénéficie pleinement des reports de ventes stigmatisés au T3. Cependant, ce chiffre est à nuancer : il inclut en effet les ventes de Xserve et de Power Macintosh G4 dont le premier modèle, selon Fred Anderson, connaît toujours un succès important. Les PowerBook se portent toujours bien, et stabilisent leurs ventes à 176 000 unités (+9% séquentiellement, et de 145% d'une année sur l'autre), le plus haut de tous les temps pour la gamme. La gamme grand public, qui pâtit d'un manque de nouveautés, ne connaît pas des augmentations similaires, et bénéficie peu des effets positifs de la rentrée des classes. L'iBook, avec 137 000 machines vendues (180 000 l'année dernière, soit une baisse de 25%), connaît un sérieux revers. L'iMac et l'eMac, groupés, sont aussi à la peine : ils ont été écoulés à 253 000 exemplaires (contre 318 000 en 2002). Sur son quatrième trimestre, Apple aura vendu 787 000 Macintosh (7% de plus que l'année dernière). Même si ce chiffre est satisfaisant, on pouvait cependant s'attendre à mieux : les retards de livraison des Power Macintosh G5 et des PowerBook y sont pour beaucoup.

Musique ! - La musique, avec iPod et iTunes Music Store, est devenue en 2003 un marché primordial pour Apple. Au cours de ce trimestre, elle aura vendu 336 000 iPod (140 000 l'année dernière soit une hausse de 128%, 304 000 au T3, +11%), un nouveau record, soit plus que n'importe quelle machine de ses autres gammes. L'iPod est le premier lecteur MP3 du marché aux États-Unis, et se vend désormais mieux dans sa version Windows que dans sa version Mac. Pas étonnant dès lors qu'une grande partie du budget publicitaire soit investi pour promouvoir une machine qui pèse de ses 121 millions de dollars dans le chiffre d'affaires. Pour Noël, après Bose, CompUSA et BestBuy, de nouveaux accords avec les distributeurs ou des sites Internet vont être conclus pour placer le produit hors des points de vente habituels d'Apple. L'objectif de 8000 points de vente dans le monde doit être atteint. Jeudi, Steve Jobs complétera le discours de Fred Anderson, en donnant plus de détails sur la stratégie musicale d'Apple.

Le Store, l'international, l'éducation - Apple continue à vendre davantage aux États-Unis, qui représentent 62% de son revenu. La part de l'international ne reprend pas de couleurs, après la forte baisse du précédent trimestre. Cependant, plus précisément, les ventes en Europe sont tout de même en hausse de 16% sur l'année, et de 10% sur le trimestre. Peut-être l'ouverture d'Apple Store physique en Europe ou au Japon permettra-t-elle à Apple de gagner de nouveaux clients. Aux États-Unis, les Store ont enregistré une nouvelle hausse de fréquentation (4,3 millions, contre 3,1) et ne sont plus déficitaires pour la première fois, avec un bénéfice d'un million de dollars. Ceux de SoHo et de Chicago connaissent des records d'affluence. Soixante-treize magasins devraient être ouverts pour Thanksgiving. Apple enregistre en tout 43% de ventes directes. En revanche, le bilan sur le marché de l'éducation est mitigé : en primaire, la baisse est de 15%, en raison de retards d'investissements. Dans le supérieur, le bilan est meilleur, avec le plus haut trimestre depuis sept ans : le cluster de G5 de Virginia Tech est exemplaire de cette bonne santé. Interrogé sur la compétition entre l'iBook et le PowerBook 12 pouces, Fred Anderson a reconnu que ce dernier avait cannibalisé les ventes du portable grand public d'Apple dans l'éducation, où les PowerBook sont très présents.

Les prévisions - Avec de tels résultats, l'arrivée de Panther et d'iTunes Music Store pour Windows, la pérennisation des ventes de Power Macintosh G5, de PowerBook et d'iPod, les probables renouvellement futurs, et l'effet toujours appréciable des fêtes de fin d'année, Apple peut être optimiste. Fred Anderson, dont on connaît la réserve, attend pour le premier trimestre 2004 un chiffre d'affaires de 1,9 milliard de dollars, et un bénéfice en hausse séquentiellement. Et même si l'on peut craindre une augmentation des prix des écrans plats, ce trimestre permettra aussi à Apple de retrouver une marge supérieure à 27% (26,6% ce trimestre) : celle-ci fut moins importante au T4, en raison des débuts du Power Macintosh G5 (même si cette gamme est habituellement celle sur laquelle Apple possède la marge la plus importante), et devrait croître sensiblement grâce à Panther. En dépit de l'effritement de sa part de marché, Apple repose sur des bases financières solides. La plupart des indicateurs sont au vert. Que pouvait-on attendre de mieux, à l'aube du vingtième anniversaire du Macintosh.

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