Cette nuit, le SuperMeet s'est transformé en keynote Apple : la firme de Cupertino y a présenté un « sneak peek » de la prochaine version de Final Cut Pro, Final Cut Pro X « aussi révolutionnaire que la première ». Et pour cause : elle a été reprise de zéro, comme l'indique la remise à zéro de la numérotation et la nouvelle icône.
Apple assure que 94 % des 2 millions d'utilisateurs de Final Cut Pro sont satisfaits de leur choix : « tous les diffuseurs se fient à Final Cut Pro » assure Peter Steinauer, le patron de la branche vidéo pro d'Apple. FCP s'arroge 50 % des parts du marché du montage non-linéaire, Adobe et Avid se partageant les 50 % restants à parts égales.
FCP X est entièrement 64-bits avec un moteur entièrement revu, ce qui permettra de tirer la quintessence de la puissance des machines professionnelles d'Apple (et veut accessoirement dire problèmes avec les plug-ins de FCP 7 — on pourra heureusement garder les deux versions côte à côte). FCP X est construit sur Core Animation, Grand Central et OpenCL (et Cocoa), les technologies les plus modernes et les plus puissantes de Mac OS X, ce qui devrait assurer un sacré bond en avant des performances.
La nouvelle interface n'est pas sans rappeler celle d'iMovie… sur iPad : Apple l'a baptisé Illuminance. Elle se concentre en une seule fenêtre plein écran d'un gris assez foncé avec de nombreux inspecteurs. Le visualiseur disparaît : l'interface est toute nouvelle avec une philosophie revue et corrigée — le cœur de métier est conservé et recentré sur le monteur (même si FCP X récupère quelques éléments de Color et de Motion), le superflu est laissé à la charge d'autres logiciels et d'autres métiers, voire d'autres sociétés… ou à FCP 7. Apple est cependant très claire : il est hors de question de considérer FCP X comme un iMovie Pro.
« La boîte de dialogue de rendu a disparu » : FCP X utilise le rendu carte graphique comme le rendu processeur en utilisant tous les cœurs processeur, pour assurer un rendu temps réel sur les configurations les plus puissantes jusqu'à la vidéo 4K (rendu en arrière-plan). On peut mélanger SD, HD et 4K dans la même timeline (synchronisation des fréquences d'image au besoin), et commencer l'édition pendant l'importation (avec passage sur le média réel à la fin de l'importation). Le montage se fait en format natif (H.264, AVCHD, etc.).
Lors de l'importation d'ailleurs, FCP X peut analyser automatiquement les clips : stabilisation et correction du rolling shutter, détection des personnes, des plans (grand-angle, close-ups, etc., avec constitution de collections intelligentes), balance des blancs Color Sync (FCP X dispose en plus d'un correcteur couleur avec masques), mais aussi correction de l'audio (réduction de bruit, etc.). On pourra aussi appliquer des mots-clefs sur des portions de clips, une nouveauté qui facilitera grandement la gestion des plans (par exemple pour préparer l'édition de certains plans, l'application d'un mot-clef pouvant servir de base à un chutier spécial). Bref, FCP X fait tout pour préparer les clips dès leur importation, faciliter le classement et la gestion, pour alléger les travaux de montage.
Avec cette nouvelle interface arrivent de nouveaux paradigmes de montage. La timeline devient « magnétique » : l'audio bouge verticalement pour ne pas pousser des clips, et deux clips peuvent être liés pour bouger ensemble tout en restant indépendants (roll ripple). L'audio est par défaut « collé » à la vidéo pour éviter tout risque de désynchronisation, mais un simple double-clic permet de l'éditer. Les Coumpound Clips avec Auto Collapse vont encore plus loin : ils fusionnent plusieurs médias en un seul clip, à la manière des compositions d'After Effects (une unité que l'on peut facilement ouvrir au besoin, toujours en non-destructif). Le reste des fonctions de la timeline ressemble comme deux gouttes d'eau à celle d'iMovie, avec la puissance et les fonctions de FCP.
Le Inline Precision Editor
Le Inline Precision Editor permet, en un double-clic, d'ajuster au plus finement une transition entre deux clips, une chose que l'on a déjà vu dans… iMovie sur iPad ! Un L-cut ? Cliquer, glisser, ajuster, l'audio est « attaché » et synchronisé automatiquement aux deux clips. Auditioning permet de créer différentes versions d'un même montage dans une seule timeline pour « audition » : vous préparez les différentes propositions à montrer à la production, sans avoir besoin de vous casser la tête avec plusieurs timeline — GarageBand dispose d'une fonction similaire pour enregistrer plusieurs versions d'un solo avec une sorte de versioning pour choisir celui que l'on préfère. La chose est poussée jusqu'à une « Secondary Storyline » qui gère toute votre B-roll pour les édits alternatifs.
Final Cut Pro X sera disponible en juin, au prix de 299 $ (239 €) sur le Mac App Store. Apple n'a donné aucune nouvelle des autres applications de la suite Final Cut Studio, mais ce n'est pas une surprise : la firme de Cupertino a complètement cassé cette année le concept de suites — et Final Cut Pro X méritait d'avoir un événement séparé pour célébrer sa remise à plat. Les autres applications de la suite n'ont néanmoins pas été abandonnées, elles devraient elles aussi avoir droit à du nouveau dans les mois à venir [via]
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Image : halfmac