Une tech plus verte : comment Qarnot veut faire calculer des chaudières

Anthony Nelzin-Santos |

À Kankaanpää, une petite ville du sud-ouest de la Finlande, une chaudière électrique chauffe l’eau de la piscine municipale. Mais pas n’importe quelle chaudière ! Ses huit modules renferment 192 processeurs, qui passent leur journée à réaliser de complexes calculs de simulation financière et de rendu 3D. À Montrouge, dans la banlieue parisienne, la petite entreprise française Qarnot espère installer des milliers de « chaudières numériques » pour exploiter la « chaleur fatale » à bon escient.

Avant de fabriquer des chaudières, Qarnot s’est fait connaitre par son radiateur QH1. Le monolithique fuligineux de 33 kilogrammes, coiffé d’une tablette de bois clair, faisait forte impression. « Le radiateur est notre produit historique », explique Quentin Laurens, directeur des affaires publiques et internationales de Qarnot, une manière de dire qu’il ne représente pas nécessairement le futur de l’entreprise.

Le radiateur QH1. Image Qarnot.

Reste qu’il a posé les bases : le radiateur renferme un ordinateur, le premier chauffe parce que le second calcule, le second calcule pour faire chauffer le premier. Paul Benoît, ingénieur passé par l’École polytechnique, et Miroslav Sviezeny, entrepreneur diplômé de l’ESSEC, ont fondé Qarnot autour de cette idée en 2010. Depuis, l’entreprise a posé plus d’un millier de « radiateurs numériques » en France, dans des logements et des bureaux.

Bien sûr, on ne chauffe pas toute l’année, même en Finlande. La chaudière s’est imposée comme la suite logique : « le besoin de chauffage est variable », rappelle Quentin Laurens, « mais le besoin en eau chaude est constant », été comme hiver. Le radiateur chauffe l’air d’un logement, la chaudière chauffe l’eau d’un immeuble entier, et ces échelles affectent la capacité de concevoir un réseau de calcul distribué :

Quand vous installez un radiateur, vous installez une petite capacité de calcul, un fragment microscopique d’une gigantesque infrastructure. Or aujourd’hui, nous voulons créer des nœuds plus puissants pour mailler une grille de calcul. Nous ne renions pas le radiateur, qui est encore très demandé alors même que nous n’en faisons pas beaucoup la promotion, mais la chaudière a le mérite de tourner toute l’année. Dans un immeuble typique, elle assure le talon de la consommation, c’est-à-dire la partie constante et stable des besoins énergétiques.

avatar 406 | 

J aimais bien l idée du crématorium pour chauffer la piscine municipale mais ça ne plaisait pas à tout le monde…

avatar raoolito | 

@406

derriere toute mauvaise idee, il y a une bonne idée qui a ete jeté :)

avatar Marius_K | 

Très bonne chose d'utiliser cette chaleur qui autrement serait simplement rejetée dans l'atmosphère.
Cela fait d'ailleurs bien longtemps que je me demande pourquoi on n'utilise pas plus toutes ces sources de chaleur qui découlent de l'activité industrielle ou autre pour soit produire de l'électricité soit comme ici pour alimenter des systèmes de chauffage ou d'ECS.

avatar guigus31 | 

@Marius_K

Parce que jusqu’ici l’énergie n’est pas vendue assez chère, tout simplement.
Et elle n’est pas chère car elle est abondante.
On se permettrait beaucoup moins de la gâcher, sinon. Mais que ce soit les industriels ou les particuliers, hors prix du marché, dès qu’on essaye de rendre l’énergie plus chère, ça gueule, ça grève, ça menace de délocaliser.
(Pourtant, l’argent est le meilleur levier pour réguler les comportements. Ça marche par exemple beaucoup mieux que la prévention pour faire ralentir les gens sur les routes - exemple parmi tant d’autres)

Pour en revenir aux industriels et à la chaleur fatale, des solutions existent déjà (chaudières des récupération par exemple) et sont encore développées, notamment chez Alpha-Laval. Quand on taxera les industriels qui ne valorisent pas leur chaleur fatale, ou quand l’énergie sera devenue trop chère, ils s’y mettrons.

avatar Ielvin | 

Du coup je pourrai brancher mon ordi en watercooling sur mon circuit d’eau froide ? Juste avant le chauffe eau ?

Genre souder mes radiateurs à un tuyau en cuivre ? :)

Oui je sais, c’est pas le truc vendu par la boîte, mais le principe reste le même :)

avatar raoolito | 

@Ielvin

Votre ordi tourne H24 en rendu ?

avatar MSpock | 

@raoolito

Et le chauffe eau ne tire pas de l’eau en permanence, du coup l’ordi crame quand tu n’as pas besoin d’eau. C’est un peu plus compliqué que ça de récupérer la chaleur fatale mais c’est très intéressant.

avatar Ielvin | 

@raoolito

17h/24h
5j (parfois 6) /7

Edit : quand qqn est la quoi :D

avatar bigmagic | 

Je trouve l'idée intéressante plutôt que d'avoir des datacenters refrondis par des groupes froids qui consomment des kWh (en plus de la consommation des serveurs) et que la chaleur est finalement rejetée dans l'atmosphère.

Ce système ne doit pas être facile à gérer et à maintenir mais au moins la chaleur est récupérée mais comme indiqué dans l'article, ce serait mieux si l'électricité était produite avec de l'énergie renouvellable ; genre panneaux solaires.

avatar cv21 | 

3 "armoires/chaudières" pour 56 logements, cela fait froid dans le dos quand j'imagine toutes les "armoires"qui tournent en permanence ne serait-ce que pour écrire ce commentaire...inutile...

avatar Nesus | 

Ça semble peu adapté au particulier. Parce que devient sa bande passante dans ce cas ?
L’idée est sympa pour autant.

avatar raoolito | 

@Nesus

J'ai pensé pareil: J'EN VEUX AUSSI !!! Venez venez !!

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