Tesla a créé son propre réseau de stations de charge dans le monde. Quand le constructeur spécialisé dans les voitures électriques a commencé à vendre ses véhicules, c’était une nécessité pour ses premiers clients. Il n’y avait alors aucun réseau de charge électrique à disposition et l’entreprise a rapidement vu que c’était une nécessité d’offrir ce service pour toucher un public plus large. Et dix ans après l’ouverture de la première station aux États-Unis, Tesla pourrait l’ouvrir aux autres constructeurs.
Il faut savoir que les « superchargeurs » Tesla sont réservés aux clients du constructeur depuis le départ. Aux États-Unis, ils reposent sur un connecteur propriétaire qui n’existe dans aucune autre voiture, ce qui règle la question d’une éventuelle ouverture. Mais en Europe, c’est le standard CCS qui est utilisé, ce qui veut dire que sur le plan technique, n’importe quelle voiture électrique récente devrait pouvoir se charger sur une station Tesla.
Des rumeurs ou demandes d’ouverture du réseau de superchargeurs se font entendre depuis quelques années maintenant, mais de manière plus pressante depuis quelques semaines. Plus tôt dans le mois, c’est le ministre allemand des transports qui a indiqué être en discussions avec Tesla pour l’ouverture de son réseau de charge. Plus direct encore, Tesla a officiellement indiqué aux autorités norvégiennes qu’il comptait ouvrir des stations de supercharge dans le pays, au plus tard en septembre 2022.
Tesla espère bénéficier des aides de l’État pour agrandir plusieurs stations de superchargeurs dans le comté de Vestland, au sud-ouest de la Norvège. La condition associée à ces primes gouvernementales est l’ouverture de la station à tous les véhicules électriques, une condition qui serait remplie dans un petit peu plus d’un an au plus tard, d’après les documents reçus par ce comté de la part du constructeur.
Il faut rester prudent avec cette information, on ne parle d’ouvrir que cinq stations de superchargeurs en Norvège à ce stade. Mais Elon Musk a déjà eu l’occasion à plusieurs reprises d’indiquer qu’il était favorable à une ouverture du réseau de charge. Pour Tesla, cela pourrait représenter une entrée financière supplémentaire qui pourrait s’avérer importante, les prix pouvant être fixés librement. Et si le tarif moyen en France tourne autour de 33 centimes par kWh à l’heure actuelle pour les conducteurs de Tesla, rien n’interdirait un tarif bien plus élevé pour les autres, à l’image des tarifs variables pratiqués par Ionity.
Le connecteur standard Combo CSS est une chose, mais cela ne suffira pas à ouvrir du jour au lendemain les superchargeurs à tous les constructeurs. Contrairement aux autres réseaux de charge, les stations de Tesla ne demandent aucune étape spécifique pour se connecter et payer la charge. La borne reconnaît automatiquement chaque voiture et facture le prix de la charge à son propriétaire, tout aussi automatiquement. Cette intégration parfaite ne pourra pas être reproduite pour d’autres véhicules sans un aménagement.
Les solutions ne manquent pas, Tesla pourrait créer une app qui permettrait de créer un compte avec des informations de paiement et de se connecter aux bornes par ce biais, par exemple. Reste le dernier point qui pourra faire grincer des dents parmi les propriétaires de Tesla : la saturation des superchargeurs les jours de grand départ. C’est déjà une réalité pour plusieurs d’entre eux en Europe et notamment celui du Mans en France, qui est parfois complet et demande un temps d’attente.
La bonne nouvelle de ce côté, c’est que Tesla réagit rapidement face à ces problèmes de saturation. Au Mans, par exemple, une deuxième station est en train d’être finalisée et le constructeur a aussi ajouté une nouvelle station à Angers, ce qui devrait résoudre les problèmes de ce nœud. Et si le constructeur veut rentabiliser son réseau, il aura tout intérêt à multiplier les bornes pour multiplier les clients.
Si cette ouverture se généralise en Europe, ce sera en tout cas une excellente chose pour les autres marques de voitures électriques. Avec 2 700 stations et plus de 25 000 bornes dans le monde, le réseau de superchargeurs Tesla est le plus complet à l’heure actuelle, et de loin.
Mise à jour le 25/06/2021 10:36 : cette ouverture n’est peut-être que relative. L’Europe va imposer l’intéropérabilité de toutes les stations de charge, mais les directives européennes n’imposent pas que toutes les bornes soient intéropérables. Pour respecter la règle, Tesla pourrait se contenter d’ajouter quelques bornes supplémentaires à chaque station de charge, des bornes qui pourraient être gérées par un tiers.
En France, le cadre légal est défini par un décret qui précise ce que chaque opérateur devra offrir. Pour être aux normes, une station devra proposer deux connecteurs intéropérables, un au type 2 et un au format CCS. En clair, Tesla peut se contenter d’ajouter une borne avec ces deux connecteurs. On serait alors bien loin d’une ouverture complète, comme on pouvait l’imaginer initialement…