Après notre test du Raspberry Pi 5, en trois parties, nous nous devons de parler d'un problème : l'USB-C. En effet, la nouvelle carte demande un chargeur USB-C (presque) propriétaire.
Une carte à la crème : le Raspberry Pi 5 vaut-il encore le coup ?
Ce n'est pas la première fois que la fondation a des soucis avec l'USB-C : les premières révisions du Raspberry Pi 4 ne démarrent pas avec les chargeurs qui suivent correctement la norme USB-C et c'est un obstacle si vous avez un modèle Apple. En effet, avec les blocs ornés d'une pomme, les cartes de la première génération ne s'allument tout simplement pas. Le défaut ne provient pas d'Apple mais bien des créateurs du Raspberry Pi : une erreur dans l'implémentation de la norme empêche la négociation1. C'est un problème courant avec les périphériques qui s'alimentent uniquement en 5 V, nous en avions parlé dans une actualité dédiée.
Ces périphériques USB-C qui ne veulent pas charger en USB-C
Le problème du Raspberry Pi 5
Avec le Raspberry Pi 5, le problème est différent : la carte nécessite une alimentation capable de fournir une tension de 5 V et une intensité de 5 ampères, alors que la majorité des blocs du marché2 se contente de 3 ampères. Si vous reliez un Raspberry Pi 5 à un chargeur qui ne propose que 3 ampères, vous aurez un message au démarrage (si vous affichez le bureau) et une limite sur l'énergie délivrée aux ports USB. Dans ce cas de figure, l'intensité totale sur les prises USB se restreint à 600 mA, alors qu'avec deux ports USB 2.0 et deux ports USB 3.0, il est en théorie possible de fournir 2 800 mA3. Avec une alimentation compatible, le plafond passe à 1 600 mA.
Bien évidemment, plusieurs questions se posent, et elles ont des réponses. Premièrement, est-ce une extension propriétaire ? « Non, mais… ». D'un point de vue purement technique, le standard USB Power Delivery permet bien une intensité de 5 ampères avec une tension de 5 V, après négociation. En pratique, c'est différent : littéralement tous les chargeurs USB-C du marché (au moment d'écrire ces lignes) se limitent à 3 ampères, sauf le modèle proposé par la fondation.
La seconde question est évidente : « Est-ce un problème ? ». La réponse est moins simple et se réduit à « Peut-être ». Vous trouverez toutes les explications sur les restrictions dans notre dossier, mais pour résumer, vous ne pourrez pas brancher de périphériques USB gourmands avec une limite artificielle à 600 mA.
Une carte à la crème : pourquoi le Raspberry Pi 5 consomme-t-il plus ?
La dernière question qui peut se poser est évidemment « Pourquoi ? ». Les raisons sont multiples, mais elles sont visiblement liées à des motifs économiques. Il aurait été techniquement réalisable de passer par une tension plus élevée (par exemple 9 V) pour fournir plus d'énergie que les 15 W classiques, mais ce changement aurait demandé des composants pour redescendre la tension sur la carte elle-même et aurait rendu la nouvelle version totalement incompatible avec les alimentations prévues pour la carte Raspberry Pi 4. Travailler avec une tension de 5 V simplifie le design des cartes, même s'il faut donc emprunter une extension plus ou moins propriétaire.
Notons enfin pour terminer que l'alimentation commercialisée par la fondation est par ailleurs assez complète, malgré un câble USB-C fixe: elle est compacte, peu onéreuse (environ 20 €) et peut fournir jusqu'à 27 W. Qui plus est, elle est parfaitement compatible avec la norme et peut délivrer une tension de 5 V (5 A, 25 W), 9 V (3 A, 27 W), 12 V (2,25 A, 27 W) et 15 V (1,8 A, 27 W). Elle peut donc être employée pour la charge rapide d'un iPhone ou d'un iPad, ou pour alimenter un Mac, même si elle manque de puissance pour un MacBook Pro.
Pour conclure, les choix de la fondation avec le Raspberry Pi 5 sont certes conformes sur le plan technique (contrairement au bug des Raspberry Pi 4) mais posent de nombreux problèmes dans la pratique et — pour le moment — forcent surtout les acheteurs à se tourner vers l'alimentation officielle. En attendant (peut-être) que d'autres fabricants proposent des blocs capables de fournir 5 V et 5 ampères.
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La fondation a d'ailleurs pensé à ces « vieilles » cartes : un Raspberry Pi 4 buggé démarre avec l'alimentation du Raspberry Pi 5. ↩︎
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Plus exactement, toutes les alimentations du monde sauf celle de la fondation. ↩︎
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500 mA par prise USB 2.0, 900 mA par prise USB 3.0. ↩︎