1989, lorsqu'Apple annonçait un Mac en l'assemblant sur scène

Florian Innocente |

Parmi la pléthore de vieux keynotes Apple que l’on peut trouver sur YouTube, cette présentation du Macintosh Portable en 1989 par Jean-Louis Gassée est assez épatante et mérite d'être vue ou revue (via 512 pixels). Alors en charge du développement des produits de la Pomme, Gassée dévoile le Macintosh Portable, premier Mac capable de fonctionner sur une batterie.

Le trackball pouvait être remplacé par un pavé numérique — Cliquer pour agrandir

Le Macintosh premier du nom et même certains Apple II sortis après lui étaient (relativement) mobiles ou tout au moins transportables avec leurs poignées intégrées. Mais en l’absence d’une prise de courant ils n’étaient pas capables de faire grand chose.

La manière dont cette machine fut annoncée est amusante et témoigne un peu de l’évolution de nos ordinateurs portables. Il est fréquent aujourd’hui de critiquer Apple pour ses Macintosh toujours plus fins et impossibles à ouvrir, aux éléments internes étroitement imbriqués sinon collés.

Là, plutôt que de lever le voile — au sens propre du terme — sur une machine comme sortie du carton, Jean-Louis Gassée la construit comme un enfant avec ses Lego. Le Macintosh Portable prend forme en direct sous les yeux de l’assistance amusée, aidé par les pitreries du cadre dirigeant d’Apple (par exemple lorsqu’il jette derrière lui le câble d’alimentation « inutile »).

D’une grosse malle de voyage, Gassée sort en premier la carte-mère, puis il va piocher les principaux organes qu’il place et branche entre eux au fur et à mesure : le châssis, les haut-parleurs, le clavier, le trackball amovible, le lecteur de disquette, la batterie, le disque dur, l’écran LCD (en noir et blanc mais à matrice active, le top de l’époque)… jusqu’à obtenir sa machine, fin prête à démarrer.

Personne en 2016 ne regrettera un portable de 7 Kg dont le lancer pourrait être une épreuve sportive. La machine n’a pas connu un succès fou et les PowerBook l’ont avantageusement remplacée deux ans plus tard avec des dimensions et poids plus réalistes. Mais cette présentation d’un tout nouveau Mac en vaut bien d’autres qui ont eu lieu quelques années plus tard chez Apple…

Une brochure pour le Macintosh Portable avec le slogan utilisé à la fin de la démonstration de Gassée — via The Mothership
  • Jean-Louis Gassée co-anime une chronique hebdomadaire sur Monday Notes.
avatar Titov | 

Wouah l'accent français.... ;-)

avatar Seccotine | 

Un Français se doit de parler anglais avec le plus fort accent français pour garder la fierté de sa langue natale.
EDIT: Mais Jean-Louis parle bien quand même ;)

avatar pommecroquee | 

Période non Jobsienne non?

avatar Berechit | 

@pommecroquee :
Absolument : SJ avait quitté la pomme vers '85 pour être rappelé un en 97 /98

avatar Seccotine | 

Il n'a pas été appelé, il a appelé lui-même ;)

avatar umrk | 
avatar petergab | 

Quelle classe ce Jean-Louis Gassée !
Humour et connaissances, la vraie fibre Apple.
On avait un directeur France de top niveau, et il n'hésitait pas à mettre les mains dans les machines et logiciels.
La présentation de RagTime à Paris, que son staff n'aimait pas, avait été toute en humour.
Il présente les deux programmeurs d'abord, la bonne éducation, explique que même lui peut s'en servir et réalise un document sur le pouce, enfin avec les autres doigts aussi.
Et c'est le Mac Portable qui a provoqué son départ d'Apple US, parce qu'il s'était mal vendu.
Seule fois où les employés d'Apple ont manifesté contre une décision de la Direction...

avatar iapx | 

8H d'autonomie: normal aujourd'hui pour un Mac portable, mais impossible de dépasser les 2H sur un PC portable de l'époque, ça permettait de travailler pendant un vol transatlantique par exemple!

Il n'y avait aucun compromis sur la qualité de l'interaction (écran à matrice active, trackball utilisable partout pas besoin de souris ou de tablette pour l'utiliser, clavier de qualité, autonomie exceptionnelle), et sur le travail qu'on peut réaliser avec, mais avec un prix à payer, enfin deux, le poids et le prix extrêmement élevé!

avatar en ballade | 

@iapx :
Ce qui explique le peu de succès et la traversée du désert des années 90

avatar umrk | 

à l époque la batterie était au plomb, ce qui a ... Plombé cette machine, dans tous les sens du terme, trop lourde et trop chère en dépit de ses qualités (même au regard des critères de l époque)

avatar DVP | 

L'Atari ST Book de 1991 avait 10 heures d'autonomie :)
L'astuce était d'avoir un écran LCD non retro éclairé...

avatar umrk | 

l'utilisateur se plaignait déjà de la faible luminosité de l'écran, en plein jour .....

avatar jm.leb | 

C'est Wall E qui fait TaDa, non ?

avatar petergab | 

Wall E a plein de références à Mac, en plus de son "accord" de démarrage :)

avatar umrk | 

Il aurait été utile de préciser, pour la majorité des lecteurs de ce site, qui n'ont pas connu cette époque, que cette machine était vendue au prix de 6500 $ 1989 !

Processeur Motorola 68000
Fréquence d'horloge 16 MHz
Bus système 16 MHz
Mémoire morte 256 Ko
Mémoire vive 1 Mo

avatar mfams | 

umrk: "...que cette machine était vendue au prix de 6500 $ 1989 !"
---
Les prix d'aujourd'hui sont relativement raisonnables alors.

avatar simnico971 | 

@mfams :
Apparemment 6500$ 1989 = 12 400$ 2016.
Boudiou...

avatar guigus31 | 

Magique cette présentation ! C'est culte :)

avatar jvernet | 

J'adore cette machine (j'en ai trois, les 3 modèles différents). Leur grand age les rends assez capricieuses (batterie HS, il faut bricoler un peu).

avatar umrk | 

J'étais à l'époque dans un grand groupe dont je tairai le nom, et seuls les très grands chefs avaient droit à cette machine, ce qui ne contribuait pas qu'un peu, je vous prie de me croire, à leur prestige ....

avatar macinoe | 

Ahaha...

Où va se loger la vanité...

Ca me rapelle une boite où j'avais fait un job d'été quand j'étais étudiant.
Les employés "méritant" avaient droit à des reposes pied sous leur bureau et un siege avec accoudoir.
Et le pire c'est qu'ils prenaient ça comme un privilège ces cons, c'était leur légion d'honneur.
Comme quoi les images et les bons points, ça marche aussi chez les grands benêts de 40 ans

avatar DG33 | 

@umrk :
Un peu comme le Spartacus / Mac du XXème anniversaire

avatar Mantinum | 

@umrk Pourquoi taire le nom ?

avatar umrk | 

Des grands chefs qui ont droit à des privilèges exclusifs, ce n'est pas une situation très originale, et, même si je m'ai quittée il y a bien longtemps, je n'ai pas de raison de dénigrer cette société ( et d'ailleurs le fait que ces grands chefs aient préféré à l'époque cette machine à d'autres prouve au moins qu'ils avaient du goût ..).

Je voulais surtout montrer que vu leur prix, ces machines étaient hors de portée d'un particulier, même aisé, ne pouvaient être achetées que par des entreprises prospères, et encore pour un petit nombre de privilégiés ....

avatar misstique | 

Aujourd'hui on ne jure que par le big data, à cette époque on parlait de Amazing TaDa !

Jean-Louis Gassée un sacré magicien !

Dommage qu'il est loupé le virage BeOS.

avatar powergeek | 

Ah le bon temps où on pouvait tout changer sur un Mac...

avatar petergab | 

Il y a eu un iMac (G5) où l'utilisateur pouvait changer toutes les pièces lui-même, résultat 20/25% de retour en atelier !
Changer les choses soi-même c'était possible quand les utilisateurs en avait les compétences, un peu comme en mécanique, avant il fallait être mécano pour rouler.
Au début de l'informatique, l'utilisateur connaissait l'intérieur de sa machine, savait programmer, cela évitait les pannes dues à une mauvaise manipulation.
On ne peut pas aller contre le sens de l'histoire et du progrès.
Progrès dans le sens où tomber en panne mécanique c'est quasiment devenu inexistant.
La fermeture des iPad iPhone, c'est la conséquence de batterie en multi-couches, si l'utilisateur peut l'ouvrir, il endommage ce type de batterie.

avatar Sica | 

A l'époque, on empêchait pas un ipad d'envoyer des sms... Autre temps, autres ambitions...

avatar petergab | 

Ah bon, on ne peut pas envoyer de SMS depuis un iPad !
mince alors, je fais comment pour que les miens fonctionnent...

avatar umrk | 

Cette machine faisait très envie à l'époque, mais chacun sentait bien qu'elle préfigurait une toute nouvelle classe de machines à venir, et qu'il suffisait d'avoir la patience d'attendre un peu pour pouvoir bénéficier de beaucoup mieux pour moins cher. En dépit de ses qualités, elle n'a donc pu s'imposer.

avatar loloeroket | 

J'ai adoré cette machine. C'était la meilleure machine de bureau que j'ai eue. ;-) MacPortable plutôt transportable. J'ai eu du mal à m'en séparer.

avatar Average Joe | 

J'adore la musique de la présentation "Anywhere", délicieusement datée, typiquement le son ultramoderne que j'adore :)

avatar switch (non vérifié) | 

Oh! que de souvenirs.
Mon employeur me le prêtait de temps en temps, je faisais des trucs de folie avec HyperCard à l'époque ! Ensuite est arrivé un SE/30, encore plus rapide pour RagTime 3 et HyperCard, c'était dingue pour l'époque.
Aijourd'hui j'utilise toujours RagTime ( 6.6, une vitesse d'éxécution eviron 10 fois supérieure à M$ Office 2016) et FileMaker Pro à remplacé HyperCard (même si LiveCode est prodigieux, mais pas francisé et trop complexe à mettre en œuvre par rapport à FMPro), mais l'enthousiasme n'est plus le même que celui des débuts...

avatar petergab | 

Eh oui, le SE30 était une machine de guerre, un Mac II dans un boitier de Mac +
Un écran noir et blanc, mais une carte couleur que l'on pouvait connecter sur un écran/vidéoprojecteur externe. Le tout dans une machine transportable de 9 Kg, ce qui était peu (le portable de Compaq faisait ses 12 Kg).
Ragtime fonctionne toujours et effectivement Filemaker pro a remplacé Hypercard chez moi aussi, assez rapidement car il y avait un défaut majeur sur Hypercard, c'était le fichier d'impression qu'il créait avant de lancer l'impression. Si tu envoyais un mailing de quelques centaines d'adresses, tu saturais ton disque dur et/ou l'imprimante laser balançait un "timeout" sauvage (contournable...).

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