Le modèle de l'abonnement fait perdre beaucoup d'argent à Autodesk

Mickaël Bazoge |

Le modèle économique de l’industrie du logiciel est de plus en plus tourné vers l’abonnement : du côté de l’éditeur, cela permet de « lisser » les résultats sur l’année, et le consommateur a l’illusion de payer moins cher des outils professionnels. Microsoft, avec Office 365, et Adobe avec son Creative Cloud sont les hérauts de ce modèle, et d’autres éditeurs ont emboîté le pas comme Autodesk (lire : Autodesk se rapproche du système de « location » de logiciels d’Adobe).

Mais la transition vers le tout-abonnement, qui devrait être achevée à la fin du deuxième trimestre pour le concepteur de Maya et d’AutoCAD, est bien difficile. Les résultats du groupe pour le premier trimestre 2016 sont mauvais : l’entreprise a perdu 173 millions de dollars sur les trois premiers mois… et 486 millions sur les quatre derniers trimestres. Pendant les quatre trimestres précédents, Autodesk avait accumulé des bénéfices de 202 millions de dollars, un profit réalisé avec l’« ancien » modèle, celui des licences perpétuelles.

Le chiffre d’affaires pour le premier trimestre s’est établi à 646 millions de dollars, en baisse de près de 21%. Et le prochain trimestre sera encore moins bon avec une fourchette estimée entre 500 et 520 millions de dollars, avec là aussi des prévisions de pertes.

Graphique Blog Nauseam.

Autodesk comptabilise 2,71 millions d’abonnés à ses différentes formules (132 000 de plus qu’au quatrième trimestre 2015). La vente de licences perpétuelles représente un chiffre d’affaires de 186 millions de dollars — en chute de 43% par rapport au même trimestre de l’année précédente, ce qui est logique étant donné la poussée vers l’abonnement. Les différentes Suites logicielles de l’éditeur ne seront d’ailleurs plus proposées sous la forme de licences perpétuelles à partir du 31 juillet.

Malgré ces difficultés, Carl Bass le CEO d’Autodesk se veut optimiste et confiant. « Nous avons eu un premier trimestre solide », explique-t-il sans rire dans le communiqué. « Nos clients et partenaires continuent d’embrasser la transition d’Autodesk vers un modèle basé sur l’abonnement et le nuage ». Il promet d’investir encore dans ce modèle encore loin d’avoir fait la preuve de sa pertinence pour l’entreprise.

Il est vrai toutefois que le modèle d’abonnement nécessite du temps et des ajustements. Mais cela peut payer : après des débuts là aussi difficiles, le Creative Cloud est devenu une machine à faire de l’argent pour Adobe (lire : Adobe : une mue vers le cloud qui paye).

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avatar VieillePomme | 

les gars, c'est le moment de basculer vers 3DTurbo, que vous soyez Architecte, Urbaniste, Designer d'intérieur, Scénographe, ou tout autre métier
C'est un logiciel absolument incroyable.. licence perpétuelle, prix étudiés, et le service client au top...
http://www.iluac.com

avatar Blacom | 

C'est curieux de constater que le paravent économique puisse à ce point dissimuler l'essentiel ! Pourtant flagrant, à voir le désamour naissant pour les formules d'abonnement ou toute autre combine à date de péremption. Au prétexte d'une rentabilisation-sécurisation dont on voudrait nous faire gober le bien fondé, c'est toute la reprise en mains politique du net qui se profile en ombre chinoise, et même pire.
Car, enfin, la mise en coupe réglée de l'autonomie des outils dont nous dépendons désormais totalement, par la vertu de "l'espace de liberté" de la toile, relève stratégiquement du grand art ! Arriver à délocaliser dans l'espace (Cloud) et dans le temps (péremption) les moyens de production pour en prendre le contrôle absolu, ni Marx, Zola ou Huxley n'avaient osé cauchemarder aussi loin !!! Il ne faut pas être grand Vizir pour imaginer que le saut sera bien vite franchi de l'outil au contenu, si ce n'est déjà amplement le cas, merci Snowden.
La bonne nouvelle, c'est la résistance implicite que démontre le désamour qui commence à entraver les modèles économiques de ces nouvelles camisoles. On voit poindre les stations débranchées comme ailleurs des samizdats sous le manteau, faudra-t-il inscrire dans la constitution le droit à la déconnexion ? Les versions libres de tout certificat seront-elles bientôt des objets de contrebande, comme déjà les graines germinatives de mon jardin ? Devrai-je passer sous les fourches caudines de la normalisation pour tracer la moindre courbe, peser le moindre mot à l'aune d'une surveillance automatique du fond comme de la forme, sous prétexte de la mise à jour obligée de ma pointe Bic ?

Les grands manitous du panoptique cloud ont sans doute oublié, pour autant qu'il l'aient jamais su, que les créatifs ont souvent un sens aiguisé de la liberté, c'est pire que viral, gravé en dur. Adobe et Autodesk en feront les frais avant d'autres, pour le plus grand bonheur des développeurs qui ne jouent pas les Méphistophélès.

avatar VieillePomme | 

Excellent !! malheureusement ce sont ceux qui sont en position monopolistique qui imposent les modèles économiques qui leur rapportent le plus de fric.. C'est aux usagers de résister et de se tourner vers les logiciels qui sont résolument contre ces modèles.. C'est le cas de 3D Turbo...

avatar 8enoit | 

@Blacom :
Bien vu !!

avatar 8enoit | 

@Blacom :
Perso je dois garder une station avec ancien logiciel d'archi, ne fut-ce que pour accéder aux plans dessinés il y a 10 ans et plus.
Pour les plans réalisés aujourd'hui, que je devrai pouvoir ouvrir en 2025, j'achète un logiciel avec licence perpétuelle. À l'ancienne quoi. VectorWorks, environ 1000€/an avec service et màj incluses.

avatar Blacom | 

3D Turbo depuis 25 ans... on ne change pas une équipe qui gagne, ultra performante tous terrains et réfractaire aux bracelets électroniques qui plus est ;-)

avatar Tof211 | 

@Blacom :
Oui, mais d'un point de vue "éditeur de logiciel de conception" Autodesk se range bien derrière le fait qu'il y a de moins en moins de "concepteur /créateur"... Il reste quelques têtes pensantes qui utilisent encore carnet et crayon pour imaginer leur œuvres (issues parfois de leurs esprits dérangés ou encombrés) mais le gros du travail informatique est réalisé par une nuée de techniciens hyper spécialisés et totalement jetables (le tech kleenex on appelle ca maintenant, même principe que les fils d'info face2book )...
Les grands cabinets d'architectes et Bureaux d'études en Europe (oui je suis ds le domaine du BTP) qui ont pignon sur rue sous-traitent la réalisation de leurs études à des boîtes de "service" qui eux-mêmes ont des sous traitants basés en Turquie, Inde et autres pays en développement.... Ces boîtes là se montent et font faillite à une vitesse incroyable et pour eux le principe de l'abonnement est top car pas de frais d'investissement...
C'est ca l'aire moderne......

avatar triphon | 

je plussoie. Utilisateur de 3D Turbo depuis les années 90. J'en suis ultra satisfait et je préfère filer mon argent à son éditeur (Iluac software) qu'à Autodesk avec sa politique d'abonnement .
Je suis ultra hostile à ce nouveau modèle économique
3D Turbo est largement aussi performant en 2D et côté 3D Autocad ne lui arrive même pas à la cheville, voire même au petit orteil (j'ai pas trouvé plus bas… ) :)

avatar EBLIS | 

"le concepteur de Maya et d’AutoCAD".

Le concepteur de Maya n'est pas Autodesk. Il s'agit d'Alias qui a été racheté par Autodesk. Ils ont aussi conçu l'excellent Studiotools que les pros appellent d'ailleurs toujours Alias Studio.

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