Le Pacte vert de la Commission européenne met en place un droit à la réparation pour les produits électroniques

Mickaël Bazoge |

L'Union européenne a l'ambition d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Pour y parvenir, la Commission planche sur un Pacte vert, une stratégie globale qui contient une série de dispositions pour réduire la pollution, restaurer la biodiversité et promouvoir l'utilisation efficace des ressources. Ce dernier point nous intéresse tout particulièrement — ainsi que les constructeurs de produits électroniques — puisque l'exécutif européen veut favoriser une économie « propre et circulaire ».

Le plan d'action adopté aujourd'hui par la Commission européenne prévoit des mesures à mettre en œuvre « tout au long du cycle de vie des produits », l'objectif étant de faire en sorte que les ressources utilisées restent dans l'économie de l'Union européenne. Aujourd'hui, « 12 % seulement des matières et des ressources secondaires y sont réintroduites », déplore Frans Timmermans, vice-président chargé du pacte vert pour l'Europe.

De nombreux produits cessent de fonctionner trop facilement, ne peuvent pas être réutilisés, réparés ou recyclés, ou ne sont conçus que pour une seule utilisation. Il existe un énorme potentiel à exploiter tant pour les entreprises que pour les consommateurs.

Les mesures présentées dans ce plan visent à modifier le sommet de la « chaîne de durabilité, à savoir la conception des produits », expose Virginijus Sinkevičius, commissaire à l'Environnement. La batterie de dispositions commence par la mise en place de « principes de durabilité » : il s'agit d'améliorer la durabilité des produits, leur réutilisabilité, leur évolutivité et leur réparabilité.

Autre mesure qui risque de faire grincer des dents du côté de Cupertino, la Commission veut un droit à la réparation d'ici à 2021, toujours dans le but de renforcer la réparabilité des produits. Apple n'est pas fan de ce principe, même si elle a mis un peu d'eau dans son vin en distribuant des informations techniques et des composants officiels à des réparateurs non agréés (mais uniquement aux États-Unis, et avec pas mal d'exigences).

La Commission entend adopter ces nouvelles mesures réglementaires pour les smartphones, les tablettes et les ordinateurs portables, ainsi que les chargeurs de téléphones, là aussi un domaine où Apple est en porte-à-faux. Bruxelles va également se pencher sur un système de reprise à l'échelle du continent pour retourner ou revendre des produits électroniques.

Sur la question spécifique des batteries, la Commission travaille sur un cadre réglementaire pour améliorer les taux de collecte et de recyclage pour assurer la récupération du maximum de matériaux de valeur et garantir la plus grande durabilité. Le texte a également l'intention de faciliter la « fourniture d'informations aux consommateurs ». A priori, pas de mention explicite au remplacement des batteries comme on s'en était fait l'écho il y a quelques jours, mais cela aurait du sens qu'une telle exigence soit inscrite dans le plan d'action.

Ce Pacte vert va bien au-delà des produits électroniques, il concerne l'ensemble des industries et même l'économie du vieux continent. La période de transition mobilisera cent milliards d'euros entre 2021 et 2027.

avatar debione | 

La question qui se pose est comment les entreprises vont réussir à contourner ces lois?

avatar Calorifix | 

Voilà bien une chose qu'Apple ne fera jamais.

avatar SyMich | 

Comme je suis d'un naturel optimiste, je rêve qu'à l'image du RGPD tous les grands du secteur, à commencer par Apple, s'en empare et l'applique (plus ou moins parfaitement) au-delà de la seule Europe
Je me prends même à imaginer que cette aptitude à la réparation devienne LE nouveau sujet permettant aux marques de se démarquer les unes des autres (quand sur le seul plan technique ça devient de plus en plus difficile de le faire...)

Mais je suis une éternelle rêveuse 🙂

avatar Calorifix | 

On pourrait imposer aux marques des batteries amovibles (comme avant), des composants non-collés et accessibles facilement (une trappe pour accéder au disque dur, à la RAM, etc comme il y a sur certains Thinkpads), des vis standards, etc. Il suffit de voir qu'ils suffit de rajouter un SSD et un peu de ram à des machines qui ont 7-8 ans pour qu'elles répondent parfaitement aux besoins d'une personne lambda et ce pour encore quelques années.

avatar techhelp | 

Je confirme, je passe mes journées à installer des SSDs sur des machines vieillissantes, et mes clients continuent de les utilisées pendant 4 à 5 ans minimum.

avatar Matlouf | 

Enfin, c'est pas fait... C'est juste une feuille de route, il faut encore que ça se traduise dans le droit européen, pour être ensuite porté dans le droit local, puis traduit en décrets, puis mis en effet par les industriels.

D'ici là, y aura-t-il des survivants ?

avatar SyMich | 

Si les industriels y voient un possible argument marketing, ils peuvent très bien s'emparer de ce sujet plus vite que la réglementation.

avatar Malouin | 

Vive les gros téléphones !

avatar jean_claude_duss | 

@Malouin

Y’a un moment on aura plus de téléphone du tout, autant anticiper le plus possible, tans pis si ok gagne 4ml

avatar jean_claude_duss | 

Mon collègue de bureau a la touche À de son MBP qui se barre. Chez Apple c’est 780€HT de réparation parce que 1- la conception de leur machine est nulle
2- ils s’en branlent de l’écologie : une touche merde, on change presque toute la machine.
Hors garantie ça veux presque dire que l’ordi part à la benne. Avec ce droit qui va forcer Apple à fournir des composants on pourra réparer et faire durer des machines pourtant encore fonctionnelles

avatar Matlouf | 

Mais, de manière générale, si les industriels ne construisent pas d'objets réparables, peut-être est-ce parce qu'on ne les répare pas. Et si on ne les répare pas, c'est parce que le coût de la réparation, et en premier lieu la main d’œuvre, est disproportionné avec le prix des appareils. Dans les pays à faible coût de main d’œuvre, on répare plus facilement. Ailleurs, on jette.

Le cas d'Apple est un peu particulier. Compte tenu du prix de leurs machines, on peut se dire que le coût de réparation sera plus avantageux que le remplacement. Mais comme ces gros malins ont fixé le prix des pièces à des niveaux astronomiques, et limité les possibilités de réparation à des gens facturés (mais non payés) très cher, le résultat est le même.

avatar Valiran | 

Le prix des pièces est cher chez toutes les marques si tu passe par le SAV officiel, les 3/4 du temps.
Le problème d'Apple c'est que c'est cher en réparation parce qu'ils ne réparent pas, ils ne remplacent pas la pièces endommagée mais le bloc. Par exemple pour un clavier HS sur MBp, ils vont changer le clavier et la coque, qui inclus le trackpad, la touchbar et donc aussi le cover en alu.
Le tout soudé aussi, en cas de ram ou stockage HS, c'est toute la carte mère qui est remplacée, et donc CPU/GPU avec, et donc avec un tarif astronomique au lieu de 50€ la barette et 200€ le ssd...

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