La Surface Pro X est le nouveau pari de Microsoft dans le secteur des tablettes hybrides sous Windows 10 fonctionnant avec un processeur Arm. L'éditeur de Redmond n'est pas un nouveau venu sur ce marché ; en fait, c'est même un pionnier si on remonte à 2013 et à la Surface RT qui, elle aussi, roulait avec un processeur Arm ! En début d'année dernière, les premiers PC « Windows sur Arm » se lançaient avec des promesses alléchantes comme une autonomie record (20 heures et plus !) et une connectivité LTE intégrée. Mais ces ordinateurs se sont révélés être de véritables ?.
Malgré ces échecs, Microsoft n'a pas lâché l'affaire : le mois dernier, l'entreprise dévoilait le Surface Pro X, un hybride équipé de la puce SQ1 développée en collaboration avec Qualcomm sur la base du Snapdragon 8cx. La puce, qui embarque le modem LTE Snapdragon X24 pour la connectivité en tout temps, comprend aussi et surtout un processeur Arm cadencé à 3 GHz, ce qui devrait lui offrir des performances que les précédents PC du même tonneau ne pouvaient pas assurer.
D'après les premiers tests (The Verge, Engadget, TechRadar), la puissance est au rendez-vous… mais seulement pour les logiciels adaptés Arm 64 bits. Microsoft en a optimisé quelques-uns. Mais il n'y a pas grand chose d'autres : Adobe a promis que les applications du Creative Cloud seront adaptées, pour le reste on reste sur sa faim.
La tablette fait fonctionner les logiciels x86 grâce à sa couche d'émulation, mais uniquement pour les apps 32 bits, les plus nombreuses certes… mais des logiciels x86 64 bits comme Lightroom ne pourront pas s'installer sur l'appareil ! Bien évidemment, les applications émulées sont moins rapides. Et il faut oublier les gros jeux. Selon les tests Geekbench réalisés par TechRadar, l'iPad Pro 12,9 pouces s'est montré de 40% à 50% plus rapide que la Surface Pro X (en mono comme en multicœur).
Autre déception, Microsoft promet « jusqu'à 13 heures d'autonomie en utilisation normale », mais quand on s'en sert vraiment en continu, la tablette ne va guère au-delà des 6 heures, d'après The Verge. Et une dizaine d'heures avec des périodes de veille. On est donc encore assez loin des promesses qui accompagnent les ordinateurs Arm.
C'est d'autant plus dommage que la Surface Pro X a des qualités indéniables dans son design, sa conception, son écran, etc. Mais l'hybride n'est pas spécialement bon marché : il faut en effet compter 1 169 € pour la configuration de base (8 Go de RAM, 128 Go de stockage), sans accessoires. Cette nouvelle tentative « du camp d'en face » donne en tout cas un relief nouveau à l'iPad Pro, sa puissance, sa logithèque, ses capacités.
Surtout, la Surface Pro X nous renseigne en creux sur les difficultés de transplanter un modèle informatique « traditionnel » sur une architecture Arm moderne. Ça n'a pas beaucoup changé depuis 2013, finalement. Apple a sans doute cela en tête depuis un moment, alors que les premiers Mac dotés d'un moteur « maison » sont annoncés — par la rumeur tenace — pour l'année prochaine.