Cela arrive rarement, mais les actionnaires d'Apple ont voté ce soir en faveur d'une proposition qui n'avait pas le soutien du conseil d'administration. Habituellement, leur réunion annuelle est réglée comme du papier à musique, et les votes sont une formalité. Mais cette année, les investisseurs ont voulu marquer une certaine indépendance d'esprit, en adoptant la proposition d'un audit pour examiner la politique et les pratiques de l'entreprise en matière d'égalité.
Cet audit permettra de mettre en lumière les préoccupations soulevées par des employés d'Apple ces derniers mois, et aidera le constructeur à identifier et à remédier aux impacts négatifs de ces préoccupations. La proposition fait écho au mouvement #AppleToo qui avait vu fleurir les accusations de harcèlement et d'abus en tout genre envers Apple.
Avant la réunion à proprement parler — qui s'est déroulée entièrement en ligne —, le conseil d'administration avait recommandé de voter contre la proposition. Le board estimait en effet que l'entreprise remplissait déjà sa mission en matière d'audits. « Nous pensons que le cadre actuel de mise en œuvre et de surveillance de nos engagements en matière de droits humains est plus efficace que l'audit non ciblé de la proposition », a expliqué le conseil. Peine perdue, donc.
En fait, c'est la première fois dans l'histoire récente d'Apple que les actionnaires se rebiffent de la sorte. Un signe qu'Apple s'est mal dépêtrée de toute cette histoire, il faut dire que la culture du secret fait peser une chape de plomb sur les coulisses de Cupertino.
Un groupe de salariés veut déchirer la culture du secret entourant le travail chez Apple
Pour le reste, les actionnaires ont voté la rémunération de Tim Cook de 99 millions de dollars au titre de l'exercice 2021. Certains d'entre eux y étaient pourtant opposés. Le vote n'a toutefois pas été de tout repos, puisque 61 % seulement des actionnaires l'ont adopté. Certes, une majorité suffit, mais l'an dernier ils avaient validé les rémunérations des dirigeants à hauteur de 95 %…
Mise à jour — Une autre proposition qui n'a pas non plus été recommandée par le conseil d'administration a finalement été adoptée par les actionnaires, confirmant ainsi le mécontentement de bon nombre d'entre eux. Il s'agit d'une proposition qui va pousser le board à préparer un rapport public sur les risques potentiels associés à l'utilisation de NDA (ces contrats de non divulgation d'information dont l'entreprise est très friande), toujours dans le contexte de discrimination, de harcèlement et autres pratiques illégales.
Comme l'explique Kristin Hull, CEO de Nia Impact Capital qui a appuyé la proposition, les NDA sont utiles pour protéger la propriété intellectuelle ou des informations sensibles. En revanche, ces contrats n'ont aucun sens quand il s'agit de protéger l'entreprise des accusations de harcèlement ou de discrimination.
Source : Bloomberg