Wil Shipley, inspirateur de la « Delicious Génération », rejoint Apple

Nicolas Furno |

Will Shipley a annoncé hier sur son compte Twitter le nom de son nouvel employeur : Apple. Le développeur va rejoindre la firme de Cupertino pour travailler sur la version iOS de l’app Maison qui aurait bien besoin d’amour. Et si ce nom ne vous dit rien, c’est probablement parce que vous êtes trop jeune pour avoir connu son heure de gloire. Les plus sages se souviendront peut-être de The Omni Group, qu’il a co-fondé dans les années 1990, mais son plus gros succès survient dans la décennie suivante.

En 2004, l’iPhone n’existe que dans les rêves les plus fous et l’iPod reste encore largement limité à l’écosystème d’Apple : le Mac est toujours le produit le plus important pour Apple. C’est en novembre de cette année que Will Shipley fonde avec Mike Matas une nouvelle entreprise, nommée Delicious Monsters. Le duo sort en même temps une application qui a bousculé le marché : Delicious Library, un gestionnaire de livres, CD, DVD et autres jeux vidéo.

La toute première version de Delicious Library (image MacGeneration).

Même si cette app est toujours en vente sur le Mac App Store dans sa troisième version, sa popularité n’a rien à voir avec les premières années. À l’époque, l’App Store n’existait pas et le marché du Mac était ridicule comparé à aujourd’hui, si bien que les 250 000 $ de ventes réalisées en un mois ont fait sensation. Mais Delicious Library se fait surtout remarquer par son interface photoréaliste, avec ses étagères en bois, ses livres et CD en 3D et son scanner de code-barre (qui reposait sur la première iSight) qui affichait des barres rouges comme au supermarché.

Cette idée de proposer des interfaces visuellement riches a lancé un mouvement sur le Mac, que l’on a alors nommé la « Delicious Generation ». À son apogée, cela a donné une app comme Disco, un outil de gravure qui affichait de la fumée au-dessus de la fenêtre pendant les opérations. Plus significatif encore, cette génération a influencé Apple pendant des années. Le skeuomorphisme qui a été la règle jusqu’à iOS 7 est le successeur direct des idées mises en place dans Delicious Library.

D’ailleurs, Mike Matas a rapidement rejoint Apple où il a créé de nombreux éléments graphiques du premier iPhone avec cinq (seulement !) autres designers. La batterie verte qui s’affichait sur l’écran pendant la recharge, c’était lui par exemple. Il a aussi travaillé sur le premier iPad, avant de partir chez Nest où il a imaginé l’interface du thermostat rond et Facebook où il a tenté de réinventer le réseau social.

Capture d’écran du site de Mike Matas.

Quant à Wil Shipley, il a bien travaillé pour NeXT au début des années 1990, mais c’est la première fois qu’il est embauché par Apple. L’ambiance à Cupertino n’est plus au photoréalisme depuis bien longtemps, mais on ne sait pas ce que le développeur y fera précisément.

Source
Accroche : avatar Twitter de Wil Shipley et photo Trnava University
avatar debione | 

@ YetOneOtherGit:
"Mais là c’est évidemment une opinion personnelle donnant au design le statut d’œuvre"

Qui est on ne peut plus subjective... Parce que des oeuvres de merde, c'est pas cela qui manque! Selon MON goût évidement.
Donc ce n'est en rien un argument valable et étendage à l'ensemble ;)

avatar YetOneOtherGit | 

@debione

"Parce que des oeuvres de merde, c'est pas cela qui manque! "

Une œuvre même de « merde» mérite que son intégrité soit préservée et que la volonté de son créateur soit sanctuarisée. 😎

avatar debione | 

@ YetOneOtherGit:

Chaque écrit que je fais ici est une oeuvre. Donc je vous prierais d'arrêter de me contredire, parce que son créateur (moi) souhaite que ce soit sanctuarisé.

:)

avatar YetOneOtherGit | 

@debione

"Chaque écrit que je fais ici est une oeuvre. Donc je vous prierais d'arrêter de me contredire, parce que son créateur (moi) souhaite que ce soit sanctuarisé."

Je n’attaque nullement l’intégrité de tes propos 😉

Le droit de dire qu’une œuvre est une merde est inaliénable

Comme sont intégrité est inviolable

😃😉

avatar MGA | 

@YetOneOtherGit

« Artist’s Shit » de Piere Manzoni ? Même une oeuvre de (en) merde peut valoir 30kE 😅

avatar YetOneOtherGit | 

@MGA

"« Artist’s Shit » de Piere Manzoni ? Même une oeuvre de (en) merde peut valoir 30kE 😅"

Et ?

C’est juste l’ultime Ready Made 😎

avatar MGA | 

@YetOneOtherGit

« Et ? » et rien simplement rebondir sur votre commentaire « même une oeuvre de merde mérite d’être sanctuarisé … » et donc même une oeuvre EN merde mérite d’être sanctuarisé… mauvais jeu de mots visiblement 😉

avatar YetOneOtherGit | 

@MGA

"et donc même une oeuvre EN merde mérite d’être sanctuarisé… mauvais jeu de mots visiblement 😉"

J’avais pas mis ton post dans la continuité du fil 😉

avatar pat3 | 

Ouais. Bon.
Delicious Library n’a pas perdu ses clients parce qu’elle est passée de mode (elle est toujours d’actualité sur plein de logiciels de gestion de bibliothèque), elle a perdu ses clients parce qu’elle les a laissés tomber. Le scan des nouveaux livres reposait sur une API qu’Amazon a tout d’un coup arrêtée, certes, mais les devs ont fait le mort pendant des années. Ils traînaient déjà la patte à développer une app pour iPhone (au moins un reader synchronisé avec le mac)…
Gros utilisateur de Delicious Library, j’ai dû chercher une autre solution pour gérer ma bibliothèque (sans pouvoir exporter ma base de données de Delicious Library, grrr) et c’est sur iPhone que je l’ai trouvée (BookBuddy pour ceux que ça intéresse, après un passage par la très sympathique MaBibliotheque, mais il y a du choix que l’AppStore).

Donc si c’est pour avoir un autre adepte de l’abandonnâtes qui ne dit pas son nom, y a pas besoin de ça chez Apple, ils savent déjà faire en interne.

avatar occam | 

@pat3

> « Delicious Library… a perdu ses clients parce qu’elle les a laissés tomber. »
Yep. À pic.

> « Gros utilisateur de Delicious Library, j’ai dû chercher une autre solution pour gérer ma bibliothèque (sans pouvoir exporter ma base de données de Delicious Library, grrr) »

Cet été, j’ai passé plusieurs jours à faire le tour des solutions et à correspondre avec des développeurs de gestionnaires de bibliothèque dont les produits étaient censés importer de DL, ou l’avaient fait par le passé. Ils avaient tous plus ou moins abandonné. (En off : « Hopeless. »)
J’ai eu un long échange avec un développeur spécialisé dans la conversion des données — il ne fait que ça — et nous avons analysé ensemble les fichiers XML issus de DL, qui pour moi n’avaient ni queue ni tête. Conclusion : 🤣.

Finalement, j’ai exporté manuellement toutes les données textuelles (et bon sang quel bordel cette supposée base de données, sous cette surface si flashy) ; ensuite, il m’a fallu faire un script pour aller chercher un par un a) les fichiers image ; b) les thumbnails ; c) les autres fichiers associés, grâce au match des identifiants uniques. Note saugrenue, j’ai dû aller les chercher dans le cache de DL. 😵‍💫

Ceci classifie Delicious Library dans la catégorie des gadgets jetables.
Comme Apple les affectionne.

Easter Egg : allez fouiller les plist de DL. 😳 garanti.

> « Donc si c’est pour avoir un autre adepte de l’abandonnâtes qui ne dit pas son nom, y a pas besoin de ça chez Apple, ils savent déjà faire en interne. »
👍👍👍

avatar pat3 | 

@occam

Je n’étais pas allé aussi loin dans mon analyse, mais tu confirmes mes conclusions et les renforce avec précision. 👍

avatar v1nce29 | 

C'est amazon qui a tué le produit avec ses nouvelles conditions d'API.
Pour la musique, DL pouvait se retourner vers discogs.
Mais pour les bouquins c'était mort.
Sauf à monter une base concurrente d'Amazon, obtenir les droits sur les images ...

PS: quoique, je viens de voir qu'openlibrary existait déjà en 2009

avatar pat3 | 

@v1nce29

Ouais, et les apps qui se sont montées depuis ont toutes fait autrement, donc…

avatar gwen | 

@pat3

Merci pour book buddy. Je cherchais un remplaçant de delicious libraire depuis des années. C’est en effet un excellent logiciel pour le moment. Je vais essayer de l’utiliser plus profondément pour être certain qu’il colle à mes besoins.

avatar v1nce29 | 

Depuis Snow Leopard tout est moche.
Je crois qu'on atteint des sommets (ou abysses) avec le memphis corporate dont j'attends que l'esprit se diffuse dans les UI

avatar tempest | 

Excellente recrue !!
Maison se prête plutôt bien au skeumorphisme.

avatar Mike Mac | 

@YetOneOtherGit

"Une œuvre même de « merde» mérite que son intégrité soit préservée et que la volonté de son créateur soit sanctuarisée. 😎"

C'est un point de vue qui nous amène des "merdes" comme la création affligeante en hommage à Johnny Hallyday que la ville de Paris vient d'ériger : un manche de guitare surmonté d'une Harley-Davidson.

Dynamitable à souhait ! 😁

avatar v1nce29 | 

Tu préférais le pl** an** de Mc Carthy ou les conneries de Koons ou Kapoor ?

avatar YetOneOtherGit | 

@Mike Mac

"Dynamitable à souhait ! 😁"

On a parfaitement le droit à la critique et au mépris 😎

avatar v1nce29 | 

> On a parfaitement le droit à la critique et au mépris

Ouf. C'est les 2 seuls sports que je pratique.

avatar YetOneOtherGit | 

@v1nce29

"Ouf. C'est les 2 seuls sports que je pratique."

Par contre ne pas confondre démarche critique et hypercritique 😄

avatar TheUMan | 

Passer de la gestion de collections physiques à une société (Apple) qui prone le tout numérique c'est un drôle de retournement de veste. Il s'est fait "bouffer" lui aussi; l'immatériel et l'obsolescence programmé vous pousse à dépenser votre argent dans le vent. La durée de vie des produits numériques est encore plus courte que celle du physique et même cela les gens s'en foutent, encore une chose dont on est TOTALEMENT dépendant du bon vouloir d'Apple. Dommage, Delicious Library était un excellent produit.

avatar YetOneOtherGit | 

@TheUMan

Que veux-tu même la nostalgie n’est plus ce qu’elle était.

Et quand je pense à toutes ses merveilleuses activités des temps passés qui n’ont cessées de disparaître durant les siècles, je comprends ta douleur et ton emportement.

🙄

avatar TheUMan | 

Tu peux ironiser tant que tu veux mais le jour où Apple décide de supprimer l'application que tu as acheté sur l'App Store (ou que "grace" à une mise à jour, elle ne fonctionne plus) ou que ta musique ne fait plus partie de leur catalogue (idem pour les films) etc.. tu rigolera moins.
Et ne parlons pas de la sauvegarde (LOL) des photos sur le cloud. Alors, oui, c'était vraiment mieux avant.

En achetant un livre, un CD, j'ai au moins le droit de décider QUAND je veux m'en séparer...

avatar YetOneOtherGit | 

@TheUMan

"tu rigolera moins."

Je m’en tamponne 😃

Je l’adapte comme toujours quand c’est nécessaire 😎

L’archétype du faux pb symbolique.

Très intéressant d’ailleurs d’un point de vue psychanalytique, parlons de ton rapport à ta mortalité 😂

avatar YetOneOtherGit | 

@TheUMan

"En achetant un livre, un CD, j'ai au moins le droit de décider QUAND je veux m'en séparer... "

Vanitas vanitatum, omnia vanitas & sic transit gloria mundi

avatar Almux | 

Grave tes albums du Music Store sur CD et importes cette musique-là dans iTunes... et tes héritiers auront encore droit à toute ta musique.

avatar YetOneOtherGit | 

@Almux

"et tes héritiers auront encore droit à toute ta musique"

Mes héritiers se démmerde déjà tous seul avec l’héritage culturel que nous leur avons transmis 😉

avatar occam | 

@TheUMan

> « Dommage, Delicious Library était un excellent produit. »
Non. Vraiment pas.
Une excellente idée, oui.
Une UI futée, également.
Mais le produit n’a pas tenu la route, le suivi n’a pas été assuré, et l’éditeur a largement laissé ses clients se démerder tout seuls. Bilan au long terme : 🚮

> « La durée de vie des produits numériques est encore plus courte que celle du physique »
Là, il est urgent de préciser votre pensée et votre terminologie.

• Les appareils numériques n’ont pas nécessairement une durée de vie plus courte que les autres. Dès que l’on a à faire au collé-soudé-plastique, l’analogique ne fait pas vraiment mieux que le numérique. Surtout à bas prix.
• Encore faut-il différencier entre durée de vie physique et durée de vie utile. Les machines d’Apple avaient une excellente durée physique. C’est la guillotine logicielle qui coupe artificiellement leur durée de vie utile.
• La durée de viabilité des outils logiciels excède largement tout ce à quoi l’informatique de consommation, Apple en tête, nous conditionne à croire.

• Finalement, il y a une leçon que notre civilisation devrait impérativement maîtriser : tout ce qui est numérisé, tout ce qui est numérisable est, de par sa structure, impérissable, tant qu’il y aura des entités intelligentes pour le décoder.
Les supports matériels sont périssables ; les formats logiques souvent volontairement obscurs et fragiles. Mais ces inconvénients sont dûs à des considérations d’ordre commercial, et non de principe. Les solutions pérennes existent.
L’héritage au format numérique est le seul héritage de notre civilisation qui ait une chance de survie intacte à long terme.
C’est également la leçon que nous enseigne le vivant : le code génétique est discret, son information parfaitement numérisable.

> « encore une chose dont on est TOTALEMENT dépendant du bon vouloir d'Apple »
Grâce soit rendue à Alan Turing et aux autres dieux de l’informatique, ce n’est pas le cas, sauf à si soumettre volontairement, ou à le devenir par ignorance ou incurie.
Auquel cas s’applique la définition que donne Kant de l’entendement :

« L’entendement permet à l'homme de s’émanciper de la tutelle à laquelle il s’est soumis de son plein gré. La tutelle est l'incapacité d’user de son entendement sans être guidé par autrui. Elle lui est imputable si elle est due non pas à sa déraison, mais à l’irrésolution et à la peur d'y avoir recours sans la direction d’autrui. Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! »

avatar YetOneOtherGit | 

@occam

Merci de remettre l’église au centre du village 🙏

avatar YetOneOtherGit | 

@TheUMan

"La durée de vie des produits numériques est encore plus courte que celle du physique"

Très discutable, biens des supports physiques ont des durées de vie fort courte : Les papiers « modernes » blanchis à l’acide font que bien des documents relativement récents sont en piteux état ou perdus, la BNF et les archives nationales numérisent à tout vas pour remplir leur mission, des masses de pellicules reposant sur des nitrates sont perdus à jamais…

Contrairement à ce que tu fantasmes, le numérique bien mis en œuvre est la solution la plus pérenne d’archivage sur de grands volumes et de préservation 😉

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