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WWDC 2020 : Apple fourbit ses ARM

Anthony Nelzin-Santos

lundi 22 juin 2020 à 21:08 • 81

AAPL

À circonstances exceptionnelles, keynote exceptionnel. Dans l’ambiance feutrée d’un auditorium complètement vide, Tim Cook a joué au guide d’une présentation aux quatre coins de l’Apple Park, qui a donné la part belle aux clips enregistrés dans les conditions du direct. Si la rumeur avait émoussé la nouveauté, Apple nous avait réservé quelques surprises, comme le nouveau look de macOS, et le lancement d’une longue transition vers ses propres processeurs.

iOS casse l’écran et les apps

Après treize ans d’existence, la grille d’icônes aussi emblématique que rigide tire sa révérence. L’écran d’accueil de l’iPhone mêle désormais icônes, widgets, fenêtres flottantes, et sélections dynamiques. Inspirés par les complications de l’Apple Watch, les nouveaux widgets peuvent se glisser entre les icônes des applications, sous la forme d’un petit carré comme d’un grand rectangle.

Apple dope l’écran d’accueil à l’intelligence artificielle. Plus dynamiques et plus flexibles, les widgets peuvent remonter dans une pile selon les conditions et vos habitudes. À la suite des pages d’icônes et de widgets, App Library organise toutes les applications selon des catégories prédéfinies, mais aussi des suggestions.

De manière générale, Apple casse la logique stricte des applications prenant tout l’écran. Avec le picture in picture, les vidéos prennent place dans une fenêtre flottante. Siri se manifeste par le biais d’une bulle colorée, et affiche les informations sous la forme de palettes et de bannières qui ne coupent plus du contexte immédiat.

Elle casse même la logique des applications avec les App Clips, des « morceaux d’application » qui peuvent être utilisés sans télécharger l’application complète. Prenant la forme d’une carte qui glisse depuis le bas de l’écran, les Clips peuvent être convoqués numériquement avec un lien, ou bien physiquement avec une étiquette combinant code QR et NFC.

Dernier axe important, la voix. La dictée utilise désormais le moteur de Siri, comme l’application Translate qui ambitionne de traduire les conversations en temps réel, et les deux sont capables de fonctionner sans connexion. Pour être complet, il faudrait encore parler des fils de conversation dans Messages (enfin !), des itinéraires à vélo dans Plans (enfin !), ou encore des premiers détails sur l’usage de la puce U1 (enfin !).

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iPadOS se rapproche encore de macOS

L’iPad est un grand iPhone, et iPadOS 14 reprend toutes les fonctions d’iOS 14. Mais de plus en plus, l’iPad est un concurrent direct du Mac, et iPadOS se rapproche encore de macOS. Apple permet (oui, enfin !) de changer le navigateur et le client mail par défaut. Des barres latérales et des menus contextuels font leur apparition dans les applications, pour faciliter les manipulations complexes. La recherche prend la forme d’une barre flottante, qui rappelle furieusement celle de Spotlight.

Mais l’iPad reste l’iPad, seul appareil compatible avec le Pencil. Pour la première fois depuis NewtonOS, Apple convertit l’écriture manuscrite. La firme de Cupertino avait testé cette fonction dans Notes, dont le moteur de recherche indexe les notes manuscrites, mais la fonction Scribble montre la conversion dans les champs texte. Espérons qu’elle sera plus fiable que celle du Newton…

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L’Apple Watch pour dormir… et se laver les mains

Que serait le keynote d’introduction de la WWDC sans de nouveaux cadrans pour l’Apple Watch ? Le chronomètre entouré d’un tachymètre, complication presque inutile donc totalement indispensable, fait son apparition. Apple a complètement revu le mécanisme de gestion des complications, mais surtout intégré un système de partage des cadrans (ENFIN !).

Un développeur pourra proposer un cadran préconfiguré avec sa complication, un site vous proposer une sélection de fonctions et de couleurs, et vous pourrez partager vos cadrans favoris. Ce n’est pas encore une boutique de cadrans, mais c’est un premier pas. Renommée Fitness, l’application Activité peut désormais suivre les danses les plus rythmées et les exercices de core training.

Attendu de longue date, le suivi de sommeil est (enfin ?) disponible. À la fin de la journée, votre iPhone et votre Apple Watch vous invitent à entrer dans une routine de sommeil, en diminuant la luminosité de l’écran et la fréquence des notifications. Une fois que vous vous serez couché, la montre coupera son écran always on, et surveillera vos moindres mouvements.

Une alarme aux sonneries délicates, ou avec de petites vibrations qui laissent votre partenaire dormir, vous tirera des bras de Morphée le matin venu. Un nouvel écran vous présentera quelques informations, et vous rappellera de brancher votre montre. Sur l’iPhone, toutes les données de la nuit seront disponibles dans l’application Santé.

Enfin, Apple ajoute une fonction aussi amusante que précieuse, la détection automatique du lavage des mains. La montre analysera les mouvements de vos mains et le bruit de l’eau pour démarrer un minuteur, et vous rappellera à l’ordre si vous ne frottez pas suffisamment longtemps. Bientôt la même chose avec le brossage des dents ?

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macOS Big Sur, bien sûr

L’été dernier, votre serviteur a repris les 574 captures de son manuel consacré à macOS, et prévu des centaines d’autres pour les prochaines révisions. Cet été donc, Apple change complètement l’apparence de macOS. Baptisée Big Sur, du nom d’une superbe région côtière, la nouvelle version de macOS (et première version de macOS 11) adopte un style qui emprunte ses arrondis et ses icônes au système graphique d’iOS et rappelle les textures et les couleurs du système Microsoft Fluid.

Au sens propre, l’interface ne change pas. La barre de menus est plus transparente, mais chapeaute toujours l’écran. Les icônes prennent désormais la forme de rectangles arrondis, mais prennent toujours place dans le Dock. La barre latérale et la barre de titres se fondent dans les fenêtres, mais les fenêtres survolent toujours le Bureau.

Sans renier les particularités du Mac, cette nouvelle apparence rapproche encore macOS et iPadOS. Faut-il être surpris que la nouvelle application Messages, qui intègre les Memojis et les effets, et la nouvelle application Plans, qui récupère les itinéraires cyclistes, soit directement portées des applications iPhone et iPad par le biais de Catalyst ?

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Processeur : Apple passe à Apple

C’est « un jour historique », dit Tim Cook. Près de trente ans après la transition entre les processeurs 68K et les processeurs PowerPC, et quinze ans après celle entre les processeurs PowerPC et les processeurs Intel, Apple adopte les processeurs… Apple. Sans prononcer le mot « ARM », la firme de Cupertino abandonne officiellement l’architecture x86, au profit de l’architecture ARMv8-A.

La transition débute aujourd’hui pour les développeurs, et devrait s’étaler sur deux ans. Comme en 2005, Apple propose une couche de « traduction » des instructions et les développeurs peuvent concevoir des fat binaries comprenant les deux architectures. Pour l’occasion, elle a même ressuscité les marques utilisées à l’époque, Rosetta et Universal Binaries.

Apple se veut rassurante : les applications actuelles peuvent tourner sans modification avec Rosetta, être adaptées rapidement avec les Universal Binaries, et cette transition ne signe absolument pas la fin des solutions de virtualisation. Apple a d’ores et déjà « converti » ses propres applications, Microsoft et Adobe ont déjà des préversions de leurs applications ARM.

Craig Federighi aux commandes d’un Mac doté d’un processeur Apple.

Et puis cette transition ouvre de nouveaux horizons. Les applications qui collent aux frameworks développés par Apple pourront être adaptées « en quelques jours ». Mieux : lorsqu’il tourne sur un processeur Apple, macOS Big Sur peut lancer des applications iOS natives, sans la moindre modification.

Les développeurs peuvent s’enregistrer, en versant un écot de 500 $, pour obtenir un DTK prenant la forme d’un Mac mini renfermant la puce A12Z Bionic de l’iPad Pro. Vous devrez attendre la fin de l’année pour acheter un premier Mac doté d’un processeur Apple, et la firme de Cupertino lancera encore quelques Mac dotés d’un processeur Intel. Mais cette fois, c’est sûr, la transition est lancée.

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