Durant la conférence audio des résultats trimestriels, Tim Cook n'a pas échappé aux questions sur le coronavirus, dont l'épicentre chinois pose de potentiels gros problèmes à la chaîne d'assemblage du constructeur. Le CEO d'Apple a tout d'abord rappelé que l'entreprise donnait de l'argent aux organisations qui, sur le terrain, tentent de contenir l'épidémie.
Apple limite les déplacements sur place depuis la semaine dernière, en dehors des situations de business « critiques ». Les compagnies aériennes américaines ont commencé de leur côté à réduire drastiquement les vols entre les États-Unis et la Chine pour éviter la propagation du virus nCov 2019. Apple surveille la situation de « très près », mais on n'en est encore qu'à l'émergence de cette épidémie — c'est d'ailleurs la raison pour laquelle la fourchette prévisionnelle du chiffre d'affaires pour le deuxième trimestre fiscal est plus large que d'habitude, entre 63 et 67 milliards de dollars.
Il existe des fournisseurs alternatifs aux sous-traitants d'Apple basés à Wuhan et dans la région, et le constructeur travaille sur le sujet pour compenser toute perte de production. Pour les fournisseurs en dehors de l'épicentre, l'impact est moins clair, relate Tim Cook. La réouverture des usines après le nouvel An chinois a été repoussée de la fin du mois au 10 février.
Côté consommateurs, Apple a fermé une boutique et un certain nombre de partenaires de distribution ont eux aussi baissé leurs rideaux. Mais « beaucoup de points de vente restent ouverts, en réduisant leurs heures d'activité ». Tim Cook indique que des mesures supplémentaires sont prises : nettoyage fréquent des boutiques, relevés de température des employés. Si les ventes à Wuhan représentent une goutte d'eau, le trafic dans les magasins en dehors de la zone s'est réduit.
Pas de panique donc pour le moment, mais malgré tout il faut s'attendre à des conséquences pour l'activité d'Apple en Chine, ainsi qu'ailleurs dans le monde étant entendu que le plus gros des volumes de ses appareils y sont assemblés. Ming-Chi Kuo, fameux analyste de TF Securities, liste cinq risques principaux qui pèsent sur le constructeur.
Le premier, c'est la perte de confiance des consommateurs chinois et sur les marchés mondiaux qui risquent de ne pas se précipiter sur les nouveaux smartphones comme ils auraient dû. En conséquence, les livraisons des produits Apple pourraient être moins dynamiques… Le paradoxe, c'est que cette situation n'empêcherait pas la production de ne pas suivre une demande même plus faible, en raison de la dégradation des capacités de production chinoises : alors que la chaîne d'Apple repose pour moitié sur la Chine, les volumes d'iPad Pro, d'iPhone 9 (deux gammes qui devraient être lancés en mars) ainsi que ceux des Mac pourraient être moins importants que prévu.
Kuo craint que si l'épidémie n'est pas éteinte rapidement, le deuxième semestre d'Apple soit en danger également. Pour faire face aux conséquences d'un coronavirus très virulent, le constructeur serait amené à repousser l'adoption de nouveaux matériaux et d'abaisser le niveau de test de qualité des composants. L'objectif étant de réduire le temps nécessaire au processus de vérification afin de commercialiser les appareils en temps et en heure. Des composants moins performants et des matériaux moins qualitatifs, ce sont des consommateurs moins partants pour faire chauffer la carte bleue.
L'analyste revient aussi sur les difficultés de voyager en Chine, ce qui présenterait des problèmes dans le développement des nouveaux produits. Et sur un plan plus anecdotique mais pas complètement dénué de sens, Ming-Chi Kuo s'interroge sur les conséquences du port d'un masque de protection : Face ID a toutes les difficultés du monde à reconnaitre les visages ainsi recouverts. Touch ID n'a pas ce problème évidemment… Coïncidence, Apple travaillerait justement à l'intégration de Touch ID sous l'écran et dans le bouton d'allumage.