« C'est une société incroyable », le compliment à égard d'Apple est venu de Bill Gates, lors d'une interview hier sur CNBC. Le cofondateur de Microsoft, qui n'exerce plus de fonctions opérationnelle dans le groupe depuis quelques années, ajoutait : « Les ratios ne sont pas gigantesques, ce n'est pas comme des entreprises technologiques spéculatives qui perdent toujours de l'argent, ou autre. Les meilleures entreprises high tech aujourd'hui affichent de très fortes positions sur leurs bénéfices, mais Apple est à la meilleure place de toutes ».
Bill Gates était accompagné de Warren Buffett et de Charlie Munger, tous deux à la tête de Berkshire Hathaway. Bill Gates, ami intime de Buffett, fait partie du conseil d'administration de ce fonds d'investissement.
À la faveur d'un achat de 75 millions d'actions la semaine dernière, Berkshire Hathaway est devenu le troisième plus gros actionnaire d'Apple, avec 240 millions de titres, soit environ 5 % du capital.
Warren Buffett déclarait, en plaisantant à moitié, qu'il « adorerait posséder 100 % du capital ». De son point de vue, c'est une bonne marque de confiance. Une confiance qu'il a solide dans l'équipe qui dirige Apple : « Nous aimons beaucoup l'économie qui résulte de leurs activités, leur gestion et leur mode de réflexion ».
Ce que Buffet apprécie notamment c'est la relation qu'Apple a su nouer avec ses clients sur la durée, au travers du petit nombre de produits qu'elle propose : « C'est le comportement du client avec le produit, ce qu'ils font avec, la manière dont il s'insère dans leur vie, c'est ça que j'observe en tout premier lieu. Ils vont lancer un produit et tout le monde va le vouloir. Elle [Apple, ndlr] s'est fait une place dans l'esprit des consommateurs, elle a une valeur pratique, c'est très, très utile et ils sont parvenus, au fil du temps, à dégager des bénéfices d'un incroyable écosystème ».
Charlie Munger, vice-président de Berkshire Hathaway, abonde, il déclare lui aussi qu'il juge insuffisante la part du capital d'Apple en leur possession : « L'action est à un prix raisonnable et l'entreprise est forte, c'est une combinaison très séduisante, et j'aime bien leur direction, c'est un management très intelligent ».
Un management qui s'est lancé depuis quelques années dans un programme d'achat d'actions — 100 milliards de dollars de plus vont y être consacrés — à la grande satisfaction des actionnaires, et parmi eux les plus gros comme Berkshire Hathaway. Dès lors qu'Apple achète ses propres actions, ça en laisse moins sur le marché et cela fait monter mécaniquement le volume détenu par ceux qui en ont.
Warren Buffet encore :
Lorsque j'achète de l'Apple, je sais qu'Apple va acheter beaucoup de ses actions. Nous en possédons environ 5 %. Mais je sais que sans rien faire, dans probablement deux ans, nous en aurons 6 % sans avoir à sortir un seul dollar. J'adore l'idée d'avoir 5 % qui vont se transformer en 6 %.
La déclaration de Gates à la télévision n'a pas manqué de faire réagir Sataya Nadella qui, quelques heures plus tard, ouvrait la conférence développeurs Build 2018. Sur le ton de la plaisanterie, le patron de Microsoft a voulu se servir de cet exemple pour montrer à l'assistance que sa société a évolué dans son rapport avec la concurrence, que les propos de Bill Gates en sont une bonne illustration (lire aussi Cortana et Alexa vont devenir les meilleurs amis virtuels du monde) :
Ce matin je lisais les nouvelles après m'être levé, et j'ai entendu Bill Gates en train de parler d'action, il parlait de l'action d'Apple. Et je me suis dit 'wow', depuis 30 ans au moins que je connais Bill, je ne l'ai jamais vu discuter actions, mais aujourd'hui doit être vraiment un autre jour lorsque vous entendez Bill parler de l'action d'Apple. Voilà comment est le nouveau Microsoft.
Pour l'anecdote, Warren Buffet dit avoir reçu récemment d'un ami un iPhone X, avec une lettre comportant des conseils d'utilisation comme s'il avait 3 ans, mais il n'a pas encore eu le loisir de l'utiliser. Quant à son compère Charlie Munger, celui-ci répond, comme s'il s'agissait d'une évidence, qu'il n'a bien sûr pas d'iPhone. La journaliste n'a pas posé la question à Bill Gates.