Fedora Asahi Remix : une distribution Linux clé en mains pour les Mac Apple Silicon

Nicolas Furno |

Fedora Asahi Remix est désormais disponible en version finale, quelques mois après la sortie de la première version publique durant l’été. Avec cette sortie, les Mac Apple Silicon basés sur des puce M1 et M2 disposent d’une distribution Linux prête à l’emploi, avec une gestion quasiment complète du matériel. C’est le résultat d’un long travail mené par Asahi Linux depuis fin 2020, pour prendre en charge le matériel propriétaire d’Apple. Même si on reste sur un usage très niche, il n’a jamais été aussi simple d’installer une distribution Linux sur son Mac Apple Silicon.

La procédure d’installation débute sous macOS et se limite à saisir une seule ligne de commande. Elle appelle un script qui se charge d’identifier le Mac utilisé, de télécharger tout le nécessaire et de redémarrer l’ordinateur pour permettre l’installation de Fedora Asahi Remix. Comme son nom l’indique, elle repose sur le projet Fedora et la distribution Linux du même nom, construite sur une base de Red Hat. Les modifications apportées offrent une utilisation plus confortable des Mac, en particulier en utilisant KDE Plasma comme environnement de bureau.

C’est avec cette configuration que vous retrouverez au maximum une expérience similaire à celle d’Apple, avec par exemple des réglages adaptés au matériel directement dans les réglages du système. Si vous préférez Gnome ou tout autre environnement graphique, ce sera aussi possible, au prix de manipulations dans le terminal pour certaines options, ce qui ne devrait pas vous effrayer si vous vous intéressez à Linux. Fedora Asahi Remix repose sur un environnement graphique Wayland et les GPU des puces Apple sont prises en charge via OpenGL 3.3 pour l’heure, avec des travaux en cours pour gérer la version 4.

La liste des fonctions matérielles effectivement prises en charge varient d’un Mac à l’autre et vous retrouverez le détail sur le site du projet. Seuls les modèles M1 et M2 sont gérés pour le moment et il manque le Mac Pro. Pour chaque machine, il faudra avoir conscience que quelques fonctions manqueront à l’appel, comme le lecteur d’empreintes Touch ID, les microphones1 ou encore le Thunderbolt. Cela viendra peut-être au fil du temps, même si les créateurs du projet vont se tourner vers les Mac M3, chaque modèle devant être pris en charge différemment.

La grille des fonctions prises en charge pour chaque Mac par Fedora Asahi Remix.

Même si le projet Asahi propose cette solution officielle et plus simple à utiliser, son travail peut naturellement servir à d’autres distributions Linux si vous le souhaitez. Une partie de son travail est même intégrée directement dans le noyau officiel GNU/Linux, sans pour autant offrir une prise en charge aussi complète du matériel qu’en passant par le noyau fourni par les développeurs d’Asahi.


  1. Les haut-parleurs sont en revanche gérés (sauf sur l’iMac) ce qui a demandé un travail étonnamment important. Chaque machine a sa propre configuration, avec des limites en place pour ne pas abimer le matériel, car oui, cela pourrait arriver.  ↩︎

avatar raoolito | 

whow, pour le fun c'est chouette, apres c'est effectivement une niche, mais quel exploit ! Ca a ete un feuilleton sympa à suivre ces 3 dernieres années !

avatar Artefact3000 | 

@raoolito

Ma crainte c’est que les gens qui travaillent sans doute bénévolement sur le projet Asahi n’y soient plus d’ici quelques années.

« (…) quelques fonctions manqueront à l’appel, comme le lecteur d’empreintes Touch ID, les microphones1 ou encore le Thunderbolt. Cela viendra peut-être au fil du temps »

avatar pakal | 

quel boulot

avatar jb18v | 

Et le double boot, ça installe un grub ?
Dommage de ne plus avoir BootCamp, ça simplifiait la vie (même si ici les OS Microsoft ne passent plus)

avatar Frodon | 

Ca utilise le sélecteur de partition de démarrage intégré au firmware quand on appuie longuement sur le bouton power au démarrage

avatar Le docteur | 

@jb18v

Sans doute le même système qu’on peut utiliser avec Fedora sous Intel : installer le démarrage de Fedora dans sa propre partition EFI en ne touchant pas à la partition EFI d’Apple.
Du coup on choisit avec la touche alt.
On peut aussi choisir de démarrer par défaut sur Mac depuis Mac OS, ce qui annule le choix par défaut de Fedora si on l’a installée après Mac OS.
On se retrouve étrangement avec un choix Fedora non fonctionnel qui apparaît si on démarre sur l’EFI de Mac. C’est pas très gênant. Et on peut sans doute le virer si on fait un tour dans l’EFI du Mac depuis Mac OS (sans doute un dossier à virer).
C’est documenté comme ça chez Fedora.
Et c’est ce le cas de figure qui se fait automatiquement si on choisit le partitionnement automatique en virant juste une partition pour faire de la place à Fedora.

avatar Mac1978 | 

Beaucoup d’admiration pour toutes celles et ceux qui travaillent à faire du Mac un environnement moins fermé.

Surtout que ce n’est pas Apple qui facilite les choses, bien au contraire.

avatar valcapri | 

@Mac1978

Apple n’a pas mis de bâton dans les roues non plus. Ils semblent même qu’ils ont y accès à quelques documents sur le fonctionnement des Mac M1 notamment et des documents de rétro-ingénierie. Ce qu’Apple aurait pu attaquer comme Sony, Nintendo et autres ont fait.

Maintenant, ce serait pas mal si on apprenait qu’Asahi sert en interne. Certains chez Apple qui travaillent sur le kernel travaillent sur Linux et sans oublier les serveurs qu’Apple utilisent. Perso, je « rêve » d’un Kubernetes qui tourne sur un macOS avec des très bonnes performances. Pourquoi ? Car Apple a des machines les meilleurs composants dans certains domaines notamment au niveau d’une partie de l’IA.

avatar Mac1978 | 

@valcapri

Merci de votre commentaire.

Personnellement, je ne suis pas dans les petits papiers d’Apple pour savoir ce qui se fait en interne.

Je constate simplement le fait qu’au fur et à mesure que Microsoft s’ouvre à Linux, Apple se ferme ; alors qu’au début de MacOS X, il y a fort fort longtemps, c’était l’inverse.

avatar andr3 | 

Linux peut toujours tourner dans une VM (Parallels, UTM …).

avatar mimolette51 | 

Avec un mac MX avec 8 Go de ram, on va rire!

avatar andr3 | 

Tout dépend des besoins.

J'ai un Mac mini 8/512 et pendant une bonne année (en attendant le MBPro avec 32GB de RAM), il a fait le job sans faiblir. Avec VM en cours d'exécution ou non.

avatar radeon | 

@Mac1978

Microsoft cannibalise gnu/Linux pour essayer de supprimer les avantages de l’installer comme os principal plutôt que Windows, et le succès est là, beaucoup de gens utilisent le wsl au quotidien, mais ne pas s’y tromper ce n’est pas une ouverture comme on l’entend mais la destruction habituelle de Microsoft à son profit.

avatar ddrmysti | 

@radeon

Non non, le monsieur te dis qu’Apple c’est le grand méchant et que Microsoft est tout gentil. Vu à quel point on en bouffe en ligne comme IRL, c’est forcément la vrai vérité des experts.

avatar radeon | 

@ddrmysti

Pourtant les gentils dans les films ont des iPhone normalement 😂

avatar ddrmysti | 

@radeon

Nan mais ça c’est parce que les grands méchant ont tout plein d’argent, et qu’ils paient des somme colossale pour que les vilains producteur équipent les gentils d’iPhone. À côté de ça le pauvre petit Microsoft qui se bat pour la liberté n’arrive qu’à glisser discrètement des Surfaces à des personnes secondaire sur des séries Amazon.

avatar radeon | 

@ddrmysti

Le pauvre petit Robin de Redmond 😢

avatar XiliX | 

@Mac1978

"Je constate simplement le fait qu’au fur et à mesure que Microsoft s’ouvre à Linux, Apple se ferme ; alors qu’au début de MacOS X, il y a fort fort longtemps, c’était l’inverse."

Je n'ai pas le souvenir d'Apple supporter la distribution Linux depuis MacOS X.
Et pour cause, la fondation même de OS X est l'UNIX via Darwin

avatar oomu | 

MacOs X a son lancement était formellement un descendant de nextstep avec un noyau mach+BSD
mis à jour sur une base freebsd

mais beaucoup du le reste, dont ce à quoi on touchait dans le terminal était basé GNU ou sous licence GPL (bash, gcc, des utilitaires, samba, etc), du apache, du perl et j'en passe qu'on retrouve sous linux

de fait, hormis quelques détails pas bloquants, on pouvait aisément être à l'aise comme sur un Linux ou Freebsd.

Apple ne faisait donc pas de support mais la base unix (bsd) était telle que c'était facile. Avec perl, python, ruby, samba, apache, X11.app, etc de base et autres projets homebrew on était comme à la maison.

Notons qu'au lancement de macosX , apple faisait de la publicité au salon Linux à Paris au CNIT. Avec des banderoles telles que "vi sur Mac ?!", avec l'invite de bash. etc.

avatar valcapri | 

@Mac1978

Apple justement ne verrouille pas trop macOS, je trouve. Justement, il aurait pu faire bien pire en ne s’appuyant que sur le Mac App Store.

Et les machine M1 et consorts peuvent booter sur Linux sans trop de contraintes, certes adapter via le formidable travail d’Asahi.

Apple aurait pu le verrouiller encore plus.

Et Apple fait beaucoup pour la sécurité et la stabilité. Et qui sont des très bonnes pratiques qu’on utilise dans des serveurs (je parle de signature numérique, partition de l’OS en lecture seule,…). Certes, une partie est payant et il faut payer une dim à Apple, mais Microsoft a et continue de faire pareil pour le développement (coucou Visual Studio, le Xbox SDK,…).
Et Microsoft ferait bien de mettre une partie de son système en lecture seule aussi.

Le « seul » qui soit « gratuit », c’est Linux. Et encore, Red Hat et Canonical notamment t’obligent presque à prendre leur support.

avatar Mac1978 | 

@valcapri

« Apple justement ne verrouille pas trop macOS, je trouve. Justement, il aurait pu faire bien pire en ne s’appuyant que sur le Mac App Store. »

Je ne partage pas votre avis, mais nous pouvons être d’accord de ne pas être d’accord.

Premièrement, je ne vois pas le lien entre MacOS X et le vérouillage ou non de l’AppStore. Obliger la vente des applications dans un seul magasin virtuel comme pour iOS, n’a pas de lien direct avec l’OS.

Concernant MacOS, ce dernier n’a jamais pu être installé sur d’autres machines sauf durant une très brève période des clones de Mac autorisés par Apple. Cette dernière a utilisé beaucoup de moyens pour empêcher l’installation de MacOS sur des PC, même quand ces derniers utilisaient les mêmes processeurs que le Mac. Boot en ROM, puce T1, puis T2, ont sérieusement compliqué la vie des Hackintosh qui restaient l’apanage de géniaux bidouilleurs.

Lors de la sortie d’OS X, il y eut un grand espoir qu’au moins son cœur UNIX et les évolutions apportées par Apple seraient distribuée en OpenSource. On aurait ainsi pu avoir différentes interfaces graphiques à côté de celle d’Apple et choisir en fonction de ses besoins ou de ses goûts. Mais ce ne fut jamais le cas si ma mémoire est bonne.

avatar fredsoo | 

Quel travail remarquable !!!! Merci à eux.
Ils rallongent la vie des mac apple silicon de au moins 10 ans.

avatar raoolito | 

@fredsoo

Euhhhh
Alors cette affirmation part de plusieurs postulats qui sont discutables
1- déjà cela sous-entendrait que les premiers processeurs M1 serait bientôt non supporté ce qui est quand même osé vu que niveau OS on remonte déjà à 10 ans pour les mises à jour de sécurité (big sur)
2- ensuite cela suppose qu'utiliser ce Linux comme Fedora ne poserait aucun problème. C'est oublier qu'on parle d'un processeur ARM (et de linux!), et qu'il n'y a pas grand chose qui tourne dessus. Et donc si c'est pour faire de la bureautique, je ne vois vraiment pas l'inconvénient de rester sur un macOS ancien.

avatar 9 | 

😂

Bon, pour recadrer un tout petit peu les choses. Je fais partie d'une association dont l'objectif est de permettre l'accès au numérique à tous. On touche un peu à tout et je fais partie de ceux qui récupèrent des Mac destinés à la poubelle auprès d'entreprises qui les ont amortis et n'en n'ont plus besoin.

Alors, on va être très clair : sans les distributions GNU/Linux toutes ces machines seraient des déchets inutilisables pour cause d'OS non maintenus, de failles de sécurité en tout genre, d'absence de compatibilité avec les tonnes de périphériques qu'on récupère et faute de logiciels contemporains.

Les plus vieux Mac qu'on a en production sont des iMacs Intel de la première génération. Des machines en 32 bit qui fonctionnent comme des horloges. Certaines ont encore leur disque dur d'origine. C'est lent, c'est poussif, c'est pas à la mode, mais ça permet à leurs utilisateurs de déclarer leurs impôts, de gérer leurs billets de trains, de faire tout ce qui est administratif, de communiquer avec leurs proches et même de regarder Youtube. Naturellement c'est un exemple extrême. La majorité du matériel est bien plus récent.

On des machines utilisées dans le graphisme sur lesquelles on branche sans aucun problème des tablettes graphiques Wacom de 1999. Ça fonctionne direct. Il n'y a rien à faire à part brancher. Sous Mac OS ou Windows, c'est quasi inutilisable faute de support officiel.

Là, on commence à récupérer des machines à base de M1 pour cause de faillite ou fin de période d'amortissement. Pour l'instant on les laisse sous Mac OS. Mais à terme, on les passera sous Linux. Parce que oui, sans ça, tout ce matériel hyper fiable et sur lequel l'immense majorité des gens ont tous les outils pour faire ce qu'ils veulent seraient tout bonnement jeté.

Merci de ne pas envisager le monde uniquement de ta fenêtre. Merci de ne pas considérer qu'un Mac sous un OS non maintenu est utile. Il ne l'est pas. Aujourd'hui plus personne ne peut se passer d'une machine reliée à Internet (ne serait-ce que pour gérer les relations avec l'administration) et donc, plus personne ne peut se contenter d'un OS non maintenu.

avatar oomu | 

merci à vous.

vous avez une adresse ? c'est quelle association ?

avatar raoolito | 

@9

"Merci de ne pas envisager le monde uniquement de ta fenêtre. Merci de ne pas considérer qu'un Mac sous un OS non maintenu est utile. Il ne l'est pas. "

Merci de relire mon commentaire jusqu'à ce que vous compreniez que justement je ne disais pas du tout cela

avatar BeePotato | 

@ 9 : « Merci de ne pas considérer qu'un Mac sous un OS non maintenu est utile. Il ne l'est pas. »

Ben si, pourtant.
Merci de ne pas envisager le monde uniquement de ta fenêtre. 😉

avatar Derw | 

@BeePotato

+1

Ma belle-mère à un vieux MBP sous Sierra (plus maintenu depuis 2019) et mon fils un autre vieux MBP sous Mojave (plus maintenu depuis 2021) et ils s’en servent tous les 2…

avatar Mac1978 | 

@9

Merci pour ce témoignage très intéressant.

Pourquoi ne pas utiliser OCLP pour installer une version encore maintenue de MacOS sur ces vieux Mac ?

avatar DP-Britto | 

@raoolito

On peut faire bien plus que de la bureatique sur Linux, réduire Linux à ça, c'est ne pas connaitre Linux.

avatar Biking Dutch Man | 

Cela pourrait permettre d'augmenter la durée de vie des ordinateurs, lorsque Mac OS n'est plus supporté.

avatar fleeBubl | 

« Seuls les modèles M1 et M2 sont gérés pour le moment et il manque … » l’iPad !?!?

avatar 2Bad | 

On pourrait utiliser facilement cette distribution en virtualisation, comme avec Parallel Desktop?

2Bad

avatar raoolito | 

@2Bad

Et c'est quoi l'intérêt parce que justement en virtualisation il n'y a aucun problème pour mettre n'importe quel Linux

avatar Chris K | 

@2Bad : En virtualisation il existe déjà une distrib Fedora (et d'autres) pour processeurs ARM et qui fonctionnent très bien.

avatar agrippa | 

C’est aussi la possibilité de jouer à de nombreux jeux Windows via proton. Ça tourne plutôt pas mal

avatar Chris K | 

Etonnant que ça soit KDE Plasma par défaut alors que pour Fedora Workstation c'est Gnome qui, selon moi, a un look & feel plus proche de MacOS.

avatar BeePotato | 

@ Chris K :
Ça, j’avoue que ça m’a fait tiquer aussi.
Le passage sur KDE Plasma, ce clone de Windows, qui apporte « une utilisation plus confortable des Mac »… ça a dû être tronqué ou mal formulé. 🙂

avatar Chris K | 

@BeePotato : J'ai testé, en fait le script d'installation propose plusieurs choix dont KDE Plasma et Gnome..

CONNEXION UTILISATEUR