Vous souhaitez acheter un ordinateur de bureau à moins de 1 500 € ? Apple ne donne pas beaucoup de choix : si vous ne voulez pas dépenser votre argent dans un Mac mini remontant à fin 2014 (on vous comprend), l’iMac 21,5" non Retina est la seule option restante. Ce modèle a été rafraîchi à l’occasion de la WWDC 2017 avec un processeur Kaby Lake et deux ports Thunderbolt 3. Suffisant pour contrebalancer ses vieilles tares ? Réponse dans ce test.
Le dernier des Mohicans
L’iMac à écran non Retina est une espèce en voie d’extinction. Alors que ce modèle représentait auparavant la majorité de la gamme de tout-en-un de 21,5", il est dorénavant minoritaire. La gamme 2017 de « petits » iMac est constituée de deux modèles Retina 4K à 1 499 € et 1 699 € et du modèle non Retina à 1 299 € que nous testons ici.
L’écran très haute définition à large gamut n’est pas la seule différence : le modèle d’entrée de gamme n’a pas de carte graphique dédiée et son processeur Core i5 est moins puissant (fréquence inférieure et deux cœurs au lieu de quatre).
S’il est clairement en retrait de l’iMac Retina 4K, l’iMac à écran Full HD bénéficie quand même d’un meilleur sort que le MacBook Air quasiment pas actualisé depuis des années — et ne parlons pas du Mac mini. Par rapport au précédent modèle datant de fin 2015, on gagne en particulier un processeur Intel de dernière génération et deux ports Thunderbolt 3. Par contre, le disque dur 1 To est toujours de la partie, et la facture augmente de 50 €.
Des performances modestes
Apple a renouvelé les principaux composants internes de l’iMac 21,5" d’entrée de gamme. Le processeur Core i5–5250U Broadwell à 1,6 GHz (Turbo Boost jusqu’à 2,7 GHz) est remplacé par un Core i5–7360U Kaby Lake à 2,3 GHz (Turbo Boost jusqu’à 3,6 GHz). Il s’agit dans les deux cas de processeurs pensés pour les ordinateurs portables (TDP de 15 W) et dotés de deux cœurs, mais avec gestion de l’Hyper-Threading qui « transforme » les deux cœurs physiques en quatre cœurs logiques.
La quantité de RAM est la même, 8 Go, mais elle est plus rapide — 2 133 MHz au lieu de 1 867 MHz. Quant au GPU intégré, on passe d’une Intel HD Graphics 6000 à une Iris Plus Graphics 640. Sa fréquence maximale est un poil supérieure (1 GHz au lieu de 950 MHz) et elle dispose en plus de 64 Mo d’eDRAM (de la RAM embarquée qui sert de cache).
Sur le benchmark CPU de Geekbench 4, l’iMac 21,5“ fait un petit peu mieux que le dernier MacBook Pro 13” Touch Bar. Il n’est pas très loin derrière l’iMac Retina 4K et le MacBook Pro 15" sur le test impliquant un seul cœur, mais il se fait sans surprise clairement distancer sur le test multi-cœur, la faute à ses deux cœurs quand les autres en ont quatre.
Sur Geekbench 3, on se rend compte que la progression par rapport à l’iMac 21,5“ mi–2014 est significative : + 38 % en monocœur et + 60 % en multicœur (nous n’avions pas testé l’iMac 21,5” non Retina fin 2015).
Nos tests applicatifs confirment de manière concrète les écarts constatés sur Geekbench. L’iMac 21,5" d’entrée de gamme est sensiblement moins rapide que les modèles Retina sortis en même temps que lui. Exporter 500 clichés avec Photos prend environ 1 minute à 1 minute 30 de plus qu’avec les iMac plus costauds. L’export d’une séquence 5K dans Final Cut Pro X demande plus de deux fois plus de temps, et le nombre pistes gérées dans Logic Pro X est inférieur de plus de 20 unités. L’iMac est plus proche du MacBook Pro 13" Touch Bar, mais c’est bien ce dernier qui garde l’avantage dans tous les benchmarks.
Mêmes résultats pour les performances graphiques. Faute de carte graphique dédiée, l’iMac d’entrée de gamme est largué par rapport aux autres tout-en-un et au MacBook Pro 15".
En définition native (Full HD) et avec les graphismes réglés sur la qualité “élevée”, Tomb Raider ne tourne qu’à 25,9 images par seconde en moyenne, autrement dit pas assez pour que le jeu soit fluide. En choisissant la qualité “moyenne”, on parvient à 29,8 i/s en moyenne, mais avec des baisses de framerate régulières qui gâchent l’expérience. Bref, ce n’est pas une machine pour jouer aux blockbusters 3D.
Un pied et demi dans le passé, un demi pied dans le présent
Dans le test de l’iMac Retina 4K 2017, je disais beaucoup apprécier l’écran Retina pour sa netteté et pour sa capacité à offrir un grand espace de travail (jusqu’à 2 560 x 1 440 pixels, soit la définition standard d’un 27").
Sans surprise, le retour à un écran non Retina est difficile. Plus que la perte de précision dans l’affichage, c’est ce large espace de travail qui me manque. Habitué à travailler avec un MacBook Pro 13" et un moniteur ultra large (2 560 x 1 080), la définition limitée à 1 920 x 1 080 pixels m’a obligé à revoir la disposition de mes apps et à jongler avec plus de bureaux virtuels.
Cette définition Full HD ne sera pas rédhibitoire pour tout le monde — si vous n’utilisez pas plus de deux ou trois applications en même temps, vous pouvez tout caser à l’écran —, mais une fois qu’on a goûté au Retina, le retour en arrière est presque impossible.
L’autre retour en arrière presque impossible, c’est le disque dur (à 5 400 tr/min). Utilisant depuis des années uniquement des Mac équipés de SSD, je trouvais que le Fusion Drive de l’iMac Retina 4K ralentissait déjà un petit peu l’utilisation courante, sans que ce soit rédhibitoire néanmoins.
C’est évidemment pire avec l’unique disque dur de l’iMac 21,5" non Retina. J’avais oublié que le démarrage complet d’un Mac pouvait prendre plus d’une minute (on peut s’éviter ça en privilégiant la mise en veille), qu’il peut se passer de longues secondes avant qu’un logiciel ne se lance, que la roue multicolore peut se manifester plusieurs fois par jour et qu’on ne duplique pas impunément un dossier de plusieurs gigaoctets. Quand 13 secondes suffisent au MacBook Pro pour dupliquer un dossier de 8,7 Go, il faut près de 5 min avec cette machine à disque dur…
Là encore, c’est le point de vue d’un utilisateur habitué aux SSD. Quelqu’un qui troquerait un vieil iMac à disque dur par ce nouveau modèle ne se sentira pas freiné outre mesure en utilisation courante et sera content du gain de performances dans les applications. Mais force est de reconnaître que les disques durs (et les écrans non Retina) sont devenus l’exception plutôt que la règle.
Et puis autant Apple fait parfois preuve d’une grande réactivité, voire d’un empressement, pour démocratiser une nouvelle technologie, autant il est désolant de voir que cinq ans après son lancement, le Fusion Drive n’est toujours pas la solution de stockage par défaut de l’iMac. Ici, l'option Fusion Drive 1 To (avec SSD de 32 Go) est facturée 120 €.
Au vu de la gamme, c’est presque inespéré que l’iMac 21,5" d’entrée de gamme bénéficie comme les modèles Retina de ports Thunderbolt 3 en lieu et place des ports Thunderbolt 2. Même si les possesseurs de périphériques Thunderbolt 2 devront investir dans un adaptateur à 59 €, c’est un changement appréciable car cela ouvre le tout-en-un aux appareils Thunderbolt 3 très performants (cartes graphiques externes, stockage externe ultra rapide…) ainsi qu’aux nombreux périphériques USB-C sans adaptateur.
Au sujet du Thunderbolt 3, à l’instar des iMac Retina, l’iMac 21,5" Full HD 2017 n’est pas compatible avec le mode d’affichage cible qui permettait d’utiliser l’ordinateur comme simple écran externe.
Pour conclure
L’iMac 21,5" non Retina est l’équivalent du MacBook Air aujourd’hui : c’est une machine à tarif modéré qui convient pour des usages basiques. L’iMac Retina 4K avec Fusion Drive apporte un vrai confort d’utilisation supplémentaire, mais voilà, il coûte 400 € de plus.
Cet iMac d'entrée de gamme ne fait pas rêver — il est plus ancré dans le passé que dans la modernité —, cependant il peut répondre à des besoins informatiques légers. C’est l’iMac familial, celui utilisé par les parents pour faire leurs comptes et par les enfants pour faire leurs devoirs. Mais l’iPad n’est-il pas en train de remplacer ce type d’ordinateur ?