Kagi ne veut pas seulement « fournir des résultats de recherche précis et fiables », ce qui n’est déjà pas une mince affaire, mais surtout « comprendre des requêtes complexes ». Cela ne passe pas, ou pas uniquement, par les hallucinations des grands modèles de langage (GML). Cela passe aussi, et peut-être surtout, par la conception de puissants systèmes d’interprétation de vastes quantités de données. Kagi saute une étape en signant un partenariat avec le moteur de connaissances WolframAlpha.
Alors que Microsoft et Google incorporent des chatbots dopés aux GML dans leurs moteurs de recherche, en prenant le risque qu’ils racontent plus ou moins n’importe quoi, Kagi adopte une approche plus mesurée du machine learning. « Pour garantir la qualité des résultats », explique l’entreprise américaine, « nous déclassons automatiquement les pages pleines de publicités et de pisteurs » en ciblant les contenus médiocres générés par la machine. La fonctionnalité « Small Web » permet, à l’inverse, de faire remonter les blogs et autres sites personnels.
Autrement dit : Kagi utilise bien des dispositifs relevant de l’« intelligence artificielle », mais pour trier l’information plutôt qu’ajouter à la désinformation, en refusant la course à l’échalote qui fragilise des repères déjà bien précaires. En intégrant la base de connaissances et les algorithmes de Wolfram Research, le moteur de recherche espère proposer « des résultats plus précis, plus fiables et plus complets ». Plus qu’un moteur de recherche, WolframAlpha est un véritable système de questions-réponses construit sur le langage Wolfram, la plateforme Mathematica et des dizaines de milliards d’informations.
Kagi compte donc sur la bonne vieille approche symbolique pour répondre aux travers des systèmes purement statistiques. Le moteur de WolframAlpha peut évidemment faire des calculs et convertir des unités, mais aussi interpréter des commandes Wolfram et fournir des informations factuelles. Kagi propose ainsi l’équivalent des « cartes de connaissance » de Google, à ceci près que les siennes utilisent les données de WolframAlpha plutôt que celles de Wikipédia.
Cette fonctionnalité sera notamment intégrée au champ de recherche du navigateur Orion, construit sur le moteur WebKit de Safari. Pour ne rien gâcher, Stephen Wolfram lui-même rejoint le petit groupe de pontes qui conseille les dirigeants de Kagi. « Avec sa grande expérience », explique l’entreprise, « nous pensons que Stephen apporte des connaissances qui joueront un rôle déterminant pour guider les prochains pas de Kagi. »