Apple brevette à tout va

Christophe Laporte |
Ces dernières années, Apple a le brevet facile. En 2004, la firme de Cupertino n'avait déposé que 64 brevets. En 2007, elle en a déposé 405. Entre 2004 et 2007, ce chiffre a quasiment doublé chaque année.

Autre statistique intéressante, le nombre de brevets accordés à Apple : 0 en 2004 contre 185 l'année dernière. Il y a toujours un délai assez important entre le dépôt du brevet et son homologation.



Une autre enquête publiée récemment indiquait que Steve Jobs était impliqué dans un brevet sur dix.

Sur le même sujet :
- Interview : l'impact des brevets iPhone d'Apple
Tags
avatar dark juju | 

Quand on voit comme la concurrence copie, ce n'est pas étonnant.

avatar Pascal-007 | 

Il ne faut pas oublier pourquoi Apple (et les autres compagnies) brevette désormais autant. Le Mac OS initial n'avait pas été breveté, car considéré par ses auteurs comme une oeuvre littéraire (et dans ce sens soumise aux règles usuelles de copyright de 20 ans). Or Microsoft a démonté cet argument en cour après la poursuite intentée par Apple, légitimant du coup leur copie des APIs et des concepts d'interface de Mac OS et rendant en même temps inutilisable le copyright dans le domaine du design (logiciel ou physique). Désormais, il ne reste plus que le brevet pour se défendre des copieurs. Certes, le brevet ne dure pas aussi longtemps, mais «l'instance de brevet» est suffisante pour protéger un travail pendant sa durée d'application réelle. L'inconvénient, c'est que chaque détail doit être breveté indépendamment, car un brevet s'applique toujours à l'ensemble de la «machine» et non à ses constituantes.

avatar Philactere | 

@Pascal-007
Ton commentaire est très intéressant mais je ne comprends pas la dernière phrase :

[i]L'inconvénient, c'est que chaque détail doit être breveté indépendamment, car un brevet s'applique toujours à l'ensemble de la «machine» et non à ses constituantes.[/i]

L phrase est totalement contradictoire ou c'est moi qui ai une déficience ?

avatar bugman | 

@ Philactere :
Si j'ai bien compris. Si Apple décide de breveter (au pif c'est pour l'exemple) le système de déverrouillage de l'iPhone (système de zip avec le doigt), il doit le faire individuellement et non en brevetant uniquement l'iPhone car un concurrent pourrait utiliser ce système sur l'une de ses machines.
C'est bien ça (en gros) Pascal-007 ?

avatar SMLT | 

Analyse classique mais un peu simpliste. Aujourd'hui, et surtout dans le logiciel (le hardware est déjà un domaine très diffèrent), les brevets sont, de moyens défensifs, devenus des armes d'attaques. En particulier dans les mains des gros pour empêcher les petits de se développer ou les moyens d'entrer sur un marché. De mémoire, IBM n'a toujours pas perdu un procés en violation de brevet. Cela ne permet que de renforcer la position des plus puissants ou à faire gagner de l'argent à qq parasites.

Ajoutons à cela que breveter qqchose dans le logiciel relève juste de la supercherie... Plus globalement, le brevet, de vecteur visant à favoriser et protéger l'innovation, est, bien trop souvent aujourd'hui, un frein à celle-ci.

avatar codeX | 

@SMLT
Alors, à votre avis, comment dois faire une entreprise pour éviter de se faire copier, quelqu'en soit sa taille ?

avatar P'tit Suisse | 

Je me demande ce qu'aurait donné un brevet sur l'interface graphique avant que Microsoft ne la copie intégralement et sorte Windows 3.0. La même chose qu'avec le Dock ?

avatar Pascal-007 | 

@ Bugman : c'est ça. Le fait de breveter l'iPhone ne brevette pas pour autant le mécanisme de déverrouillage avec le doigt, ni le mécanisme pour effacer en agitant l'appareil par exemple. De toute façon, il serait impossible de breveter l'iPhone en tant que tel : le téléphone cellulaire ayant déjà été inventé, il ne peut l'être à nouveau. La forme de l'iPhone, par contre, peut être brevetée.

@ SMLT : il faut blâmer la faiblesse du système de copyright pour la situation actuelle. Si le copyright était une protection efficace, il ne faudrait pas déposer un brevet sur chaque forme de bouton qu'une entreprise invente. Il ne faudrait pas non plus breveter les boutons rouge-jaune-vert des fenêtres de Mac OS. Au final, tant la forme des boutons que les couleurs sont des « fausses inventions » rendues nécessaires pour se protéger des fraudeurs depuis que le système de copyright s'est révélé inefficace. Certes, il y a une dérive archi protectionniste, mais c'est à la guerre comme à la guerre parce qu'il n'y a pas d'autre moyen efficace. Ceci dit, je suis d'accord avec toi pour dire que la conséquence, c'est que le système de brevet est désormais tordu et qu'il peut nuire aux réelles innovations, surtout celles émanant d'inventeurs sans-le-sous.

avatar P'tit Suisse | 

Je me réponds : Le Mac originel était suffisamment breveté pour qu'Apple gagne son procès contre Digital Research qui avait copié son interface graphique sous le nom de GEM. La pomme a par contre perdu son procès contre Microsoft à l'époque de Windows 2 puis 3, parce que John Sculley avait déjà négocié une license avec Bille Gates pour Windows 1.

Ce précédent permit au juge d'éviter un jugement sur l'apparence globale de l'interface graphique (look and feel) et de se concentrer sur ses éléments spécifiques. Apple en présenta 189. Le juge estima que 179 d'entre-eux avaient été licenciés à Microsoft pour Windows 1. Les dix restant ne pouvaient pas être brevetés, car ils relevaient de la seule façon possible de concrétiser une idée.

avatar le_hobbit | 

@SMLT
Analyse également un peu simpliste. Le brevet n'est pas un moyen d'empêcher un petit d'entrer sur le marché. Je dirais que le brevet est le seul moyen pour un petit d'entrer sur un marché. Un gros qui veut empêcher un petit d'entrer sur un marché n'a pas besoin des brevets pour ça. Cf IE versus Netscape par exemple. Par contre, sans brevet ce n'est même pas la peine de monter une start-up. Aujourd'hui, un petit qui veut percer est obligé de s'appuyer sur une protection car justement dans un monde sans protection sa taille le condamne. Par contre, armé de quelques brevets, ils pourront licencier ou se faire racheter leur innovation à un juste prix. Ne serait-ce que pour une question d'image les gros ont tendance à respecter la PI (propriété industrielle) des petits. Et ceci est tout aussi vrai dans le logiciel qu'ailleurs. J'ai beaucoup d'exemples parmi mes clients, mais je ne peux pas les citer ;-), où le dépôt de brevets à été un élément primordial et déterminant du développement d'une start-up. Et malheureusement d'autres exemples de start-up n'ayant pas déposé et qui sont venus me voir trop tard après s'être fait pillées par des gros et qui n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.

avatar fixfix | 

@le_hobbit
Oui, le brevet permet à un "petit" de se défendre contre un "gros" ... mais à une condition : que le "petit" ait suffisamment de cash pour provisionner les importantes dépenses (avocats etc.) lors d'un procès qui peut être très long contre un "gros" hargneux et doté lui aussi de bons avocats ...

avatar le_hobbit | 

@fixfix
Non, de tels procès sont excessivement rares. Tout se joue généralement autour d'une table de négo.
Ca revient tout de suite moins cher. Les brevets se révèlent être des atouts de négo. Un procès est l'échec d'une négociation et sanctionne généralement une attitude non raisonnable d'une des parties.

avatar fixfix | 

@le_hobbit
Merci pour votre réponse.
En effet, ces cas sont peu fréquents ... mais ils existent (cas vécus par des gens que je connais). J'avais bien précisé dans mon premier message 'contre un "gros" hargneux' !
Et re-en effet, la négo permet de gagner du temps (par rapport à des procès interminables), et peut aboutir à une compromis acceptable pour toutes les parties

CONNEXION UTILISATEUR