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Chroniques du SAV : l'iMac G4 avait une âme

La redaction

mercredi 22 août 2012 à 17:17 • 67

Matériel



Vus de l'extérieur et parfois même de l'intérieur, les Mac sont souvent, sinon toujours, parfaits. D'ailleurs, même Apple le dit… Du moins ils semblent l'être, car il peut en aller tout autrement. "Mackie" fut technicien atelier chez un important revendeur Apple pendant 10 ans, de 2001 à 2011. Une situation privilégiée pour observer les machines d'Apple sous un autre angle, celui de leurs petits ou grands pépins et défauts. Voici la suite de ces chroniques estivales sur le "SAV du Mac". Aujourd'hui, l'iMac G4.

Un « technical tour de force » pour reprendre l'expression de Steve Jobs au lancement de ce tout nouvel iMac G4 il y a 10 ans. Petit rappel historique : Apple sort à peine de sa longue convalescence, sa campagne d'image - Think Different - était en noir et blanc, mais ses machines étaient en couleurs. La concurrence s’y essayait d'ailleurs, au vu de l'attention médiatique portée à ces produits multicolores, iMac en tête suivi par le premier iBook.

Puis Apple remisa tout cela dans un tiroir au profit d'une seule teinte : le blanc. Du blanc façon Eddy Barclay, de la tête aux pieds. Et une machine à la bouille rigolote, jusque dans la pub où elle tirait la langue au passant médusé. Un iMac à l'écran devenu plat, mais gardant des rondeurs.

Côté SAV, je ne savais pas trop quoi en penser, en revanche une question se posait immédiatement : comment avaient-ils pu mettre des composants, a priori rectangulaires, dans une demi-sphère …? La réponse fut rapidement donnée avec l'arrivée du manuel de maintenance, véritable mode d'emploi du savoir-faire d'Apple en intégration. Dans cet iMac G4, l'espace était partout utilisé à bon escient, le superflu n'avait pas voix au chapitre.



Mais voilà, qui dit formes inhabituelles, dit outils tout aussi inhabituels. Parmi les plus improbables, mais indispensables, un carré de mousse… que l'on devait évidemment commander chez Apple moyennant une somme rondelette. Des câbles d'extension internes aussi, pour mener à bien des tests à « coeur ouvert ». Et surtout, un Torx de 15, vestige des SAV, puisqu'il servait déjà au démontage du vénérable Macintosh SE (1987) et, bien plus tard, d'autres monoblocs.

Inédit à l'extérieur, une visite à l'intérieur de l'iMac G4 révélait en réalité quelques personnages connus : du G4 à 700 ou 800 MHz, un lecteur optique en 5 pouces ¼ et un disque dur de 3,5 pouces. Seule singularité, probablement consécutive à ce design hors cadre, les deux emplacements mémoires qui étaient différents : DIMM pour l'un, SO-DIMM pour l'autre. Coté écran cela paraît modeste aujourd'hui, mais le 15" d'alors étonnait, perché qu'il était sur ce cou (et non un bras comme il fut parfois décrit à tort). Un cou que l'on pouvait plier à ses désirs et qui participait pour beaucoup à « l'âme » de cette machine.



En revanche, les techniciens comme nous ne pouvaient retenir une grimace devant la perspective d'effectuer des réparations sur une telle machine. Avec une bonne excuse à cela, nous avions été échaudés par les iMac G3, malaisés à ouvrir et dont on ne cessait de remplacer les cartes-mères. Il m'est arrivé de changer jusqu'à sept fois la carte d'un même iMac G3 sans que cela ne change rien à son état… Le design tout en contorsions de ce nouveau modèle réveillait donc de pénibles souvenirs.

Après des disponibilités difficiles pour les clients, les premiers iMac G4 arrivèrent en SAV, on put enfin se faire la main. Car oui, bien que les techniciens reçoivent une formation de base dans la réparation des machines d’Apple, chaque nouvelle génération impose de tout réapprendre sur le tas. Au risque de provoquer un peu de casse. Apple ne fournit que des manuels de maintenance avec les procédures à suivre, qui d'ailleurs comportent parfois des erreurs dans les premières éditions.

Il arrive qu'il faille en passer par plusieurs essais pour enfin prendre le coup de main et alors, découvrir de petites astuces de démontage absentes de la littérature technique d'Apple.

Singulièrement fiable



Cet iMac tournesol (1), c’est aussi l’un de ses surnoms, donnera tort aux appréhensions des techniciens puisqu’il sera finalement très fiable. Par contre, il sera victime de pas mal de casse provoquée par les utilisateurs eux-mêmes. Citons les vis abimées au démontage ; la patte de l’emplacement interne de RAM cassé et rendant impossible le maintien de la barrette ; la façade de l'écran abimée ; la tentative de démontage des vis du cou de l'écran que personne ne savait remettre et qui obligera à un remplacement pur et simple (c'était de loin la pièce la plus longue à démonter).



Je me souviens aussi du SAV d’une grande enseigne de produits culturels et électroniques qui nous envoyait ses machines en réparation et dont les techniciens avaient une fâcheuse tendance à appuyer sur ce fameux cou et d'en déformer la partie la reliant à la base de l'ordinateur. De quoi entretenir de bonnes relations entre SAV partenaires…

Esthétique, cette machine n’évoluera que par son écran. Un 17 pouces viendra vite épauler la gamme en juillet 2002, puis en novembre 2003 ce fut le tour d’un magnifique 20 pouces. Une taille impressionnante à l'époque (et plus encore avec cette impression de suspension dans les airs), mais hors de prix. Ce qui en fait un modèle actuellement très recherché. À l’intérieur, le G4 évoluera jusqu'à 1,25 GHz, la carte graphique aussi, mais pour une poussive GForce 5200FX. Quoi qu’il en soit, nombre de techniciens, dont je faisais partie, aimaient cette machine. Un sentiment certainement partagé chez tous ceux qui l'ont eu (ou l'ont encore). Ce Mac avait une « âme ».



(1) Les écrans plats devenant suffisamment abordables pour être utilisés sur les iMac en remplacement du tube cathodique, l'équipe de Jonathan Ive avait imaginé en 2000 placer la carte-mère au dos de l'écran (à la manière de feu le Spartacus). Une idée refusée par Jobs qui cherchait plus de légèreté dans le design. Un jour, au gré d'une conversation dans le jardin de l'épouse du patron d'Apple, ce dernier montra en exemple à Jonathan Ive la forme des fleurs et évoqua l'exemple du tournesol comme exemple d'inspiration. Plus tard, une fois en mesure de réaliser une machine plus fine, l'idée originale d'une carte-mère accrochée à l'écran fut remise sur les rails et concrétisée avec l'iMac G5. Il s'est dit aussi que la pièce articulée de l'iMac G4, véritable merveille de précision, coûtait extrêmement cher à fabriquer.



(Pixar aussi réalisera des clips mettant en scène cette machine).

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crédit images détails : Laurent Bourrelly & Kevin Omura.

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