Certaines traditions ont du bon : comme toutes les versions du système d’exploitation des Mac (ou presque) depuis Mac OS X Leopard, macOS Tahoe a reçu sa certification UNIX, dans sa version pour les puces Apple Silicon comme dans celle pour les processeurs Intel. Apple ne s’en vante plus autant qu’à une certaine époque, et pour cause, cette certification ne veut plus dire grand-chose.

Lorsque Kenneth Thompson et Dennie Ritchie ont commencé à travailler sur le système UNIX aux laboratoires Bell de l’opérateur AT&T, leur employeur était encore un monopole d’État, si bien que leur code était considéré comme un bien public. Après son démembrement en 1982, AT&T a pris possession de son code pour commercialiser UNIX System V, tandis que l’université de Berkeley utilisait les sources publiques pour créer BSD. Sun, HP, IBM et même Microsoft y sont allés chacun de leur système UNIX.
La « guerre des UNIX » a été brève, mais intense. Les acteurs européens, qui avaient déjà formé le groupe X/Open en 1984, ont rejoint l’Open Software Foundation (OSF) fondée par les éditeurs américains en 1988 pour promouvoir l’interopérabilité des systèmes UNIX. AT&T et Sun, qui avaient pensé concevoir leur propre spécification, ont finalement rejoint tout ce beau monde. X/Open et l’OSF ont fusionné en 1996 pour former The Open Group, qui détient encore aujourd’hui la marque UNIX.
Or au début des années 2000, Apple a présenté Mac OS X Server comme un système UNIX sans respecter les normes POSIX de standardisation des interfaces de programmation logicielle ni la spécification Single UNIX, et encore moins la marque déposée. Pour apaiser The Open Group, qui menaçait d’une plainte à 200 millions de dollars, Apple a dépêché une petite équipe d’ingénieurs pour obtenir la patente officielle. Retardé par la présentation de la version Intel de Mac OS X Tiger, le résultat a finalement été présenté avec Mac OS X Leopard.
Déjà à l’époque, l’annonce était symbolique plus qu’autre chose. Mac OS X Leopard était certes le premier système BSD répondant officiellement à la spécification Single UNIX, mais les systèmes UNIX avaient déjà perdu leur prééminence dans le monde des serveurs, dans lequel Apple n’a jamais mis que le bout d’un doigt de pied tremblant. Les distributions GNU/Linux ont pris la relève, et si elles respectent peu ou prou le standard POSIX, elles ne sont pas certifiées UNIX.
Et pour cause : cette certification coute cher… et ne sert à rien. Seule IBM respecte la certification Single UNIX 4, publiée en 2008, avec AIX 7. Apple respecte la certification Single UNIX 3, qui remonte à 2001, et seulement à condition de désactiver SIP, d’activer le compte root
, de changer des options du système de fichiers d’APFS et même de modifier certains fichiers de macOS. Mais puisque c’est une tradition…

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